
à des qualités qui ont troublé le repos du monde
dont elles dévoient faire le bonheur. (/*/.)
CHARLES V I archiduc d’Autriche, (Jiijl. d*Allemagne
, de Hongrie& de Bohême ) 50' empereur
«d’Allemagne depuis Conrad I , x x x v n i roi de •
Bohême, x l ii roi de Hongrie, il roi héréditaire de
cette dernière couronne, né le premier o&obre 1.685
de l’emperèur Léopold & de l’impératrice Eléonore-
Magdelaine de Neubourg, élu empereur d’Allemagne
le 22 oéiobre 1 7 1 1 , couronné le 22. décembre
fnivant; mort à Vienne le 20 oâobre 174° »
âgé de 55 ans.
La mort de l’empereur Jofeph, ion frère, fut
fuivie d’un interrègne de fix mois, pendant lequel
les éle&eurs Palatin & de Saxe, vicaires ordinaires
de l’empire, fie chargèrent du gouvernement de
l’Allemage : une diète qui fe tendit; à Welard pour
régler la capitulation perpétuelle, continua fes féan-
ces jufqu’au 7 juillet 17 1 1 , quelle eut rempli fa
commimon ; cette importante capitulation fut enfin
terminée. Les empereurs doivent religieufement
l ’obferver. Il fu t défendu d’y .faire aucun changement
; les .éleveurs fe réfervèrent feulement le
droit -d’y ajouter des articles que le temps & les
circonftanees pourraient rendre néceffàires, & l’em-
|)ire y confentit, à cette.condition railonnable, que |
ces articles ne pourroient préjudicier aux droits j
.accordés aux états par les loix fondamentales. Cette
capitulation , entre autres articles, porte qu’aucun
prince, aucun état d’Allemagne ne pourra être mis
,au ban de l’empire, que par le jugement des trois collèges.
Cependant l’archevêque de Mayence convoqua
les éleâeurs qui s’affemblêrentà Francfort, afin
.de donner un fucceffeurà Jofeph. Le prince Eugène
«’approcha de cette ville pour la défendre des infultes
.des François. Il y avoit un grand nombre de pré-
tendans, mais tous furént effacés par l’archiduc
Charles. L’Allemagne qui perfiftoit dans fes projets
de ruiner la maiïon de Bourbon, ne croyoit
pas pouvoir fe difpenfer de prendre un chef dans
la maifon d’Autriche, qui lui avoit porté les coups
les plus terribles. L’Archiduc quitta l’Efpagne, fans
cependant abandonner fes projets fur cette couronne.
Il reçut à Milan, la nouvelle de fon élee-
rioii & fë rendit auffi-tôt à Francfort , où il fut
pouronné. La guerre de la fucceffion commençoit
àperdre'de cette a&ivité qu’elle avoit eue fous Léopold
& fous Jofeph. Les alliés de l’empire s’apperçu
rentqu’ils la contimioient fans motifs. Ils avoient
lait payer bien cher à Louis X ÏV , cette petite vanité
qu’il avoit eue de vouloir le? humilier ; leur inquiétude
fur là maifon d’Autriche fe réveilla.: la Hongrie,
la Bohême lui étoient pariakeraent fourni fes.
jÇette maifon illuftre & puifTante poffédoit encore
le Màntouan, le Milanez, Naples & Sicile , &
neuf provinces dans les Pays-Bas ; ajouter l’Efpagne
à ces vaftes domaines, e’étoit vouloir renouer les
chaînes qui aVoient menacé l’Europe^ & qu’elle
.avoit eu tant de peine à brïfer. De toutes les puif-
jfanpçs alliées de l’empire, l’Angleterre étoit fans ;
contredit la plus refpe&able. Eblouie par les bril*
lans fuccès de Marlboroug, cette nation d’ailleurs
fi fage, perdoit de vue fes véritables intérêts ; elle
ne s’appercevoit pas quelle ne combattoit que pour
l’élévatjon de ce général. Une intrigue de cour fit
ceffer l’illufion : l’envie de deux femmes changea
le fyftême politique de l’Europe & fit le falut de
Louis XtV. Marlboroug, la terreur des François
& le plus ferme appui des Allemands, fut rappelé
par les fiollicitations de madame Masham, dont le
crédit étoit balancé par celui de la femme de ce
grand général. La reine Anne affranchie de l’efpèce
d’efclavage où la tenoit la ducheffe de Marlboroug,
adopta le plan de Guillaume I I I , qui, pour rétablir
la balance, vouloir qu’on lai fiat l’Efpagne à
Philippe V , & que l’on aifurât à la maifon d’Autriche
ce qu’elle poffédoit en Italie & dans les Pays-
Bas. Les préliminaires de cette paix, fi falutaire &
fi defirée de la cour de Verfailles, furent fignés à
Londres (o&obre 17 1 1 ) , malgré les oppefitions de
la faétion de Marlboroug, des Vigs , de la Hollande
St de la maifon d’Autriche. Les hoftilités ceffé-
rent en Efpagne de la part de l’Angleterre. Les
conférences fe tinrentàUtrecht;lesplénipotentiafce.s
François y firent leurs propofit;ons(6 février 1712,)
ils offrirent de reconnoître Anne pour reine de
la Grande-Bretagne, de former une barrière à la
Hollande, de céder Landau à l’Empire, & delaiffer
à Charles V I les deux Siciles , la Sardaigne & Je
Ailanez: les Pays-Bas dévoient être donnés à l’é-
leéteur de Bavière pour le dédommager delà perte
du haut-Palatinat.
