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Bartoli. Reçu, en 17 4 2 , honoraire de l’académie
des infcriptions & belles-lettres, il appliqua l’érudition
aux arts. Il travailla fur les embaumemens des
momies, fur le papyrus, fur les maffes énormes que
les Egyptiens tranfportoient d’une extrémité de
l’Egypte à l’autre. Il éclaircit divers paffages de
Pline, relatifs aux arts : il fit revivre les tableaux de
Polygnote; reconftruifit, pour ainfidire, le théâtre
de Curion > releva le tombeau de Maufole , retrouva
daps les lave« des volcans la pierre obfidienne,
découvrit la peinture à l’encauftique. Dans^ plus de
quarante difiertations qu’il a lues à l’academie des
belles-lettres, les arts oc les lettres fe prêtent un mutuel
fecours. Il a fondé dans cette compagnie un prix
dont l’objet eft d’expliquer par les auteurs & les mo-
numens, les ufages des anciens peuples, pour épargner
aux arriftes les fautes dans lefquelles l’ignorance
du coftume les a quelquefois fait tomber. Il fit prendre
fur le lieu même, le deflin & les couleurs de la
mofaïque de Paleftrine, pour en faciliter l’explication
à M. l’abbé Barthélemy : il fit mouler à Malte, fur
le marbre même, les deux infcriptions phéniciennes
que le même abbé Barthélemy a mifes dans un fi
beau jour, & qui lui ont été d’un gr^nd fecours pour
•retrouver l’alphabet phénicien. On.connoit le recueil
d’antiquités égyptiennes, étrufques, grecques ,
romaines Sc gaulorfes de M. de Caylus. « L’entree
de fa maifon, dit M. Le Beau, dans fon .eloge
hiftorique, » annonçoit l’ancienne Egypte. On y
.yy étoit reçu par une belle ftatue égyptienne de cinq
» pieds, cinq pouces, de proportion. L’elcalier étoit
• »^tapiffé de médaillons & de curiofités de la Chine
», & de l’Amérique. Dans l’appartement, On fe
yy voyoit environné de dieux , de prêtres, de ma?
yy giftrats égyptiens , étrufques, grecs , romains ,
» entre lefquels quelques figures gauloifes étoient.
» honteules de fe montrer.». Tout a paffe au depot
des antiques du roi. A travers tant d’occupations
importantes, M. de Caylus a trouvé du temps pour
compofer des ouvrages d’un autre genre, qui ne
doivent être regardés que comme les délaffemens de
fon elprit : il traduifoit les romans de Tyran-le-
Blanc & du Caloandre fidèle; il faifoi.t des contes
orientaux, des contes de fées, &c. Il avoit beaucoup
voyagé dans fa jeuneffe en Angleterre, en Italie ,
dans le Levant : précédemment encore il avoit fervi
avec diftinéfion dans la guerre de la fucceffion d’Ef-
pagne, particulièrement au fiège de Fribourg, en
1713. Il mourut le 5 feptembre 1765. il
La fameufe comtefl'e de Caylus fa mère, Marthe-
Marguerite de Valois, marquife de Vilette, nièce
de madame de Maintenon, élevée fous fes yeux à
Saint-Cyr, & arrachée par elle au calvinifme de fes
pères, a laiffé une grande réputation d’efprit, de
grâces & d’amabilité, quelle a confirmée par le livre
des Souvenirs, recueil précieux d’anecdotes piquan-
tes & agréablement contées. Morte le 15 avril i 729*
. C A Z A N , ou comme d'autres l’écrivent, H a z a n ,
fubft. mafc. {H ifl mod.) officier des fynagogues
juives, établi pour entonner les prières que chan-
C JÊ B ,
tent ceux qui s’y affemblent, à-peu-près comme les
chantres ou choriftes dansl’égUfe romaine. Le Caçan
eft placé fur un fiège plus élevé que les autres ,- &
qui fert aufii de chaire au rabbin quand il prêche. Ce
nom fe trouve dans S. Epiphane, pour lignifier un
officier delà fynagogue; mais ce père n’explique point
quelle étoit alors fa fonftion. Les juifs modernes
l’ont établi pour avoir infpeéfion fur tout ce qui fe
paffe dans leurs lieux, d’affemblée, & fur-tout pour
veiller à la décence dans la leâurè de la loi & la ré"
citation des offices : mais malgré les précautions
qu’il prend, il y règne toujours beaucoup de précipitation
& de cacophonie. ( G. )
CÉBA. ( A n s a l d o ) (Hifl. litt. mod.) Le mar-
quis Maffci a inféré dans ton recueil des meilleures
tragédies italiennes, les deux tragédies de Céba intitulées
: tes Jumelles de Capoue & Alçlpe, & les Italiens
font quelque cas de ion,traité du poème épique.
Il étoit Génois. !
