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mit le feu en pleine mer, 8c toujours à îa folUci- i decef- osdre , qui étoit déjà répandu de fon temps
tation d’Alhia Dominica.. ' j dans prefqüe tous les pays de l’Europe. Dans la,
I fuite , il a embraffé les quatre parties du monde,
D OM IN IC A L , f. m. (Hijl. mod..), terme qui J portant toujours à fa fuite , rinquifition. Il eft di-
fe i trouve dans l’hifîai're eccléliaftique. Un concile. J vifé en quarante-cinq provinces, dont il y en a
d’À uxerre, tenu en 578 , ordonne que les femmes | onze en Afie , en Afrique & en Amérique. Le
communient, avec leur dominical. Quelques auteurs I maître du facré palais à Rome eft toujours un Ja-
prétendent que. ce dominical étoit mi linge dans le- I cobin.. (
quel ellesrecevoient le co-ps de Jt fus-Chrift, pour g Saint Dominique mourut en 12 21, le pape Gre*
ne pas toucher les efpèces euchariftiques avec h ] goirè IX le canonifa en *235.. Le P. Touron , jamain
nue. D’autres difenr que c’étoit un voile dont j
elles fe couvroient la tête, quand elles approchoient j
‘de la fainte . table. Ce qu’il y a de plus vraifembla-
ble , c’eft que le dominical étoit un linge on mouchoir
dans lequel en recevoir le corps de Notre- !
Seigneur , & on le eonfervoit dans le temps des
perfécutiôns , pour pouvoir communier dans fa
niaifon ; comme il paroît par l’ufage des premiers
Chrétiens, & par le livre de Tertullien ad uxo-
rem (G ) .
DOMINTQUE ( Hiß. eccléf. ) , c’eft le nom de
deux faints , l’un du onzième fièd e, l’autre y des
douzième. & treizième.
Saint Dominique YencuiraJJe , fut ainfi appelié ,
parce qu’il portoit une chemife de mailles de fer,
qu’il n’ôtoit que pour fe donner la difeipline j ce
n’étoit pas feulement pour l’expiation defes péchés ,
qui nrétoient ni confidérables ni nombreux,. qu’il
portoit cette rude haire & qu’il fe flagelloit très-
rudement aufti ; mais regardant les péchés d’autrui
comme une dette pécuniaire que tout homme'peut
acquitter à. la décharge du débiteur, iL çomproit
acquitter un certain nombre de ces dettes. & délivrer
un certain nombre de débiteu-rs, à tant de
coups de difeipline par jour. Dans cette idée , il
ne fe les épargn'oit pas, & là peau devint, fous le
foue t, comme celle d’un nègre. Son intention
étôit pieufe & chantable, fes lumières étoient
celles du temps. Il mourut le 14 oôobre iofio,
" dans un h ermitage caché au fond' de l’Apennin*
Saint Dominique, inftituteur de l’ordre des frères
prêcheursnommés de fon nom-, Dominicains,
fut d’abord chanoine d’Olma en Ëfpagne, il étoit
né en 1170, dans ce diocèfe. Il figqala ion zèle
contre les Vaiidois 8c les Albigeois , & n’eft pas
mpihs' regardé* comme Te fondateur de Tinquifiticn
q,ue comme celui des Dominicains. La devîfe de
l ’inquifition , écrite fur la bannière de faint'Dominique
qu’on porte dans les atuo-dà-fé3 eft, mijeriçor-
dia & juflitia. 11 faut pourtant, convenir qu’il n’y
a ni miférieorde, nijuflace à brûler v if un homme,
parce qu’il fe trompe. L’ordre des frères prêcheurs
fut inftitué à Touloufe * & approuvé en 12*6,
par le pape Honoriiis- I I I , il s’étendit : en *11 y ils
'obtinrent de Ihtmverfjté de Paris ,. qui les jugea
utiles, féglife de faint Jacques, d’où leur eft
venu le nom dç Jacobins y fous lequel ils font pour
- e moins auffi çoftnus à Paris, que. fous celui de
Dominicains. St. Dominique fut le premier général
cooin, a écrit la vie.
