
tfo8 F O N F O N
J’avois juré , même en afiez beaux vers ,
De renoncer à tour conte frivole.
Et. quand juré ? c'eft ce qui me Confond,
Depuis deux jours j’ai fait cette promeffe.
Puis, fiez-vous à rimeur qui répond
D'un feul moment1. <
On raconte que la Fontaine rouloit férieufe-
ment dédier à M. Arnauld, un conte non feulement
licentieux, mais un peu impie , & que
Racine & Boileau eurent beaucoup de peine à
lui faire comprendre que ce feroit une infulte
pour M. Arnauld. Ne prend-on pas une plaisanterie
trop à la lettre ? la Fontaine ne vculoit-il pas
perfiffler doucement Racine & Boileau qui le
croyoient auffi un peu trop bête , comine il per-
fifiioit très-vrai-femblablement l’homme auquel il
dit : je prendrai le plus long. Ce n’eft pas que le !
bcrn la Fontaine fut perfifSeur de car éfère ; on
ne l’eft pas pour avoir plaifaaté une ou deux
fois dans fa vie.
FO N T A IN E , ( N ic o l a s ) ( Hifl- litt. mod. )
un des Solitaires' de Port Royal , ami d’Arnauld,
de Nicole & fur-tout de S a cy , fut enfermé avec
celui-ci à la Baftilie pendant quatre ans, depuis
1664 jufqu’en 1668,, Nous ne coderons de le !
d ire , ce qui doit guérir à jamais de la manie !
de perSécuter pour des opinions, c’eft qu’en Sup- 1
pofa-nt même qu’on ne Se méprenne jamais entre
l ’erreur & la vérité, la perfécution intervertit !
néceflàirement tout .ordre politioue & moral, j
en infligeant à la vertu qui fe trompe , les châ-
timens qui ne Sont dus qu’au crime.
On a do M. Fontaine Us figures de la bible ,
des mémoires fur les folitaires de Port-Royal, une
traduction des homélies de Saint-Chryfojlôme Jur les
épî[res de Saint-Paul. Les jéfuites firent condamner
ce dernier ouvrage comme favorable, en quelques
endroits, au Neftorianifme, Il s’agiffoit bien
alors de Neftorianifme ! On a encore du même
auteur quelques autres ouvrages de piété. Mort
à Melun en 1709 , à quatre-vingt-quatre ans.
U11 autre Fontaine . ( Alexis ) géomètre fameux I
& de facadémie des iciences, eft mort en 1771, ;
Ses mémoires déjà imprimés dans le recueil de •
l’académie, l’ont encore été Séparément.
FONTAINES. ( Hifl. litt. mod.') ( M a r ie L o y is ç -
CHARLOJTE DE PELARD DE G lVRY , FEMME DU
c o m t e d e ) Auteur du roman de la cemtejfe de
Savoie, morte en 1730.
FONTAINE^, £ l’a b b é des ) ( Voye^ D e s -
FONTAINES. )
FONTAINES DE VIN. { Hifl. mod. ) L ’ufage
de diftribuer du vin au peuple dans les occafions |
de réjouiflauccs, eft fp/t an pieu. Alain Chartier, *
raconte dans Son hiftoire de Charles V I I , que
parmi les joies- du peuple de Paris , lorfque ce
roi y entra, « devant les filles-Dieu étoit une
u fontaine, dont l’un des tuyaux jettoitlait, l’autre
» vin vermeil , l’autre vin blanc & l’autre
» eau. »
Monftrelet;en parlant de l’entrée que Charles V
fit aufli dans Paris, remarque « qu’il y avoit
» deflous l’échafaut une fontaine jettant ‘hypocras
» & trois Sirènes dedans, & étoit ledit hypocras
» abandonné à chacun, »
Lorfque le roi Charles V I , la reine Ifabelle
de Bavière & le roi Henri d’Angleterre avec fa
femme madame Catherine de France, vinrent à
Paris , « tout le jou r , dit encore Monftrelet ,
» & toute la nuit, découloit vin en aucuns car-
” refours abondamment par robinets d’airain, 8c
» autres conduits ingénieufement faits , afin que
” chacun en prinft à fa volonté. » Enfin , le
même hiftorien rapporte que lors de l’entrée du
roi Louis X I , dans la rue S. Denis, « étok une
” fontaine qui donnoit vin & hypocras à ceux
o qui boire en vouloient. » Voyeç le détail des
autres réjouifTances à Varticle En tr é e ( D. J . )
FONTANGES, ( Ma r ie -A n g é l iq u e de Sc o -
RAILLE DE ROUSILLE , DUCHESSE DE ) ( Hifl.
