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énnemis. On put dire de lu i , ce que Brutus dît
de Cicéron , dans la Mort de Céjar:
Cicéron . . • . . . • > .
Ne fert la liberté que par fon éloquence J
Hardi dans le fiénat, foible dans le danger»
Fait pour haranguer Rome , & non pour la venger.
Mais c'étoit beaucoup de haranguer Athènes ;
le mars macédonien , ce guerrier politique, qui,
félon le confeil & l’expreflion d’un oracle , com-
battoit avec des lances d’argent, & ne regardoit
comme imprenable, qu’une place ou un mulet
chargé d’or ne pouvoir pénétrer; qui par fes dons
corrupteurs,
Brifa les fier.s remparts & les portes d’ airaia ,
Mit d^s û; pertes rois la dépouille en fa main»
D i f f id it urbium
P o r t a s v ir M a c td o , Br Ju b ru it etmulo»
R e g t s mumrïbus,
& fit craindre à Aîéxandre de n’avoir rien à conquérir;
Philippe ne redoutoit que l’éloquence de
Démofthènes & fon ame incorruptible. Tout l’or
de la Macédoine ne put le tenter ; Aîéxandre le
trouva dans la fuite moins infléxible ; un préfent
qu’il crut pouvoir accepter de'ce prince, qu’il regardoit
comme le vengeur de la Grèce, le fit
bannir d’Athènes pour un temps; il y revint,
après la mort d?Aîéxandre, toujours éloquent,
toujours délateur de la liberté des Grecs, toujours
ennemi des Macédoniens ; Antipater voulut fe le
faire livrer, comme Antoine dans la fuite fe fit
livrer Cicéron ; Démofthènes fe voyant près de tomber
entre les mains de ceux qui le pourfuivoient,
s’émpoifonna , comme Annibal , pour échapper
aux tyrans. Il mourut l’an 32a avant l’ère yul-
£aire.
DEMPSTER ( T h om a s ) ( Miß. litt, mod. ) ,
deôe gentil homme Ecofiois, mort en 16 15, à
Bologne en Italie, ou il s’étoit fixé ; il eft auteur
d’une hiftoirè eccléfiaftique d’Ecoffe, d’un ouvrage
intitulé : de Etruriâ regali; & d’une édition des antiquités
Romaines 4e Rofin.
DENHAM ( le C hevalier Jo h n ) ( Hift. litt,
mod. ) , Irlandois, eft au nombre des bons poètes
anglois. Joueur , il écrivit contre le jeu, comme
notre Regnard, grand joueur, dit-on, a fait la
comédie du joueur ; mais e’eft par fa tragédie du
fophi, que le chevalier Denham eft fur-tout célèbre.
On a de lui de moindres morceaux de poéfie,
parmi lefquels on diftingue fa montagne de Cooper,
comme un beau morceau de poéfie deferiptive.
Mort en 1668, enterré à Weftrainfter,
DEN
BENISART (Je a n -Ba p t is t e ) (/$?/£ tihl mod!)}
procureur au châtelet de Paris, célèbre par fa
Collection de décifions nouvelles & de notions relatives,
à la jurifprudence a élue lie. On lui doit aulïi une édition
des ACles de notoriété du Châtelet, Mort
l 76ï>
DENNYS ( Je a n ) ( Hift. lin, mod.) a été le
zoïle anglois. Pope, qu’il décrioit,ainfi que tous les
poètes célèbres, ( car dans tous les temps & dans
tous les pays le métier des zoïles eft de déchirer
le talent & de flétrir la gloire ) l’a placé dans fa
dunciade ; M. l’abbé Prévôt, en annonçant fa mort
dans le pour 6» contre, tome 3 , page 68, dit qu’il
étoit auffi couvert de gloire & de bleflures que
peut l’être un critique qui n’a fait que mordre &
recevoir dès morfures. Mort à Londres le 17 dé*
cembre 1733.
D E N T R E C O L L E S ( F r a n ç o i s -X a v i e r )
( Hift. litt.'mod. ) , jéfuite, millionnaire à la Chine,
compagnon du P. Parennin. On a de lui plufieurs
morceaux dans les lettres édifiante- & eurieujes des
millionnaires jéfuites, ôt dans l’hiftoire de la Chine
| du P. du Halde.
