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Budée fut grand, Danès plus grand, Budée con-
noilToit les grecs, Danès en connoiffoit a autres
encore. ( Voye^ l ’article Bu d é e . )
■ Danès avoit une forte d’univerfalité de connoif-
fances ; il é toit, dit Génébrard fon difciple, grand
orateur, grand philofopke , bon mathématicien , bien
verfé en médecine & en théologie.
Il contribua beaucoup par fes avis à l’établifle-
fnent du collège r o y a l, où il fut le premier pro-
fefleur de grec. 11 favoit très-bien les trois-langues
qu’on y enfeignoit, il eût pu les enfeigner toutes
les trois, mais Voulté l’accufe de leur avoir un
peu facrifié fa langue maternelle:
Cur non tain Gallo Gallica lingua placet ?
Reproche fait à tant de favans, mais qu’il eft
étonnant que Danès ait mérité, lui qui avoit encore
plus d’efprit que de fcience. Il donna en 1533
une édition de Pline , fous le nom d’un de fes do-
meftiques comme M. deSallo publia les premiers
volumes du journal des favans, fous le nom du
fieur de Hedouville fon laquais. On dit que c’étoit
par modeftie, mais cette modeftie reffemble trop
à l’orgueil i arbare qui rougiffoit autrefois du titre
d’auteur, titre qui de tout temps, & fur-tout du
nôtre', a illuflré des rois. Danès aida beaucoup
George de Selve fon difciple , & avant lui évêque
de Lavaur , dans la traduction de Plutarque, dont
le premier volume parut à Paris en 1535.
Cette même année 1535, Danès quitta la chaire
du collège royal où il avoit été nommé.vers 1530,
& fuivit en Italie le même de Selve , évêque de
Lavaur , ambafîadeur à Venife. L’objet de Danès
étoit de converfer avec des favans, de chercher,
de conférer, de corriger des manuferits. Cet objet
fut rempli. Trincavel-, imprimeur, à Venife, lai
dédia les que fiions £ Aphrodifée, & reconnut publiquement
combien Danès lui avoit été utile ,
foitpour l’édition de cet ouvrage , foit pour celle
de beaucoup d’autres auteurs grecs.
Danès fervoit l’état de plus d’une manière; en
1536 Charles-Quint ayant fait au confiftoire une
violente fatyre contre François I , Danes la réfuta
par une lettre apologétique pour François I , qu’il
compofa en latin ; il fut auffi chargé de diverfes
négociations auprès du pape & de pîufieiirs fou-
verains d’Italie. Ce fut vers ce temps qu’il fit un
Traité de Vambajjfadeur. En 1537, revenu en France,
il fut arbitre dans la fameufe difpirte entre Ramus
& Govea fur Ariftote. Dans la fuite on l’envoya
deux fois au concile de Trente. Il y porta la parole
au nom du roi ; il parla beaucoup de réformer la
cour de Rome ; on fait qu’un évêque italien ( Sé-
baflien Vance, évêque d’O rviète ) , traitant ce
difcoars de chanfon, dit avec dérifion : Gallus.
cqntat, à quoi Danès répliqua fùr-le-champ : Uti-
nam ad galli cantum Petrus rejîpifccret l D ’autres di-
DAN
fen't que c'étoit Nicolas Pfaume, évêque de VeN
dun , qui parloit contre les abus de la cour de
Rome, mais ce fut toujours Danès qui fit la rer
pliqùe.
Henri II fit Danès précepteur & confefleür da
dauphin, qui fut depuis le roi François II, il le
fit auffi évêque de Lavaur à la mort de George
de Selve, alors Danès ne fut plus qu’évêque. „
Langues, philofophie, belles-lettres , il facrifia tout
à la religion-, à la pratique des vertus paftoralfes.
Il fut toujours l’ami des favans, mais beaucoup
plus encore le père des malheureux. La bienfaifance
& la générofité parurent toujours diflinguer fon
caraâère. Député à Paris par le clergé de fa province
, il. refufa une fomme qui lui avoit été affi-
gnée pour les frais de fon voyage. T acheté roi s ,
dit-il, Fhonneur de vous fervir.
Pendant les guerres civiles , fous Charles IX 9
il fut fait prifonnier par un foldat huguenot, q u i,
refpeftant fa vertu , & non moins généreux que
lu i, le relâcha fans rançon. Les huguenots ont
pourtant accufé Danès d’intolérance; il né paroît
pas qu’il ait mérité ce reproche.
