
mmi/lration, quoiqu’ellè eût montré beaticbup cîe I
capacité pendant fa régence: ce n’eft pas qu’il ne I
fentît le befoin de fes confeils, mais il étoit im- I
portuné de fes remontrances ; & ce fut pour s’en j
ctebanraffer qu’il la relégua dans un monaflère. I
l es peuples furent indignés d’un traitement fi ri- j
gpurenx. Confianiin avoit époufé une Arménienne !
nommée Marie, qu’il répudia par inconftancé, & I
qu’il fit enfermer dans un monaflère; on- prétend' J
qu’il ne fit ce divorcé qu’à la folliciration de fa. I
mère, qui, pour fe venger de rabaiffëmënt où il j
la tenoit, le fit tomber dans tous les travers qyi J
pouvoient décrier fon gouvernement &fes moeurs, j
Ce fut en effet en le rendant odieux qu’elle pré- I
para fon rétabliffement. Les peuples mécontens la j
firent affeoir fur le trône avec fon fils; maïs trop j
iinpérieufe pour partager le pouvoir, elle l’en fit j
cieicendre ;e lle eut même fin humanité de lui faire 1
crever les yeux. Elle fut détrônée à fon tour par j
Nicéphore , qui la relégua dans l’ifîe de Lesbos, où I
elle finit fes jours. Confianiin mourut en 797. Il |
»voit régné dix ans avec fa mère, 8c dix ans feul. J
( r - w . ) .
C o n s t a n t in V I I , fils de Léon-lê-Sage, mon- |
ta fur le trône d'Orient après la mort de fon j
oncle, arrivée en 912. Il n’avoit encore quefept ans I
lorfque le feeptre fut mis dans fes mains. Sa tu-
téie & fon éducation furent confiées à fa mère
Zoé. La cour étoit alors remplie d’intrigues. Romain
Lefcapenne, homme d’une naifTançe obfcure,
mais redoutable par fes artifices & fon ambition,
eut l’adreffe de fe faire affocier à l ’empire. Ses
voeux s’étendoient plus loin, & il n’étoit arrêté
que par Zoé , princefle aufîi intriguante 8c auffi
ambitieufe que lui. Il fit jouer tous les refforts de
fa politique, pour fe débarra fier de fa rivalité.
Zoé fut confinée dans un monaflère. Romain , délivré
de fa Concurrence, ne laiffa à fon collègue
que l’ombre du pouvoir. Il marcha contre les Bulgares
, qui taillèrent en pièces, fon armée. Sa dif-
grace le fit tomber dans l’aviliffemenr. Ses propres
enfans le dégradèrent, 8c il fut enfermé par leur
ordre dans un monaflère. Ces fils dénaturés, qui
punirent l’ambition de leur père pour envahir fon
héritage , eonrfpifèreiit tnfuite contre Confianiin,
qu’ils dédaignoient pour collègue. Leurs complots
furent découverts 8c punis ; ils furent rafés 8c
condamnés à embraffi r la vie monaflique. Quand
'Confiantm n’eut plus d’afibeiés au gouvernement,
il montra une capacité qu’il n’avoit pu déployer
dans des temps orageux. Le malheur étoit pour
lui une leçon dont il fut profiter". Ami & protec-
ti-ur des arts, il leur donna une iiaiffance nouvelle.
Il compofa dans fes loifirs plufieurs ouvrages qui j
décèlent des vues fublim s fur l’art de gouverner, j
J1 a voit une connoiffance parfaite des forces de I
l ’empire, 8c de celles des alliés 8c des barbares, g
Il avoit vu tous les vices du gouvernement, mais j
le temps n’étoit pas propre à les corriger. Ce fut J
fous fon règne que les petits tyrans qui défoloient j
PItalie, furent vaincus & punis: Benevent fut ré«
prife fur les Lombards. Confiant in, qui avoit tous
les talens qui font les grands princes, 8c les qualités
aimables de l’homme privé, vécut afi'ervi aux
volontés de fa femme Hélène, à qui il abandonna
les rênes de l’empire pour fe livrer à fon goût
pour les arts. Cette princefle fit un vil trafic des
dignités de Féglife 8c de l’état, tandis çue fon
mari, occupé d’arehiteéhire & des autres arts d’agrément,
ignoroit les abus qui obfeurciffoient la
gloire de fon règne. Quoiqu’il fût eflïmé., il fit
beaucoup de mécontens. Son fils, impatient de
régner, lui donna un breuvage empoifonné. Comme
il n’en prit qu’une partie, il en prévint les
ravages ; mais il ne fit plus que languir, & tomba
dans un dépériffement qui termina fa vie en
955 , après un règne de cinquante-cinq ans.
