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après la mort del’ufurpateiir Witefie, lâche aflaftin
qui a voit poignardé fon maître , le fils de Ton
bienfaiteur, 8c qui, devenu par fes crimes l’objet
de l’exécration publique, périt lui-même fous le fer
des conlpiratëfors. A peine Gondemar fut proclamé,
en 610 , qu’il s’appliqua à rétablir la bonne inrel-
ligence entre fa nation 8c les Franço s. Quelques
hiftoriens aflùrent cependant qu’il acheta 1$ paix
au prix d’un tribut annuel qu’il s’obligea de payer
à la^rance. Si ce fait eft exaéLj il ternir la mémoire
de Gondemar % & il la ternit d’autant plus qu’alors
les-Vifigoths recevoient des tributs, 8c n’étoient
point accoutumés à en payer. Mais leur roi étoit
preffé de terminer cette guerre, pour aller réduire
les Gafcons qui a voient recommencé les hofti-
lités : il fe jetta dans leur pays, 'fuivi d’une armée
nombreiife , le ravagea , y mit tout à feu 8c à
fang, les contraignit d’abandonner leurs villes,
leurs villages, 8c d’aller fe cacher derrière les
montagnes. Après cette expédition , Gondemar, de
l'etour à T o lèd e , affembia les évêques , 8c ils
firent quelques canons, les uns concernant la discipline
ecciéüaftique , 8c le plus grand nombre
relativement à l’adminiftration civile; le roi approuva
ces canons, 8c les figna. Gondemar s’oc-
cupoit de ces réglemens utiles, quand il apprit
que les troupes de l'empereur venoient de faire une
incurfion fur les terres de fon royaume ; il fe mit
aufli-tôt à la tête des Goths, 8c marcha contre
les Impériaux. Ceux-ci, ne fe croyant pas a fiez forts
pour combattre une telle armée , fe retirèrent dans
leur camp, qu’ils fortifièrent ; mais Gondemar ren-
di< cette précaution inutile : il attaqua les Impériaux
dans leurs retranchémens , les força , les
battit, les contraignit de fe retirer en défordre,
8c dans leur fuite en mafiaera la plus, grande
partie. Cette viéloire afîura pour plufieurs années la
paix aux Vifigoths, que la valeur de „ Gondemar
rendoit trop redoutables, pour qu’aucune puif*
fance étrangère entreprît de leur déclarer la guerre.
Le fouverain vi&orieux rentra dans fes états-, 8c
convoqua un concile où furent faits encore de
nouveaux réglemens fur différentes parties’ du
gouvernement civil. Peu de -jours après la dernière
féance de ce*concile, Gondemar tomba malade 8c
mourut, quelques feçours qu’on eût pu lui donner,
en 612,, après un règne glorieux 8c très-court,
E
uifqu’il n’occupa le trône qu’environ deux années,
.es grandes efpéranCes qu’il avoir données, les
talens qu’il montra, fa piété’ fins fanatifme , fa
valeur & fa juftice, le firent regretter amèrement :
les Vifigoths perdoient en lui leur bienfaiteur,
J’appui, le père de l’état, (L . C. )
GONDI. ( Voye^ R etz. )
GONDRIN. ( Voye%_ Pa rd a il l a n . )
GONFALON ou G O N FAN O N , f. m. ( Hiß.
