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armes d’Angleterre , que prit d’abord Richard premier,
ou Coeur-de-lion , qui vivoit à la fin du
douzième Tiède, ce qu'il' fit pour marquer qu’il
ne tenoit Ton royaume d’aucun mortel, à titre de
vafïal.
Edouard I I I , au quatorzième fiècle, le prit en-
fuite quand il commença à Taire valoir Tes prétentions
Tur la Couronne de France ; & les rois Tes Tuc-
ceffeurs -l’ont continué Tans interruption jufqu’au
temps du roi Guillaume III, prince d’Qrange, qui
fit uTage de ce mot, je maintiendrai, quoiqu’il ordonnât
qu’on Te Tervît toujours du premier Tur le
grand Tceau. La reine Anne en uTa de même ,
quoiqu’elle eût pris pour Ta deviTe particulière ces
, deux mots latins ,femper eadern , toujours la même,
à l’exemple de la reine Elizabeth (G),
DIEU-DONNÉ ( Hijl. eccléf. ) , eft le nom de
deux papes, l’un déngné en latin par Deus Dédit,
l’autre par à Deo datus, le premier élu le x 3 novembre
6 14 , après Boniface I V , mourut en 617,
C ’eft le premier pape dont on ait des bulles fcel-
lées en plomb.
Le Tecond Tuccéda au pape Vitalien en 672, &
mourut en 676. Il efl le premier pape qui ait employé
dans Tes lettres la formule : falutem & apofç-
licam benediflionem.
DIFFIDATION, T. f. {Hijl. d'Ail.) En Allemagne,
dans des temps de barbarie & d’anarchie, chaque
prince ou fèigneur Te faifoit juftice à lui - même,
& croyoit pouvoir, en sûreté de conTcience, aller
piller, brûler & porter la déTolation chez Ton voi-
T111, pourvu qu’il luT eût fait lignifier trois jours
avant que d’en venir aux voies de fait, qu’il étoit
dans le deiTein de rompre avec lu i , de lui courir
fu s , & de Te dégager des liens mutuels qui les
uniffoient : cette efpêce de guerre ou de brigandage
Te nommoit diffidation. Cet abus Tut long-
temps toléré par la foiblefïe des empereurs 3 & au
défaut de tribunaux autorifés pour rendre la juf-
tice , on exigeoit feulement que certaines formalités
fufient remplies dans ces fortes de guerres particulières,
comme de les déclarer trois jours avant
que d’en venir aux voies de fait ; on exigeoit que
la déclaration fut faite aux perfonnes mêmes à qui
on en vouloit, & en prélence de témoins , &
qu’on eût d é bennes raifons à alléguer : on ne dé-
fendoit alors que les dijjidations ou guerres clan-
deflines : mais Frédéric III vint à bout de TuTpendre
ces abus pour dix ans, &. fon fils Maximilien I
les fit enfin abolir entièrement dans jg diète de
Worms, en 1495. (— )
D IG B Y ( K enelme ") ( Hijl. d’Anglet. j , connu
Tous le nom du chevalier Digby. Son père avoit
eu la tête tranchée pour être entré dans la conf-
piration des poudres, le fils eut Tes biens confif-
qués & fot profcrit pour Ton attachement fidèle
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à Charles I & à Ta mémoire ; il vécut en France
& ne retourna en Angleterre qu’après le rétabli fie-
ment de Charles II. Il avoit été intendant généial
des armées navales d’Angleterre, & avoit très-
bien fervi.fur mer. Il cultivoit aufii les lettres; on
a de lui plufieurs ouvrages ; un Traité de Vimmortalité
de Tarne ; une Differtaùon fur la végétation des
plantes, qui a été traduite en françois ; un Difcours
fur la poudre de fympathie pour la gùérifon des plaies,
Mort en 1665, à 60 ans.
DIGNA ou DUGNA ( Hijl. <TItal. ). Attila,
roi des Huns, ayant pris Aquilée en 45 2 , y trouva
cette femme qui lui parut belle ; il lui parla d’amour
du ton d’un vainqueur ; elle le pria feulement
de monter avec elle dans une galerie qui donnoit
Tur la rivière, & Te jetta par la fenêtre, en lui
difant : fuis-moi f i tu m'aimes. Seroit-ce là l’origine
du proverbe : qui m ahne me fuive, ou un
proverbe Ti fimple n’a-t-il point d’origine?
