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fon archkeéhirè régulière & majeftueufe n’a point
éprouvé l’injure des temps, excepté du côté du nord.
Ces pyramides avoient été deftinées à être le tombeau
de leurs auteurs; mais les complices de leur ty rannie
eurent la politique de cacher le lieu de leur
fépulture, perfuadés que le peuple qui s’érigeoit
en juge de Tes rois après leur mort, les iroit arracher
de leur tombeau pour flétrir leur mémoire.
L’Egypte, pendant ces deux règnes, feinbla n’être
habitée que par des efclaves qui n’ofoient brifer
leurs chaînes. Cephrençs-,abhorré,jouit pendant toute
fa vie d’un calme qui n’eft pas toujours larécom-
penfe des rois citoyens. { T — n .)
CERCEAU (Je an -A n to in e d u ) {Biß. litt. mod.\
c’eft le P. du Cerceau jéfuite, renommé dans fon
ordre par les agrémens de fon efprit. Il eft auteur
de poéfies latines, aujourd’hui très - ignorées, &
de poéfies françoifes, aujourd’hui affez négligées,
pgj mi lefquelles' on diftingue le conte de la nouvelle
Eve. On a de lui des comédies compofées pour les
écoliers du collège de Louis-le-Grand, 8c parmi lefquelles
on peut aufii diftinguer la pièce qui a pour
titre : P Enfant prodigue. L’auteur y fuit l ’évangile
à la lettre, 8c par conféquent la pièce n’a aùcun
mérite d’invention; mais elle eft quelquefois touchante
, parce que l’original eft touchant. Ces pièces
ont été imprimées en deux volumes in-12, On à :
encore du P. du Cerceau des Réf exions fur la poéfie
françoife, une Hifoire de la dernière révolution de
Perfe. Une Hi foirede la conjuration de Rienfi, qui
eft fon ouvrage le plus connu, 8c auquel le P. Bru-
moi a mis la dernière main. Le P. du Cerceau a travaillé
au journal de Trévoux & oh y diftingue fes extraits.
En 1703, le P. du Cerceau eut affaire à Boileau ;
ils’agiffoit du livre des Flagellanscompofé par l’abbé.
Boileau fon frère, -8c dont le P. du Cerceau avoit
fait la critique ( Voye\ l ’art. B o il e a u ). C’eft à ce
fujet que Boileau,pour venger fon frère 8c fe venger
lui-même des Jéfuites qui avoient déjà fait contre
lui quelques a&es d’hoftilité, fit bette épigramme :
Non, le livre des Fl&gellans
N’a jamais^condamné, lifez-ie bien, mes pères ,
., ' Ces rigidités falutaires
Que , pour ravir le ciel , faintement violens,
■ Exercent fur lents corps tant de Chrétiens auftères :
Il blâme feükment cet abus odieux
' D’ëtraler & d’offrir aux yeux
Ce que leur doit toujours cacher la bienféance ,
Et combat vivement la fau-fle piété,
Qui, fous couleur d’éteindre en nous la volupté ,
Par l’auftérité même & par la pénitence ,
Sait allumer le feu de la lubricité.
La querelle ne fut pas pouffée plus loin;.le père
du Cerceau n’avoit le goût ni de la fatyre ni de la
difpüte.
M.. Greffet lui a rendu le témoignage le plus
avantageux.
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Ainfi penfoit l’ amufaqt du Cerceau J
Sage enjoué , vertueux fans rudeffe, ,
Des fages faux évitant la trifteffe, £
Il badina fans s’écarter du beau
Et fans jamais effrayer lafagefleî-
Ainfi les traits de fon heureux pinceau-
Plairont toujours , & de races en races
Vivront gravés dans les faites des grâces.
La poftérité n’a pas été aufli favorable au P. du-
Cerceau que M. Greffet f alors fon confrère; les
traits de fon foible pinceau n’ont point vécu 8c ne
plaifent plus ; il badine, mais fans ànïufer, & c’eft
de M. Greffet feul qu’il faut dire ce qu’il difoit du
P. du Cerceau, celui - ci avoit de là facilité 8c. de
la gaieté; mais qu’eft-ce que la facilité fans talent?
qu’eft-ce que la gaieté qui ne fait pas rire? le P.
du Cerceau mourut fubitement en 1730- à Véret,
maifon de M. le duc d’A iguillon, dans la Touraine,
au retour d’uh voyage ou il aceompagnoit madame
la princeffe de Cortii.
