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Ils étoient tons deux des premières familles de
Thèbes. Pélopidas étoit riche, Epaminondas pauvre
: Pélopidas voulut toujours partager fes richef-
fes avec fon ami , maisEpaminondas fe complaifoit
trop dans la pauvreté, avantage fouvent défirable
dans une république , mal toujours infuppörtable
dans une monarchie. Ce fut lui qui l’emporta &
qui attira Pélopidas aux moeurs de là pauvreté,
dont il lui fitfenrirle mérite & le charme. Pélopidas,
dit Plutarque, furie maître 8c non l’efdave de fes
biens ; il vécut pauvre de coeur au milieu des
richeffes ; pour être en état de fecourir un plus
grand nombre d’honnêtes gens, il auroit eu honte
de dépenfer plus pour fa table 8c pour fes habits
que le dernier des Thébains. Enfin Pélopidas,
montra l’ufage qu’on devoit faire des richeffes,
Epaminondas celui qu’on pouvoit faire de la pauvreté
; en quoi on pourroit trouver que l’avantage
étoit du côté de Pélopidas, i ° . parce qu’il eft plus
difficile de ne pas abufer des richeffes, au lieu que
la pauvreté eft une difpofition & une facilité de
plus pour la vertu ; 20. parce que la vertu du
pauvre n’eft que pour lu i , au lieu que celle du
riche eft pour les autres ;mais Epaminondas-avoir.
fu donner à fa pauvreté un caractère fi refpec-
table & une autorité fi puiffante, qu’elle lui fervoit
à aider les autres comme auroient pu faire les richeffes
: un de fes amis fe trouvant dans le befoin, il
l ’envoya demander de fa part mille écus à un citoyen
riche ; celui-ci vint s’expliquer avec lui fur le
motif de cette demande. Le voici, dit Epaminondas
: vous êtes riche, & cet honnête homme efl dans Le
h efoin.
Enfin on fait plus de détails fur les vertus même
privés 8c domeftiques d’Epaminondas, ce qui
fémble prouver qu’il y en avoit plus ; nous venons
de dire les principaux, ajoutons qu’il avoit pour
la vérité un fi grand refpeâ, qu’il ne fe permettoit
jamais le plus léger menfonge, même par plaifan-
terie, même à la charge de rétablir à l’inftant
la vérité dans tous fes droits : adeo ventatis diligens,
ut nejuco quidem mentiretur. Cornet. NepAja fuperf-
tition même dans ce genre eft vertu.
EPAPHRODITE. (Hiß. facr.) Loué de fon zèle
pour la fo i , 8c recommandé aux Philippiens par
faint Paul, épître aux Philippiens, chap. I I , verf.
2.5 , 2.6,27,2 .8 , 29, 30 ; & chap. IV , verf. 18.
EPAPHRODITE. Voye{ Epictete.
EPERNON. (le duc d’ ) Voye^ V alette, ( la )
EPHESTION, (Hiß. anc.') ami & confident
d’Alexandre. Voye^ les articles A bdolonyme ,
A lexandre le Grand, page 265 , col. 1ère i &
G r a ter.
EPHORE, ( H i ß , l i t t . anc. ) orateur & hiftorien,
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difcipîe d’Ifocrate, auteur d'une Iiifloire de la Grèce*
dont les anciens ont beaucoup parlé, mais qui eft
perdue; il étoit de la ville de Cume dans l’Eolie*.
8c vivoit environ trois fiècles & demi avant J. CEPHRAIM.
( Hiß. facr. ) Jofeph eut en Egypte
deux fils de fa femme Afeneth , (voye% A s en e th )
Manaffé & Ephraim.. Jacob leur aïeul, en mourant,
les bénit tous deux, mais en donnant prophétiquement
à Ephraim la préférence fur Manaffé
fon aîné. ( G enèfe, chap. 46 & 48.
