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capitale du Weffex; & , après avoir maffacré les
hâbitans de cette v ille , ils la rèdiiifirent en cendres.
Ofrich & Ethehyolph, coin tes Weftfaxons, affem-
blèrent à la hâte quelques troupes, arrêtèrent ces
brigands au milieu de leur courfe, les battirent,
les obligèrent d’abandonner une partie du but;n
qu’ils avoient fait & de fe remettre en mer. Les
Danois ne tardèrent point à revenir en plus grand
nombre," & abordèrent dans File de.Thanet, où
relièrent quelque temps, fe propofant de recommencer,
aum-tôt que1 les circonftances le leur per-
mettroient,leurs incurfions & leur rzwzps.Ethelbert,
hors d’état de les-repouffer par la force, leur offrit
de l’argent, à condition qu’ils fe retireroient. Les
Danois promirent tout, reçurent les fommes convenues,
fortirent à la vérité de l’île de Thanet,
mais allèrent fe jeter dans le pays de Kent,'qu’ils
mirent à feu & à fang. L’atrocité de cette perfidie
révolta Ethelbert, qui, voyant que la force feule
pcurroit délivrer fes états de femblables brigands,
fit les plus grands efforts pour relever le courage
abattu des Anglois : il raffembla une armée, &
il fe propofoit d’attaquer les Danois & de leur arracher
le butin dont ils étoient chargés, lorfqu’in-
forsnés de fes deffeins, les Danois, au lieu de
retourner fur leurs pas , fe rembarquèrent prompte
ment, fans qu’il fût poffible aux Anglois de les
arrêter. Voilà tout ce qu’on fait # Ethelbert % qui,
• après un règne,de fix ans, mourut en 866, b i f fant
deux fils , Adhélin & Ethelward, qui ne lui
fuccédèrent point: fa couronne paffa fur la tête de
•fon frère Ethelred, en vertu du teftament d’Ethei?
ivolph. ( L. C. )
• ETHELRED I. ( Hijl. £ Angleterre. ) Si la confiance
& la vertu ne l’euffent élevé au-deffus des ■
difgraces & des rigueurs du fort', Ethelred eût -été
le plus malheureux des hommes; car, malgré fa
•prudence, fa valeur & fon patriotifmp, il n’éprou-
-va queues revers; & , depuis fon avènement au
trôné jufqu’au moment fatal où la mort l’en fit
tomber, fon ame fenfible & généreufe fut accablée
de chagrins, abreuvé,e d’amertume. Le fceptre
d'Ethelbert fon frère avoit paffé dans fes mains ,
& perlbnne n’étoit plus capable que lui de tenir
• les rênes du gouvernement. La nation, pénétrée
d’eftime &• de refpeâ poiir fes rares qualités, fe
iivroit aux plus fiatteufes efpérances'; & l’on ne
douro'it point quelles n’euffent été remplies, fi les
Danois, anciens & implacables ennemis de l’Angleterre,
n’euffent fait fuccéder à ces premiers
momens d’allégreffe publique le trouble, le dé-
fordrè , le ravage & la mort. Ils commencèrent par
envahir & dêvafter le Northumberland, fubjuguè-
rent l’Èftanglie, infeftèrent la Mercie, qu’ils mirerit
à rançon, allèrent dans le Weffex continuer le cours
de leurs déprédations; & ne ceffèrent d’y exercer
ïé p|us horrible brigandage , malgré la valeur d’£ -
thelred, qui en mourant eut la douleur ÿe laiffer
çç§ dévaftateurs au miiieii de fon royaumç»
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Tels furent les événemens, ou plutôt, tel fut Le
déplorable enchaînement des calamités qui remplirent
le règne d'Ethelred I. Cette fuite de malheurs
étoit l’inévitable effet de la mésintelligence qui di vi-
foit les fouverains de l’Angieterre. L’autorité dés
rois de Weffex furies royaumes de Mercie, dvE£*
tanglie & de Northumberland, établie par Egberf,
s’étoit confidérablement affoibiie fous Erhelwolph
& fes enfans, foit par l’incapacité de ceux-ci, foit
parles in vafions fréquentes des Danois, qui avoient
donné trop d’inquiétude & trop d’occupation aux
fouverains du AVeffex, pour qu’ils puffent fonger
en meme temps à défendre leurs propres états , ■
& venger les atteintes portées à leur puiffance
dans ces trois royaumes éloignés. Prompts àfaifir
les circonftances, & habiles à profiter des troubles
du Weffex, les Northumbres avoient été les
premiers à s’affranchir de l’efpèce de fervitude à
laquelle i's avoient iété forcés de fe foumettréî
mais plus heureux fous la dépendance des fuccel-,
feurs d’Egbert, qu’ils ne l’a voient été par la liberté,
qu’ils s’étbient procurée, depuis qu’ils avoient
acquis cette liberté, i’efprit de licence & de haine,
le choc des faâions & le feu de la guerre^ civile
les avoient long-temps agités. Cependant, épuifés
à force de s’entre-détruire, leur animofité avoit
perdu de fa violence, & les fa&ions jufqu’alors
divifées s’étoient réunies en faveur d’Osbert, que ,
d’un concert unanime, les Northumbres avoient
placé fur le trône. Ils croyoient avoir fixé la tranquillité
publique , lorfqüe le même événement qui
jadis brifa chez les Romains le fceptre de la royauté,
replongea les Northumbres & l’Angleterre entière
dans la plus déplorable des fùuations. Osbert,
- revenant de la chaffe, entra dans le château du
comte de Bruen Bocard, l’uri des principaux fei-
gneurs de fa cour , abfent alors, & chargé de la
garde "des cotes contre lèjs courfes des Danois.