de Fr. ) rivale de madame de Möntefpan , dans
la faveur de Louis XIV , belle comme un ange ,
mais fotte comme un panier, dit l’abbé de Choify;
elle mourut des fuites d’une couche à vingt ans ,
le 28 juin 1681. Elle dit en mourant à Louis XIV,
qu’elle voyoit s’attendrir fur fon fort : je meurs
contente , puifque mes derniers regards ont vu pleurer
mon roi. C ’eft le mot de Michridate avec le
fentiment d’une femme tendre 8c courageufe.
Une mode qu’elle inventa par hafard, dura plus
d’un demi fiècle ; c’étoit un . ruban dont elle s’étoit
fervie pour attacher fa coiffure que le vent
déran geoit à la chaffe.
FONTANON , ( A n t o in e ) {Hifl. fut. mod. )
avocat au parlement de Paris , autour d’une "col-
leâion des édits de nos rois, depuis 1270 jufqu’à
la fin du feizième fiècle où il vivoit.
FONTENELLE. ( B e r n a r d le Bo v ie r de )
( Hifl. litt. mod. ) Plus il eft connu, moins nous
avons à en parler. Neveu des Corneilles , élevé
par le cadet comme fon fils , il eut des talens
d’un ordre différent; il fut le fenl auteur vivant
auquel M. de Voltaire confaçra un article entier ,
& dans U temple du goût, & daps le fiècle de
Louis X IV ,
C ’ é to it le fage Fon tenelle
Qui , par les beaux arts entouré,
Répandoit fur eux à fon gré
Wne çlajrpé v iye & p o u v e y e j
D’une
F O N
D’une planète , à tire d’aile
Dans ce moment il revenoit ;
Dans ces lieux ou le goût tenoit
L e fiége heureux de fon empire,
Avec Quinaut il badinoit,
Avec Mairan i l raifonnoit,
D ’une main légère il prenoit
Le compas, la plume & la lyre.
Voilà en peu de mots toute fon hiftoire.
A joutons-y la décence de fes moeurs, la dignité
de fon caraélère , l’afcendant d’une raifon fupé-
rieure, l’agrément d’un commerce doux, égal
-& fur, qui portoit par-tout le plaifir, l’inftruc-
tion & la lumière; cette foule de mots heureux,
fins ou profonds, & toujours philofophiques, qui
lui échappoient à tout moment dans la con ver fanion.
C ’eft un temps qu’on doit regretter à
jamais , que celui où les Fontenelle , les la Motte,
les Mairan, les Foncemagne , portoient dans
let commerce des lettres , les grâces de l’efprit,
les charmes de la politeflè , l’aménité du caractère
le plus doux , & du ton le plus aimable.
Fontenelle portoit encore dans, le monde une
■ morale pratique , qui ne fe dementoit jamais ,
& qui a fait autant de bien aux hommes,
qu’en eût pu faire la fenfibilite, qui, dit-on, lui
manquoit. Nous croyons cependant devoir avertir
lés gens peu inftruits, de ne pas mettre fur fon
compte i’hiftoriette des afpèrges , qu’on appelloit
tîans la fociété fhiflaire de M. de Fontenelle, non
qiiVlîe lui fût arrivée, mais parce qu’on la lui
avoit Couvent entendu raconter comme arrivée
à un autre. '
M. de Fontenelle a vécu cent ans moins un mois
8c deux jours ; i l étoit né le 11 février 16 57,
& mourut le 9 janvier 1757 : il étoit devenu
le doyen de toutes les académies , le doyen de
la littérature entière: Boileau 8c Racine lui avoient
long-temps fermé la porte de 1 académie françôife,
parce qu’il étoit le neveu de Corneille, & qu.e .