En 1576» fous Henri I I I , Danès voulut fe démettre
de fon évêché en faveur du fameux Génébrard
, profefleur d’hebreu au collège ro y a l,
mais celui-ci n’ayant obtenu que l’agrément du
roi & n’ayant pu avoir celui des minières , fe vit
préférer Pierre du Faur, frère de Pibrac. Génébrard
, dé dépit, fe fit ligueur & eut l’archevêché
d’Aix par la faveur du duc de Mayenne. Là ,. il ne
eeflà d’éclater contre Henri IV. Le parlement
d’A ix fit brûler quelques-uns de fes écrits & le
bannit lui-même du royaume. Mais Danès mort
en 15 7 7, n’avoit vu que fes talens & fa fcience ,
il n’avoit point vu fes écarts ; Génébrard , digne
encore alors d’être fon ami, fit fon ©raifon funèbre
& f©n épitaphe. Danès avoit été marié , il avoit
eu un fils, il le perdit étant évêque. Dieu, dit-il,
en pleurant, ne ma donc laiffé que les pauvres pour
en fans.
Le préfident Durant, premier préfident du parlement
de Touloufe, acheta la bibliothèque de
Danès, & il acheta, dit - on ,ven même-temps les
matériaux tout rédigés du livre, De ritïbus ecclefios,
catholicce, qu’il publia depuis fous fon propre nom.
Mais ce fait eft très-contefté.
On dit auffi que Danès eft le véritable auteur
du dixième livre de THiftoire de France, de Paul
Emile.
DAN ET ( Pie r r e ) ( Hifi. litt. m»d. ) connu
par fes diâionnaires latin-françois & françois-latin.
Il fut du nombre de ceux qu’on appelle Jnterprètes
dauphins, choifis par le duc de Mon taufier & par
M. Boflùet. Le Phèdre lui tomba en partage. Mort
en 1709.
DANG EAU (Hifi, litt, mod. ) Les deux frère«
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'Dangeau, Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau,
& Louis de Courcillon, abbé de Dangeau ,
ont été heureux en hiftoriens; M. de Fontenelle
a fait l’éloge hiftorique du premier, qui étoit de
l’académie des fciences> & M. d’Alembert du fécond
, qui étoit de l’académie françoife , nous ne
ferons qu’indiquer fommairement ce qu’ils ont développé.
Le marquis de Dangeau, premier colonel du
régiment du r o i, gouverneur de Touraine , le
premier des fix menins que Louis XLV avoit
donnés-au dauphin fon fils , chevalier d honneur
des deux dauphines de Bavière & de Savoie,
confeiller d’état d’épée, chevalier des ordres du
r o i, grand-maître des ordres royaux & militaires
de Notre - Dame du Mont-Carmel, & de Saint-
Lazare de Jérufalem , fervit avec diftinétion &
dans les armées & dans les négociations ; mais
c’eft fur-tout comme courtifan,n’ayant jamais abufé
de fa faveur, qu’il eft célèbre. Ayant employé le
loifir de la paix des Pyrénées à fervir 1 Efpagne
contre le Portugal, au lieu que les autres françois
fervoient le Portugal contre l'Efpagne, il fe rendit
par là fort agréable aux deux reines, mere &
femme de Louis X IV , qui étoient toutes deux ef-
pagnoles, il fut de leur jeu, bientôt il futjde celui
de Louis X IV , il y fit fortune; & réuffit d’ailleurs
à la cour auprès de tout le monde. Il faifoit
des vers agréables, ce talent lui réuffit encore ;
il obtint ou plutôt il conquit un appartement au
château de Saint-Germain-, en faifant pendant le
jeu une pièce de cent vers ( condition preferite
par Louis XIV ) fans avoir eu la moindre diftrac-
tion & fans avoir perdu aucun de fes avantages.
Le roi & madame voulant avoir enfemble un commerce
d’efprit &d e vers, prirent chacun à l’infçu
l ’un de l’autre le marquis de Dangeau pour confident
& pour poète ; il faifoit les lettres & les réponfes.
