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Aux yeux de vos fujets dans Suze fut mené ;
Que , pour comble de gloire & de magnificence »
Un feigneur éminent en richefle, en puifiance ,
Enfin de votre empire , après v ou s , le premier,
Par la bride guidât fon fuperbe courfîer j
Et lui-même marchant en habits magnifiques »
Criât à haute voix dans les places publiques :
Mortels y prejlernei-vous ; c e ft ainfi que le roi
Honore le mérite ^ & couronne la foi.
On a du P. Gerbillon des élément de géométrie ,
tirés d’Euclide & d’Archimède * une géométrie
pratique & fpéculative. Ces deux ouvrages écrits
en chinois & en tartare, & compofés pour Pufage
de ces p a y s - là , furent imprimés à Pékin. On
trouve dans la defcription de l’empire de la Chine
du P. du Halde, des obfervations hiftoriques fur
la grande Tartarie, par le P. Gerbillon, & des relations
de voyages qu*il avoit faits en ce pays. On
dit que la relation du voyage de Siam de l’abbé
de Choify, fut faite d’après une relation manuf-
crite du P. Gerbillon, qui n’a point été imprimée,
mais dont on trouve des extraits dans le premier
tome des mélanges hiftoriques de M. Michault,
de l’académie de Dijon.
Le P. Gerbillon étoit né en 1654, à Verdun,
s’étoit fait jéfuite en 1670, avoit été envoyé à
la Chine en i68y, étoit arrivé à Pékin en 1688,
y mourut en 1707.
GERING. ( Ulric ) ( Foyei F i s c h e t ou
F i c h e t . )
G ER IT , f. m. ( Milice des Turcs.. ) Les Turcs
ont deux fortes de dards, favoir le gerit marqué
Z , qui a environ deux pieds & demi de long, &
le topeis marqué M, qui marque la dignité de
celui qui le porte à la gauche de la felle. ( V. j
GERMAIN ; ( Hifl. eccléf. ) c’eft le nom de trois
faints.
1°. Saânt Germain, patriarche de Conftantino-
ple* nommé en 715, fut perfécuté & chaffé de
fon fiége pa*r l’empereur Léon-l’Ifaurien , qu’on
fait avoir été grand ieonoclafte. Saint Germain
mourut en 733, à '95^ ans.
29. Saint Germain d’Auxerre-, ainfi nommé, &
parce qu’il y étoit n é , & parce qu’il en fut é v ê que,
alla en 429, avec Loup, évêque de T ro y e s ,
en Angleterre pour combattre le pélagianifme ; il y
retourna en 434. Il étoit né en 380. Il mourut
en Italie à Ravenne en 448. On trouve fa vie dans
Surius.
3q. Saint Germain , évêque de Paris ,* archicha-
pelain, c ’e ft-à-dire,, grand-aumônier de Childe-
bert I , fut le fondateur du monaftère de Saint-
Germain- des-Prés, On a de lui une lettre à Bru-
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nehaitt, par laquelle il l’exhorte à empêcher le roi
d’Auftrafie, Sigebert, fon mari, défaire la guerre
à Chilpéric fon frère. On trouve dans l’hiftoire de
l’abbaye de Saint Germain, publiée en 1724, par
dom Bouillard, bénédictin de la congrégation de
, feint- Maur , tout ce qu’on pqjit favoir fur Saint
Germain de Paris. Né vers l’an 496 j mort en
5 76.
Un quatrième Germain , (D . Michel. ) bénédictin
de la congrégation de faint Maur , appartient
à l’hiftoire littéraire. Il aida D. Mabillon
dans la compofition de la diplomatique ^ des aétes
des faints de l’ordre de faint-Benoîr. Né à Péronne
en 1745 ; mort à Paris en 1694.
GERMANICUS, {Hifl. Romaine. ) fils de Dru-
fu s , fut élevé par les foins de fa mère Antonie ,
dont la vertu & les moeurs étoient propofées pour
modèle à toutes les dames romaines. Cette mère
tendre , toute occupée de fon éducation, lui
tranfmit fes inclinations fortunées. Tibère, fon
oncle paternel, l’adopta, & dès ce moment on
le regarda comme fon fucceffeur. Il pafla fuccef-
fivement par toutes les charges de la république ,
pour s’inftruire du grand art de gouverner. , Sa
modération & fon équité dans l’exercice de fes fonctions
, le firent également chérir & refpe&er.