EPHREM, (Saint) (Hiß. ecclefiaß.') diacre d’Edeffe *
mort vers l’an 379; il écrivit contre les hérétiques
de fon temps. M. Affemani,fous-bibliothécaire du
Vatican , a donné, fous les aufpices du cardinal
Quirini, une très-belle édition de ceux des ouvrages
de faint Ephrem , qui font parvenus jufqu’à nous *
elle eft en fix volumes in-folio ^ publiés depuis
1732 jufqu’eu 1746.. Les ouvrages de pieté de
faint Ephrem ont été traduits en françois par
M. Le Merre, & ont paru en 1744* On appelloit
faint Ephrem, le maître de L'univers & la lyre dit
Saint-Ëfprit.
EPICHARIS , (Hiß. romê) femme d’une naiffance
obfcure, (libertina mulier) mais d’un grand courage*
étant entrée dans une conjuration contre Néron,
fut mife à la queftion , & ne révéla aucun de fes-
complices ; mais voyant le lendemain qu’on alloit
renouveller les tortures,& craignant d’y fuccomber*
elle s’étrangla pour emporter fon fecret avec elle.
Tacite,, annal. 1. 1 5 , chap. 51 & 5 7 , oppofe
l’exemple de cette femme, à là baffeffe fervile
des fénateurs 8c des chevaliers romains du même*
temps.
EPICHARME, ( hiß. litt. ancA poète & philo-
fophe pythagoricien , introduifit la comédie à
Syracufe fous le règne d’Hieron I. L’antiquité
paroît avoir beaucoup eftimé fes comédies ; Plauta
Tavoit pris pour modèle :
Plautus ad exemplair ßculi properara Epicharrià..
On prétend que Platon a profité de fes oeuvres
philofophiques ; Ariftote & Pline, lui attribuent
l’invention des deux lettres grecques thêta & chi.
On a retenu de lui un mot qui en vaut bien un
autre ; il difoit que les Dieux nous vendent tous
les biens pour du travail. Seroit-ce ce mot qui
auroit donné de loin à la Fontaine l’idée de les
deux meilleurs vers l
Il lit au front de ceux que le fuxe environne
Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne.
Epicharme mourut très âgé, il vivoit dans la
foixante & quatorzième olympiade , vers i ’at}
440 ayant J. C.
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Ê P I C T E T E ( Hifi anc. ) philofophe ftoïcîen ,
étoit d’Hiérapolis en Phrygie. Efclave d’Epapbro-.
dite, affanchi de Néron que Domitien fit mourir,
il fut libre dans les fers., parce qu’il étoit véritablement
philofophe. On dit qu’Epaphrodite le
frappant rudement à la jambe, il lui dit avec
beaucoup de tranquillité : fi. vous continueç , vous
me la cajfere^; & qu’Epaphrodite, irrité de ce fan g
froid, ayant redoublé de coups , & la lui ayant caf
fé e , il ajouta toujours avec la même tranquillité:
je vous avois bien dit que, vous me la c offert e^; tout
cela eft bien dans les principes 8c dans les moeurs
ftoïques. Les deux points principaux de fa morale
•étoient foujfrir & s'abflenir, deux mots d’un grand
fen s , d'une grande étendue 8c d’un grand ufage:
ils ont dans le grec 8c dans le latin, un jeu &
un rapport de Tons, qui leut* donne encore un
•mérite de/ plus: : uumu ceptxiv\ fufline &
abfiine. Il appelloit la fortune , une femme de
honr.e rnaifon qui fe profiitue d des valets. Ce mot
.pourroit être d’un homme qui regrettoit de n’avoir
point eu part à fes faveurs ; cependant Epiêlète
•parut toujours content de fon fort& ne s’en plaignit
jamais. 11 regardoit les murmures contre la providence
, non-feulement comme infenfés , mais
•encore comme coupables: » ce n’eft point la
»■ ■ pauvreté, difbit-i.l,.qui nous rend malheureux,
9> c’eft l’ambition , ce font nos infatiables defirs. »
Un homme qui vivoit dans la débauche, fe
préfentant pour être fon difcipîe: » fi le vafe n’eft
« pas p u r , lui dit-il, tout ce qu’on y verfera fe
corrompra ». C ’eft le vers d’Horace :
Sicerùm efi nijî vas, quodcumque infundis , acefcit,
Rouffeau appelle Epiêlète :
Un des Saints du Paganifme.
