F A U F A Y
ignoraient leurs affronts & la conduite de leurs
femmes : mais ils fe refpeftoient jufques dans leurs
femmes coupables. On propofa même à Marc-
Aurèle , d’après la notoriété des faits, de répudier
la Tienne: ilfaudroit donc, dit-il, lui rendre fa dot,
c’eft-à-dire, l’empire. Des critiques prétendent que
Marc-Aurèle n’a pas pu faire cette rèponfe, qui,
premièrement, leur paroît peu digne de lu i, &
qui , fecôndement , leur paroît contraire à là
connoiffance certaine qu’avoit Marc-Aurèle que
l ’empire n’étoit pas héréditaire. Il eft vrai qu’à travers
tant de révolutions l’empire n’avoit pas été
conftamment héréditaire; cependant il l’a voit, été
quelquefois, jamais à la'vérité pour les femmes ;
mais qui ne voit que le mot de Marc-Aurèle ne
doit point être pris ainfi à la rigueur , & qu’il
peint feulement Tarne indulgente & reconnoiffante
de cet empereur, qui auroit cru manquer à la
mémoire dAntonin, fon bienfaiteur , fi dans un
cas tout femblable, il n’eût pas fuivi fon exemple,
Sc s’il s’en fut écarté pour déshonorer fa fille ? Il
fentoit que s’il eût ufé envers la fille d’Antonin
de la rigueur qu’Antonin ne s’étoit point permife,
4a compafïïon auroit ramené tous les coeurs à
cette princeffe , & la malignité auroit obfervé
qu’en brifant avec fcandale tous les noeuds qui
l ’avoient uni avec Antonin , il confervoit tous
les avantages qu’il devoit à cette alliance.' Ce mot
de Marc-Aurèle étoit donc le. cri de la juftice ,
de la bonté, de la vertu, non une froide difcuf-
fion de droits litigieux, encore moins l’aveù d’un
fordide intérêt, qui l’engageât à garder une femme
impudique, de peur d’être obligé de lui rendre fa
dot. La loi même, en effet, l’auroit difpenfé de
la rendre ; mais toutes ces rigueurs étoient trop
étrangères à l’ame douce & bienfaifante de Marc-
Aurèle.
F A Y , ( C harles-François de C isternay
DU ) { Hiß. litt. mod. ) d’une très-ancienne famille
originaire de Touraine , diftingnée dans la pro-
fefhon des armes depuis le quinzième fiêcle. Son
ayeul étoit capitaine des gardes du premier prince
de Conti, frère du grand Condé. Son père, capitaine
aux gardes , avoit eu au bombardement de
Bruxelles, en 1695, une jambe emportée d’un coup
de canon. M. du Fay, né le 14 feptembre 1698 ,
en'fra dans le fervice en 1712. fe trouva & fe
diffingua aux fiéges de Saint-Sébaftien & de Fonta-
rabie, dans la guerre d’Efpagne en 1718. Il fut
reçu à l’académie des fciences en 1723. Bientôt il
quitta le fervice pour ne plus être qu’académicien.
Il embraffa tous les genres dont s’occupe l’académie ;
il eft jufqu’à préfent le feul, dit M. de Fontenelie.,
qui nous ait donné , dans tous ces. genres, des
mémoires que l’académie a jugés dignes d’être
préfentés au public. En 1732 , il fut fait intendant
du jardin royal des plantes. Il fit pour ce jardin
ce qu’avoit fait M. Fagon ; il en fut le fécond
refiaurateur, & c’eft par-là qu’il eft le plus connu.
