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reine, (e juftifia aifément devant elle. Mais à peine
fut-il retourné en Irlande , qu'au lieu d’agir contre
les ennemis, il entra en conférence avec le Comte
de Tiron, chef des mécontens, fans $n rien communiquer
au cônfeil de guèrre. Cette démarché
fut prife polir une trahifon. Il fut accule , mais au
lieu de venir à‘ la cour rendre compte de 'a, GOSf
duite, il leva le mafque, & tâcha, autant qu il fut
en lu i, d’exciter une fédition dans Londres, refolu
de perdre la v ie , ou de gagner une couronne par la
plus criminelle ufurpation. Il fut arrête en Irlande,
amené en Angleterre, enfermé a la tour, juge,
condamné à perdre la tête, & larret fuf■ exeçute.
On affure que l’effort qu’Elifàbeth fit fur elle-meme
pour ligner cette fenteoce de mort, abrégea le
cours de fa vie •: car on ne doutait point qu’elle
n’eût eu les plus tendres fentimens pour cet ingrat ;
& l’on prétend que ce ne fut que pour dérober
au publie la honte d’un tel attachement, quelle
parut confeçtir à envoyer fon lâche amant fur
l ’échafaud.
O b s e r v a t i o n s d u R é d a c t e u r ,
(Nous ne favons encore d’après quels mémoires
Tauteur a tracé ce portrait du comte d’Effex ; mais
nous pouvons affiner que celui de Thomas Corneille,
quoique embelli Clivant les convenances
dramatiques, eft beaucoup plus fidele. Le comte
d’Effex eut beaucoup de conformité de carattere
& de fortune avec notre maréchal de Biron Tous
xteux étoient bien moins des traîtres livres a 1 eipr-it
de faflion, que des amis trop exigeais, des efprits
orgueilleux, incapables de fupporter la diminution
ide la faveur & le refroidiffement du maitre.lls cont-
piroient par humeur & par dépit, plutôt que dans
le deffein formel de troubler l’état. Tous deux avoient
des qualités brillantes, une valeur héroïque, des
talens pour la guerre, de l’ardeur pour la gloire , tous
deux pvoient rendu des fervices qui demandoient
grâce pour eux, & leur' fupplice, quoique mente
dans toute la rigueur de la lo i, eft une tache-pour
J’autorité quil’ordonna,&pour l’aminé qui le permit.}
O uoi qu’il en foit, vîélorieufe de Philippe I I ,
refpeflée |de fes peuples, admirée de 1 Europe,
Eühb'th, que la mort du comte dEffex avoit pe-
pètrée de douleur, fentit fa fin approcher, & ne
parut point dêfirer de reculer le terme de fes jours :
En engourdiffement qui s’étoit empare de fes mem-
bres, & qui la privoît même de l’ufage de la
parole, la mit au tombeau, dans la 70e année
de fon âge , & la 44« année de fou régné. Elle
nomma Jacques, roi d’Ecoffe & fils de Marie,
pour lui fuccéder. .
' La reine Anne ne chercha qu a fe faire aimer
de fes fuiets, qu’à fe faire eftimer des puiffances
étrangères : Elifàbeth , moins tendre qu’ambitieufe,
voulut régner par elle-même, & voir jufqu’à quel
point elle poürroit fe rendre maîtreffe de fes peuples,
Iju’sÛe tint daqs la fopmiffion, tqndis que- par les
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peuples même elle tenoit fes voifins & fes enne*
mis dans la crainte. Ses vues ne furent point de,
conquérir , mais d’empêcher qu’on n’attentat à fes
poffeffions , ■ ou à la plénitude de fa puiffance,
qu’elle fut conferver & augmenter même par les
reffources de fa politique & par la- terreur de fes
armes. C ’eft à ce défir feul de gouverner & d’occuper
le trône fans partage, & non félon le s -
ridicules vifipns de quelques mauvais annaliftes,
aux confeils de fon médecin, qu’il faut attribuer
l’éloignement d'Elifàbeth pour les noeuds du ma-
( L'auteur n’en fait rien ; c’eft une opinion, &
non pas une' découverte.) . ,
Elle ne refufa aucun des princes qui àfpirerent
à fa main , mais elle n’en accepta aucun ; & fi elle
répondit d’une manière favorable à Philippe II-,
aux ducs d’Anjou & d’A lençon, a 1 archiduc
d’Autriche & au fils du roi de Suède, elle ne
leur donna des efpérances qu’autant qu’elles fer-
voient aux deffeins de fa politique. Elle fuyo'itle mariage,
parce qu’elle ne vouloit ni maître ni égal: du
refte, on affure qu’elle ne fut rien moins qu’inaccef-
fible à la tendreffe : mais fesfoiblefiès, fi elle eu
eut, n’éclatèrent jamais ; & fi elle donna fon coenr,
elle garda fa puiffiince pour le bonheur de fes
fujets & la gloire de la nation. (A. C.)