COMINIS (M a r c A ntoiné de ) (Biftl mod%
jéfuite, puis archevêque de Spalatro, capitale dé
îa Dalmatie, puis proteftant à Londres , puis de
nouveau catholique à Rome , puis fe repentant
de s’être repenti & méditant une nouvelle fuite
une nouvelle défertion , étoit avec toute cette in-
conftance dans la foi & dans fon caraélère , un
homme de beaucoup d’efprit & de mérite, un
digne préenrfeur de Defcartes. Son féjour en A n gleterre
fut utile aux lettres ; il y fit imprimer
l’Hiftoire du Concile de Trente de Fra - Paolo.-
Jâcques I , dont la manie étoit d’être théologien.,
s’aida beaucoup du fecours de fes lumières, tant
que Dominïs fut proteftant ;.mais le repentir très-
vif & alors très-fincère qu’il fit éclater,- le brouilla,
pour jamais avec ce prince.- Il monta en chaire à -s
Londres, y détefta publiquement fon apoftafie,.
y fit l’éloge de la religion catholique qu’il avoit
quittée & une rénaélation folemnelle de tout ce
qu’il avoit eu le malheur d’écrire contre cette relf-
gion. Jacques I indigné lechaffa dé fes- états , on
peut croire que Dominïs avoit pris fon parti demies
quitter. Le pape Grégoire X V ( Ludovifio) fora:
ami & fon compagnon d’études lui avoit fait dire par
l’ambaftadeur d’Efpagne en Angleterre qu’il JpQUp
voit revenir en toute sûreté à Rome, & qu’il y fe5-
roit bien reçu, mais le pape Urbain VIII qui
ne lui .avoit rien promis, & qui crut avoir des
preuves qu’il vouloir de nouveau apoftafier, lé fie
enfermer au château Saint-Ange, où il mourut en
162:5 de poifon, félon- quelques auteurs. Son corps-
fut brûlé au champ de Flore avec fon traité db
Republie a ecclejîajlïcd, qu’il avoit fait imprimer à-
Londres pendant le féjour qu’il y avoit fait. L’objet
de cet ouvragé n’étoit pas présifément d’attaquer
la religion catholique,, c’étoit feulement dè
chercher des moyens de concilier les catholiques
avec les pr©t..ôans, mais on y trouvoit plufieurs
propositions qui ne peuvoient être adoptées que
par ces derniers.-' . A
Confidéré comme pîriiofophe-, il paroît beau?
coup plus-à fon avantage; ce fut lui qui le premier
expliqua d’une manière plaufible. les caufes
de l’arc-en-ciel & de la variété de fes couleurs ; fou
• traité Deradiis vifus & lucis in vitris perfpeBivis &
Iride , eft encore célèbre, il y parle desjunettes à
longue v u e ,. dont l’invention étoit -alors tres-nOUf
; veile. Enfin clétoit y à tout prendre un homme
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dont îl fallolt fupporter les défauts & employer
les talens.
DOMITIA - LONGINA (Hift. rom. ) , fille de
Corbulon , femme de Domitien, plus digne d’un
tel mari que d’un tel père, avoit du moinsla bonne
foi de convenir affez publiquement de toutes fes
galanteries. Elle ne nia jamais que l’ineefle qu’on
l'accufa d’avoir commis avec Titu s , fon beau-
frère , ou plutôt qu’ori accufa Titus d’avoir commis
avec elle ; elle avoit époufé d'abord Lucius-Ælius
Lamia, de la famille de celui à qui Horace adrefle
Iode;
J E U y V etiijlo n o frilis àb L am o , &c.
Domitien la lui enleva , puis il la répudia pour
fon commerce fcandaleux avec le comédien Paris,
puis il la reprit, ne pouvant s’en paffer, mais
comme il étoit à craindre- qu’il ne l’immolât dans
quelque accès de jaloiifie ? ou que fon amour ne
s’affoiblifTant ; ne' lui laifsât, affez de reffentiment
pour punir fur elle tant de défordres,- & qu’il ne
fe bornât pas à un divorce , elle voulut fe délivrer
de cette inquiétude, en entrant dansria conjuration
de Ëarthénius & d’Etienne, dont l’effet fut
d’oter la vie à Domitien, & de prévenir la prof-
cription qu’il defiinoit à une foule de citoyens. On
..vante beaucoup la beauté de cette femme. Il pa-
roît que c’eft tout ce qu’on peut vanter en elle,
& qu’çlle n’a pas Lit ceffer fincompatibilité prétendue
de la pudeur & de: la beauté.
l i s e jl cum fo rm â magna pudlcitice.
; 'DOMITIEN ( F l a v iu s ) , (Hifï. rom.) fils de
Vefpafien 8c frerè de Titus, fut leur fucceffeur
à l’empiré.. Il naquit dans unè maifon qui depuis
fut changée en un temple confacré’ à la fa mille
'des Flaviens. Son éilucàtion fut fort négligée, il
paffa fa jeuneffe dans la crapule' & l’infamie. Il
étoit à Rome lorfqtie Vîiellius négocioit îa paix
avec Vefpafien. Les féditieux l’obligèrent de fe
fauver au capitolë avec fon oncle Sabinus & les
partifans de fa maifon qui périrent dans l’incendie
du temple de’ Jupiter , où ils s’étoient réfugiés.
