
la peinture ; des principes d’archite&ure, peinture
&. fculpture, de la description de Verfailles, de
celle de différentes fêtes & de divers tableaux
célèbres ; il eff auteur encore de quelques autres
ouvrages dans d’autres genres; mais fes principaux
écrits roulent fur les arts ; c’étoit-là le grand
objet de Son goût, de fes connoiffances & de fes
travaux : il eu fuyant, mais diffus ; il inftruit,
mais il ennuye ; c’eft de lui que M. de Voltaire
a dit dans le Temple du Goût :
Sur-tout fuyons le verbiage
De Moniteur de Félibien ,
Qui noyé éloquemment un rien
Dans un fatras de beau langage*
Né à Chartres en 1619. Mort en 1695.
Jacques, fon frère, chanoine & archidiacre de
Chartres , eft auteur d’un Peniateuchus hïfloricus,
qui a eu l’honneur d'être fupprimé ; les curieux *
onr grand foin de placer à la fin du volume les
endroits que des cartons avoient fait difparoître,’;
effet ordinaire des cartons & des fupprefîions &
des prohibitions. Mort le 25 novembre 1716.
André Félibien eut deux fils , i° . Jean-François ,
fon fucceffeur dans fes places & dans fon goût
pour les arts, auteur d’un Recueil hifiorique de là
vie & des ouvrages des plus célèbres architectes ; qui
fert de pendant aux Entretiens fur les vies &
les ouvrages des plus excellens peintres. On a fouvent
réimprimé enfemble ces deux traités analogues
du père & du fils. On a encore du fils une def-
cription de Verfailles & une de Péglife des Invalides,
monument admirable à voir & à décrire!
jMort en 1733.
20. Dom Michel Félibien, auteur de l’hiftoire
de la ville de Paris & de celle de l’abbaye de
Saint-Denis. Mort en 1719. Son hiftoire de Paris
fut continuée & publiée en 1725, par dom Lobineau,
fon confrère.
F E L IX , ( Hiß. rom. ) affranchi de l’empereur
Claude, ainfi que Pallas fon frère; c’eft de lui que
Racine a dit : -
De l'affranchi- Pallas nous avons vu le frère ,
Des fers de Claudius Félix encor flétri ,
De deux reines , feigneur, devenir le mari.
Il étoit gouverneur de Judée: ce fut devant
lui que S. Paul comparut. Félix pilloit & tyran-
lîifoit fa province, & fi c’eft pour cela que Néron
le rappella , Néron n’eut pas toujours tort.
Il y a eu quatre papes de ce nom de Félix ;
& quant -âu cinquième, voyez Part. Eugène IV.
Félix de Noie en Campanie, faint prêtre du
froifième fiècle, mort vers l’an 256.
Félix, évêque d’Urgel : Voyez Elipand, évequë
de Tolède.
FE LTO N , ( Je a n ) ( Hijl. eTAnglet. ) Deu*
hommes de ce nom , & de baptême &. de famille,
furent pendus pour des attentats infpirés par le
fanatifme. Le premier étoit le moins coupable,
& fut le plus févérement puni. Son crime étoit
d’avoir amehé publiquement dans Londres la
bulle d’excommunication du pape Pie V contre
Elifabeth, reine d’Angleterre. Il fut pendu, puis
détaché de la potence encore vivant ; on lui coupa
les parties naturelles, & on les jeta au feu; on
lui ouvrit l’eftomac, & on en arracha les entrailles
& le coeur; on lui coupa la tête, & on mit fon
corps en quartier. Toutes ces dégoûtantes & abominables
cruautés que nous rappelions pour qu’elles
fafient horreur, font bien impuiffantes contre le
fanatifme. Le fupplice de Felton eft de Pan 1576.
L’autre Felton eft celui qui affaflina le duc de
Buckingham en 1628. Il n’étoit fanatique que dans
la hardieflé' de fon entreprife & dans le fang-
froid avec lequel il l’exécuta, content de périr
après fon crime, & ne s’en cacha point ; mais fon
motif n’a voit nul rapport à la religion, il ne vou-
loit que fe venger du refus que le duc lui avoit
fait d’une compagnie d’infanterie. Il propofa lu i-
même qu’on ajoutât à fon fupplice la circonftance
de couper la main coupable ; il ne fut que pendu.