C ’eft de lui que M, de Voltaire avoit dit ;
Le fage du Fay , parmi ces plants. divers V
Végétaux ràflemblés des bouts- de l’univers ,
Me dira-t-il pourquoi la tendre fenfuive
Se flétrit fous nos mains, honteufe& fugitive? Stc;
Il a depuis fubftitué au nom de du Fay ceux de
Réaumur & de Buffon. C ’eft M. du Fay qui a
propofé M. de Buffon pour fon fucceffeur. M. du
Fay étoit d’une activité qui fufhfoit à tout. « Il
» multiplîoit le temps, dit M. de Fontenelie ,
» par l’induftrie fingulière avec laquelle il favoit
« le diftribuer. Les grands plaifirs changent les
» heures en inomens , mais l’art des fages peut
» changer les momens en heures. »
Il mourut le 16 juillet 1739. « Je n’ai point
» vu , dit le même Fontenelie, d’éloge funèbre fait
» par le public, plus net, plus exempt de reftric-
jj tion-s & de modifications que le fie 11.. . . . Des
» moeurs douces, une gaieté fort égale, une grande
» envie de fërvir & d’obliger........... aucun air de
» vanité, aucun étalage de fa#oir, aucune malignité,
» ni déclarée , ni enveloppée. On ne pouvoit pas
» regarder fon extrême aéfivité comme l’inquietude
» d’un homme qui ne cherchoit qu’à fé fuir lui-même
» par les mouvemens qu’il fe donnoit au dehors ;
» on en voyoit trop les principes honorables pour
» lu i, & les effets fouvent avantageux aux autres,
FA YD IT . ( Hifl. litt. mod. ) C ’eft le nom de
deux poètes : 12. A ü(q\ü\q Fay dit ,^o'ète provençal,
ou troubadour des douzième & treizième fièclès,
accueilli par Richard Coeur - de-lion , roi d’Angleterre,
& qui l’a célébré dans fes.vers. Mort
j vers l’an 1220.
2°. Pierre Faydit, un de ces petits médians ;
un de ces machiavelliftes fubalternes qui croient
fe faire un nom en infultant ceux qui en ont un.
Celui-ci attaquoit à la fois Boffuet & Fénélon ;
la haine du mérite ne pouvoit pas mieux faire; il
CQmpofa contre le dernier la. Télémacomanie ; car
dans le langage de l’envie , aimer Télémaque &
les bons ouvrages , c’eft toujours de la manie.
Il fit des épigrammes contre Boffuet, & il n’y
épargna ni l’indécence ni l’infolence ; nous en
allons citer une, car il eft bon qu’on fâche que ces
fcandaleufes irrévérences contre la vertu & le génie
Trouvent dans tous les temps, quoiqu'on en puifle d ire.
Des méchans po’ur les faire , & des- fots'pôur en rire.
Il faut qu’on fâche comment les plus grands
hommes ont été traités ; c’eft du moins une confo-
lation pour ceux qui, fans avoir leur mérite, éprouvent
les mêmes indignités. Boffuet venoit de
prêcher Comme on fait qu’il prêchoit; Balaam avoit
été cité dans fon fer mon, dès-lors ce fut lui-même
qui fut Balaam : voici l’épigramme :
Un auditeur un peu cynique
D.it_ toux haut, en bâillant d’ennui.
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Le prophète Balaam eft obfcur_ aujourd’hui :
Qu’ il falle parler fa bourique ;
Elle s’expliquera plus clairement que lui.
L’abbé Faydit attaqua atiffi M. de Tillemom,
toujours par le même principe; M. de Tillemont
étoit en érudition ce que Boffuet & Fénélon étoient
en talent. Ce Faydit avoit été Oratorien , & avoit
été chaffé de l’oratoire : étoit - ce pour avoir
infulré des hommes tels que Boffuet , Fénélon
& Tillemont ? au contraire , c’étoit pour avoir
rendu hommage à un antre grand homme ; c’étoit
pour avoir fait un ouvrage cartéfien, ce qui étoit
prefqu’alors une héréfie à l’oratoire & dans, beaucoup
d’autres corps. L’abbé Faydit a fait encore
quelques autres ouvrages qui ne font pas méchans
& qui ne font que fous ;j tel eft un Traité de la
Trinité, qui le fit mettre, à tort ou avec raifon, à
Saint-Lazare ; telles font fes Remarques fur Virgile
fur Hçmère & fur le fiyle poétique de T Ecriture-Sainte.
L’abbé Faydit mourut, exilé à Riom en Auvergne,
fa patrie, en 1709.
F A Y E , ( Jacques ) ( Hiß, de Fr. ) feigneur
d’Efpeiffes, né à Paris en 1543 , confeiller au parlement
en 1567, puis maître des requêtes, avocat-
général , enfin préfident - à-mortier. Il avoit
fuivi Henri III en Pologne, & l’y avoit bien fervi.