CÉBÈS ( Hifl. littér.anc.), philofophe thébaio-,
difciple de Socrate. On l’a cru long-temps l’auteur
du tableau de la vie humaine, dialogue fur la nàifi*
fance., la vie & la mort des hommes. Cet ouvrage
eft même connu fous le nom de Tableau de Cébès : il
a été publié en grec, e n i 689, par Gronovius, Sc
il avoit été traduit en françois, dès.165 3 , par Gilles
Boileau ; mais M. l’abbé Sevin a prouvé que ce traité
étoit d’un auteur moins ancien que Cébès.
CECCANO ( A n n ib a l ) (H i f l. d lI ta lie .) , .archevêque
de Naples, puis cardinal en 1327» Il fut
employé par le pape Clement V I a négocier la paix
entre Philippe de Valois & fon rival Edouard III. A
Rome, il excommunia le fameux tribun, le fameux
rebelle Rienzi, qui de fon côté lui fufeita plus d’une
affaire , & fouleva contre lui le peuple de Rome,
comme les anciens tribuns'le foulevoient contre les
confuls & les patriciens. .Le cardinal Ceccano portoit
une calotte de fer fous fon chapeau, & une cuifaffe
fous fa foutané. La précaution pouvoit n’être pas
inutile dans ces temps orageux ; mais il fallait qu’elle
fût ignorée : elle fut fçue & fervit à donner quelque
ridicule au cardinal. Il mourut en 1350: 0b l’a cru
empoifonné ; car dans les temps de trouble on ne
croit point à la mort naturelle.
C LC CO D’ASCOLI ( Hifl. d’Italie.),viâimè célèbre
de lbnquifition, qui le fit brûler vif à Florence
en 13 27, à l’âge de foîxante & dix ans, pour aftro-
logie & pour magie. Le peuple, qui luiconnoiffoit
des efprits familiers toujours à fes ordres, étoit bien
sûr qu’ils le retireroient des flammes, & fut bien
étonné de le voir brûler comme.un autre. Ce malheureux
avoit déjà été condamné à Bologne, & on
le regarda comme relaps. Que de crimes imaginaires
expiés par des .tourmens affreux ! On a beau
dire, les maux qu’ont produits le fanatifme & la fur
perftition, ceux qu’ils ;pebvent produire encore,
font innombrables. *
Cecco d’Afcoli avoit été médecin du pape* Jean
XXII. Son nom de Cecco étoit une abbréviation de
Francefco : il prenoit le. nom d’Afcoli, parce, qu i
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étoit né dans cette v ille , qui eft de la Marche-d’Ancône.
Son véritable nom étoit François de Stabdr.
Il a laiffé un poème fur la phyfique, non P « eftrme
mais recherché : il y en a dtverfes éditions, & toutes
font rares. H H H - , . , WtÊ
CÉCIL. ( Hifl. d’Anglct. ) Les deux Cecil, Guillaume
& Robert, étoient deux grands miniftres
d’une grande reine, Elifabetb d’Angleterre, & Thomas
Corneille a eu tort de décrier ce nom dans fa
tragédie du Comte d’EJJex.
Guillaume, baron de Burghley, grand trefoner
d’Angleterre , honoré par le roi Edouard V I , négligé
comme proteftant par la reine Marie, eut toute
la faveur d’Elifabeth, à laquelle il s’etoit attachée des
le règne de Marie, temps où perfonne ne s attachoit
à Elifabeth. Il mourut comblé d’honneurs en 1598.