DENYS. ( Il y a d’abord plufieurs faints de ce
nom. )
i ° . Saint D en y s l’aréopagite, auquel on a beau*
coup attribué d’ouvrages qu’il n’a pas compoiés,
(& qu’on a tous recueillis en deux volumes ïn-fol. )
de miracles qu’il n’a point faits, & de reliques
qui ne font pas de lui. Il étoit un des juges de
l’aréopage , il fut converti par faint Paul & fut
fait évêq.ue d’Athènes, on n’en fait pas d’avantage*
& c’eft beaucoup çn fayoir,
20. Saint D ents , évêque de Corinthe, au fécond
fiècle, dont Eufèbe nous a laiffé des fragmens.
30. Saint Denys, premier Evêque de Paris, célébré
comme martyr avec fes compagnons, Rufti-
que & Eleuihère, l’un prêtre , l’autre diacre; tous
trois eurent la tête tranchée dans la perféçution de
l’empereur Dèce, vers le milieu du troifième fiê-
cle. Il y a eu un temps, & ce temps a été long,
où il ne faifoit pas lûr de diftinguer St. Denys
évêque de Paris , de Saint Denys l’aréopagite ;
, plus d’un prétendu hérétique a été brûlé pour avoir
nié l’identité de ces deux faints ; la faine critique a
triomphé enfin de toutes ces erreurs. Hilduin, abbé
de faint Denys au neuvième fiècle , eft le premier
qui ait voulu que fon faint Denys fût l’aréopagite ,
Èü qui ait trouvé beau de lui taire porter fa tête
entre fes mains. Ces deux idées avoient fait une
grande fortune & dans l’églife latine 6c dans l’églife
grecque ; il n’y a pas aujourd’hui de légendaire
allez intrépide dans fa crédulité pour ofer les reproduire.
,40.SaintDENYS'patriarche d’Alexandrie en 247,
mort en 1 64, & faint Denys, nommé pape le k%
| juiileç
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juillet 1 5 9 , mort le x6 décembre .fo n t cé-
léhres oar leurs combats contre 1 hérefie de Sabel-
Enfin faint D enys , évêque de Milan -vers le milieu
du quatrième fiècle , après avoir un peu varie
dans i’affaire de l’arianifme, finit par fouffrir 1 exil
pourla foi orthodoxe :
A la fuite de ces faints évêques, on peut placer
deux favans célèbres pat leurs travaux ecccleliattiq
u e s . ’ •
19. D enys-le-Petit , ainfi nommé à caiife de fa :
taille, étoit Scythe de naiflance,. mais il vivoit à
Rome; c’eft lui qui a, en quelque forte, confacrê la
chronologie par la religion, en comptant le pre- :
inier les années depuis la naiffancè de J. C . , ufage
qui eft devenu général , comme le plus convenable
à des chrétiens; c’eft ce qu’on appelle Père
vulgaire ; elle n’eft cependant pas exaéleiiient 1 ere
chrétienne, elle la précède de quatre ans, mais
elle en tient lieu, n’ayant été établie que parce
qu’on l’a crue l’ère chrétienne. Denys le-Peth v ivoit
dans le fixième fiècle , il mourut vers 1 an 540.
Cafliodore dit qu’il favoit fi parfaitement le grec,
qu’il lifoit couramment un livre grec en latin , oc
un livre latin en grec. Il avoit- recueilli quelques
décrétales des papes à la fuite d’un code de canons
approuvé & reçu par l’églife de Rome, fuivant le
témoignage de Cafliodore, & pat 1 eglife de France ^
& les autres églifes latines , fuivant Hincmar ;
cette colleâion de décrétales ne commençoit qu’à
celles de faint Siricê, qui fiégoit vers la fin du
quatrième fiècle; Denys n’avoit pu apparemment
en trouver d’antérieures ; les fauffes décrétales, imaginées
vers la fin du huitième fiècle, fous le règne
de Charlemagne, & fous le pontificat d’Adrien I ,
par Ifidore Mercator, remontent à faint Clément,
l’un des premiers fucceffeurs de faint Pierre, &
continuent fous fes fucceffeurs jufqu’à faint Syl-
veftre, vers le commencement du quatrième fiècle.