( T - n \)
C o n s t a n t in V I I I , fils de Romain le jeune,
fut appellé à l’empire conjointement avec fon
frere Bafile , après que Zimiffés eut été empoifonné.
Ces deux collègues, unis par la nature ,
fembloient n’avoir qu’une ame & les mêmes af-
feélions. La rivalité du pouvoir ne fit que reffer-
rer les noeuds formés par la nature. Le commencement
de leur règne fut troublé par la rébellion
de Bardas-Sclerus, qui fe fit proclamer empereur.
Phocas, chargé du foin de cette guerre, la termina
par une feule viètoire. Bardas périt dans îé
combat, & fa faélion 'fut diffipée. Phocas, enivré
de fes profoérités , crut avoir acquis dès droits
?.u trône qu’il venoit de défendre. Les dignités où
il avoit été élevé" ne lui parurent pas d. s ré-
compenfes proportionnées à les fèrvices. Il déploya
l'étendait de la rébellion, *m is il fut vaincu
& maflacré. Les Bulgares , profitant des troubles
de l’empire pour en ravager lès provinces ,
| fie répandirent dans la Thraee, la Macédoine 8c
| la Grèce, où ils exercèrent les.plus affreux bri-
! gandages. Les deux empereurs fe mirent à la tête
| Qu’une puiffante arm te , pour forcer ces barbares
! à s’éloigner des frontières. î?ès Bulgares, vaincus
| dans plufieurs combats, biffèrent quinze mille pri-
fonniers, à qui les vainqueurs firent crever les yeux.
On n’en épargna qu’un certain nombre pour porter
cette affligeante nouvelle à Samuel, chef ou
roi' de ces barbares. Ce prince , touché du malheur
de fon peuple, fuecomba à fa douleur, 8c
mourut quelque jours après. Tant que Bafile vécut,
Confianiin n’ofa fe livrer à la licence de fes
pénehans. La mort le délivra de ce cenfeür incommode,
qui mourut à foixante 8c dix ans. Conf-
tantin réunifiant toute l’autorité, s’endormit dans
le fein des voluptés. Les plaifirs de l’amour fuc-
cèdoient à l’intempérance de la table & à la fureur
du jeu. Aucun prince n’avoit occupé auflî
long-temps le trône. Les deux frères régnèrent
eiîfemble pendant cinquante-trois ans. Confianiin,
pendant la vie de fon aîné, languit fans ambition
8c fans mouvoir, Il n’eut que la décoration
$Tün fouverain. Il régna feul pendant trois ans. Ün
règne fi court fuffit pour ternir fa mémoire. ( T— N. )
C o n s t a n t in I X , furnommé Mo nom a que, fut
élevé à l’empire de l’Orient par les intrigues de
l’impératrice Z o é , à qui il avoit fu plaire. Cette
princefle lafeive étoit âgée de foixante ans lorf-
qu’elle fit crever les yeux à Michel Calaphate fon
premier mari, pour faire paffer dans fon lit fon
amant adultère. Le fcandale de leurs amours avoit
été la caufe de l'exil de Confianiin, que Zoé rappelle
pour l'aflobier' à l’empire. Des qu’il fut revêtu
de la .pourpre, il confia l’adminiftration à
Romain Sclérus, qui n’avoit d’autre mérite que
d’être le frère de fa concubine. Cette femme,
qu’on appelloit Sclérine , s’infinua fi avant dans
l ’efprit de Zoé , que cette princefle, jaloufe de
fes prérogatives, confentit qu’on rendît à fà rivale
les mêmes honneurs qu’aux impératrices. Le
peuple feandalifé de cette nouveauté, fit éclater
fon mécontentement au milieu d’une proccflion.
Plufieurs voix s’élevèrent, & dirent: Nous ne
voulons point Sclérine pour impératrice. Ce cri
fut . le lignai de la révolte. Conftantinople retentit
du bruit des armes, 8c les féditieux demandèrent
la mort de l’empereur. Zoé & fa foeur
Théodora, qui étoient également aflbciées à l’empire
, employèrent leur crédit pour calmer le
peuple. Ce danger fut le ‘prélude d’un plus grand.
Léon Torniqae, setoit concilié tous les coeurs
dans la province dont il avoir le gouvernement;
& c’eft ce qui le fit paroître redoutable. Confian-
tin, ja'oux de fon mérite, le força d’embrafler la
vie monaflique. Cette violence redoubla l’afleélion
des peuples pourTéon, puni, fans être criminel.
