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A0,,nm*s ^a9s ^on enfance, Clovis mourut l’an <11,
âgé de quarante-cinq ans, dont il avoit régné trente ;
il laifloit fix enfans , deux de fa première femme,
Thierri, qui fut roi d’Auftrafie ; & Theudichilde,
qui fut mariée au roi de Vofnes, nation faxonne,
qui fubfiftoit alors & qui ne fubfifte plus. De ceux
que lui donna Clotilde, fa fécondé femme, quatre
lui furyécurent, Clodomir , Childebert, Clotaire
i ^°-D corPs ^lt Portc dans la nouvelle
églife qu’il avoit fait bâtir pour accomplir le voeu
qu il fit en partant pour la guerre contre les Vifi-
goths. On lui doit plufieurs fondations pieufes : il les
fit pour diminuer l’horreur que la poftérité pouvoit
concevoir de fes crimes. ( M^-y . )
C l o v is II, douzième roi de France, fils & fuc-
-Ceffeur de Dagobert I. Voyeç Sigebert II.
C l o v is III, feizième roi de France, fils & fuc-
ceffeur de Thierri I I , occupa le trône depuis l’an
691 jufqu en 695, qui fut l’époque de fa mort.
Pépin de Heriftal ne l’y plaça que parce qu’il voyoit
encore du danper à s’y placer lui-même; mais il ne
lui laiffa que l’ombré de la royauté, dont il fe ré-
ferva toutes les prérogatives. Il lui étoit d’autant
plus facile de fe revêtir de fes dépouilles, que le
jeune monarque n’étoit point en état de les défendre
: il avoit dix à onze ans lorfqu’il parvint au
trône, & quatorze à quinze lorfqu’il mourut. Voyez
Pépin, (M - t- y . ) y i
CLUENTIUS ( Hijl, rom. ). On connoîtl’oraifon
de Cicéron pro Cluentio ; Sofie fa mère, l’accufoit
d’avoir fait mourir Oppianicus fon beau-père.
CLUVIER ou CLÜWER ( Philippe ) ( Hijl. litt.
mod. ) , géographe célèbre qui avoit beaucoup
voyagé, & qui étoit très-favant dans ies langues. On
a de luiplufieurs ouvrages de géographie importans.
De tribus Rkeni alveis. Germania antiqua. Itaüa '
antiqua, Sicilia, Sardinia 6» Corjîca. IntroduElio in !
univerfam geographiam , tàm veterem quàm novam, i
Né à Dantzicken 1580, MortàLeyde en 1623.
CMIELNISKI ( BOGDAN ) ( Hijloire moderne,
fiifloire des Cofaques ), hetman ou chef des cofaques,
naquit dans l’obicurité ; fon élévation fut la récom-
penfe de fes fervices. Il avoit porté les armes comme
fimple foldat. Son courage l’avoit fait difiinguer de
la foule, fa fortune fut rapide : à peine une belle
aéfion étoit-elle payée par un grade un peu relevé,
qu’il en faifoit une autre pour mériter un grade
plus confidérable. C ’eft ainfi qu’accumulant toujours
par fes fervicès les dettes que fa patrie corn
tra&oit avec lui, il parvint au rang de capitaine.
Son ambition n’étoit point encore fatisfaite, il voulait
commander à fes compatriotes. Ce peuple fu-
perftitieux & barbare étoit plongé dans la plus profonde
ignorance , & de tous les arts cultivés en
Europe, ne connoiffoit que celui de la guerre,
Cmielniski lia connoiffance avec quelques favans,
polit fes moeurs par le commerce des lettres, &
grçuit bientôt, [par fon éloquence, un afcendant
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irréfiftible fur l’efprit de fes compatriotes. Il étudîa
enfuite les intérêts des états voifins, le génie des
peuples, les intrigues des cours, & devint en peu
de temps aufii capable de repréfenter fa nation dans
une diète, que de la commander dans un jour de
combat, A la mort de Sigifmond III, on l’envoya
en Pologne j où il fut bientôt gagner s les bonnes
grâces du nouveau roi, pénétra fes deffeins fur la
Tartarie, & lui -propofa des vues fi fages fur cette
entreprife, que ce prince ne crut pas en devoir confier
l’exécution à d’autres mains. Déjà tout étoit
prêt pour cette expédition , lorfqu’un événement
imprévu fit évanouir toutes les efpérances du co-
faque. La nobleffe refufa de marcher. Les puiffan-
ces qui dévoient contribuer à la deftruâion des
Tartares ne purent fournir les fecours qu’on at-
tendoit d’elles. L’appareil de guerre quicouvroit la
Pologne difparuten un inftant, & les troupes furent
licentiées, Cmielniski retourna donc dans fa
patrie. Ce n’étoit ni par amitié pour Uladiflas, ni
par zèle pour la république, qu’il étoit entré dans le
projet de cette expédition, il n’avoit d’autre deffcin
que de fe rendre redoutable & puiffant. Indifférent
fur le choix de fes ennemis, égorgeant les hommes
fans les haïr, Tartare ou Polonois , tout lui étoit
égal, pourvu qu’il eût les armes à la main. Depuis
fon départ de Pologne, il cherchoit un prétexte
pour rompre avec cette puiffance, & s’apprêtoit à
la combattre avec le même empreffement qu’il
avoit marqué pour la fervir. Mais trop /oible par
lui-même pour tenir tête à la république, il fe fortifia
de l’alliance des Ruffes fournis à la Pologne :
ces peuples abrutis par un long efclavage, portaient
avec peine le joug Polonois , prêts à le fe-
couer dès qu’ils trouveroient ün chef pour la révolte.
