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guifement, d’un fort qn’il défendoit contre le connétable
de Lefdiguières , avoit changé cf’habits
avec un fimple loldat, & avoit oublié dans l’habit
qu’il quittoit, urfe bell ■ écharpe , faveur de quelque
femme, le foldat fut pris & l’écharpe tomba
en partage à un fegent du régiment de Crèquy.
Crèquy fit dire à Philippin qu’il falloit mieux con-
ferver les faveurs des dames : Philippin, à qui on
r prochoit à la cour de Savoie d’avoir mal défendu
fonfort, prit cette plaifanterie chevalerefque
pour un reproche & fe battit contre Crèquy ui-
le renverfa par terre d’un coup d’èpée, lui donna
la vie & laifla auprès de lui un chirurgien pour
en prendre foin. Créqui fe vanta, dit-on , d’avoir
du fang de Savoie, & le duc défendit à Philippin
de reparaître devant lu i , avant d’avoir pris
fa revanche; cette revanche fut d’être tué par
Crèquy en 1599.
Les alliances de ceçte maifon offrent des com-
binaifons fingulières ; la mère du maréchal de
' Crèquy, s’étôit remariée avec François-Louis d’A -
goût, comte de Sault ; elle en avoit eu deux fils,
morts de fon vivant fans poftérité. Le dernier
mort l’avoit inftituée fon hériuere, & par-là les
biens de cette branche de la maifon d’Agoût paf-
fèrent dans la maifon de Crèquy.
Autre fingularité. Le maréchal de Crèquy, époufa
fucceflîvement deux filles du connétable de Lefdiguières,
quoiqu’il eût des enfans delà première,
& fon fils époufa fa tante , rroifième fille du connétable
de LefJiguières. Ce fils fut fubftitué au
nom, & aux armes de la maifon de Bonne-Lef-
diguières.
Il eut un frère (Charles I I ) , mort en 1630,
d’une blefîure reçue au fiége de Chamberi.
Celui-ci eut trois fils , dont le premier fut le
duc de Crèquy & le troifième le fécond maréchal
de Crèquy, plus célèbre encore que le premier.
Le duc ( Charles III ) fut fait duc & pair en
1653 , chevalier des ordres en 16 6 1, gouverneur
de Paris en 1675. C ’efl lui q ui, en 1662 , étant
ambaffadeur à Rome, fut infulté par les Corfes,
infulte dont Louis XIV tira une réparation fi éclatante.
C ’eft contre lui que Racine, dont il çritiquoit
VAndromaque, fit l’épigramme :
Si quelqu’un l’entend mieux, je l’irai dire à Rome.
Et cette autre:
Crèquy dit que Pyrrhus aime trop fa maîcreiîè ;
D’OJonne, qii’Andromaque aime trop fon mari.
Mort le 13 février 1687.
Le fécond maréchal ( François ) fervit avec tant
de diftinéfion en 1667 à la campagne de Flandre ,
qu’il mérita d’être fait maréchal de France en 1668 ;
en 1670 il conquit la Lorraine ; on fait qu’ayant
été battu à Confarbrick le 11 août 1675, &
pris dans la ville de Trêves le 6 feptembre fui-
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vant » le grand Condé dit de lui : Le voilà devenu
un des plus grands généraux de l’Europe, il lui falé
loit un échec; on fait en effet comment il répara
fa défaite par les deux belles campagnes de 16 77,
& de 1678, & confola les François de la perte
de Turenne , comme Luxembourg les confoloit
de la retraite de Condé ;
Il termina la guerre par deux vi&oîres en 1679.
Il prit Luxembourg en 1684, à la vue des dames
de la cour, que Louis XIV avoit menées à ce fiége.
Il mourut comme fon frère en 1687.
C ’eft pour le marquis de Crèquy, fon fils (Fran-
çois-Jofeph ) qui fut tué le 15 août 1702 , à la
bataille de Luzara , qu’on avoit fait ce joli couplet
:
Si j’avois la vivacité
Qui fit briller Coulange
Si j’avois même la beauté,
Qui fit régner Fontange ,
Ou fi j’étois comme Conti «
Des grâces le modèle ,
Tout cela feroit pour Crèquy ,
Dût-il m’être infidèle.