Modefte dans la grandeur, il fembla feul ignorer
qu’il étoit appellé à l’empire du monde. Après avoir
exercé la quefture & le confulat, il fut envoyé
en Germanie pour y rétablir la gloire des armes
romaines. Il vécut fous la tente avec l’auftérité
d’un fpartiate. La fimplicité de fes habits ,
la frugalité de fa table l’égaloient au dernier
des foldats. Après la mort d’Augufte , les
légions, dont il étoit l’idole, voulurent le recon-
noître pour empereur. Sa réfiftance ne fit que les
confirmer dans leur choix. Après avoir employé
les prières, il eut recours aux menaces pour les
rappeller à leur devoir. Son refus opiniâtre fub-
jugua leur indocilité. Dés que le tumulte futappaiféj
il les mena contre Arminius, fur lequel il remporta
une viâoire fxgnalée. Enfuite il marcha contre
les Marfes qu’il vainquit. L e plus beau de fes
trophées fut d’avoir repris l’aigle romaine qu’ils
avoient autrefois enlevée à Yarus. L’afcendant
qu’il avoit fur les troupes, alarma la politique de
Tibère, qui jamais ne put lui pardonner d’avoir
été proclamé empereur. Germanicus fut rappellè
à Rome, où il reçut les honneurs du triomphe
aux acclamations d’un peuple plus charmé encore
de fa modeftie que de tes exploits. Tous les yeux
6 tous les coeurs fe fixèrent fur lui, & ce fut
ce qui-le rendit encore plus coupable. Tib è re ,
importuné de fa gloire, fentit mieux combien il
étoit détefté. Il craignit que les Romains, dégoûtes
de fa domination, ne brifaffent fon joug pour v ivre
fous un maître adoré. Ce fut donc moins par amour
que par envie qu’il le nomma prefque empereur
de IJOrient, où il fut envoyé pour pacifier les
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troubles qui agitoient l’empire. Il y foutint la réputation
du premier général de fon fiècle, par la
défaite du roi d’Arménie, à qui il donna un fuc-
cefTeur après l’avoir dépouillé de fes états. Germanicus
revenoit triomphant à Rome, lorfqù’il
fut empoifonné par Pifon dans la ville de Daphné.
Sa mort fit couler bien des larmes parmi le peuple
& dans l’armée. Les rois alliés de l’empire partagèrent
ce deuil général. Ce prince , né avec tous
les talens & toutes les vertus, cultiva les lettres
jufques dans le tumulte du camp. Il compofa dans
les momens de loifir quelques comédies, & tra-
duifit du grec en vers latins, des épigrammes &
des poèmes eftimés. Il eut d’Agrippine neuf enfans.
Caligula, qui parvint à l’empire, fe rendit malheu-
reufement célèbre par des débauches & des cruautés
qui le rendirent trop indigne d’un tel père.
GERMON, ( Barthelemi ) ( Hifl. litt, mord. )
jéfuite, écrivit contre dom Mabillon & dom
Confiant, au fujet de la diplomatique. Les favans
n’ont pas été pour lui. Il écrivit aufli contre le
P. Quefnel, & le public ne fut pas pour lui, mais
bien le cardinal de B ifîy , qui adopta fon ouvrage &
le publia fous fon nom. Né à Orléans en 1663.
Mort en 1713.
GERSON, ( Jean Charlier dit ) ( Hifl.