Racine en avoit été le rival; fur quoi un auteur
moderne a dit : « ô Racine 1 étoit-ce a vous de
» qui l’amour-propre étoit fi foible contre les
» ‘plus injufte's critiques , à humilier aufli cruel-
» lement l’auteur crAfpar ? N’eût-il pas été plus
» digne de vous d’aider de vos confeils cette
» mufe égarée, de la confoler, de la raffermir dans;
» fâ difgrace, d’oublier que Fontenelle étoit le
» neveu de Corneille, ou plutôt de vous en fou-. ;
» venir ? » Roufleau l’infulta par plufieurs épi-
grammes; M. de V o lta ire , à quelques plaifanteries
près qu’il eût pu lui épargner , fut plus jufte
envers lui.
Les Therfites littéraires fe déchaînèrent- constamment
contre la gloire de Fontenelle, 8c 1 abbé
Desfontaines ne le lai fia jamais en paix. Les pedans-
décrioient aflez fottèment fes ingenieiileséglogues,
H'tfltoi-e, Tome II. Seconde part.
F O N 6 0 $
parce qu’elles n’éroient point dans le genre de
Théocrite 8c de Virgile elles étoient dans le
•genre, de l'Aflrée ; 8c c’eft une fiâion poétique 8c
philosophique que le goût 8c la raifon peuvent
admettre. Les gens qui exagèrent toujours les
opinions d’autrui pour perfuader qu’ils en ont une,
ont dit trop de mal même des lettres du chevalier
■ d’Her.. J : c’eft l’abus de l’efprit fans doute, mais
c ’eft de l’efprit; plufieurs de ces lettres font grand
plaifir, toutes fe font lire; on les condamne 8c
On -les achève; 8c pour employer ici la compa-
raifon que fait M. d’Alembert à l’égard de Marivaux
, c’eft un coqpahle qui intérefie 8c qu’on
voudroit pouvoir abfoudre: un jeune auteur qui
début-eroit a-infi , donneroit les plus grandes efpé-
rances , 8c on s’en rapporteront au temps pour
former fon goût ; mais M. de Fontenelle, |fi l’on
s’e.n rapporte à fes détraôeurs , fut tome fa vie
le corrupteur du goût public; à la "bonne heure,
qn’on nous corrompe le goût avec des éloges tels
que les fiens, avec la pluralité des mondes, avec
rhiftoire du théâtre françois, avec l’hiftoire des
oracles, &c. M. de Fontenelle ne répondit jamais
à aucune critique, & à la fin ,
Sa fa'gefle & fes ans-ont fatigué Fenvie.
Il mourût le 9 janvier 1757, l’abbé Trublet
a rafle m blé; avec un foin un peu minutieux les
critiques 8c les éloges qu’on en a faits, 8c les
diverfes anecdotes qui peuvent fervir de mémoires
pour fa vie. Son . éloge a été propofé par l’académie
françôife en 1783 ; 8c 1784 8c le prix a
été remporté par M. Garat.
FONTETE. ( Foye^FEVRET DE FONTETE.)
FONTRAILLES. ( Louis d ’A star a c , m a r q
u is DE )•(_. Hiß. de Fr. ) Ce fut lui que Monfieur,
frère de Louis X I I I , envoya en 1642 en Efpagne,
pour conclure le fameux traité qui fit trancher
la tête à M. de Cinq-Mars 8c à M. de Thou ;
p1 us heureux , il fut échapper à la vengeance du
cardinal de Richelieu , 8c revint en France après
la mort de ce minjftre. C ’eft de lui que madame
de Sévigné rapporte que, racontant les particularités
de fa négociation d’Efpagne, un nom lui
échappoit, 8c, félon un tic ordinaire à beaucoup
de gens, il y fubftituoit. en ânonnant, le mot
choje , chofe.... C ’étoit le roi d'Efpagne dont il
. avoit tant de peine à trouver le nom. Fontrailles
mourut en 1677.
FORBIN. ( Hifl. de Fr. ) La maifon de Fcrbin
étoit déjà très-confidérabîe dans le quatorzième
fiècle. Au quinzième, Palamède de Forbin . dit le
G rend , feigneur de Soliers , fut celui qui engagea
le comte du Maine , Charles d’Anjou , à infirmer
la couronne de France fon héritière; il fut en
confécuence dans la plus grande faveur fôus
H h h h