
la rivière, & les mit tous en fuite. Un Concile
lui donne le nom de roi très-chrétien. Les papes
l^voient donné à Pépin l’ufurpateur ; c’étoit un
titre qui n’étoit dû qu’au moment ; il n’eft devenu
propre aux rois de France que depuis Louis XI.
( C ’eft une erreur que M. Bonamy a détruite,
yoye^ fes remarques fur ce fujet, Hift. de l’Académie
des belles-lettres, tome- 29 , pages 268 &
fui vantes. ) Saint Denis lui doit la famétife foiré
du Landit, que Charlemagne avoit établie à Aix-
la-Chapelle. On place ia prétendue papeffe Jeanne
entre les papes contemporains de ce prince. ;
Charles, roi de Provence & de Bourgogne,
fut fils dè Lothaire premier ; ce prince mourut
en 863 , d’une attaque d’épilepfie, à laquelle il
étoit fort fujet : l’hiftoire ne lui attribue rien de
mémorable. L’année de fa naiffance eft ignorée,
on fait feulement que ce fut le plus jeune des fils
de Lothaire.
Charles, petit-fils de Charlemagne, fils de Pépin
, roi d’Aquitaine ; ce prince eut beaucoup de
part dans les guerres civiles qui déchirèrent l’empire
françois, après la mort de Louis-le-Débon-
naire ; il fuivit le parti de Lothaire contre Charles
le-Chauve, qui s’en vengea, en l’enfermant
dans un cloître. Il en fortit après avoir fait pro-
feffion , & fut archevêque de Mayence : on rapporte
fa mort à l’an 863.
Charles , fils de Charles-le-Chauve & d’Er-
mentrude,-fut couronné roi d’Aquitaine en 856:
il fut plusieurs fois chaffé du trône par les fei-
gneurs d’Aquitaine, qui méprifoient fa jeuneffe
& la foiblefle de Charles-le-Chauve ; il mourut
l’an 866 , âgé d’environ 19 ans , & reçut les
honneurs de la fépulture dans l’églife de Sul-
pice à Bourges. Il-avoir épouféÿ contre le- gré
de fon père , la fille d’un comte , appelle tium-
hert\ on attribue fa mort à un coup d’épée qu’il
reçut deux ans auparavant dans la foret de Guifë,
en voulant faire peur à un officier qui revenoit
de là chaffe pendant la nuit.
Charles, autre fils, de< Charles-le-Chauve & dé
Richilde , mourut au befceau ( T--N.').
CHARLES III,- furnommé le Gros ou le Gras ;
{Hift. de France. ) XX v ille roi de France., vie
empereur du fang de Charlemagne : ce prince ,
né pour éprouver tous- les caprices- du- fi-rt, dut
la couronne de France aux défordres oui défo-
loient ce malheureux état. Les Normands énhari-
dis par la foiblèffe de Charles-le-Chauvé, & lés
embarras de fes fucceffeurs | continuoient d’en
faire le théâtre de leurs brigandages. Carldman,
petit-fils de ce monarque , avoit conclu un traité
qui, moyennant douze cents livres pefant d’argent
, les obligeoit de s’éloigner pendant douze
ans' des terres de France ; mais ce prince étant
mort peu de temps après la conclufion de ce traité,
ils reculèrent d’exécuter les loix qu’ils s’étoiént
eux-mêmes impofées. Ces brigands prétendirent
leur ferment ne les engageoit qu’envers
ÇarlomanV & qiie fi fon fuceeffeur vouloit obtenir
la paix , il devoit leur livrer une fomitie
pareille à celle qu’ils venoient dé recevoir. Les
François alarmés de ces prétentions injiiftes , &
dans l’impuiffanee d’y fatisfaire, vu les déprédations
qu’ils fouffroient depuis un grand nombre
d’années j cherchèrent un chef dont'la valeur chaf-
sât ces barbares ; leur choix tomba fur Charles-le-
Gros , - déjà empertur & roi de Germanie leur
efpérancè fut trompée ; il eft vrai que Charles avoit
montré dans fa jeuneffe le courage d’un héros,
mais ce prince qui défioit les périls & bravoit la
mort, devint tout à coup lâche & timide , depuis
qu’il s’étoit révolté contre Louis-le-Germa-
nique fon père. Les évêques auxquels il fit part
de fes égaremens, ne fe bornèrent point à lui
en faire horreur ; féduits par un faux z è le ,! ils
l’épouvantèrent par tout ce que la fuperftition à
de plus effrayant. Ils lui firent croire que le diable
s’étoit emparé de lu i; les remords du jeune
prince favorifant l’impofture, Charles leur permit