de Fr. ) nommé Gerfon du nom d’un village de
Champagne, où il naquit le 14 décembre 1363 ,
acquit une grande autorité dans l’églife gallicane,
par fes lumières. fes vertus & la'pureté de fa
ûoârine. Il avoit étudié fous le fameux Pierre
d’A illi, depuis évêque de Cambray & cardinal,
auquel il fuccéda dans la place de chancelier de
l ’églife & de l’univerfité de Paris. Il fe diftingua,
comme Pierre d!Ailli, par fon zèle pour la réformation
& la pacification de l’églife, & par les
foins qu’il fe donna pour l’extinâion du grand
fchifme d’Occident. 11 fe diftingua plus encore
par fa conduite ferme .& ccurageufe au milieu
des troubles que fit naître l’affaftinat du duc d’O rléans,
frère de Charles VI. Il prononça l’oraifon
funèbre de ce prince, dans laquelle il s’exprima
ainfi au fujet de l’aflafiin : quil ne enhortoit, ne
oonfeilloit la mort du duc de Bourgogne ou fa def-
truiïion; mais icelui devoit être humilié, afin qu'il
necognut fon péché en faifant digne fatisfiatfion. On
ne pouvoit donner un confeil plus noble, plus
jufte, ni plus modéré ; mais le duc de Bourgogne
devint tout-puiflant, & Gerfon y pour s’être élevé
contre la harangue du cordelier Jean Petit, apo-
logifte infame de raflaflinat du duc d’Orléans, &
contre cette propofition : qii ily a des cas ou l'aflfajjinat
<efl une aÈtion vertueufe, fut obligé de fe tenir quelque
temps caché fur les voûtes de Notre-Dame. Il fit
dans la fuite condamner cette propofition au concile
de Confiance : il auroit bien dû y faire condamner
aufli la maxime & l’ufage de brûler- les hérétiques
& de violer envers eux la foi donnée. Par
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une fuite du refientiment du duc de Bourgogne,
il vécut long-temps expatrié, traitement que nous
ayons fait trop fouvent aux talens & aux vertus ,
il entra déguifé dans la Bavière, mais enfin il
revint en France dans des temps plus calmes,
& mourut à Lyon le 12 juillet 1419. Le do&eur
Dupin a donné en 1706 une édition des oeuvres
de Gerfon en cinq volumes in-folio.
G ERVAÎSE, ( Nicolas & dom Armand
François ) ( Hifl. litt. mod. ) frères. Le premier
avoit été à Siam avec des millionnaires de la
congrégation de faint Vincent de Paule-, en con-
féquence il nous a donné une hifloire naturelle & politique
du royaume de Siam & une defcription hiflorique
du royaume de Macaçar ; il étoit revenu en France
avec deux fils du roi de Macaçar. Ayant été fait
prévôt de l’églife de Saint-Martin de Tours, il écrivit
la vie de ce faint. Il compofa aufli l'hifloire de Boëce,
fénateur romain, avec l'analyfe de tous fes ouvrage.
Ayant été en million en Amérique, il y fut maf-
facré p’ar.les Caraïbes en 1729, dans une émeute
qu’il voulut appaifer.
Le fécond fe fit religieux de la Trappe , dans
le temps de la réforme de l’abbé de Rancé, qui
le fit nommer abbé de fon monaftère , en 1696:
Mais, ayant voulu y faire de grands changemens,
fans même confuiter l’abbé de Rancé , celui-ci
eut l’adrefle ou le crédit de l’engager à donner
fa démiflion : dom Gervaife alors fortit de la
Trappe, erra de folitude en folitude, confervant
par-tout la manière de vivre de la Trappe, à
l’inquiétude près dont il étoit tourmenté , & qui
eft fort étrangère à cet inftitut. Il publia fon
premier volume de Vhifloire générale de •Cîteaux.
Les bernardins y étoient attaqués , peut-être
mal à propos \ en ce cas, c’étoit une fottife, on
en fit un crime d’état: dom Gervaife fut arrêté,
comme un criminel & avec le plus grand fcandale,
en fortant du Luxembourg, & renfermé à l’abbaye
de Notre-Dame des Rédus , dans le diocèfe
de Troyes* On crut fans doute ne pas uïer d’une
grande rigueur , en renfermant dans une maifon re-
ligieufe un homme qui s’étoit enfermé lui-même
volontairement à la Trappe. Dom Gervaife mourut
dans fa prifon* en 1751» âgé de quatre-vingt-onze
ans. On convient que c’étoit un honnête homme j
on ne lui reproche que quelques défauts de caractère.
Il a beaucoup écrit. On lui doit la vie &
les lettres d’Abailard & d’Héloïfe ; l’hiftoire de
l’abbé Suger ; le s vies de faint Paul , de faint
Irénée, de faint Cyprien, de faint Paulin , de
Rufin, de faint Epiphane : cesfix dernières, d’après
les mémoires de M, de Tille-mont ; Vhifloire de
l'abbê Joachim , furnommè le prophète , religieux de
Tordre de Cîteaux........ .. oh Von voit TaccompUJfement
de fes prophéties fur les papes , fur les empereurs
,-fur les rois y fur les états & fur tous les ordres
religieux ; l’ouvrage intitulé : jugement critique ,
mais équitable, des vies de feu M . l ’abbé de Rancé ,