mod, ) grande bannière découpée par le bas en
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plufieurs pièces pendantes, dont chacune fe nortimfc
fanon j de 1 allemand fanen , ou du latin pannus 9
qui tous deux lignifient un drap, une pièce d’étoffe
dont étoient compofés ces anciens étendards. Ôti
donnoit principalement ce nom aux bannières des
I églifes, qu’on arboroit afin de lever des troupes
J & de convoquer les vafiaux pour la dèfenfe des
| églifes 8c des biens eccléfiaftiques. Les couleurs
| en étoient différentes, félon la qualité du fainrou
f patron de l’églife, rouge pour un martyr, verte
'[ P?ur un évêque , 8cc. En France elles étoient
? portées par les avoués ou défenfeurs des abbayes}
| ailleurs par des feigneurs diftingués, qu’on nom-
! moic gcnfaloniers. Dans certains états l’étendard de
i la couronne , du royaume , ou de la république 1
| étoit suffi appellé gonfanon. Aux affifes du royaume
I de Jérufalem , liv. II. ch. X, il eft parlé de la
\ manière dont le connétable 8c le maréchal dévoient
5 chacun à leur tour porter le gonfanon devant le
\ rCl » lorfqu'ii paroifioit à cheval dans les jours dç
» cérémonie. ( G )
I Gonfalon , ( Hiß. mod. ) tente ronde qu’on
j porte à Rome devant les procédons des grandes
! églifes, en cas de pluie, 8c dont la bannière eft
| un racourci. Voye\[ l'article précèdent, Chambers. (G)
1 GONFALONIER , ( Hiß. mod. ) nom de celui
j qui portofc le gonfalon ou la bannière de l’églife®
m m
I CoNFALONlER , ( Hiß. mod. )■ chef du gou-
| vernement de Florence, dans le temps que cet
I état étoit républicain. Il y a encore à Sienne trois
j gonfal&nitrs ou capitaines qui commandent chacun
j à un des trois quartiers de la ville. La république
j de Lucques eft gouvernée par un gonfalonier choifj
| parmi les nobles. Il n’eft que deux mois en
charge; il a une garde de cent hommes, 8c loge
dans le palais de la république. On lui donne
pour adjoints dans l’adminiftraiion des affaires ,
neuf confeillers. dont le pouvoir ne dure que
deux mois comme le lien ; mais ni, lui ni eux
ne peuvent rien entreprendre d’important fans
la participation & l ’aveu du grand-confeil qui
eft -compofé de vingt-fix citoyens. Le magiftrat
de police de Sienne conferve aufli le titre de
gonfalonier, 8c porte pour marque de fa dignité
une robe ou manteau d’écarlate , par-defiùs un
habit noir; fon autorité eft fort bornée depuis que
les ducs de Tofcane n’ont laifle à cette ville qu’une
légère ombre de fon ancienne autorité. ( G )
GQNGQ RA -Y-AR CO RE , ( L o u is ) ( Hiß.
litt, mod.') lurnommé de fon temps le prince des
poètes efpagnols, a enrichi par fes poéfies la langue
caftillane, a excité un grand enrhonfiafme 8c de
grandes contradi&ionsil a fait fchifme dans fa
nation ; lés poéfies ont été imprimées plufieurs.
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fois à Madrid , a Bruxelles 8c ailleurs. Né àCor-
doue, en 1562, mort en 1626.
GONSALVE ou CONSALVE FERDINAND
D E CORDOUE , dit le GRAND GONSALVE,
8* le grand capitaine. ( Hift. d’Efpagne. ) Lorfque
Louis XII , roi de France , parvenu au trône,
voulut exercer fes droits fur le royaume de
Naples; où régnoit alors Frédéric, de la branche
bâtarde d’Arragon , il crut devoir partager fa conquête
pour l’aflurer davantage ; il s’aflbeia le roi
é ’Arragon Ferdinand-le-Catholique. Il lui céda la
Pouille 8c la Calabre, fe réfervant Naples, la
terre ds Labour 8c l’Abbruze ; ce traité fut fecret,
8c Frédéric l’ignora. Le roi d Arragon affeéloit
de paioître le proteéteuf de ce prince, fon proche
parent , qu’il alloit opprimer. Sous prétexte de le
fecôurir contré les François, il- envoya1 Gonfalvé
de Cordoue, avec des troupes pour lefquelles il
lui demanda quelques places dans la Calabre.'
Frédéric ouvrit fans défiance fes ports & fes
placesï à Gonfalvé. Le repentir fuivit de près fon
erreur. Louis XII fit attaquer' le royaume de
Naples par deux armées , l’une de terre, l’autre
de mer; en même temps les Efpagnols levèrent
le niafque, & rendant public leur traité avec la
France , commencèrent les hoftilités ; le fuCcès
des alliés fut rapide. Frédéric, enveloppé de tous
côtés,, ne pou voit que s’indigner de la perfidie
de Ferdinand 8c de Gonfalvé; mais connoiffant la
franchife 8c la bonté de Louis X I I , il lui remit
fes places, il fe remit lui-même entre fes mains,
il paffa en France, où il parut goûter les douceurs
d’une condition privée "8c ne point regretter
les grandeurs qu’il avoir perdues.
Ferdinand n’avoit confenti au traité qui lui
aflùroit une moitié du royaume de Naples, que
dans l’efpérance 8c dans le deffein d’envahir
l ’autre moitié. Il fuppofa que lès limites du partage
n’avoient pas été clairement fixées; il prétendit
que la Capitanate , pays plus important
qu’étendu , faifoit partie de la Pouille; les François
la revendiquoient comme appartenante à l’Abbruze.