CERCLES ( H if . mod. ) à ans l’empire d’Allemagne
, ce font dès efpèces de généralités, ou dif~
tria s, qui comprennent chacune les princes , les
abbés , les comtes , & les ailles, qui peuvent par
leur voifinage s’affemblèr commodément pour les»
affaires communes de leurs diftriéts ou provinces..
Ce fut Maximilien I , qui, en 1500, établit cette
divifion générale des états: de l’Empire en fix parties
, fous le nom de cereles : fa voir, en ceux de
Frànconie, de Bavière , de Suabe, du Rhin , de
Wëftphalie , & de baffe-Saxe.; il y ajouta , ens
1512 , ceux d’Autriche , de Bourgogne , du bas-
Rhin , & celui delà haute-Saxe ; difpofirions que
Charles - Quint confirma à la diète de Nuremberg
tenue en 1522.- La Bourgogne n’avpit pourtant pas
fait originairement partie de l’Empire :: mais les-
empereurs de la maifon d’Autriche, qui étoient
| alors en poffeflion des états de celle de Bourgogne,
furent bien-aifes de l’y annexer., afin d’intére'ffer
tout l’Empire à leur défenfe & à leur confervation*
Charles V , fit même pour ce fujet une bulle en
1548 : mais Conringins remarque que la branche
d’Autriche établie en Efpagne, n’ayant jamais accepté
cette bulle, le cercle de Bourgogne n’a jamais
été non plus véritablement de l’Empire, 8c qu’il
ne fourniffoit ni ne payoit aucun contingent. Oit
ne laiffe pas que de le compter parmi les cercles ,
dont voici les noms tels qu’ils font écrits dans là
matricule de VEmpire, quoique le rang qu’ils y tiennent
n’^it jamais été bien réglé , & que la plupart
d’entr’eux, fur-tout celui du bas - Rhin qui comprend
quatre électeurs , ne conviennent pas de
l’ordre que leur afiigne cette matricule 1 Autriche>
Bourgogne , Bavière, bas-Rhin , Haute -Saxe , Fran.-
conie, Suabe, haut - Rhin , Wefphaüe, baffe-S axe.
Dès la première inftitution des cercles , pour y
maintenir une police uniforme , on établit dans
chacun , des directeurs ou chefs choifis entre les
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plus puiftans priftees, foit eccléfiâftiques, foit fé-
culiers, membres de ce cercle, auxquels on attribua
le droit de convoquer, quand la néceflïté le
requerroit, l’affemblée des états de leur cercle , ou
province ; on établit aufli un colonel, des capitaines
, & des affeffeurs, afin que de concert avec
eux , les direâeurs puffent régler les affaires du
cercle ; ordonner des impofitions, & les repartir;
veiller à la tranquillité commune 8c particulière ;
mettre à exécution les conftifutions des dietes, les
décrets de l’empereur, &ceux du confeil aulique
& de la chambre impériale ; avoir infpeCtion fur
les tribunaux, les monnoies, les péages, & d’autres
parties du gouvernement. Outre ces réglemens
généraux , & qui regardoient le bien de tout l’Empire
, on en fit de particuliers pour chaque cercle,
& principalement pour la manière dont les colonels
& les affeffeurs , de la participation & de
l’aveu des directeurs, auroient à en ufer dans chaque
cercle , 8c même à l’égard les uns des autres
pour leur commune confervation.
Les cercles font enfemble des affociations pour
leur fûreté, 8c les princes étrangers envoyent à
leurs affemblées des miniftres , avec le titre de
réfutent ou d’envoyé. Ën qualité de membre de
l’Empire., ils payent deux fortes de taxe : l’une
ordinaire , que chaque cercle fournit en deux termes
égaux tous les ans pour l’entretien de la chambre
impériale ; & l’autre extraordinaire, qui fe paye
par mois , & qu’on nomme mois romains. (G)
,CERDA ( l a ) {H if. mod.). Ferdinand de la
Cerda , fils aîné d’Alphonfe X , roi de Caftille ,
au treizième fiècle , étoit mort du vivant de fon
père , làiffant deux fils de Blanche de France, fille
de faint Louis : favoir, AJphonfe 8c Ferdinand.