CRESCENS ^philofophe cynique, vivoit vers
le milieu du fécond fiécle de l’ère chrétienne,
C ’eft coptre lui que Saint- Juftin écrivit fa fécondé
apologie•
CRESCENTIUS NUMANTIANUS \{ Hifloire
mod.) , patrice romain, tyran de Rome, à qui l’empereur
Othon III fit trancher la tête vers la fin
du 10e. fiécle. Voye£ à l’article A l b e r i c un
paffage de Rouffeau qui concerne ce Crefcentius ou
Crefcence.
CR E SCIM BEN I(J e a n Ma r ie ) { H i f l . l i t t . mod.-) ;
poète & hiftorien Italien , excellent littérateur
fondateur de l’académie d’Arcadie ou des Arcades
de Rome , dont il fut trente-huit ans directeur
, & dont l’objet étoit de faire la guerre aux
Concetti, & de maintenir la pureté du goût. Ses
principaux ouvrages font Fhifloire de la po'éfie Italienne
; Fhifloire de l'académie des Arcades , 6»
la vie de plus illuflres Arcadiens ; plus , un recueil
de leurs poëfies latines ; plufieurs vies particulières
, entre autres celles du cardinal de Tonrnon ;
des poëfies Italiennes , &c. Il étoit de la plupart
des académies d’Italie , & de celle des curieux
de la nature en Allemagne. Né en 1663 à Macé-
rata, capitale de la Marche d’Ancone. Mort à Rome
en 1728.
CREST ( La b e r g è r e d e ) {Hifl. mod. ) , fille
vifionnaire prônée par Jurieu , l’ami de tous les
vifionnaires, & vifionnaire lui-même. Elle étoit
en effet bergère, & en gardânt fes moutons, elle
avoit été formée au métier de vifionnaire & dç
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prophéteffe ; elle avoit appris des déclamations &
des plaifanteries contre le pape & la meffe ; les
càlviniftes la croyoient ou la difoient fufcitîe de
Dieu pour abolir l’idolâtrie ; l’intendant de Dauphiné
la fit enfermer à l’hôpital général de Grenoble
; on, aurbit pu fe contenter d'= la renvoyer
garder fes moutons & de l’engager à fe taire foi s
peine de cette clôture.' i
CRETIN ( G u il l a um e d u bo is , dit ) ( Hifl.
litt, mod.y^ chantre de la faime-chapellè de Paris,
tréfoner de celle de Vincences, chroniqueur des
rois Charles V I I I , Louis X I I , & François I. Mort
en 1325. Il étoit auffi poète & poète alors très-
célèbre. Marot, qui fut fon fucceffeur dans le premier
rang au Parnafle , rang qu’il remplit avec
un éclat plus foutenu , l’appelle le fouverain poète
françois ; les pointes & les équivoques lui font
très-familières, & c’eft principalement fur fes ta-
lens dans ce genre que fa réputation fut fondée;
c’eft Crétin que Rabelais a placé dans fon Pantagruel
fous le nom du vieuxRaminagrobis. Liv. 3.
chap. 21, 2 2 ,2 3 . ( Voye[ F article TURLUPINS &
T u r lu p in a d e s . )
I CREVANT. Voye{ H um ièr e s .
C R E V E -OE U R ( P h il ip p e de c r è v e -coe u r
DES CORDES OU DES QUERDES) {Hiß. de F r .) ,
maréchal de France, fut un des plus illuftres capitaines
du temps de Louis XI. Il étoit attaché à
la maifon de Bourgogne i il combattit fous Char-
les-le-Téméraire à la bataille de Montlheri. Moins
habile négociateur ^ moins homme d’état que
Phi’ippe de Comines , fon compagnon d’armes,
mais plus foldat & plus général , Louis XI avoit
fenti qu’il lui feroit aufii néceftaire. Il n’avoit rien
épargné pour le féduire , & i! fallu ^ ’acheter cher,
car la maifon de Bourgogne l’avoit comb'é de faveurs.
Sa mère avoit nourri la princefte Marie de
Bourgogne, fille unique de Charles-le-Téméraire.