de faire fur lui tous les exorcifmes des énergumè-
nes : ces effrayantes cérémonies firent une telle
impreffion fur l’elprit du jeune prince, que depuis
il crût toujours Voir le diable armé de tout
ce que la vengeance offre de plus horrible: cette
trifte perfuafion l’agitoit jiifqûes dans fes fonges, &
il ne pouvoit penfer à la mort fans pâlir. Voilà quelle
fut la véritable caufe des traités honteux qui déshonorent
fon règne. Il étoit dans ces fâcheufes dif-
pofitions, lorfque les François vinrent implorer
fon fecours & lé conjurer de recevoir le diadème
à l’exclufion de Charles le fimple -, 'fils pofthu-
me de Loüis-le-Bègue, jeune prince, à peine
âgé de cinq ans, & dont les foibles bras ne pou-
voient rien dans ces temps orageux. L’empereur
ayant agréé leur hommage, & reçu leur ferment;
fongea aux moyens de chaffer de la France les
barbares qui la défoloient. Ce prince crut pouvoir
1 ufer de répréfailles; & comme les Normands fe
I montroient peu ferupuleux fur la foi des traités J
! il fut peu délicat fûr le choix des armes qu’il devoir
employer contre eux. Godefroy, un de leurs
ducs, l’avoit forcé quelque -tenps auparavant, dé lui
abandonner- par un traité,; lé -territoire de Hâ^
lou, avec une partie de la F r ifc , & de lui don*
ner en mariage la princeffe Gifelle, fille de Car-
loman & de Valdrade.' La crainte qu’on ne l’o-»-
bligeât à dé femblables fâcrificès ;'le détermina à
ufer de perfidie & fur les nouvelles prétentions
de Godefroy,"ilTengagea dans une'île du Rhin;
lous prétexte-'dhine. conférence , & le fit maffa-
cref lui & toute fa fuite. L’empéjreur! ufa dés
mêmes armes ; envers Hugues , frère dé Gifelle,
qui réelamoit la fucceffion de Carloman fon pèr
e , & qui aidé des armes des Normands, dont
il avoit embraffé le parti , avec-d’autant moins
de répugnance que Godefroy étoit fon beau-frère,
atiroit pu forcer Charles-le-Gros à la lui reftitiler-
Cette perfidie qui excitoit l’indignation des fujets de
Godefroy; prêta de nouvelles armes à leur fureur,;
ils. appellèrent à leur fecours les autres peuplades
de Normands qui» s’étoifent ■. établies, dans l’empire^,
fous le règne de Charles & ; des ; roisfes predécefi
feurs, Ayant ainfi, formé une armée de quarante
mille hommes, ils en déférèrent le commandement
à Sigefroy ; ^ collègue .& parent du duc que
l’empereur' avoit fait.lâchement affaffinër. La ville
de Pontôife fut prife & brûlée par ces farouches
vainqueurs qui , fiers de ces premiers fucces,
vinrent mettre le fiège devant. Paris. Cette ville
eût été forcée de leur ouvrir fes portes, fans
l’étonnante valeur d’Odon ou Eudes illuftre
comte, que :fes héroïques vêrtus placèrent dans
la fuite fur le trône. Les Parifiens, après dix-huit
mois, de fiège, foudroient toutes les incommodités
de la guerre , lorfque le roi parut ' aux environs
de Montmartre, encore éloigné de la ville:
qui ne confiftoit alors que dans le quartier appellé
la Cité. Le monarque , quoiqu’à : la tête d?une-
armée infiniment plus nombreufe que celle des-
ennemis, n’ofa tenter l’évènement d’une bataille,
bien différent des braves Parifierts qui s’expoloient
chaque: jour à périr fur la brèche, il ne parut
devant les Normands que pour demander la; paix ,
qu’il obtint, à des-^conditions humiliantes ; il-s’obligea
à leur-donner» fept cents livres pefant d’argent;
& comme il ufoit de délais pour leur remettre
cette- fomme , il leur donna la Bourgogne
en ôtage. Charles, après ce honteux traité.,- reprit
le chemin ■ de la Germanie ;; chargé: de la
haine & du mépris des François [qui , ! fâchés; , de
voir leur feeptre en- des mains fifoiblés, formèrent
le projet de’ le reprendre. -Eudes augmentoit
les murmures qù’avoit ocafionnés» la conduite de
C h a r le s 'voyant- bien., par l’inclination de fes
compatriotes, qu’il : lui ferôit facile de fe former
un trône des débris dé celui de ce monarque.