C ’étoit à l’aîné de ces deux princes que devoit
appartenir la couronne après la mort d’Àlphonfe,
fon aïeul ; mais Sanche, fécond fils d’Alphonfe X ,
prétendant, contre l’ufage de prefque toutes les
nations, que la repréfenration n’avoit point lieu en
Efpagne , même en ligne direCle, s’étoit fait re-
connoître pour héritier , de l’aveu d’Alphonfe fon
père. Blanche mena fes fils à la cour du roi d’Arragon,
dont elle crut pouvoir implorer l’appui,
parce qu’elle l’avoit vu ennemi du roi de Caftille,
à l’occafion de l’héritière de Navarre , dont l’un &
l’autre avoit voulu s’affurer, & qui époula dans
la fuite Philippe-lë'-Bel, roi de France ; mais le
roi de Caftille ayant regagné le roi d’Arragon ,
celui-ci renvoya Blanche de France, & retint fes
fils prifonniers. Blanché»fe fauva en France , 8c
pour fes intérêts 8c pour ceux de fes fils, Philippe
le-Hardi s’engagea dans iine guerre contre la Caf-
tille. Edouard I , roi d’Angleterre , la fit interrompre
par une trêve entre les deux rois. Le fort des
la. Cerda refta le même. Dans la fuite , Sanche ne
fut pas moins ingrat envers Alphonfe fon père ,
' qu’injuftè envers les là Cerda , fes neveux. Al-
plionfe , pour fe venger, le déshérita par fon tef-
tament, & rappella les la Cerda, fes petits-fils,
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au défaut defquel’s il appelloit Philippe-le-Hardi *
qui avoit des droits du chef de Blanche de Caftille
fou ayeulë. Ce teftament pouvoit faire renaître la
guerre, Sanche, qui le craignoit, voulut , après la
mort de Philippe-le-Hardi, qui fuivit de près celler
d’Àlphonfe X , donner quelque fatisfaâion à Phi*
lippe-le-Bel au fujet des la Cerda ; mais il falloit
d’abord, tirer ceux-ci des mains du roi d’Arragon,
qui les refufa , pour avoir toujours de quoi inquiéter
le roi de Caftille , dont il étoit prefque
toujours l’ennemi en Efpagne , comme il l’étoit
des François en Sicile. Sanche alors traita, par
l’entremife. du roi d’Angleterre , avec Philippe le-
Bel ; il promit de donner le royaume de Murcie
à l’aîné des la Cerda, 8c des terres au fécond. Le
roi d’Arragon, appren nt ce traité conclu fans fa
participation , mit en liberté les la Cerda, n’exigeant
d’eux que de défendre leurs droits , 8c de
ne point fouferire à l’accord'fait avec Philippe.
Celui - ci fut piqué du peu de déférence des la Cerda.
Sanche mit à profit ce mécontentement , 8c dans
une éntrevue de Philippe 8c de Sanche, à Bayonne Jj
Philippe abandonna les la Cerda , fes couhns, 8c
renonça même à fes droits fur la Caftille. Mais
la France fut l’afyie de cette race aùgufte Si mal-
heureufe. Le connétable Charles d’Efpagne de la
Cerda > favori du roi Jean , àffaffmé en 1354 Par
le roi de Navarre, Charles-le-Mauvais; étoit^de
cette maifon de la Cerda. Louis d’Efpagne fon frère-
8c lu i, jouiffoient en France du rang 8c déshonneurs
dus à leur naiffance royale oc aux liaifons
de parenté qu’ils avoient avec nos rois.
Ce nom de la Cerda eft célèbre aufli dans les
lettres. Un poëte efpagnol de ce nom a fait des
tragédies eftimées en Efpagne.
C e r d a (Jean-Louis de la ) , jéfuite de Tolède,
eft connu par un long commentaire fur'Virgile ,
8c il y a de lui un autre commentaire fur Tertul-
lien ; il mourut en 1643. ■ . . .
I C e r d a ( Melchior de la ) , autre jéfuite efpagnol,
I mort en 1625 , eft auteur de quelques traités de
grammaire 8c de rhétorique,
j On a aufli un recueil de poéfies, Am volume
! de comédies, 8c un poëme intitulé : Efpagita li-
| b e rata de Bernarde Ferreira de la C e r d a , Portu-
gaife, dont on vantoit, indépendamment du talent
d’écrire , les grandes eonnoiffa'nces, non-feulement
I dans les belles-lettres , mais encore dans le s ,mathématiques.
Elle vivoit au commencement du
dix - feptiéme fiècle.
CÉRESTE, un des noms de la maifon de Bran-
cas. Voyeç B r a n c a s . .
| C ER E T A , CERETUS, ( H if. lltt. mod. ) Laura
Cereta , favante Breffane , dont on a des lettres,
publiées en-1640 par Philippe Tomaflini. Elle vi-
vqit dans le quinzième fiècle.
j - Daniel Gerefc/5, médecin Breflan, vivoit en 1470.
i Qn a de lui quelques poéfies latines , dans le San-
' nafar d’Amfterdam , 1728, in-8°.
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