Robert fon fils eut fes emplois, feS mgmtês & la
confiance de la reine, & les mérita aufli. Elifabeth
avoit toujours évité de s’expliquer fur le choix de
fon fucceffenr. Elle avoit impofe filence à fes par-
lemens , toutes les fois qu’ils avaient voulu traiter
cet article; fes miniftres & fes courtifans etrnent
avertis que c’étoit lui déplaire que d en parler. Dans
les derniers temps de fa v ie , fa decadence*lui ren-
doit cet objet de délibération encore plus mluppor-
table ; & plus il devenoit néceffaire de le regler, plus
il étoit impoflible de s’en occuper. Des auteurs difent
qu’elle avoit laiffé au fecrétaire d’état Robert Cecil
un papier cacheté, qui devoit être ouvert apres la
mort de la reine, & qui contenoit le nom de ion luc-
ceffeûr, ou qui, félon d’autres, deféroit a la nation
le droit d’élire un roi. Quoi qu’il en foit, ce roi fut
Jacques premier. On croyoit qu’a fôn avenement le
crédit de Cécil alloit être détruit. Jacques avoit toujours
regardé Guillaume Cécil comme le perfécuteur
& le bourreau de Marie Stuart fa mere ; & Robert
Cécil, fils de Guillaume, avoit été le plus cruel ennemi
du comte d’Effex, que Jacques regardoit comme
un martyr de fa caufe. C ’eft même la raifon pour laquelle
Thomas Corneille a fait de Cécil un perfon-
nage odieux : mais puifqu’il étoit grand, il ne falloit
pas l’avilir. Soit que Robert Cécile ut ete réellement
dépofitaire d’un écrit d’Elifabeth qui eut amire_la
couronné d’Angleterre à Jacques, foit quil le rut
rendu néceffaire à ce prince, par la profonde^con-
noiffance des affaires que le long miniftère de Guillaume
Cécil & le fien lui avoient acquife , Jacqueï
eut toujours en lui la même confiance qu 3^9^ euve
Elifabeth. Il n>imoit pas la France. Henri IV , des
l’avènement du roi Jacques, envoya Sully traiter
avec Cécil fur les intérêts tant communs que refpec-
tifs de la France & de l’Angleterre. Ce fut un fpec-
tacle pour les politiques qu’une négociation conduite
par Cécil & Sully. Le traite qui fut conclu
alors entre les deux rois, fut une victoire rempor-
tée par Sully fur Cécil. Sully ne peint pas Cecil
fort avantageüfement dans fes mémoires ; m^s il
faut remarquer que Sully n’a jamais dit de bien
j»____ «««■ m, concurrence
C É C
félon Sully , un homme tout myjl'ere , & q u i, fui van fc
la politique vulgaire , vouloir toujours tromper;
C ’eft auffi le défaut que Dom-Louis de Haro trouva
dans la fuite au cardinal Mazarin, lorfquils traitèrent
enfemble de la paix des Py rénées. Cécil eut
l’ordre de la jarretière & la dignité de grand chancelier.
Il exifte de lui des mémoires utiles ; il fit
une fondation pour la fubfiftance des vieux capitaines
& fit conflruire le bâtiment de la Bourfe
de Londres. Il mourut en 16112, le 14 mai.
CÉCILE ( S a in t e ). On ne fait rien de fa vie
ni de fa mort. Elle eft honorée comme martyre
depuis le cinquième fiècle ; elle eft toujours représentée
jouant de quelque inftrument.de mufique;
en conféquence les muficiens l ’ont prife pour leur
patrone. Sa fête fe célèbre le. 22 novembre.
CÉCILE (Hifl. de Danemarck.) , avoit été dame
d’honneur de la reine Philippine, époufe d’Eric X ,
roi de Danemarck. Ce prince en devint amoureux,
& la combla d'honneurs qui ne fervirent qu’à la
faire méprifer davantage. Il vouloit forcer les^ fei-
gneurs de fa cour à ramper devant elle; mais la
. fierté danoife ne pouvoit s’abaiffer jufques*là. Un
jour qu’elle fe promenoit fur un char richement
orné, Olaüs Axill , fénateur, la. rencontra & la
falua profondément : Je luxe de fon équipage la lui
avoit fait prendre pour une princeffe ; mais un inf-
tant après ayant reconnu fon erreur, il revient fur
fes pas, arrête le char de Cécile, & la maltraite de
la manière la plus ignominieufe : « vas dire à ton
yy roi, lui dit-il, que le trône d’un prince'efféminé
» n’eft pas plus difficile à renverfer que le char d’une
» courtifane, & qu’un jour fa paffion pour toi lut
» coûtera trois couronnes». La prédiction fut.accomplie,
Eric fût détrôné. (M . d e S a c y . )
CÉCILIEN. ( Hift. ecçléf. ) , diacre de Carthage ;
fut élu évêqiie de cette ville en 311. Il eut pour
compétiteur Majorin que les évêques de Numidie,
ayant à leur tête le fameux Donat , lui op-
pofèrent, foutenant que l’èleétion ou l’ordination
de Cécilien étoit nulle, comme ayant été faite par
ceux qu’on nommoit les traditeurs, c’eft-à-dire qui
avoient eu la foibleffe d’abandonner les livres faints
aux perfécuteurs de la foi. De-là l’héréfie dona-
tifte qui, condamnée en plufieurs conciles, n’en
dura pas moins plufieurs fiècles, mais qui n’eft pas
de notre fujet. Cécilien fut maintenu dans fon fiège :
il mourut vers l’an 347.
CECINA {Hifl. Rom fl) , lieutenant de Germa-
nicus, voyant une terreur panique répandue dans
fon camp, & ne pouvant retenir fes foldats qui
fuyoient, fe coucha par terre au travers de la porte
du camp, en criant : Pajfe^ donc, f l vous l\ofe^ ;
flur le corps de votre général, vous riaure^ point d autre
voie ouverte à la fuite. Cette aélion les arrêta, le
fang froid revint, l’ordre fe rétablit.^ | | |
Il y a encore d’autres CÉCINA où C eCINNA
diftingués dans l’hiftoire romaine.
Nous avons Toraifon de Cicéron pour Aulus
Cécinna-, on croit que c’eft le même dont parle