FÉNÉLON, ( F r a n ç o is de Sa l ig n a c de l a 1
M o t t e . ) ( Hijl. litt. mod. ) archevêque- duc de
Cambray, un de ces hommes rares nés pour
infpirer & faire aimer la vertu , étoit d’une maifon
diftinguée depuis long-temps dans Péglife & dans
l’état.
C ’étoit un Fénélon qui étoit ambaffadeur de
France en Angleterre dans le temps de la Saint-
Barthelemi ; il fut pénétré d’horreur, de honte & de
douleur, en apprenant l’opprobre de la nation ; il .
voyoit les amis mêmes que fa vertu lui avoit
faits en Angleterre, frémir à fon afpeét & s’éloigner
de lui: ils ont raifon, dit-il, & je rougis
d’être françois; Mais il étoit ambaffadeur, il*fallut
qu’il employât l’apologie menfongère qu’on lui
di étoit; il fallut qu’il répétât, dans une audience
folemnelle, l’imputation que cette criminelle cour
de Charles IX étoit convenue de faire à Coligny,
d’avoir confpiré contre le roi & toute la famille
royale , quoiqu’il vît bien qu’on calomnioit cet
infortuné , après l’avoir égorgé : ii fut aifé à
Elifabeth de le réfuter, il étoit réfuté d’avance
par fa confternation : il ne put obtenir non plus
qu’Elifabeth empêchât les Anglois de fournir aux
Rochelois afiiégés, de la poudre & d’autres munitions;
mais il obtint, & c’étoit beaucoup, vu
les conjonctures, qu’elle ne fournit publiquement
ni directement aucuns fecours aux proieftans français
, & qu’elle contînt le zèle de la nobleffe.
«mgloife , qui, dans fon indignation avoit offert
de lever & d’entretenir à fes dépens une armée
considérable, deftinee à faire la guerre â la France.
Pour amener Elifabeth à cette inaCtion, il falloit
à Pambaffadeur une grande partie de cette infinua-
tion & de cette éloquence douce & perfuafive
qui diftinguèrent depuis l’archevêque de Cambray.
. Cejui-ci naquit au château de Fénélon en Quercy,
le 6 août 1651. Il fut nommé précepteur des enfans
de France en 1689.
Dans les éloges de Fénélon, envoyés au concours
de 1771, à l’académiefrançoife , & dans une vie du
dauphin père de Louis X V , ( c’eft-à-dire dans
la vie du duc de Bourgogne, l’aîné des élèves de
Fénélon, ) laquelle a paru en 1782, on a expofé
plufieurs détails précieux de l’éducation de ce
prince; on a dit par quels artifices ingénieux fes
maîtres combattoient les défauts naiffans de fon
caraétère.
Le prince-avoit de la difpofition à la colère , &
félon Puf’age , il fe livroit à cette difpofition. Il
dit un jour avec hauteur à M. de Fénélon : je ne
me ■ biffe point commander ; je fais ce que je
luis & ce que vous êtes. Quand le prince fut de
iang froid , M. de Fénélon lui fit connoître qu’il
ne l’avoit ni qui il é toit, ni qui étoit fon précepteur
, & il le corrigea pour toujours de tenir de
/emblables propos.
Un jour que le prince avoit battu fon valet*
de-chambre , il s’arrêtoit à confidérer les outils
d’un menuifier qui travailloit dans fon appartement.
L’ouvrier, inftruit par Fénélon, dit brutalement
au prince de paffer fon chemin & de le
làiffer travailler. Le prince fe fâcha ; le menuifier
redoubla de brutalité , & s’emportant jufqu’à la
menace , lui dit : retirez-vous , mon prince ; quand
je fuis en fureur, je ne connois perfonne. Le prince
courut dire à M. de Fénelon qu’on avoit introduit
chez lui le plus méchant homme de la terre :
c’eft un bien bon ouvrier , dit froidement Fénélon ;
fon unique défaut eft de fe livrer à la colère. Le
prince infifta fur la méchanceté de cet homme : i
« Ecoutez, lui dit Fénelon, vous l’appeliez méchant,
» parce qu’il vous a menacé dans un moment
» où vous le détourniez de fon travail ; com-
» ment nommeriez-vous un prince qui battroit
» fon valet-de-chambre , dans le temps même où
» celui-ci lui rendroit des fervices ?
