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auteur de fa détention voulût avouer fon tort &
lui rendre juftiçe; heureusement ce minière tomba
malade, 8c ne crut pas pouvoir fe paffer des foins
du do&eur Mead . ami 8c confrère de Freind. Méad
déclara, fans détour, au minièrequ’il n’avoit nul
defir de rendre la fanté à un miniftre injufte ,
fous lequel des hommes du mérite & de la probité
de fon ami Freind, n’étoient pas affiirés de
la liberté; le minitire n’eut rien de plus prèfle que
d’ouvrir les portes dé' la tour à l’ami du doéleur
Mead; Sc alors ce médecin le guérit. Freind
dévint premier médecin'de la princeffe de Galles,
depuis reine d’Angleterre, Il mourur.à Londres
en 1728. II étoit né en 1675. Il fut un des membres
diilingués de la Société royale de Londres. On a,
de lui desouvrages célèbres. Une hifloire delà mède-
Cl/t2e> depuis Galien jufquau quatorzièmefiècle. Ce livre
a été traduit de l’Anglois en François par M. Noguez
eia 1728. L ’Emmenologie , ou traité de Vévacuation
ordinaire des femmes , traduit en François par M.
Devaux én 1730. Un traité.de la fièvre , 8cc, Tous
les ouvrages de Freind ont été recueillis à Londres
1733 » à Paris en 1735. Il eft regardé comme
l’hyppocrate de l’Angleterre.
FREINSHEMIUS , (Jean) (Hifi, litt. mod. )
favant connu par Ses fupplémens à Tite-Live 8c
à Quinte-Curce, moins heureux dans ceux qu’il
voulut faire à Tacite. .11 a d’ailleurs commenté
divers auteurs latins. C'étoit un homme d’une grande
8c faine littérature, trèsFavant dans les langues,
tant anciennes que modernes. Né en 1608 , à Ulm
dans la Suabe, il fut appellé par l’iiniverfité
d’Upfal : la reine Chriftine 4e fit fon bibliothécaire
8c fon hiftoriographe ; il fut obligé de rer-
îioncer à tous ces avantages , le climat de
Suède étant trop contraire à fa famé. Il retrouva
dans fon pays un bien faiteur utile, ce fut i’eleç-
teur palatin , mais il jouit peu de fes bontés, étant
parti d’Upfal en 1655, 8c étant mort en 1660.
FREIR E D E A N D R A D A , ( H y a c in t h e )
( ‘Hifi litt. mod.) abbé portugais,- diftingué par fon
attachement à la maiîbn de Bragance , dans -lè
temps ou le roi d’Efpagne étoit le maître & le
tyran du Portugal. Obligé alprs dè s’expatrier ,
i revint après que la révolution de 1640 eut mis
Jean de Bragance fur le trône. Le nouveau roi,
pour récompenser fon zèle , liii offrit l’évêché
de Vifeu ; il le refufa, ne voulant pas, dit-il, être
évêque s comme les comédiens font rois & empereurs ;
ç’eft qu’il prévoyoit q;ue lé pape,, qui- ne recon-
noiffoitpour roi de Portugal que lè roi d’Efpagne,
refuferoit de donner des bulles, 8c qu’on ne fauroit
pas s’en paffer. Sa vie de Dom-Juan de Caftro,
paffe pour un des livres les mieux écrits en Portugais
; on a de lui au fil des poéfies portugaifes
affez eftimées ; fous un extérieur léger 8c avec
un enjouement qui tenoit de la bouffonnerie ,
ç’çtQit pn homme de bien. Il ayoitvdans l’amitié
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J le double courage de reprendre fes amis en facéj
| 8c de les défendre toujours dans- l’abfence. Ses
amis difoient fouvent: il tria bien grondé, 8c on
■ leur répondoit toujours : il vous a bien défendu,
Né à Beja en Portugal en 15975 mort à Lisbonne
en 1657.
F R EM IN V J L L E , ( E dm e de l a p o ix de J
( jHifi, litt. mod. ) bourguignon , bailli de la police
, auteur de la pratique des terriers 8c da diêtion*
naire de la police, fait d’après le traité delà Mare*
Né en 1680 ; mort le 14 novembre 1773.
FREMIOT ( Voyez c h a n t a l . )
FRENICLE. ( Hifi. litt, mod, ) Nicolas 8e
Bernard , ce dernier diftingué par le nom de
Frénicle de Beffy. Le premier fut un mauvais
poçte du dix-feptième fiècle, mort doyen de la
cour des monnoies; le fecpnd fut arithméticien
habile, ami de Defcartes. Le premier, mort après
1661 ; le fécond en 1675. Celui-ci étoit de l’académie
des fciences encore naiffante.