Ses amis- raffemblent fecrétemem une année, ils
le tirent de fon monaflère, & le conduifentà An-
drinople, où ils Je proc.'ament empereur. Les conjurés,
.pleins de confiance dans leur nombre,
marchent versConflantinople , dont ils forment
le fiege. Confianiin , renfermé dans fa capitale,
n’avoit avec lui que mille hommes, tous d’un
courage éprouvé. Ce fut avec cette troupe
d’élite qu’il obligea les rebelles à renoncer à leur
entre prife, L’arrivée des légions d’Ibérîp lui rendit
la fupériorité. Léon, vaincu, fe réfugia dans
une égüfe, d’où il fut enlevé 8c conduit aux pieds
de Confianiin ? qui lui fit crever les yeux. L’extinction
de cette révolte ne rendit peint le calme à
l’empire, dont plufieurs provinces furent ravagées
par les Turcs 8c les Tartares : On accufe Confian-
tin d’avoir facilité les conquêtes des Barbares par
fon avarice. Les provinces frontières, exemptes
jufqnalors d’impôts, n’avoient été chargées que
d’entretenir des troupes pour les protéger. Leurs
immunités en faifoient des fujets fidèles. Confian-
tin fe chargea de les défendre, 8c les afliijettit à
payer les mêmes tributs que les autres provinces.
Il s’en acquitta fi mal, qu’elles tombèrent fuccef-
fivement fous la domination des Barbares, 8c
les peuples furent charmés de trouver dans leuis
nouveaux maîtres de puiflans protecteurs. Les
profufions de ce prince épuifèrent le tréfor public,
& le mirent dans la néçeflîté de furcharger les
peuples, dont il devint l’exécration. La goutte ,
dont il étoit fréquemment tourmenté, lui remonta
dans la poitrine. L’excès de fes fouffrancés l’avertit
que ù fin étoit prochaine : il ne voulut point
mourir fans avoir défigné fon fuçceffeur, 8c fon
choix tomba fur Nicéphore, qu’ il avoit fait gouverneur
de Bythinie. Théodora, offenfée d’un
choix fait fans la confulter, employa tout fon crédit
pour lui donner l’excluficn, & elle réuffir.
Cette princefle fé fit proclamer de nouveau impératrice.
Confianiin voyant fes dernières volontés
fi peu refpeélées, en conçut tant de chagrin,
qu’il en mourut quelque temps après* Il avoit
régné treize ans. ( T - - N . )
C o n s t a n t in X étoit de la famille des Ducas,
une de plus iiluflres de l’empire. Il fut élevé au
trône de Conftantinople après l’abdication volontaire
dlfaac Comnène. L’innocence de fes moeurs,
fon goût pour les lettres, fon amour pour la juf-
tice, le faifoient également chérir 8e refpeéler. II
avoit toutes les vertus qui conviennent à un
homme privé ; mais il n’avoit aucun des talens
néceffaires pour, gouverner un grand état. Il eût
été un citoyen illuftre, il ne fut qu’un prince vulgaire.
Son prédéceffeur, en mourant, lui avoit
recommandé faifamillè; fidèle à la reconnoi fiance ,
il combla les Comnènes de bienfaits , il leur fit
de fréquentes vifites, 8c continua de les appel» I peller fes maîtres 8c fes empereurs. Les foldats
de l’empire s’amollirent fous fon'règne dans les
loifirs de la paix. Ses inclinations pacifiques infpi-
I rèrent une confiance audacieidè aux Barbares. La
! Méfopotamie, la Ch a Idée , l’Ibcrie, 8c là Méli-
! tèné furent ravagées par les Turcs. Quelques
I hordes barbares paflèrent le Danube , 8c portèrent
| la dèfolàtion dans là Grèce 8c la Macédoine. Ils
I auroient pouffé plus loin leurs conquêtes & leurs
| brigandages , fi le fléau de la pc-fte n’eût détruit
! la moitié de leur armée. Quelques grands de l’em-
| pire, jaloùx de l’élévation de Confianiin, qu’ils
g avoient vu leur égal, cpnfpirèrent pour le faire
g dêfcendre du trône. Leur complot fut découvert,
S & ils furent arrêtés.- Conpanim, qui avoit le droit
g de les condamner à la mort, ne les punît que par
g la confi(cation de leurs biens , pour les mettre
g dans l ’impuifiance de nuire. L’humanité & les
S autres vertus fociales de Confianiin furent obfcur-
1 des par fon avarice infatiàble , qui le rendit
I odieux a fes fujets, 8c méprifable à fes enne-
3 mis. Plus attentif à grofflr fes tréfors qu’à en ufer
g pour les befoins de l’état, il ne leva point d’ar-
| mée pour oppofer aux Barbares, qui, fans foi dans
g les traités, fe livrèrent à des excès qui r>‘ fièrent
J impunis. L’état ébranlé par les fecouftes étran-
1 gères, fut encore frappé d’autres fléaux. Un hor-
8 rible tremblement de terre renverfa les temples
I 8c tes édifices de la capitale. Cette yille fuperbe