Les membres de la grande alliance prefenterer.t
à leur tour , chacun en particulier, les conditions
qu’ils mettoient à la paix : les prétentions du plus
grand nombre étoit exorbitantes. Ce fut en cette
occafion que Louis XIV montra toute la profondeur
de fa politique. Il promit une entière fàtis-
faétion aux plus modérés, il s’en fit des amis, & en
peu de temps l’empereur & les états d’Allemagne
furent privés dé leurs principaux refforts : à la fin
de cette guerre qui leur promettoit tant d avantages
, iis fe trouvèrent moins avancés qu’ils n’é-
toient avant de l’emreprendrè. Charles avoit d’abord
refufé d’envoyer des plénipotentiaires au congrès.
« J’ai réfolu, difbit-il dans une lettre circulaire,
» de faire tous mes efforts , d’expofer même ma
» perfonne, pour le bien de la caüfe commune,
» & de n’envoyer aucun miniftre pour conférer
n en mon nom dans un congrès dont lés rtégo-
» dations ne pourront être que funelles à ma
» chère patrie ». Il perfiftoit à demander toute la
monarchie Efpagnole; il vouloit encore qu’on
dépouillât la France de tout ce qu’elle avoit acquis
par les traités de Munffer,de Nimègue & de Rifvik.
On voit qu’en fouten'ant tés droits de Jachère patrie,
il n’otrblioit pas fes propres intérêts : maïs fes prétentions
né fervirent qu’à retarder la conclufio'n de
la paix. Il fe vit enfin obligé de confirmer le traité
de paix d’Utreeht '(7 feptembre 1714)- La France
en confervant Landau, rendit Brifac, Fribourg &
iîÇehl. On céda à l’empereur les royaumes de Naples
f e de Sardaigne, les Pays-Bas & les duchés de Milan
■ §& de Mantoue, qui faifoient partie de la fuccef-
iffion de Charles I I , roi d’Efpagne. Les éleâeurs de
Cologne & de Bavière furent rétablis dans tous leurs
■ états, honneurs, biens.& dignités.Enfin tout refta
dans le même état où il étoit ayant la guerre qui
ayoit coûté tant de fang à l’Europe, fur-tout à la
France & à l’Allemagne. Le duc d’Anjou, fous le
nom de Phillippe V , relia fur le trône d’Efpagne,
©ù il commença une nouvelle dynaftie qui iubfifte
pour le bonheur de eet empire. L’année fuiv-ante ,
Charles V I fit un nouveau traité avec les Province^*
Unies ; ce trajjé fixoit les limites dçs deux puif-
fances, Les Etats-Généraux obtinrent le droit d’entretenir
garnifon dans, les villes de Tournai, de,
Namur, d’Ypres, de Menin & dans quelques autres
places moins confidérables..
L’empereur n’âyant plus rien- à craindre , ni .a
ejperer dit coté de la France & de l’Efpagne , tourna
fes regards vers la Hongrie, dont la conquête
avoit excité dans tous les temps la cupidité des
Turcs» Ils avoient foutenu Ragotski, & Jofepfi.
defiroit avec la plus vive ardeur de fe yenger de
la proteélion qu’ils avoient accordée, à ce rebelle.
Ils étoient en ; guerre contre les Vénitiens qui le
fqllicitoient d’entrer dans leur alliance : il fut facile
de l’y déterminer. Le prince Eugene fut char^
gé du foin de fa vengeance, & partit à la tête
d’une armée puifiante. Ce général foutint la réputation
qu’il* avoit portée au plus haut dégré. Sa
première campagne ( 17 16 ) fut fignalée par la
viéloire de Pe:ervaradin &; la prife de Temefwar:
h\ fecopde eut les fuccès.ies plus étonnans. L’armée
impériale en affiégeant Belgrade, fe trouva elle-
même affiégée par cent cinquante, mille Turcs;:
le prince Eugene dit un moderne, fe trouva
dans la même pofitiOn où Céfar s’étoit trouvé au
fiege d’Aîbxie , & femblable à celle du czar Pierre
le grand , fur les bords du Pruth : il n’imita point
Fempereur Ruffe qui mendia la paix , il fe comporta
comme Céfar, il battit fes nombreux ennemis
,& prit la ville. Une paix avantageufe. fut le
fruit de fes viél.oireS ( 1718 ) : elle donnoit à l’em-
pçreur Belgrade & Temefwar, places également
importantes.