Une autre fois, après un nouvel emportement
du prince , tous ceux qui l’abordoient parurent
furpris & effrayés du mauvais vifage qu’ils lui
trouvoient ; tous lui demandoient des nouvelles
de fa fanté avec un air d’inquiétude & de com-
paflion : Fagon vint, lui tâta pouls , parut réfléchir
profondément fur la nature & les caufes
de fa maladie , & finit par lui dire : « avouez-
» moi la vérité , mon prince , ne vous feriez-
». vous pas livré à quelque emportement ? » Vous
i’^vea deviné, s’écria le duc de Bourgogne ; mais
eft-ce que cela peut rendre malade ? Alors Fagoii
fe.mit à lui expliquer les effets phyîiques de la.
colère , qui peuvent aller quelquefois jufqu’à la
mort fubite , témoin Sylia.
Avoit-il fait quelque faute grave , il ne for-?
toit plus de fon appartement ; il ne voyoit plus
le roi ni perfonne de la famille royale. On voulait
que tout lui manquât , dès que lui-même il
manquoit à fes devoirs. Perfonne ne paroifîbit
entrer dans fes peines ; perfonne ne lui difoit un
mot de confolation : il n’en trouvoit que dans
l’aveu de fes torts & la promeffe de les rér
parer.
Enfin, grâce aux foins de Fénelon t ce jeune prince
emporté, qui autrefois battoir fes domeftiques, étoit
tellement changé , qu’il n’avoit plus de repos
quand il lui étoit échappé un mot dont quelqu’un
pou voit être blefte ; il alloit chercher alors celui
. qu’il croyoit avoir offenfé; & , quel qu’il fû t, ii
lui demandoit pardon. Un jour , *un de fes garçons
de la chambre , couché auprès de lui ,
l'exhort ;it à s’endormir : eh ! le puis-je , lui dit
le prince f i vous ne me pardonneç ce que fa i ei^
le malheur de vous dire ce foir?
Les principes de Fénélon fur la guerre , fur le
fafte & le luxe des rois, étoient direélementcontraires
aux principes & à la pratiqué confiante de
Louis XIV. Fénélon, voyant tout ce que coûtoit
à la nation la gloire de fon roi , en ménageoit
une d’un genre plus rare à fon élève : il préparait
à la nation un règne de reftauration & de
paix ; il donnoit en tout la préférence à l’utile
fur l’agréable , & au bonheur fur la grandeur,’
C ’étoit Titus ou Marc-Aurèle qu’il vouloit rendre
à la terre , non Séfoftris. ou Affuérus. Il ne
fit point myftère i Louis XIV de fes vues & de
fes idées ; & Louis XIV, , après l’avoir entendu ,
dit : je viens d'entretenir le plus bel ej'prit 6» le plus,
chimérique de mon royaume. Comme il eft inconw
parablement plus aifé de dépenferque de gouverner,
on traitera toujours d’hommes chimériques
ceux qui propoferont de gouverner au lieu de
dépenfer. Quand le Télémaque parut, Louis XIV,
le regarda comme la critique de fon gouvernement
, & au lieu d’examiner fi cette critique étoit
jufte, il s’en irrita ; l’affaire du quiétifme avoit
éclaté auparavant, Louis X IV dit en préfence de
Fagon &de Félix: je favois,par le livre des Maximes^
que M . de Cambray avoit un mauvais efprit ; mais
je ne favois pas q uil eût un mauvais coeur : je viens
de Rapprendre en lifant le Télémaque. On ne pan pas
pouffer l'ingratitude plus loin ; il a entrepris de décrier
éternellement mon règne.
Fagon & Félix furent les feuhs qui osèrent défendre
Fénélon; c’eft qu’en effet le premier médecin
& le premier chirurgien d’un roi déjà viens
font de tous les courtifans ceux qui peuvent le
plus impunément être fincères. Madame de M s intenon
, qui aima toujours M. de Fénélon, & qui •