Le fauffaire avoit un deffein manifefte qui a
très-bien réuffi ; c’eft celui d’étendre la puiffance
des papes par l’exemple & l’autorité des premiers
& des plus faints pontifes. Ces décrétales repréfen-
tent comme ordinaires les appellations à Rome
(voye^ l’article C y pr ien ) ( faint ) ; elles défendent
de tenir un concile fans la permiflion du pape, en
un mot, elles font du pape le monarque & le
defpote de toutes les églifes. Riculphe , archevêque
de Mayence, répandit en France cette col-
leâion fi funefte à la difeipline de l'églife; la fup-
pofition fut à peine foupçonnée d’abord , & ce qui
augmenta encore l’autorité de ce recueil, c’eft qu’il
fut attribué à faint Ifidore de Séville, qui vivoit
dans le feptième fiècle : on voit par les écrits du
célèbre Hincmar , qui vivoit dans le neuvième ,
qu’il étoit dans cette erreur avec tout fon fiècle.
Le décret de Gratien cite les fauffes décrétales
comme un ouvrage authentique; elles ont paffé
pour vraies pendant huit cents ans, & n’ont été
Hifioire, Tm t II. Seconde fart.
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abandonnées que dans le dernier fiècle, après que
le favant Blondel eut mis dans tout leur jour les
cara&ères manifeftes de fauflete quelles offrent
par-tout, 6c alors le mal qu’elles avoient pu faire
étoit confacrê par le temps.
' 20. D enys le C h ar tr eu x , un des meilleurs au:
teurs myftiques, 5c dont le pape Eugène IV difoit
que tèglïfe étoit heureufe d'avoir un tel fils , fut luis
nommé le Docteur extatique ; il faut croire qu’il écri-
voit dans fies extafies, fi elles étoient longues o t
fréquentes, car fes oeuvres ont été recueillies en
vingt-un volumes in folio. Il avoit un^ grand zete
pour la guerre contre les Turcs, q ui, en effeta
fiembloient menacer alors la chrétienté d’une ruine
entière & prochaine ; & autant une croifade often-
! five étoit une folie romanefque & contraire au
j véritable efprit du chriftianifme , autant une crm-
fade défenfive auroit été une chofe raifonnable 5C
utile.
Denys fut quarante - huit ans chartreux à
Ruremonde ; il étoit né à Rikel dans le diocèfe
de Liège; il mourut en 1471 , âgé de foixante-'
neuf ans. '
Denys eft encore le nom de trois tyrans fameux,
l’un d’Héraclée , dans le Pont, les deux autres y
de Syracufe.
Le premier, qui étoit contemporain d’Alexandre
& qui lui furvécut, n’a eu de remarquable que fa
taille coloflfale & monftrueufe, qui etoit telle ,
dit-on , qü’il n’ofoit jamais fe laifler voir en public»
Il étoit fi accablé fous le poids de la matière , qu’on
ne pouvoit le réveiller qu’en lui enfonçant des
aiguilles dans la chair. Il mourut l’an 340 ayant
J . C .
D enys , de Syracuse , dit l’Ancien. Toute
république, toute fociété jaloufe de fa liberté, doit
fur-tout avoir pour fufpecfs ces citoyens féditieux
& turbulens, ces faux zélateurs , toujours prêts à
fe charger des intérêts publics 5c de l’honneur du
corps, pour fe rendre néceflaires & recommandables
, toujours réclamant la liberté pour la détruire
plus sûrement , pour ôter à l’autorité légi-
j time tout moyen de les réprimer , oppofant la
( règle Sc l’ufage à toutes les vues de réforme
! utiles , & propofant fans celle des innovations
av isan tes oc dangereufes, étouffant la voix de
la raifon par le cri du fanatifme, ennemis de
l’ordre & de la paix, dont le trouble eft le véritable
élément, & qui le font naître par - tout
autour d’eux. C’eft de toutes les efpèces de tyrans,
la plus odieufe & la plus funefte. Te l fut Crorawel,
tel avoit été le. premier Denys , tyran de Syracufe.
Simple particulier , fimple greffier d’une
ville libre, il ofa envifager le rang fuprême
comme un but propofé à fon adrefle & à fon
audace ; il crut qu’il ne s’agiflbit que de tirer
parti des conjon<ftures. Les Carthaginois venoient
de prendre Agrigente, la Sicile étoit concernée ,
, on imputoit cette perte aux Syracufains , qui