I l Cette paix- gloriéufe étoit d’autant plus à defirer,
que l’empereur avoit befoin de toutes fes forces
pour défendre fes états d'Italie. Philippe V , excité
par le cardinal Àlberoni,. fon miniftre, afpiroit à
recommencer la guerre, ôt fur un prétexte affez.
léger, il s’éteit emparé de la Sardaigne que le
dernier traité avoit affurée à la maifon d’Autriche..
La France, l’Angleterre, l’Empire & la Savoye*
réclamèrent la to i, de ce-traité , & forcèrent le
rai d'Efpagne- d’abandonner une entreprife injufte..
defir qu’ayoit l’empereur de former une manne,
dont il fentoit le befoin , lui attira l’inimitié,
ces puiffances qui venoient de fie. déclarer en.
f fa faveur ; une compagnie des Indes, qu’il établit
à Oftende, excita les inquiétudes des Hollandois,
des Anglais, & même des François: les premiers
fur-tout 9- qui ne doivent leur exiftence même ,.
qu’au commerce , firent des plaintes amères. Au
droit naturel de tous les peuples, ils oppofèrent
des paâes, des traités, & particulièrement celui,
de Munfter , qui confirmoit les Hollandois dans
la poflefîion exclufive du commerce des Indes,
par rapport aux fiijets de fa majefté catholique,
qui depuis étoient paffés fous la domination ce
l'empereur. La politique demandoit. fans doute que:
Charles renonçât à Ion projet , quelque ay^nta-
geufe qu’en pût être l’exécution. Il eut l’indifcré-
tion de s’unir avec le roi d’Efpagne, fans fonger
que cette alliance ne pouvoit fubfixler longtemps,,
tant à caufe.de leur inimitié paflee , que des gran— ■.
des prétentions de la cour de Madrid contre celle:
de Vienne. La démarche de l’empereur ne fervir
qu’à lui faire perdre là confiance de l’Angleterre,,
de la France, des États-Généraux-, de la Suède &
de la Pruffe , qui lui déclarèrent la guerre & le
forcèrent après fix à fept ans de combats, de détruire
fa compagnie. L’Efpagne fon alliée, dès la-
conclufion cle la paix , fe tourna du côté de la'-
France iSc de l’Angleterre. Ces trois, puiflances s’unirent
par un traité , dont les articles furent-drefi*
fès à Sevilie, & depuis cette é p o q u e le s affaires-
dè l’empereur allèrent toujours en décadence,. La-
mort d’Augufte I I , roi de Pologne & éle&eur de
Saxe, donna lieu à de nouvelles- prétentions & a
de nouvelles guerres. Chacun ambitionnoit la*
gloire de lui nommer un fucceffeur. L’empereuc
qui favorifbit l’éledion de Frédéric - Augufte III r
fils du feu roi, fit camper un corps de troupes fur
les frontières de la Pologne. Louis X V favorifoitt
Staniflas qui avoit déjà occupé le trône de Pologne,
où les voeux- de la nation & les armes Sué—
doifes n’avoient pu le foutenir. Ce monarque déclara
à l’empereur qu’il s’en prendroit à lui desviolences
que l’on pourroit faire à la république..
Il envoya.auffi-tôt, au-delà du Rhin, une armée
qui fignala fon arrivée, par la- prife de Kelil ( 28
odobre 1733 ). La France renouvella auffi-tôt le.
traité d’alliance avec l’Efpagne ; le roi de Sardaigne-
y accéda; la guerre fut alors déclarée dans les formes
;>le roi de Sardaigne fe plaignoit des hauteurs:
dont l ’empereur avoit uféà fon égard , lorfqu’il lui-
avoit donné l’inveftiture de fes fiefs; il l’accufoit:
; encore d abufer en Italie de la fupériorité de fes*
forces,. & d’avoir enfreint le »traité de 1703.,v les<
premières étincelles dé cette guerre parurent en?
Italie. Le roi de Sardaigne à-la tête de l’armée Fram
çoife v fortifiée de fes troupes, entra-fur les terres
de la maifon d’Autriche envahit tout le Milanez?
dont la capitale lui ouvrit fes portés ( 9 novembre
1733 ). Les Efpagnois eurent des fuccès non moins
brillans. Une flotte fuperbement équipée fit voile
vers l’Italie, & alla établir fes quartiers dans'le
pays de. Sienne. Le printems de l’année fui vante.