' Domitien fut préfervé des flammes par les foins
de celui qui préfidoït au fervice du temple ; &
pour fe dérober à la fureur du peuple , il fe dè-
guifa en prêtre d’ifis , & fe retira dans une métairie
jufqu’à ce que le parti de Vitèllius fût dé-
"fruit. Dès qu’il parut en public, on le faliia Cé-
far.Tl fut nommé préteur & conful fans en faire
_les fonélions ; il n’ufa de fon nouveau pouvoir-que
pour enlever des femmes à leurs maris, & entre
: autres Domitïa-Lbngina qu’il fit entrer dans fon
lit. Il mena une vie obfcure tant que vécut fon
p e r e ,& quoiqu’il fût nommé fix fois conful,
il n’en eut ni le pouvoir, ni la capacité. Senfible
à ce mépris , il voulut s’appliquer à la poéfie, &
, comme il n’avoit aucun talent, il achetoit les pro-
duftions des poètes faméliques, qu’il récitoit comme
fes propres ouvrages. Après la mort de fon pere,
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il fouffrit impatiemment la domination de fon
frerè q u i, pour adoucir fes regrets > le nomma
fon collègue' & fon fuccefleur; tant de bontés ne
le rendirent que plus ingrat. Il trama plufieurs
confpirations qui furent découvertes & prévenues.
Sa haine pourfuivit Titus j niques dans le
tombeau : il lui refufa tous les honneurs funèbres,
& ne lui déféra que le vain titre de dieu. Dès
qu’il, crut tout pouvoir, il ofa tout enfreindre: il
répudia fa femme Domitia dont il avoit un fils,
8c la reprit quelque temps après par inconftance.
Quoiqu’il fût incapable d’affaires, il fe retiroit pendant
une heure fous prétexte de vaquer aux foins
de l’empire ; mais c’étoit pour s’occuper à prendre
des mouches qu’il perçoit de coups d’aiguille. Quelqu’un
ayant demandé fi Céfar #étoit le u l, on lui
réoondit: il n’y a pas même une mouche avec lui.
‘(Il en coûta la vie à celui qui fit cette réponfe.)
Dans le commencement de fon régné, il tâcha
de gagner l’affeéjion du peuple par la magnificence
des fpeftacles. Les édifices publics furent
rétablis, & il en fit conftr.uire. de nouveaux. Les
Lrceurs n’eurent plus le droit de jouer fur des
échafauds,; ce fut dans des maifons particulières
qu’ils exercèrent leur art. Il fut défendu de mutiler
les .enfans & d’en faire des eunuques. La culture
des terres étoit négligée , 8c chacun aimoit
mieux avoir des vignes. Il fit un édit qui défendit
d’en planter de nouvelles, & même il en fit
couper une grande quantité en Italie & dans les
provinces. La juftice fut adminiftrée avec autant
de défintéreffement que de lumière : les juges corrompus
furent févérement punis. Il décerna des
peines .contre les auteurs des libelles diffamatoires^
Les rangs-ne furent point cdhfondus dans les fpec-
taeles, & chaque citoyen fut placé fuivant fa condition.
Un fénateur fut dégradé, parce qu’il favoit
trop bien dan-fer 8c contrefaire les baladins. L’ufage
des litières fut interdit aux femmes impudiques
qui furent aufti privées du droit d’hériteiV
Il retrancha de la lifte des juges un chevalier Romain
qui .‘.après avoir acculé fa femme d’adultère,
avoit eu la lâcheté de la reprendre. Il entreprit
aufti la réforme des vierges veftales, dont une,
nomméeÇornèlie, fut enterrée toute v iv e , après
avoir été convaincue d’être retombée dans' une
faute dont elle avoit dé|a obtenu le pardon.
(O n crois communément qu’êlie étoit inne-r
cerne, voyeç fon Article. )
Il avoit tellement en horreur | l’effufion dii-
fsng , qu’il voulut même empêcher d’immoler
des 'boeufs. Il montra beaucoup de définté=*
reffeinent dans fa jeuneffe 8c dans les premiers
jours de fon régne. R récompenfoit magnifiquement
fes domeftiques pour lès empêcher de rien
recevoir des étrangers. Il- refîifa conftamment les
fdcceflions qui lui étoientléguées par ceux qui lail-
foient des enfans, 8c il partagea aux vieux foidats
plufieurs terres délaiffées qu’il avoit le droit dê-
s’approprier, Mais fes vices , long-temps cachê^