Mort à Senlis en 1590. Ses harangues ont paffé
pour éloquentes.
FA YE , ( J e a n - E l i e & J e a n - F r a n ç o i s
L e r ig e t d e LA ) ( Hiß. litt, mod. ) deux frères ,
livrés , l’un aux fciences, l’autre aux belles-lettres:
l ’un fut de l’académie des fciences , l’autre de
l’académie françoife ; i’un a été loué par M. de
Fontenelie, l’autre par M. de Voltaire ; tous
deux militaires, l’un avoit été moufquetaire, puis
capitaine aux gardes, & s’étoit trouvé aux batailles
de Ramillies, d’Oudenarde , &c. ; l’autre avoit été
capitaine d’infanterie, & fut enfuite gentilhomme
ordinaire du roi. Le premier, reçu à l’académie
des fciences en 1716 , mourut en 1718, à quarante-
feptans. Le fécond, reçu à l’académie françoife en
1730, mourut en 1731 , à cinquante-fept ans. M.
de -Fontenelie a dit du premier qu’il avoit une
gaieté naturelle, un ton agréable de plaifanterie,
qui, dans les occafions les plus périlleufes, faifoit
briller fon courage, & hors de-là cachoit unfavoir
qu’il ne lui con venoit pas d’étaler. M. de Voltaire
a dit du fécond :
I l a réuni le mérite
Et d’Horace & de Pollion
Tantôt protégeant Apollon ,
Et tantôt chantant à fa fuite.'
I l reçut deux préfens des dieux ,
Xes plus.charnians qn’ils puiflent faire;
L’un étoit le talent de plaire ,
L'autre le fecret d’être heureux.
C ’eft le fécond qui a fi bien défendu l’harmonie
des vers , contre M. de la Motte ; c’eft de lut
qu’eft cette belle ftrophe,donton peut dire ce que
M. l’abbé Maury a ait de la belle ftrophe de M. de
Pompignan :
Le Nil a vu fur fes rivages, &c.
« qu’elle doit être infcrite fur fa tombe comme
» l’épitaphe la plus digne, d’un poète lyrique:
De la contrainte rigoureufe
Oit refprit femble reflètré ,
I l reçoit cette force h'eureufe
Qui l’elève au plus haut degré.
Telle , dans des canaux preflée,
Avec plus de force élancée,
L ’onde s’élève dans les a ir s.
Et la réglé, qui femble auftère,
N’.eft qu’ un art plus certain de plaire ,
Inféparable des beaux vers.
« M. de la Faye, dtt M. de Voltaire, ( qui l’appelle
toujours M. de la Faille) » s’eft conduit comme ce
» philofophe qui, pour toute réponfe à un fophifte
» quinioitle mouvement, fe contenta de marcher
» en fa préfence. M. de la Motte nie l’harmonie
» des vers : M. de la Faye lui envoie des vers
» harmonieux. »
FAYEL . ( Voy. FÂIEL. & COU CY . )
F A Y E T T E . ( de la ) ( Hifl. de Fr. ) ancienne
maifon françoife, dont le nom eft porté dans ce
moment avec une gloire & un éclat qui feront un
jour l’ornement de l’hiftoire.
De cette maifon étoient,
1 9. Gilbert Motier , feigneur de la Fayette, tué
à la bataille de Poitiers en 1356.
20. Gilbert de la Fayette fon petit-fils , maréchal
de France, un des reftaurateurs de la France fous
Charles VII. Il avoit gagné-en 1421, fous Charles
V I , la bataille de Beaugé contre lesÀnglois, qu’il
chaffa depuis du Languedoc. Il fut fait prifonnier
à la bataille de Verneuii en 1424. Il mourut
en 1463.
3.-. François , feigneur de la Fayette, tué à la bataille
de Saint-Quentin en 1557.
40. Jean de la Fayette , oncle du précédent
tué à la journée de^Coignac, en combattant contre
les religionnaires.
50. Pierre delà Fayette, fils du précédent, tué
à la bataille de Montcontour en 1569.
6°. Charles-François de la Fayette , baron de
Hautefeuille, tué au combat d’Etampes en 1652,