FRERET ( -Nic o l a s ) ( Hiß. litt, mod- )
étoit pour l’érudition ce que M, de Voltaire à
été pour le bel efprit. ïi a eu l’univerfalité des
eonnoiffances comme M. de Voltaire celle des
taîpnsi Nul'genre ne fut étranger ni à Pun ni à
l’autre , 8c M. Fréret n’a pas même négligé les
genres qu’il n’aimoit pas ; fils d’un procureur an
parlement , deftiné au barreau par fes parens '
il plaida ,.8c plein d’eftimç pour la jurifprudence
il voulut l’aimer.
Il n’y parvint pas, mais enfin il fit des commentaires
fiir la coutume de Paris ; ayant enfin
obtenu la liberté de fuivre fes goûts’ , il fe livr$
tout entier à la littérature. Il fut reçu ä l'académie
des belles-lettres, le 23 mars 1714. Le premier
mémoire qu’il y lut, rouloit fur 1 origine des François
,* quelle que foit cette origine, qui n’efî pas fort
connue, il eft clair qu’çlle ne pouvpit intéreffer ni
inquiéter aucun gouvernement clu dix-huitième
ü ècle; cependant l’auteur du mémoire fut misa
la baftille. M, de Bougainville dit que M.Fréret fut
afiez juftifié par la voix publique, c’eft tout ce
qu’il pouvoit dire; mais la queftion feroit de favoir
fi l’auteur de cette injuftice peut être jufiifié de
même, car il n’y avoit ni caufe, ni prétexte à
une pareille violence, On affure quç quand
M. Fréret eyt fubi fon interrogatoire, il demanda
la permiflîon de faire à fon tour une feule quef-
.tio n'. pourquoi fuir je ic i? 8c que la réponfe fut:
vous êtes bien curieux. On ajoute que lorfqu’orî
fe détermina enfin à lui rendre la liberté , un
magiftrat lui dit avec dérifion: laiffe^-là la France
& les François & les fiujets modernes, tantiquité
vous offre un f i vafie champ ! c’eft qu’il y avoit
encore confufément dans quelques têtes un préjugé
barbare ? qui faifoit voir & craindre par-toq$
(
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8e Pallégorie, 8c qui ne fe raffuroit que par l’éloignement
des temps 8c la difparité entière des
objets. On fait aujourd’hui que c’eft fur-tout fon
hiftoire qu’il faut favoir, 8c que les rapports d’intérêts
8c d’ufages qui peuvent fe trouver de fiècle
à fiècle dans un même pays', font une raifon
d’approfondir cette étude 8c d’écrire cette hiftoire
avec la plus parfaite fincérité, afin que les exemples
du paffé foient des leçons pour le préfent, que
les fautes 8c les erreurs nous inftruifent à les
é v ite r , que les .crimes nous infpirent l’horreur
du crime * 8c les vertus l’amour de la vertu. Il
ne faut rien ignorer, parce qu’il faut tout réparer
8c tout améliorer. On dit au refte que
cette perfécution avoit été fufeitée à M. Fréret
par quelques académiciens qui avoient comme
accaparé l’hiftoire de France, 8c qui ne vouîoient
pas qu’un tel homme fur-tout portât la 'faux dans
Ce qu’ils regardoient comme leur moiffon, 8c cette
idée de propriété exclufive à l’égard des genres
qu’on a embraffés n’eft que trop familière aux
layans.
te moins de gens qu’on peut à l’entour du gâteau
Eft ladevife de tout le monde , même en matière
^’érudition 8c fur les objets d’étude.
Quoi qu’il en foit, M. Fréret fuivit en partie le
tonfeil du magiftrat ; il fe jetta au milieu des ténèbres
de l’antiquité pour y porter la lumière.
Lorfque le roi Louis X V , alors âgé de neuf
ans, voulut bien fe rendre, le 24 Juillet 17 19 ,
à une des affemblées de l’académie des belles-
lettres, M. Fréret qui étoit en tour de lire,, dit
l ’hiftorien de l’académie, « traita un fujet aufli'
»> heureufement adapté à l’occafion préfente que
» s’il eût été choifi exprès pour le rapport qu’il
» avoit au goût 8c aux amufemens de fa majefté. »
C ’eft une differtation très-curieufe 8c même très-
morale fur l’origine du jeu des échecs..