Elisabeth Pe t e o v s a , impératrice de RuffieJ
y 0yei l'article A nne Is v a n o w a , pages 340
& 54I- .
(Quoique le nom d'Elifàbeth & celui A’Ifdbelle
paroiffent être le même , nous renvoyons à l’article
Jfabelle, les perfonnes plus particulièrement connues
fous ce nom. ) -
ELISAPHAT, (,Hifi.fuct. ) nommé dans le chapitre
23 du fécond livre des Paralipomènes, parmi
les centeniers que le grand-prêtre Joiada emplois
à mettre Joas fur le trône.
ELISÉE, ( Voyez Elie, )
ELLER DE BROOKUSEN, (Jean T héodore)
premier médecin du roi de Pruffe & direéieur de
l’académie royale de Pruffe, mort à Berlin en 1760,
auteur d’un ouvrage latin qui traite de la connoif-
fance & du traitement des maladies, principalement
des maladies aiguës. Cet ouvrage a paru
traduit en françois par M. le R oi, médecin, ê a
1774.
ELLIES. ( Voyez D upin. )
EL-MACIN, (George) (Hijl. lut. mod,)auteifl
d’une hifloire des Sarrafins , écrite en arabe,
traduite en latin par Erpenius , dans le dernier
fièele.
Eb-macin étoit Egyptien. Mort en 1238.
E LO I , ( Sa in t ) M i de Fr.) évêqtiede Noyon J
tréforier duroiDagoberf, Cette orfèvrerie fi fameufa
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fes faint E lo i, ce üége „ & ce trône cl’of maffif 1
qu’il fabriqua, ces ceintures couvertes de pierreries
qu’il portoit lorfqu’il vint à la cour de Dagobert,
cette profufion des matières les plus précieufes,
qui ne paroît pas avoir eu- d’influence marquée fur
la ruonnoie ni fur le prix des denrées, paroiffent
difficiles à expliquer ; on a expliqué en partie
cette richeffe par le commerce du Levant : au refte
l’antiquité a divitiifé les premiers inventeurs des
arts encore bruts & gro.fliers ; un orfèvre, devenu
évêque & miniûre, attefte.de même le refpeddes
peuples barbares pour les premiers hommes qui
leur apportoient des commodités inconnues & des
avantages nouveaux. C ’eft dans leur berceau que
les arts font le plus honorés ; l’ignorance les exagère,
l’admiration les diviuife. Dans nos chroniques,
cette magnificence brille un momentfous Dagobert,
& ne rep,aro.ît plus fous la première race ; c’eft
qu’elle avoit été inconnue jufqu’alors, & qu’on
s’y accoutuma dans la fuite. Saint Zs/oi, né à Cadillac
près de Limoges, en 588, mourut en 65 9, Saint
04-ïën, fon ami, a écrit fa vie#
/ ELZEVIRS, {Hijl, litt, moi!) imprimeurs d’Amf-
terdam & de Leyde, dont les plus célèbres font
Louis, Bonaventure,Abraham & Daniel,(le premier
travaillant dès fan 1595 , le dernier mort en 1680)
fe font fait un grand nom par leurs preffes 8c leurs
chefs-doeuvre typographiques.
EMA ou EMMA; nom de deux femmes célèbres
flans l ’hiftoire de France, mais dont il n’eft pas
sûr que la première ait exifté. Quant à cette première
, réputée fille de Charlemagne , voye^Varticle
E g in ard .
La fécondé Emu ou Emma, fille de Lothaire,
roi d’Italie, femme de notre roi Lothaire, fils aîné
«dé Louis d’Outremer, empoifonna,dit-on, ibn m ari,
pour régner fous le nom d’un fils au berceau. Ce
fils, nommé Louis V , fut encore èmpoifonné,
félon l’opinion commune par Emma fa mère,
qu’on avoit chaffée de la France & qui vouloit
y régner. Empoifonner fon fils n’en étoit pas trop
le moyen. Après la mort de Louis , les François ne
yoülurent être gouvernés, ni par fa mère ni par
fon oncle Charles de Lorraine, & fe donnèrent
3 une troifiéme race de.rois. ..