L’époufe dç Bruen, jeune, belle & vertueufe, reçut
Osbert aveç tout le refpe$: qu’elle devoit à fou
fouyerain; mais malheureusement, fa beauté, fes
graegi & fon" zèle firent une fi vive impreftion
fur l’ame d’OsbèrfjV qù’il én devint éperdument
i 'amoureux : empreffè d’aflbuvir fapaffion ; ilréfolut
de fe fatisfaire à l’inftant même, foit !de gré, foit
de fofee. Dans cette vue, fous prétexte d’avoir quelques
affaires importantes à communiquer a là jeune
comteffe , il l’emmena dans l’appartement le plus
reculé du château; & là , infenfible aux prières,
aux larmes , aux cris, au défefpoir de fa viétime,
& fpulant aux pieds de la plus .outrageante manière
les loi* de la décence & les droits de l’hofpitalité,
il fatisfit la fougue & la brutalité de fes defirs. A
peine il fe fut retiré que la comteffe furieufq
- fe hâta d’aller informer foi)'époux de fon injure
& de fa honte : Bruen, rempli d’indignation 8c
tout entier à lg vengeance, fouleva fès concitoyens,
étpgrvint, à force d’intrigues, à détacher de l’obéif-
fance d’Ô sbert'les Berniçiens, qui, le regardait
çojnmeln'dighé de porter la couronne, choifirent
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iEllapour leur roi, Ceux d’entre les Northumbres
.qui avoient refufé de prendre part à l’injure de
;Bruen, reftèrent fidèles à Osbert : il-fe forma deux
iaâions puiffantes, & la .royauté divifée ralluma
les feux mal éteints de la guerre civile. Les deux
irois tentèrent vainement de terminer la querelle
parles armes ; l’égalité de leurs forces les maintint
4’un & l ’autre , & ne Tut fatale qu’à la patrie ,
.twiir-à-toiir ravagée par les deux fa&ions. Mais
la vengeancexle Bruen n’étoit qu’à demi fatisfaite.;
.c’étoit la .ruine entière & la mort d’Osbert qu’il
demandoit.'.Pour le précipiter du trône , il réfolut
tde recouru- aux Danois, au défaut defes compatriotes,
qui refufoientde le venger. Dans cette vue,
i l fe rendit à la cour de Danemarck, & implorale fe-
xours d’Ivar ; celui-ci fe laiffa d’autant plusaifément
^erfuader, qu’il c ’étoit occupé lui-même queues
moyens d’aller en Angleterre venger Régnier fon
tpère, qui* y ayant été fait prifonnier, avoit été
je té dans une loffe pleine de ferpens, où i l avoit
miférablement péri.
Dès le printemps fuivant, Ivar* accompagné
:de Bruen, & iliivi d’une puiffante armée, entra
■ dans l’Humberr avant que les Northumbres
<eufient reçu aucun avis de fon arrivée, il marcha
^roit à Yorck , où Osbert rafiemblok une armée
vpour s’oppoferà cette invafion. La terreur qù’inf-
-piroient les armes & la barbarie des Danois, •&
ïe s progrès qu’ils avoient déjà faits, intimidèrent
fi fort les Northumbres & Osbert lui-même, que,
•dans la -crainte de ne pouvoir lui réfifter, Osbert
eut recours M. Ella, fon ennemi &. fon concurrent
.au trône. Ella, moinspar générofité que par intérêt,
promit volontiers -de fufpendre fa querelle
particulière, Bc d’agir contre Fennemi' conunun;
conduite vraiment refpe&ahle , fi elle n’avoit eu
pour motif de fe dérober .à la vengeance d lv a r ,
dont le père étoit mort -par les -ordres d’Ella.