Charles, avoit un puiffant foutien dans Ludouart,
évêque de Verceil, fon chancelier & fon premier
minifirè. Les grands , »convaincus de la fupériorité
de génie du prélat , ; fentirent que tant qu’il foroit à la' têre ’dès affaire sil leur feroit impoffible d’exécuter
leurs pernicieux deffeins , qui-en réduifant
le monarque : au plus! affreux malh’eur ; ne firent
qu’augmenter leurs maux. Ils formèrent la réfolu--
tion de le perdre, & ce fut auprès du roi qu’on
l’accufa; chaque jour on lui faifoit de nouveaux
reproches.; Charles'convaincu de: l’intégrité, de fon
minifirè j lui 'continnoit fa f a v e u rm a is que . ne
; peut la haine excitée par Fênvie & par l’ambition !
L’impératrice Richarde , princeffe piéufe à l’excès,
vivoit à la cour avec l’auftérité d?une cénobite ;
& quoiqu’elle comptât dix années de mariage, ja-
| mais elle n’en avoit goûté les douceiirs. On. publia
I que la religion de l’impératrice n’étoit qu’un jeu
pour mieux cacher» fes coupables dégoûts.,. & que
cette1 époufe, fi chafie dans le lit nuptial;, fe profti-
tuoit avec le minifirè. Charles , trop facile à féduire,
I ajouta foi à ces calomnies; fe livrant à tous les
excès d’une amé foupçonneufe & jaloufe-, U chaflk
Ludouart. avec fcandale & répudia la vertueufe
Richarde. Un repentir amer fuivit de près la perte
de l’époufe & la dégradation du minifirè : fa confidence
délicate fut déchirée de remords ; convaincu
de leur innocence, il forma le projet de les rap-
peller l’un & l’autre ; fes volontés furent mal fui*
vies ,' les grands le précipitèrent lui-même dans
l’abÿme. Convoqués à une affgmblée générale, ils
né s’y rendirent que pour lui ravir ,1a couronne.
Jamais révolution ne fut pliis prompte ; Charles ;
qui un inftant auparavant donnoit des loix à tous
les peuples, depuis la mer Adriatique jufqu’à la
Manche , & de la Viftule à l’Ebre ; empereur &
roi d’Italie, d’Allemagne & de France , efi tout-à-
coup renveffé de tant de trônes:; il tombe dans
rabandon lé- pltis affreux ;• fès propres doxnefiiques
l’outragent ; .réduit à v iv re , d’atimp.nes ,. c’eft au-\
près d’Arnoul bâtard: de fa maifon , que le fort
élève à, fa place;, qu’il efi forcé de mendier ces,
foibles & humilians fecours : « Vous êtes, lui dit-
i l , j? fur un trône que j’occupois il y a-peu de
» joiirs... . . . . confidérez mon infortune, & ne
jj; fouffrez pas.qu’un r,oi de votre fang &•,qui,fut
jj lé vôtre, manqué dè ce que vous donnez aux
j> pauvres. >j. : Arnoul,, poffeffeur tranquille de la
plus belle partie dé, fes états, eut peine à lui accorder
le revènu de trois villages: le prince dégradé
ne put furvivre à fa difgrace, le chagrin
termina fes jours deux mois .après.-cette horrible
cataftrophê ( quelques - uns prétendent qu’il fut
étranglé par les ordres ffecretSi d’Arnoul ) , il mourut
danS la troifième année de fon. règne, & dans
la neuvième de fon empire. On l’inhiima au mo-
nafière de Richenoue, dans une :île du lac de
Confiance. Ce fut un prince jufte, bienfaifant &
dévot jufqù’à la foiblefle : il fut malheureux, parce
que pour fe foutenir fur un trône agité par tant
d’orages, il falloir plus de' talent que de bonté,
plus d’efprit que de vertu. Il ne laiffa point d’en-:
fans légitimes , chofe, dit un moderne, la,plus
effentielle au repos des fouvérains.
. La mort de ce • prince efi la véritable époque de
la chûte de la famille, des Pépin; ce fut des débris
dé- fon trône que fe formèrent ces principautés,
connues fous différens noms; en Francé & en Italie,
les duchés & les comtés; en Allemagne les margraviats
,: les, lantgraviats, récompenfes amovibles
jûfqù’alors, devinrent1 des états indépendâns , que
s’arrogèrent les complices de la dégradation de l’infortuné
Charles.t Si dans la fuite leur propre iléceffité les
força de fe réunir fous un chef, ce ne fut plus un fou-
verain, mais un égal qui, revêtu d’un titre pompeux *
n’a voit aucun droit à leur obéiffance. L’Italie, la
Germanie & la France,unies depuisplufieurs fiècles,
formèrent des états féparés où régnèrent une
s foule de petits tyrans, acharnés l’un l’autre à fe
détruire. {T—N.)
Charles-àe-Gras; queM. Turpin, appelle mal-
t à-.propos Charles I I I c om m e il appelle Charles