L’Angleterre a auffi une Etna ou Emma célèbre:
dans le temps où les races faxonne & danoife
fe difputoientla couronne d’Angleterre, au onzième
fièele, elle avoit épouié Ethelred I I , prince delà
race faxonne. ( V o y e l’article Ethelred II. ) Le
règne de ce prince fut une fuite de crimes & de
fautes. Il ne fit qu’une chofe raifonnable ; ce fut
de vouloir oppofer les Normands aux Danois.
C ’eft dans cette vue qu’il demanda & obtint en
mariage Emma, foeur de Richard I I , duc de Noiv
mandie. Ethelred ayant également irrité, par fes
attentats & fes entreprises, fes ennemis & fes
fujets, ayant été détrôné par les uns, abandonné
' ffifàii'?- Tome I I . Seconde partt
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par les autres^ s’enfuit en Normandie, où Richard II
l’on beau-frère lui donna un afyle, mais non pas un
fecours dont il étoit indigne ; Canut fon r iv al, de
la race danoife, régna en fa place. Ethelred, outre
des enfans d’un premier lit, avoit eu deux fils d'Emma
fa fécondé femme , favoir, Alfred & Edouard.
Ces deux princes avoient été emmenés en Normandie
par Emma leur mère, lorfqu’Ethelred avoit
été détrôné ; ils y vivoient paifibles fous la protection
des ducs, de Normandie ; Canut, vainqueur
d’Ethelred, redouta cette proteâion ; & pour empêcher
le duc Richard II,frère d’Emma,d’agir en faveur
de fes neveux, il voulut devenir fon beau-frère ;
il époufa donc Emma, & donna'fa foeur à Richard II;
par le contrat de mariage de Canut & d'Emma on
affura aux enfans qui en naîtroient, la fuceeffion
à la couronne d’Angleterre: l’on facrifia les droits,
non-feulement des enfans du premier lit d’Ethelred,
mais encore des enfans qu’il avoit eus d'Emma,
8c qui ne pardonnèrent jamais à leur mère de les
avoir ainfi vendus à l’ennemi de leur père & de
leur maifon.
Canut eut d'Emma un fils, nommé Hardicnutc,
ou Hardicanute. On ne s’en tint pas exactement au
contrat de mariage de Canut 8c d'Emma, qui
affuroit l’Angleterre à Hardicanute ; on ne lui en
donna que la moitié & l’autre moitié à Harold,
fils de Canut d’un premier lit. Emma fut nommée
régente de la partie du royaume échue à fon fils;
on lui donna pour confeil le comte Godouin
(Goodwin’) , chef de-la nobleffç angloife , qui*
trahiffant Emma 8c fe vendant à Harold, s’attacha
particulièrement à fermer l’entrée du royaume au
prince Hardicanute. Emma voyant que Hardicanute
tardoit à paroître, propofa de faire venir de
Normandie les fils d’Ethelred ; elle n’allèguoit que
le defir fi naturel à une mère de revoir des enfans
dont elle étoit depuis long-temps féparée. Godouin1
vit bien que l’intention & l’efpêrance d'Emma
étoient de ranimer, par leur préfence, Fafteakm
des Anglois pour la race de leurs fouverains, &
de faire régner les fils du premier lit qui étoient
- en Normandie, fi celui du fécond lit ne vouloit
ou ne pouvoit pas quitter le Danemarck. Godouin
applaudit à la proposition d'Emma , dans le deffein
d’immoler ces deux importantes viélimes ; mais
Emma, fans Soupçonner la perfidie atroce de
Godouin, avoit la défiance d’une mère : elle ne
fouffrit jamais que les deux princes viffent enfemble
Godouin ; elle tenoit toujours l’un des deux fous
fes y e u x , 8c ne permettoit à l’autre de marcher
que fous l ’efcorte des fidèles Normands, qui étoient
venus en Angleterre à la fuite de ces princes.
Godouin ne pouvant attaquer qu’ un des deux frères,
attaqua l’aîné, Alfred fut arrêté , fon efeorte maf-
facrée, on lui creva les yeux, on l’enferma dans
un ïnonaftère , où il mourut bientôt de douleur
8c d’ennui ; à cette nouvel le .Emma renvoya promptement
8c fecrétement Edouard dans fon afyle en
Normandie; Qodouip, furieux d’avoir manqué une