Il lui avoit été ordonné de part & d’autre, dit
M. de Fontenelle, « de ne pas faire trop bien ,
mais..... qui fait s’il ne fit pas de fon mieux ex-
. près pour être découvert ? Il fut reçu honoraire
à l’académie des fciences en 170^. Il étoit auffi
de l’académie françoife & dès 1608. Il mourut le«
9 feptembre 1720. Il étoit né le 21 feptembre
1638. C’eft à lui que Boileau adrefle fa cinquième
Satire fur la noblejfe, imitée de la huitième de Ju-
vénal.’On a de lui des mémoires dont M. de Voltaire
dit quelquefois trop de mal, & dont il a fait
beaucoup d’ufage dans le fiècle de Louis XIV.
■ L’abbé de Dangeau fon frère , a laifie plufieurs
ouvrages utiles, mais c’eft fur-tout comme grammairien
qu’il eft célèbre. On ne connoît que trop
cette injufte & très-injufte épigramme. -
3e fens que je deviens purifte ,
J’épluche jufqu’au moindre mot,
Je fuis les Dangeaux à la pifte,
Je pourxois bien n’ê^re qu’un foi.,
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On *e pouvoit mériter moins cette dure épi-
tliète , ni fe rendre plus utiles aux lettres que le
firent meilleurs de Dangeau dans des occafions délicates
St importantes , ou il s’agiffoit de maintenir
la liberté & l’égalité académiques , attaquées dans
le fein même de l’académie. M. d Alembert, dit
que l’académie leur doit l’infeription r Ob cives
fervatos. Monfieur l’abbé de Dangeau , qui favoit
prefque toutes les langues étrangères, avoit
fait une étude profonde delà fienne, & faifoit lui-
mêm^avec efprit les honneurs de fon goût pour
la grammaire. Dans le temps où le fyflême agitoit
tous les efprits , fie ou chacun faifoit fes fpeculations
fur un avenir incertain & redoutable, il arrivera
ce qui pourra, dit gaiement l’abbé de Dangeau , j ai
'dans mon porte-feuille deux mille verbes françois bien
conjugués. Il fe comparoit plus gaiement encore a ce
grammairien triftement enthoufiafte, quidifoit, en
pouffant un profond foupir : ha ! les participes
ne font pas connus en France ! .
L’abbé de Dangeau avoit converti un incrédule,
Se celui-ci étoit devenu fuperftîtieux par la facilite
qu’ont les hommes de rapprocher les extrêmes :
à peine, difoit l’abbé de Dangeau , ai-je^ eu prouvé
à cet étourdi l ’éxifience_ de Dieu , que je l aï vu tout
prêt à croire au baptême des cloches.
Les principaux ouvrages de l’abbé de Dangeau,
outre fes Réflexions fur toutes les parties de la grammaire
, font des méthodes ingénieufes pour apprendre
la géographie , le blazon, l’hiftoire. de
1 France. Il y .a auffi de lui un Traité de VéleBion
de l’empereur, fit il eft l’auteur des Dialogues fur
[ l’immortalité de l ’a me, attribués à l’abbé de Choify.
L’abbé de Dangeau étoit ne a Paris en 1643* H
avoit été reçu à l’académie françoife le 26 février
1682, à la place de l’abbé Cotin. Il mourut en
i 7a 3-
DANIEL ( Hifl facr. ) , un des quatre grands
prophètes, dont toute l’hiftoire eft contenue dans
les quatorze chapitres du livre de la bible qui porte
fon nom.
Ce nom de Daniel eft au fficelui de quelques
gens de lettres connus, tels que :
i ° . DANIEL ( A r n a u d ) {Hifi. lut. mod. ) , gentilhomme
de Tarafcon , troubadour du douzième
fiècle, que Pétrarque mettoit à la tête des poètes
provençaux & qu’il faifoit glcire d’imiter.
20. DANIEL ( G a b r ie l . ) C ’eft le fameuxjéfuite;
auteur de divers ouvrages connus. Il écrivit contre
Defcaftes , dans un temps où Newton n’ayant pas
écrit, c’étoit bien plus par de vieux préjugés , que
par de nouvelles lumières , qu’on écrivoit contre
Defcartes ; c ’eft ce qu’on appelle le Voyage■ du
monde de Defcartes ; il écrivit contre Pafcal, tache
de jéfuite, écrit regardé aujourd’hui comme non
avenu, quoique dans le temps il ait été traduit