La nobleffe fuivoit pour eux le fyftême politique
adopté en Pologne, les tenoit dans un efclavage
rigoureux, confômmoit dans la paix le
fruit de leurs travaux, & prodiguoit leur fang dans
la guerre : Cmielniski leur promit de les délivrer
d’une domination oçlieufe, de les faire rentrer fous
l’obéiffance du czar, ou de leur laiffer choifir tel
chef & telle forme de gouvernement qu’il leur
plairoit. Ces magnifiques promeffes tirèrent les
Ruffes de la profonde léthargie où ils étoient plongés.
D ’un autre côté, Cmielniski repréfentoit aux
Cofaques que la proteâion que la république leur
avoit accordée, n’étoit qu’une tyrannie déguifée ;
qu’elle fe fer voit d’eux pour défendre fes frontières
contre les Tartares ; qu’après tant de fervices importans
, lorfqu’ils s’étoient vus attaqués eux-mê-.'
mes par leurs voifins, la reconnoiffance des Polonois
avoit toujours été ou trop foible, ou trop
lente, qu’enfin ils étoient affez puiffans pour vivre
fans proteâeurs & fans maîtres. Ces difcours
firent fur l’efprit des Cofaques le même effet qu’ils
avoient fait fur celui des Ruffes, tout fe foule va.
Tandis qu’en Pologne on délibéroit fur cet événement
, qu’on publioit un ban, qu’on difputoitfur
le npmbre des troupes & le partage du comma»-
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demént, le Gofaque alloit chercher un appui dans
cette même Tartarie où il avoit d’abora voulu
porter la guerre. Le général Potosky fe hâta de
prévenir les effets de cette alliance. Mais il commit
une faute effentielle. La république avoit confervé
quatre mille Cofaques attachés à fon fervice. Il en
forma l’avant-garde de fon armée; Il avoit eu foin
de leur faire jurer qu’ils mourroient fidèles à la
Pologne. Mais ce ferment ne devoit point raffurer
un républicain expérimenté, qui favoit combien un
homme libre aime fa patrie. Deux mille de ces
foldats s’embarquèrent fur le Boriftêne. A peine
eurent-ils perdu de vue le camp de Potosky, qu’ils
jettèrent les enfeignes Polonoifes dans le fleuve,
& fe rangèrent fous celles de leurs compatriotes.
Cmielniski courut au-devant de ceux qui cotoyoient
la r iv e , les fit rougir de porter les armes pour les
oppreffeurs de leur pays, les ramena à fon camp,
& tailla en pièces quinze cens Polonois qui les ac-
compagnoient.' ■
Potosky fentit, mais trop tard, la faute qu’il
avoit Commife. Il lui reftoit à peine cinq mille
foldats ; l’année de Cmielniski étoit de quarante
mille hommes, & grofliffoit tous les jours. Potosky
, trop foible pour tenir tête à tant d’ennemis,
,fut contraint de rentrer en Pologne. Son
armée précipitoit fa marche au milieu de fes chariots
, qui protégeoient fes flancs par un double
rempart. Elle s’enfonça dans une forêt épaiffe, dont
le fond marécageux rendoit la route aufft dange-
reufe que difficile. Les chariots ne fervoient qu’à
redoubler le détordre. Les rangs étoient rompus à
chaque pas. La forêt retentiffoit de cris mêlés au
bruit des coups de haches. Chacun fongeoit à fon
falut, perfonnene s’occupoit de celui de l’armée. Au
milieu de ce tumulte, les Cofaques & les Tartares,
dont les chevaux étoient accoutumés à gravir dans
les lieuxles plus inaccefftbles, pénètrent dans les bois.