DINA ( Hiß. fac. ) , fille de Jacob & de Lia J
outragée par Sichern, fils d’Hémor, roi de Salem;
On Tait quelle vengeance terrible Siméon & Le vi,
frère de Dîna, exercèrent fur les Sichimites;
( Genèfe, chap. 34. )
DINARQUE ( Hiß. litt. anc. j , orateur grec ;
difciplë de Théophrafte , vivoit vers l’an 340 avant
J. C. De Tcixante - quatre harangues qu’il avoit
compofées, il n’en refte que trois. On les trouve
dans la collection des orateurs anciens d’Etienne«
DIN GG RAVE , T. m. ( Hiß. d*Allemagne ) , mot
compofé de ding, jugement, & de grave, comte.
On donnoit ce nom anciennement en Allemagne
à un magiftrat prépofé pour rendre la juftice. Aujourd'hui
cette dignité ne fubfrfte plus. (— )
DINOCRATE ou DIOCLÈS ( Hiß. anc. )
architeéle, propofa, dit-on, à Alexandre le Grand ,
de tailler le mont-Athos de manière à lui donner
la forme d’un homme, tenant dans une de Tes
mains une ville, & dans l’autre une coupe pour
recevoir les eaux de tous les fleuves. Tortans de
cette montagne & les verfer dans la mer ; Alé-
xandre aima mieux bâtir Aléxandrie. C’eft ce Dei
nocrate, félon Pline, qui rétablit le temple de Diane
à Ephèfe. Ptolomée Philadelphç , ayant voulu
élever un temple à la mémoire d’Arfinoë Ta femme,
Dinocrate, dit-on encore, Te propofoit de mettre au
haut de la voûte der cet édifice une pierre d’aimant
, à laquelle la ftatue d’Arfinoë auroit été
fufpendue, Son objet étoit que le peuple* étonné
de ce prodige & ne pouvant 1’e.xplfquer, adorât
Arfinoë comme une déefle. C ’eft aux artiftes à
nous dire quel pouvoit être en architeôure le mé-,
rite de ces idées merveilleufes & gigantefques.
1 DINOSTR ATE ( Hiß. anc. ') , ancien géomètre »
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comtemporain de Platon , contribua aux progrès
de la géométrie ancienne ; on le croit inventeur
de la quadratrice.
DINUS ( Hiß. litt. mod. ) , favant jurifconfulte
Italien du treizième fiècle , fut employé par lé pape
Boniface VIII à la compilation du fexte; il atten-
doit, pour récompenfe, le cardinalat, & mourut en
1303 de douleur de n’avoir pas pu l’obtenir. On
a de lui d’autres ouvrages, Tur le droit tant civil
que canonique.
DIOCLÈS ( Hiß. anc. ) , géomètre, inventeur
de la ciffeïde, il vivoit du temps d’Epicure , & ce
Tut lui qui, voyant ce philofophe à genoux dans les
temples , dit : jamais Jupiter ne m'a paru plus grand
que depuis que j'a i vu Epicure à ƒes genoux. Il vivoit
environ trois fiècles avant J. C.
DIOCLÉTIEN ( C aius V alérius ) ( Hiß. de
ÎEmp. rom. j Dioclétien, né de parens obfcurs dans
la Dalmatie, Te fraya , par fon mérite, un chemin
au premier trône du monde. Il prit le nom de
Dioclétien, de la ville de Diode où il étoit né ;
après s’être diftingué dans les emplois fuhalternes
de la milice romaine , il commanda avec gloire
les armées de l ’empire , où il Tut élevé en 284,
après la mort de .Numérien, aflafliné par Aper
fon beau-père qu’il avoit fait préfet du prétoire.
Cet attentat impie fouleva toute l’armée contre le
meurtrier. On avoit," dit-on , prédit à Dioclétien qu’il
feroit empereur, lorfqu’il auroit tué un fanglier,
ôc l’aftrologie avoit alors un grand afeendant Tur
tous les efprits : ce fut pour accomplir cette pré-
didion qu’il Te livra au plaifir de la chafîe du fanglier.
lien tua une quantité Tans que la fortune l’élevât à
l’empire ; mais lorfqu’il eut tué Aper, l’armée le
proclama empereur. Quoiqu’il fût le plus grand
capitaine de ce fiècle de guerre , & qu’il eût tous
les taîens pour bien gouverner , il Te défia de Tes
forces pour foutenir le poids de la couronne : il
aflocia à l’empire Maximien, comme lui foldat de
fortune, & fon compagnon de guerre. La rivalité
du commandement qui a coutume d’enfanter,
des jaloufies & des haines, ne fit que reflerrer
les noeuds de leur amitié. Toutes les frontières
étoient expofées aux inondations des barbares qui,
fouvent exterminés, fembloient renaître de leurs
cendres. Ce fut pour leur oppofer des chefs inté-
reffés à la défenfe commune, que Dioclétien créa
deux cèfars, Chlorus, à qui ik donna Ta fille en
mariage, & Galérius qui époufa la fille de Maximien.