Toutefois, foit qu’Osbert fe repentît d’avoir
Imploré le iecours d’un ennemi qu’il déteftoit,
io it qu’il eût.trop de courage pour fe tenir renfermé
dans Yorck i il ne put .attendre plus long-temps,
■ & impatient de combattre, il alla attaquer les
Danois ; mais fon armée fut défaite, & il fii-t tué lui—
même dans fa retraite. Ella rie fut pas plus Tieureux;
ion armée Eut difperfée, & il périt furie champ
-de bataille, percé .de coups. Enhardis par leûi.s
viéloires* les Danois, après s’être emparés du
j^îôrthumberland, s’avancèrent dans la Mercie,
aéfolùs de traiter ce royaume comme.ceux d’Osbert
<& d’El la. MaisBuihred , roi des Merciens, préparé
,âleur réfifter, avoitappellé à fon fecoursEthelred,
fion beau-frère, qui étoit allé le joindre avec toutes
les forces du Weffex. La jonâion de ces deux
armées déconcerta les projets d’Ivar, qui, ayant
pénétré jufqùa Nottîngham,s’arrêta,E:rprisde voir
Tes forces inférieures à .celles des deux fouverains
anglois. Ceux-ci, quelque déterminés qu’ilsfiiffent
|i s’oppofer aux Danois, n’en fentoient pas moins
îe danger d’expofer le fort de leurs états à l’évé-
ffijloire,. Tortue 11. Seconde part.
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■ nement d’une bataille. Ges réflexions ralentirent
dans les deux partis Fîinpatience de combattre;
enforte que les deux armées reftèrent quelque temps
en préfence fans en venir aux mains, Bc fe fépa—
rèrent, Buthred ayant mieux aimé payer Fennemi
pour qu’il fe retirât, que de hafàrder un combat
dont le fuccès étoit fi douteux, & dont les fuites
^pouvoien-têtrefifuneftes.Fidèlesàleurs promeffes^
Ivar & les Danois fe rembarquèrent , mais pour
aller defeendre dans le royaume d’Eftanglie, où
régnoit le jeune Edmond, prince foge* vertueux^
fans talens.pour la guerre, quoique très-courageux*
mais enflammé de zèle & de dévotion. Edmond.,
fans craindre le p éril, ofa livrer bataillé aux
Danois, qui triomphèrent aifément des Eftangles,
en maffacrèrent une partie^ & mirent les-autres
en fuite, ainfi qu’Edmond, qui alla fe réfugierdans
une églife-: mais la fainteté de Fafylene le garantit
point des pourfuites de fes barbares ennemis : i l
■ frit arraché de l’égtife & traîné aux pieds d’Ivar.,
qui, l’accueillant d’abord avec quelque douceur ,
lui offrit de lui laiffer fon royaume, à condition
qu’il fe reconnoîtroit vaffal de la couronne de
Danemarck. Edmond vaincu, défarmé & à la
merci des Danois, rejeta fièrement cette condition
: Ivar, irrité du refus, le fit attacher à un arbre,
où , après avoir été percé d’une infinité-dé flèches*
il eut la tête coupée. Ce ne fut que long-temps
après, que cette tête frit trouvée & enterrée avec
le corps à Saint-Edmond-Bury ; & le tombeau
de ce prinoe acquit, grâces aux foins des moine#
& à Incrédulité publique, la .plus grande célébritèo
Ce tombeau enrichit l’églifè où il étoit conftruit*
& les miracles qu’ on dit s’y être opérés, rapportèrent
de très-riches prêfens.
Iva r , maître de l’EnangUe , y plaça fur le trône
Egbert, anglois de nation, mais dévoué au roi
de Danemarck. Enflés par ces fuccès, les Danois
oubliant le .traité qu’ils avoient fait avec Ethelred *
marchèrent d-u côté du Weffex. Mais Ethelred., qui
avoit prévu - leur deffein, leur oppofa une puiffante
armée , & fit des efforts héroïques pour défendre
fes états. Dans l ’efpace d’une année, il livra neui
batailles, donna toujours des preuves éclatantes
de fa valeur, & remporta plusieurs Viâoires :
mais malheureufement pour fes fujets, dans la
dernière de ces batailles, il reçut une bleffure
mortelle, qui le mit au tombeaji, 60 8 7 2 , après
un règne de cinq ans. ,(£. C.)
E th e lr e d IL ^ Hijloire d'Angleterre. ) Ce roi
fans moeurs & fans honneur joignit à aes vices
odieux la plus odieufe perfidie. Un lâche affaf-
finat, commis par Elfride fà mère fur le jeune
Edouard le martyr , le plaça fur le trône, ,& fa
perverfité, fa baffeffe furent, à tous égards*
dignes de l’inique moyen qui avoit fait paffer le
fceptre dans fes mains. Fils indigne d’Edgar le
Pacifique, & fr.ère d’Edouard le martyr, Ethelred 11
étoit à peine âgé de douze années lorfqu’il parvint
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