
6,.i F O U
Un autre Foucault ( Nicolas-Jofeph ) a mérité
d’être connu. Il naquit à Paris le 8 janvier 1643 >
H étoit neveu par fa mère, de l’un des inventeurs
& des exécuteurs de la fameufe digue de la Rochelle;
Ton père étoit fecréîaire du -eonfeil ; le fils
fut fucceffivement avocat, procureur-général des
requêtes de l’hôtel, avocat-général au grand-con-
feil, maître des requêtes, intendant de Montau-
ban , de Pau, de Poitiers, de Caen, confeiller
d’état. Ce fut lui qui rétablit la religion catholique
dans le Béarn, & il y eut à cette occafîon une
médaille frappée en fon honneur ; ce fut lui aufli
qui engagea le parlement de Pau à enregifîrer
les ordonnances civile & criminelle de 1667 &
de 1670 , auxquelles ce parlement avoit toujours
été oppofé. Dans chacune de ces intendances, il
fe distingua par des établi (Ternens .utiles. Il étoit
un des honoraires de l’académie des infcriptions
& belles r-lettres, & fe diftingua aufli dans les
lettres, par des découvertes curieufes. En 1704,
il découvrit, à deux lieues de Caen , l’ancienne
ville des Viducaffiens, & cette découverte fut
comparée à celle que Cicéron, étant quefteur en
Sicile , s’applapdiflbit d’avoir faite aux portes de
Syracufe, du tombeau d’Archimède couvert de
ronces & ignoré de tous les Syracufains.
Ce fut lui encore qui découvrit dans l’abbaye de
Molflac , le fameux tfaité de mortibus perfecutorum,
attribué à La&ance , & qui n'étoif connu que par
jjne citation djefaint-Jérôme. Mort le 7 février 172,1..
FOULQUES, (Hift. de Fr.} nom porté par divers
perfonnages connus dans notre ancienne hiftoire,
nommément par quatre comtes d’A njou, dont
deux fur-tout méritent d’être remarqués. L ’un fut
nommé le Bon, & il étoit inftruit pour le temps;
ce fut lui qui écrivit à Louis d’Oucremer : fâcheç
fi-e , au un prince non lettré eft un âne couronné.
Mais cette littérature, qui faifoit prendre au comte
d'Anjou un ton fi fier ,_ & dont Louis d’Outremer
avoir tort de fe moquer , puifqu’après tout c’étoit
quelque ehofe alors, fe réduifoit à chanter au
lutrin. Ce Foulques, qui eft le fécond dans l’ordre
des comtes d’Anjou de ce nom , mourut en 938.
Foulques I V , dit le Rechin, vivoit du temps
de Philippe I , roi de France ; il aVoit époufé
cette fameufe Bertrade de Monfort, qui remplit
de troubles une partie du régne de Philippe. Il
avoit enlevé cette femme à Foulques le Rechin
qui n’en témoigna aucun re flen tim en t& qui
eut la baflefle de la recevoir & de la traiter
magnifiquement à Angers , lorfqu’elle y vint
quelques années après avec Philippe t peut-être
n’étoit-il pas fâché d’être délivré d’elle. Foulques
avoit eompofé une hiftoire des comtes d’Anjou,
dont on trouve un fragment daiis le fpicilége dp
dpm Luc d’Achery. I lj$ )u ru ten 1106.
FO U Q U E T ou F O U C Q U E T , ( Nicolas )
Ç Hift. de ƒ>.) vipomte dp $lçlun.& dp Vaux ,
F O U
marquis de Belle-Ifle , procureur-général, furin-
tendant des finances, & miniftre d’état, fils de
François Fouquet, vicomte de Vaux , & confeiller
d’état, & de Marie de Maupeou, naquit en 1615* :
fa haine étoit à craindre , fon amitié n’étoit pas
fit ns ' danger, même dans le temps de fa faveur.