Les Polonois, épuifés de fatigues, felaiffent égorger
fans réftftance; ceux à qui il relie affez de force
pour fuir , s’engagent dans les marais & y demeurent
enfevelis,"Plufieurs rendent les armes. Les
Tartares .occupésau pillage, leur donnent là v ie ,
moins par pitié que.par indifférence. Ce fut près
de Corfum qu’ils firent cette boucherie.
L’alarme & l’épouvante paffèrent jufqu’aux
frontières oppofées de la Pologne. On s’attendoit à
chaque inftant à voir le vainqueur aux portes de
Varfovie, lorfqu’on reçut une lettre de Cmielniski
adreffée au roi. Il lui repréfentoit que la tyrannie
de la nobleffe, & les éxaétions des fermiers du
domaine, avoient forcé la nation à prendre les
armes ; quelle étoit prête à fe founiettre s’il vou-
Ipit lui rendre fes privilèges & fa liberté que la
dernière affiondevoit apprendre aux Polonois qu’il
étoit dangereux d’opprimer un peuple guerrier, &
. que tant que ceux-ci feroient juftes, les Cofaques
feraient fidèles. Uladiflas n’étoit plus, lorfque cette
lettre arriva. 11 yenoit de terminer en Lithuanie
une carrière affez belle pour ne pas faire regretter
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h vie. Il étoit à craindre que pendant le trouble
d’une élection, Cmielniski ne vînt apporter le fer
& le feu au milieu de la diète. On choifit, pour
îe fléchir, Adam Kifiel, palatin de Biraclaw, attaché
comme lui au rite Grec. Ce feigneur étoit
chargé par la république de promettre aux Cofaques
le rétablifiement de leurs privilèges , une domination
plus douce, une proteélion plus réelle.
Cmielniski attendit ce député à Brialacerkiew. Il
congédia les Tartares, & renvoya une partie de
fes troupes. Mais il ordonna aux premiers de ne
pas s’éloigner , afin qu’il pût compter fur leur fecours
au cas qu’il fût attaqué. Les autres, fous la
conduite de Czivonos, fe répandirent dans la Po-
dolie & dans la Ruflie, où ils commirent des ravages
affreux.
Cmielniski fe hâta d’écrire à la république pour
défavouer la conduite de ce général, & promit
même de le livrer, ainfi que fes principaux complices
, à la vengeance des états. Le nombre des
rebelles grofliffoit tous les jours. Les payfans de
Podolie ne trouvant plus dequoi fubfifter dans-
leurs chaumières, bu renverfées ou brûlées, s’unirent
aux Cofaques pour réparer leur fortune.
Cette armée, de plus de cent mille brigands, me-
naçoit la Pologne. Le duc de Wifnowics paffa le
Boriftêne à la tête de quelques troupes ; Janus
Tikewics, palatin de Kio v ie , & Offinoki, lieu-
nant général de Lithuanie, ne tardèrent pas à fe
joindre à lui ; une noble émulation les animoit »
la diète étoit affemblée pour élire le fucceffeur
d’Uladiflas ; une viéloire remportée fur les Cola
ques devenoit un titre pour obtenir les fuffrages j.
mais malgré leurs efforts, ils ne purent attirer les
'rebelles au combat. Ils fe bornèrent à obferver
leurs môuvemens. Cmielniski ne refta pas plus longtemps
o ifif, il vint fe joindre à Czivonos. La nouvelle
de fon arrivée répandit la terreur dans l’armée
Polonoife ; elle fe retira lâchement. Cmielniski
en fut témoin ; mais ne fachant à quel motif attribuer
la fuite des ennemis, il craignit que ce ne;
fût une rufe de guerre, & négligea de les pour-
fuivre.
Cmielniski tourna fes pas vers Léopold. Cette
v ille , mal fortifiée, fans vivres & fans garnifon ,,
étoit l’entrepôt des richeffes du Levant. Le château
fut bientôt emporté , la ville étoit déjà démantelée
, l’ennemi s’apprêtoit à donner l’affaut : les-
aflîégés propofèrent aux Cofaques une fomme1
confidérable; on marchanda long-temps: ceux-ci
exagéroient leur mifère ; Cmielniski exagéroit leurs-
richeffes : enfin la ville fut rachetée. Cmielniski
s’avança vers Zamofcié; la nobleffe Ruffe, chaf-
fée de fes châteaux par les payfans unis aux Cofaques
, s’étoit jettée dans cette place. Ces vaffaux
rebelles preffeient lefiège avec une ardeur que re-
doubloit le fouvenir des outrages & de la tyrannie
des nobles. Ceux-ci fentirentbien qu’ils n’a-
voient aucun quartier à attendre. Ils fe défendirent
avec tant de vigueur , qu’ils forcèrent les