Cette première fource de grâces, jointe aux fer-
vices & à la capacité de Defquerdes, lui avoit
acquis la confiance de Charles , qui. lui avoit
donné le gouvernement général de la Picardie
Bourguignonne. Brave, intelligent, expérimenté,
Defquerdes pourrait être regardé comme un grand
homme, s’il eût été fidèle. -
Lorfqu’après la mort de Charles , Louis XI em-
preffé d’accabler la fôibleffe de Marie , s’emparait
de toutes les villes de Picardie , de Hainault &
d’A rtois, Defquerdes qui commandoit dans Arras
répondit avec fermeté à la fommation & fit valoir
les droits de fa fotjveraine , mais c’étoit de fa
part , le dernier foupir d’une fidélité expirante.
La fortune de Comines l’avoit tenté ; il voyoit
tout à perdre dans le parti de la princefte , & tout
à gagner dans celui du roi. Il fuivit le torrent,
& vendit, comme les autres , fes talens à Louis XI
contre la fille de fon bienfaiteur. Maximilien , fils
de l’empereur Frédéric I I I , ayant époufé Marie ,
eut la gloire de gagner contre Defquerdes la bataille
de Guinegafte le 24 août 1479. Defquerdes
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fotitînt toüs lès efforts de l’armée vi&oneu fe,&
fit la retraite en très-bon ordre n’abandonnant
à Maximilien que la champ de bataille, couvert
de plus de . Flamands que de François. Dans cette
journée,. Maximilien & Defcn:rdes a voient fait le
perfonnage l’un de l'autre. Defquerdes avoit dé-
p’oyé tome la vivacité d’un jeune, guerrier, Ma/-
ximilien toute la prudence d’un vieux capitaine;
Defquerdes répara bnn par fa conduite le léger
échec qu’il avoit efluyé. Il empêcha Maximilien
de tirer aucun avantage de fa vi&oire. Le fiége
de Théiouenne que faifoit Maximilien , & auquel
s’oppofoit Defquerdes , fut levé ; le refte
de cette guerre, fut delà part de Defquerdes, une
fuite de fu ccès. Il fut fait maréchal de France en
1483 fous le règne de Charles V I I I , il continua de
faire une guerre heureufe contre Maximilien en
1487 , ilfurpritSaint-Omer & Thérouenne, battit
les Flamands près de Béthune, & fit prifonniers les
principaux chefs de leur armée. Il mourut en 1494
à la Brt fie , près de L y on , en accompagnant Charles
VIII à fon expédition d’Italie. La maifon de
Crève-coeur, dont il étoit, & qui eft aujourd’hui en
Lorraine , eft ancienne & illuftre. De cette maifon
étoient encore Enguerrand, laiffé parmi les morts
à la bataille de Bar en 1037 , & q u i, échappé de
ce péril, fe fit moine.
Errard I I , venerabilis miles & flrenuus, qualifié
ainfi dans fes a&es , fait prifonnier dans une
bataille livrée contre les Turcs en 1 1 4 6 011
1147 dans la fécondé Croifade.
Jean III, prifonnier à la bataille de Poitiers en
1351s.
Colard, tué à la bataille de Conrtrai en 1502;
G illon, fon fils, tiié à la bataille de Crécy en
1346- V ' ' ■ ■ ; ■ i j
Fourci, fon fils, tué à la bataille de Nicopolîs
en 1396;.,
CREVIER (flAN-IlAFTISTE-LOUIs') ( Hiß. fut.
moi.'), profeffeur de rhétorique au collège de
Beauvais, difciple de M. Rollin , eft l’homme qui
a le mieux fu tirer parti de cette qualité pour fe
faire un nom dans les lettres} à force de faire
caufe commune avec fon maître, il eft parvenu à
perfuader aux nombreux partifans de M. Rollin
que cette caufe étoit la même & fa réputation eft
devenue comme une annexe de celle de M. Rollin •
il s’en falloit bien cependant que M. Crevier eût l’élégance
de M. Rollin , fon goût p u r , fa douceur
aimable, fon ingénuité quelquefois piquante, tou-,
fours attachante ; M. Crevier étoit inftmit; mais
fon ftyle étoit dur & d’une familaritè baffe, il
n’avoit de commun avec M. Roliin que d’avoir
étudié fous lui & d’avoir continué ton hiftoire
.Romaine ; le zèle Janfénifte qui les nniffoit encore.
étoit doux dans M. Rollin, âcre dans M. Cre-
vicr. Celui-ci faiftffbit toutes les occaftons de fc
porter pour le défenfeur & le vengeur de M. R,oî