Pendant la vie du cardinal Mazarn il cherchoit
à rendre fa puiflance indépendante de cellë de ce
miniftre; après la mort de Mazarin , il efpéra
fuccéder à fa puiflance , & il y employa, dit-on-,
les revenus de l’état-, dont il s’étoit rendu le
maître. Madame Dupleffis-Guénégaud.,'fon amie,
lui cherchoit & lui marchandait par-tout des amis
& des créatures ; il échoua cependant, & fa dif-
grace eft célèbre. ( voye{ les articles Colbert &
Lamoignon') Ce dernier avoit été d’abord à la tête
de fes juges , parce, qu’on favoit qu’ayant été fort
lié avec Fouquet, il s’en étoit éloigné depuis, trouvant
fes foUicjtatioRs defpotiques , trop difficiles à
concilier avec les obligations rigouteufes de la
magiftrature. Fouquet jugea en courtifan & en
miniftre, du motif qu’avoient eu des courtifans
& des miniftres, pour faire ce choix ; il s’humilia
devant M. de Lamoignon , & le fit prier
d’oublier fes torts. La réponfe de M. de La*
moignon fut :« je me fouviens feulement qu’il fut
» mon ami, & que je fuis fon juge. » Le même
M. de Lamoignon rapporte que, lorfqu’il alla, au
commencement de novembre 1661, à Fontainebleau,
complimenter le roi fur la naiflance du
dauphin , deux mois après que Fouquet eut éfg
arrêté, le roi lui dit, en parlant de ce miniftre ï
« Il fe vouloit faire duc de Bretagne & roi des
» îles adjacentes ; il gagnoit tout le monde par fes
» profufions ; je n’avois plus perfo/ine , en qui je
» pu fie prendre confiance. Le roi, ajoute M. de
» Lamoignon , étoit fi plein de ce fujet, que
» pendant plus d’une heure d’entretien, il y reve.-
» noit toujours. »
On voit par les lettres de madame de Sévigné
fur ce fameux procès , quel intérêt l’infortuné
Fouquet infpiroit à beaucoup de gens de mérite :
on fait avec quelle générofité Péliftbn le défendit;
on connoît la touchante élégie de la Fontaine :
Pleurez nies yeux , pleurez, Ornnte’ eft malheureux,'
Scn exhortation à Louis XIV, d’imiter la clér
mçnce de fon aïeul Henri IV,
Dès qu’il put Ce venger , il en perdit l’envie.
Et cette charmante maxime, qui termine 1$
pièce :
jSt c'eft .être innocent que d’être -malheureux.
M. de Lamoignon croyoit M. Fouquet coq*
pable, au moins de péculat ; mais il- voyoit que
par l’acharnement avec lequel on avoit pourfuivi
F O U
cet infortuné miniftrè, on étoit parvenu à répandre
fur lui tout l’intérêt de l’innocence opprimée. Le
roi dit après le jugement : s’ils l'avoient condamné
à être pendu, je Iaurais laifjé pendre ; & il commua
la peine pour la rendre plus rigonreufe, le
banniflement fut changé en une prifon perpétuelle
; il fut conduit à Pignerol le 2,0 décembre
1664. *
C ’eft un problème de favoir fi Fouquet mourut
en prifon, ou s’il eut fur la fin la liberté d’aller
fe cacher & mourir au fein de fa famille. On place
fa mort au 23 mars 1680. Il avoit cinq frères, dont
un mourut archevêque de Narbonne, l’autre fut
évêque d’Agde. Le furintendant laiflà trois fils:
Louis Nicolas Fouquet, comte de Vaux , vicomte,
de Melun , mort en 1705 ; Charles-Armand , ora-
torien , fupérieur de Saint - Magloire , grand ami
de MM. Arnauld, Nicole & Duguet, & que
cette liaifon empêcha d’être général de l’oratoire,
mort le 18 feptembre 1734; & Louis,* marquis
de Belle-Ifle, mort le 2,6 août 1738, père du
maréchal & du chevalier de Belle-Ifle. On put
dire de lu i, en Longeant à la fortune d’où fon père
étoit tombé, & à celle où s’éleva un de fes
fils :
Mais il n’égalera ni fon fils ni, fon père.
La fortune du maréchal de Belle-Ifle alla en
fens inverfe de celle de fon aïeul ; il commença
par la difgrace , & finit par la faveur : il fut impliqué
avec le chevalier fon frère, dans la difgrace
suffi paflagère de M. le Blanc, fecrétaire d’état de
la guerre: ils furent mis à la baftille en 1-724.