La chronologie 8c la géographie doivent à j
M. Fréret des progrès confidérables. Il eft principalement
célèbre par la première, 8c quanta la
fécondé, il s’eft trouvé parmi fes papiers treize
cent cinquante-fept cartes géographiques, toutes
de fa main, indiquant des erreurs à réformer, ou
des idées plus exaéies à établir fur ce qui concerne
la Gaule, l’Italie, la Grèce , les îles de
l’A rchipel, l’Afie mineure, l’Arménie, la Perfe
& l’Afrique. Par fes profondes recherches fur la
chronologie, il eft parvenu à concilier avec le
récit de Moïfe 8c à réduire à la chronologie de
l’écriture-fainte, toutes ces chronologies fabuleufes
des Chaldéens , des Egyptiens , des Chinois. Il
étoit très-favant dans les langues, 8c telle étoit
fon ardeur pour s’inftruire, qu’il avoit voulu entreprendre
le voyage de la Chine, uniquement
pour approfondir l ’hiftoire de ce pays,* il s’inftruifit
du moins 8c de cette hiftoire 8c de la langue
Çhinoife autant qu’il étoit poflible -de le faire à
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Paris, Il mit à contribution tout le favoir d’un
lettré chinois, Arcadio Hoang, que M. de Lionne.,
évêque de Rofalie , avoit amené à Paris en 1712.
Aucun académicien n’a autant enrichi le recueil
de l’académie, aucun lecrétaire n’a moins avancé
ce recueil ; d’autant plus négligent fecrétatre, qu’il
étoit académicien plus ardent, plus laborieux,
plus univerfel, plus occupé de toutes fortes de
fujets , il produifoit toujours, 8c ne publioit point
les productions de fes confrères. Un panégyrifte ,
dit M. de Bougainville, trouveroit aifément de«
raifons pour , l’exufer, «. pour nous qui fommes
» hiftoriens , ajoute-t-il » nous dirons ftmplement
” qu’il eut tort.» Mais quels torts ne feroient pas
avantagèufementcouverts par cette univeffalité de
travaux 8c de eonnoiffances ? Indépendamment
de toutes celles que fuppofent la variété, l’abondance
8c la difficulté des fujets traités dans fes
diffé rens mémoires, celles qu’on découvroit en
lui chaque jour par la feule conyerfation, fuffiroient
pour former plufieut s favans : il avoit fait une
étude particulière de 4a indique des. anciens ; il
s’occupoit avec plaifir de l’hiftoire naturelle 8c du
détail des arts ; « il favoit affez de géométrie pour
” devenir phyficien ; il auroit pu comparer entre
v elles les moeurs 8c les loix de toutes les na-
” tions ; il étoit très-verfé dans l’hiftoire 8c la
» littérature moderne ; il connoifibit tous les
” romans 8c les théâtres de prefque tous les peuples,
» comme fi fes ledures n’avoient jamais eu d’autre
»> objet. Tous les ouvrages dramatiques, anciens,
» modernes, François, italiens , anglois , efpa-
» gnols, étoient préfens à fa mémoire. Il faifoit
» fur le champ l’analyfe d’une pièce de Lopès de
» Vega , comme ilâuroit fait celle d’une tragédie
» de Corneille , 8c l’on étoit furpris de s’entendre
» raconter les anecdotes littéraires 8c politiques
» du temps, par un homme que les Grecs, les
» Romains , les Celtes, les Chinois, les Péruviens
» auroient pris pour leur compatriote & leur
» contemporain, v
Cet homme avoit, pour ainfi dire, le génie de
l’érudition ; fes eonnoiffances n’étoient jamais
ifolées , il favoit les enchaîner les unes aux autres,
1 de manière qu’elles s’entrefecouroient toutes au
befoin , 8c qu’elles ne formoient, en quelque forte,
qu’un tout.
_ Ce favant l’un des plus extraordinaires qui
aient paru dans les lettres, était né à Paris le
I5 février 1688; 8c y mourut le 8 mars 1749.
On lui reprochoit de l’intolérance 8c trop d’ardeur
pour la difpute. Un homme d’elprit a dit
de lu i, qu il avoit toujours raifon , quand il parloit
le premier. « Quoique fenfible à la contradiftion,
dit M. de Bougainville , il n’avoit pas fur lui—
» même affez d’empire pour l’épargner aux antres.
» Il eft vrai q u e , quoique les hoftilités paruflènt
»-toujours commencer de fa part, il éioit le plus
» fouvent fur la défenfive , lors même qu’il fem-
» bloit attaquer. Comme il ayoit réfléchi fur touç