L’empire gouverné par quatre chefs, qui
avoient chacun line armée Tous leurs ordres, jouit
d’une confiante profpérité. .Les barbares, vaincus
toutes les fois qu’ils ofèrent Te montrer, Te tinrent
cachés dans leurs forêts & leurs déferts.
L ’ordre fut rétabli dans les finances, les loix repri-
ient leur vigueur , & la licence de la foldatéfque
fut réprimée. Dioclétien , vainqueur des Perfes,
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en triompha Tous le nom de Jovius. Maximicn
reçut les mêmes honneurs, & prit le Turncrn
cYHerculien , pour avoir fait rentrer dans l’cbeif-
Tance l'île de Bretagne, où Caraufius, Gaulois
redoutable clans la guerre, avoit été reconnu empereur.
Les armes romaines avoient également
réuffi contre les Scythes & contre les Gaulois.
Dioclétien & Maximien après avoir rétabli l’empire
dans Ton antique fplendeur, foupirèrent après
le calme de la vie privée, ils Te dépouillèrent le
même jour de la pourpre impériale , l'un à Nico-
médie & l’autre à Milan. Ce mépris des grandeurs
fuprêmes , dont on n’avoit point encore eu d’exemple,
mit le comble à leur gloire. On en voulut
en vain dévoiler le motif, qui n’étoit que dans
leur modération; on fuppofa qu’après une continuité
de fuccès , ils craignoient que quelque revers
ne flétrît l’éclat de leur règne. Ils aimèrent mieux
être regrettés, que réduire un jour les peuples à les
plaindre. On ne peut reprocher à Dioclétien que
Tes arrêts Tanglans contre les chrétiens. Grand politique
& grand guerrier , il renonça à Ton équité’
naturelle , en voulant détruire par le fer une religion
qui n’oppofoit à Tes armes que la patience &
des moeurs.
Dioclétien, dans Ta retraite, juftifioit Ton abdication
par cette trifte vérité. Ceux qui gouvernent
, difoit-il, font obligés de voir par les yeux
d’autrui : on Tollicite leurs faveurs pour ceux qui
ne méritent que leurs châtimens , & on les invite
à punir ceux qu’ils devroient récompenfer. Cette
réflexion ne pouvoit partir que d’une ame équitable
& fenfible, on peut dire que la perfécution
qu’il fufcità aux chrétiens, Tut plus une erreur de
Ton efprit, qu’un vice de fon coeur ; il ne les punit
que parce qu'on les lui p ignit criminels. Maximien
, moins philofophe , s’ennuya de l’uniformité
de la vie privée , il follicita fon ami de reprendre
la pourpre ; mais Dioclétien lui répondit : » Mon
m ami y vener voir les belles laitues que fa i plantées
n dans mes jardins de Salone ». Ce fut dans les-
plaifirs innocens de l’agriculture & du jardinage’
qu’il pafla les dix dernières années de fa v ie , espèce
d’héroïfme domeftiqiie,, dont un homme élevé-
dans le tumulte du camp paroifloit incapable, fur-
tout après avoir monté du dernier rang au pouvoir
fuprême. Milan , Nicomédie, Cartilage & plu-
fieurs autres villes de l’empire furent embellies v
pendant fon régne & par fa magnificence, de Tu*-
perbes édifices. Les loix fage.s qu’il établit montrent
qu’ilfavoit également combattre & gouverner.
Il mourut à Salone,» dans la Dalmatie, âgé dé
foixante - fix ans, & félon d’autres, de fbi-xante-
dix - huit ans Tan 3 de J. C. On foupçonnæ
qu’il avoit été empoifonné, d’autres difent qu’il
mourut fou or L’ère de Dioclétien ou des Martyrs ,
commence le 29 août de l’an 234. Elle a été longtemps
en ufage dans Téglife, oc. elle Feft encore
parmi les Cophtes & les Abyffins. Maximien fe