Le comte de Belle-Ifle étoit dès-lors maréchal de
camp& gouverneur de Huningue, & s’étoit diftin-
gué au fiége de Turin en 1706 & au fiége de Fon-
tarabie en 1719 : le refte de fa vie n’eft plus .qu’une
fuite de fuccès & d’honneurs accumulés. Lieutenant
général le 23 décembre 1731 ; gouverneur de
Metz & pays Meflïn le 17 mars 1733 ? en 1734,
il prit Trêves, fut blefle devant le château de
Traerback qu’il prit aufli; fe diftingua au fiége de
Phi lisbourg ; chevalier de l’ordre du Saint-Efprit,
le 13 juin de la même année 1734; plénipotentiaire
à la diète de Francfort pour l’élection de
l’empereur Charles VII en 1 7 4 1 J maréchal de
France le 11 février de la même année. Il fît
la nuit du 16 au 17 décembre 1742 , cette trifte
retraite de Prague , qui, par les circonftances , ui
fut comptée pour une viâoire ; il fut fait duc de
Gifors, prince de l’empire, & chevalier de la
toifon d’or, cette même année 1742, pair de
France en 1748; le 20 juin 1749;, il fut reçu à
l’académie françoife ; en 1756, il fut fait miniftre
d’état; & le 26 février 1758, il eut le département
de la guerre. Il mourut le 26 janvier 1761:
le P. de la Ne uville, jéfuite, a fait fon oraifon funèbre.
Le chevalier de Belle-Ifle fon frère, le compagnon,
de fes exploits,, fut tué le 19 juillet 1747,,
F O U 6\ ï®
a la malh euren fe affaire d’Exiles. Le maréchal rîe
Belle-Ifle avoit vu mourir aufli le comte de
Gifors fon fils , tué au combat de Crevelt le 23
juin 17 58 , jeune homme d’une plus grande efpé-
rance que n’en a donné aucun particulier de ce
fîècle, & dont nous pouvions dire, au milieu même
de nos difgraces :
D ù p a t r n , quorum fertiper fu b numinc tro ja e f t ,
F o n tarnen om ninb teueres d e h n p a r a t is ,
Cùm ta ie s an imes juvehum & tarn eerta t u liß ia
JPeclorat . . . . . . . . . . .
« M. le maréchal de Belle-Ifle , dit M. le duc der
Nivernois, en recevant à l’académie françoife
l’abbé Trubk-t, fuccefîeur du maréchal ; « M. de
” Belle - Ifle avoit donné à la patrie , à la mère
” Commune , un fils vraiment digne d’elle , erï
» cultivant, en perfectionnant par une excellente
» éducation , fon excellent naturel, en l’envoyant
» chez les nations voifines concilier à la jeunefle
» françoife la bienveillance des étrangers-, en le
” rendant fufceptible de l’eftime publique , dans
” un âge qui n’a droit d’afpirer encore qu’à de
”• l’indulgence. Ce fils fi cher étoit devenu mon
” fils ...... hélas ! je n’ai joui qu’un inftant de cette
» heureufe adoption. Arraché d’entre nos bras ,
n par une mort aufli prématurée qu’honorable, s’il
H eft vrai que la durée de la vie doive fe mefurer
” par fon ufage, fl a vécu affez puifqu’il a eu
” le temps d’acquérir du mérite, d’obtenir de-
» Teftime, d’atteindre même jufqu’à la réputation*
Ce jeune homme, objet de tant de regrets ,
étoit né le 27 mars 1732. Il avoit époufé Hélène-
Julie-Rofalie, fille aînée de M. le duc de Nivernois,
FOUQUET. Voyei. VARENNE ( l a >
FOUR, ( d u ) {Hiß. litt, mod.) Il y a quelques
gens de lettres connus de ce nom ; dom Thomas-
dü Fourr bénédiélin, mort en 1647, ^ l’abbaye
de Jumièges à trente-quatre ans, auteur d’une
grammaire Hébraïque, & Charles du Four, curé de
S. Maelou à Rouen, puis abbé d’Aulnay, mort en
1679, auteur de quelques écrits polémiques contre
les Jéfuites & la morale relâchée. Ses démêlés avec
le père Brifacier, refteur des Jéfuites de Rouen, ont
fait du bruit dans le temps.
DU FOUR d e LONGUERUE. { P oyei L o n -
G U ERU E .)
FOURCROI, (B ON AVENTURE d e ) ( Hiß. mod.y
avocat célèbre, mort en 1692. Il faifoit aulfi de
mauvais vers , & avoit, fait contre le cardinal
'Mazarin beaucoup de petits fon nets,, tous oubliés. I l
étoit lié avec Boileau & Molière: ce dernier difpu-
toit quelquefois contre lui,, ayant toujours raifon„