De là quelques hoftilités fufpendnes par des
trêves perfides que les Efpagnols rompoient toujours.
Gonfalvé , digne inftrument des fourberies
du roi d’Arragon, violant fans pudeur lès engageo
n s les plus facrés, pour fervir fon maître 8c
pour Limiter , 'réparant les échecs à force de
dextérité , dérobant les faveurs de la fortune à
force de vigilance 8c d’adreffe , profitant de toutes
les conjonctures 8c lès faifant naître, attaquant
à propos les François endormis & défarmès par
des propofitions de paix toujours frauduleufes ,
gagna en perfonne ou par fes lieutenans les batailles
de Séminare dans la Calabre ; de Cérignoles
dans la Pouille , conquit tout le royaume de
Naples, & fexombla de gloire en fe perdant d’honneur.
On a fouvent appliqué à ce général les
Jtraits dont Tite-Lîye peint , avec moins de raifon
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peut-être, le caraôère d’Annibal, après avoir fait
l’éloge de Les vertus militaires: has taritas viri
vîrtutes ingentïa vuia cequabant, inhumana crudelitas,
perfidia plufquam punica , nihil veri, nihil fantti ,
nullus deûm metus, nullum jusjurandum, nulla religio.
Ave c tant d’art pour la diflimulation, on ne
fera pas étonné qu’ii eût dans l’occafion beaucoup
de préfence d’efprit. Ces rois machiavelliftes vou-
loient toujours faire la guerre 8c ne jamais payer
leurs troupes, ce qui occafionnoitde fréquentes l'éditions.
Dans une ae ces féditions, un foldat s’emporta
jufqu’à préfenter à Gonfalvé la pointe de
fa hallebarde > Gonfalvé le prend par le bras , &
lui dit: prends garde , camarade, de me hleffer èn
badinant~ avec cette arme. Un autre foldat lui dit
avec colère : Ji tu manques d'argent, livre ta fille 3
tu auras de quoi payer. Gonfalvé feignit de ne
l’avoir pas entendu, mais la nuit fuivante , il le
fit pendre à une fenêtre où toute l’armée le vit
expofé le lendemain. Gonfalvé mourut à Grenade
en 1515 ; âgé de foixante 8c douze ans.
Il eut un petit-fils, nommé comme lu i , Gon-
falve Ferdinand de Cordoue , homme vertueux,
ennemi généreux ; qui donna deux fois un grand
exemple. Les honneurs que ce feigneur efpagnol
fit rendre au général françois , à l’ennemi de fa
nation, ont ajouté à la gloire du nom de Gon~
falye. Les refles du malheureux Lautrec , mort
en 1-528 , devant Naples, enterrés d’abord dans
un champ par fes foldats , tranfportés depuis dans
une cave à Naples -, par un foldat efpagnol, qui
efpéroit les vendre' bien cher à fa famille , y
repofoient fans éclat 8c fans honneur ; le petit-
fils de Gonfalvé leur érigea un tombeau de marbre,
parmi ceux de fes pères, dans l’églife de Sainte-
Marie-la-Neuve, uniquement guidé par ce mouvement
tendre 8c refpeChieux qu’infpire aux coeurs
fenfibles le fpeCtacle 8c le feuvenir des malheurs
de rhumanité. T e l eft le fens général de l’épitaphe
que ce petit-fils du grand Gonfalvé , plus
grand que lui peut-être , puifqu’il étoit plus humain
, fit faire à Lautrec, 8c ,que voici :
Oàeto Fuexio , Lautrecco Gonfahus Ferdinandus,
hudovici filius Corduba, magnï Gonfalvi nepos,
cum ejus offa , quamvis hofiis , ut belli fortuna
tulerat, fine honore jacere comperijfet, humanarum
miferiarum inemor, ita in avito facèllo , duci gallo
hifpanus princeps pofuit.
' Le même Gonfalvé Ferdinand de Cordoue fit
rendre le même honneur à la mémoire d’un
autre capitaine ennemi, mort au fervice de la
France , Pierre de Navarre ; il le fit enterrer aufli
'dans l’églife de Sainte-Marie-la-Neuve, 8c il fit
mettre fur fon tombeau une infeription , où il
dit que la prérogative de la vertu eft de fe faire
admirer’ même ’dans un ennemi. Voici cette inf-
criptien :