Des pères de TEglife ont vu en lui un païen,
-qui parloit le langage des fâints du Chriftianifme ;
fon manuel a édifié toutes les religions :. le P.
Mourgues, qui l’a traduit en françois, ainfique
l ’abbé de Bellegarde, 8c M. Dacier, & c . parle
d’un ancien monaftère, qui avoit adopté le manuel
$ Epiêlète pour fa règle, avec qiîelques légères
modifications ; Rouffeau eft prefquele feul homme
qui ait paru juger défavorablement, & la perfonne
8c le manuel a Epiêlète ; peut-être après tout eft-
ce moins un jugement férieux qu’une plaifanterie,
peut-être le poëte n’a-t-il voulu que donner aux
dépens du ftoïcifme un aif plus anacréontique à
une ode affez froide qu’on fent qu’il a voulu
rendre gaie. C ’eft la fécondé de fes odes profanes ;
elle eft adreffée à l’abbé de Chaulieu, un des
plus aimables épicuriens modernes. C ’étoit une
raifon de plus de lui facrifier les ftoïciens. Quoi qu’il
en foit, voici ce jugement un peubizarre;
En vain d’un ton de rhéteur
Epiêlète à fon leêteur
Prêche le bonheur fuprême*
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J’ÿ trouve un-confolateur
Plus affligé que. moi-mêuie.
Dans fon flegme fl mu lé
Je découvre fa colère;
Je vois un homme accablé
Sous le poids de fa misère; '
Et dans tous ces beaux difcourS
Fabriqués durant le cours
De fa fortune maudite »
Vous reconnoiflez toujours
L*efclave d’Épaphrodite.
Affurément c’eft voir de loin, que de voir de la
colère, & un homme accablé fous le poids de la
misère , dans le manuel d'Epiêlète. Rouffeau
s’échauffe & fe fâche de plus en plus contre le
livre 8ccontre l’auteur:
Mon Apollon irrité
Lui devoit ce témoignage
Pour l’ennui que m’a coûté
Son infupportable ouvrage.
On peut ne pas aimer la morale; mais c’eft la
première & là feule fois, que le manuel à'fpiêlete
ait été traité d’ouvrage infupportable ; Rouffeau
ne s’en tient pas là il injurie Epiêlète, & le traite
nettement de pédant :
De tout femblable pédant
Le commerce communique
Je ne fais quoi dé mordant »
De farouche & de cynique.
Rouffeau n’avoit pas befoin de ce commerce
pour devenir mordant 8c cynique. Mais ce feroit
précifément la leâure qu’il faudroit choifir, pour
ceffer de l’être, 8c pour calmer les tranfports
d’une ame agitée ; c’eft le c a s . de ces vers
d’Horace :
Nemo adêb feru s efi v t non mitefeere p o fiit
S i modb cultures patientem commodet a iirem .. . . i
................................. fu n t certa p ia c u la quee te
T e r pure lecto pote runt recreare lib e llo .
Domitien, qui apparemment penfoit fur Epiêlètà
comme Rouffeau, ou plutôt qui n’aimoit pas la
philofophie, parce que les tyrans n’aiment pas la
raifon, bannit Epiêlète de Rome ; mais Adrien &
Marc-Aurèle l’eurent en grande vénération. Une
longue ,& douce vie fut le prix de fa fageffe, de
fa modération , de fa réfignation ; il mourut fous
l’empire de Marc-Aurèle dans un âge très-avancé ;
la lampe de terre , à la clarté de laquelle il avoit
écrit quelques-unes de fes maximes, fut vendue
quelque temps après fa mort, trois mille drachmes,
s ’gft-à-dire quinze cents francs de notre monnoie#
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