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GELASE. ( Hiß., ecclefiaßiq.f C’eft le nom de
deux papes, l’un du cinquième fiècle, l’autre du
douzième; le premier qùi fuccéda au pape Félix
III, en 492 , & mourut en 496 , écrivit 8c
contre Neftorius & contre Eutychès. Le fécond,
obligé de quitter l’Italie par la violence de l’empereur
Henri V , qui lui oppofoit l’antipape Grégoire
V I I I , (Bourdin,) vint en France, ou il
tint le concile de Vienne, & mourut à l’abbaye
de Cluni, le ap janvier 1119.
GELLERT, ( Christian Furchtegott. ( Hiß.
litt, m o i.) fabulifte allemand, célèbre profeffeur
de philofophie à Leipfick; la réputation que fes
fables lui avoit faite, alloit jufqu’au peuple; un
payfan Saxon, conduifant une voiture de bois,
arrive au commencement de l’hyver â la porte
'de Geliert, lui demande s’il n’eft pas ce monßeur
Geliert qui faifoit de f i belles fables, & 'le prie
d’accepter fa voiture de bois comme un tribut de
reconnoiffance 8c d’eftime pour le plaifir que ces
fables lui avoient fait. Elles ont été traduites en
plulieurs langues, notamment en françois. On a,
suffi de Geliert des lettres pareillement traduites
en françois. Il eft encore auteur d’une comédie
intitulée : la. Dévote , jouée avec fuccès ; né en
,3715. Mort le 13 décembre 1769..
GELON, ( Hiß. ancienne ) fils deDinomène,
tyran ou roi de Syracufe , près de cinq fiécles
avant J. C . , vainqueur des Carthaginois près
d’Himère, eft au rang des bons rois. Sur fon
traité avec les Carthaginois, par lequel il leur
interdit les facrifices humains, voye% l’article
A gathocle, 8c appliquez à Qelon ce qui eft
dit d’Agathocle.
Gehn y étoit ainfi nommé parce qu’il étoit né
à Gela, ville de Sicile , entre Agrigente 8c Ca-
marine; il fignala fon courage dans les guerres
qu’Hypocrate, tyran de Gela , eut à foutenir
contre fes voifins, 8c dès ce moment il fut regardé
comme le héros de la Sicile. Après la mort d’H y-
pocrate, dont il avoit été le favori, il parut em-
braffer avec chaleur les intérêts des enfans du
ty ra n , il prit les armes fous prétexte de les protéger
; mais,dès-qu’ilfutàla tête d’une armée,il s’en
fervit pour ufurper le pouvoir fouverain. Le bruit
de fa valeur lui fit par-tout des partifans. Tous
les bannis trouvèrent lin afyle dans fon camp :
il lui en vint un grand nombre de Syracufe, 8c
ce fut par leur intelligence qu’il fe rendit maître
de cette ville opulente. Flatté d’une fi belle conquête,
qui le rendoit l’arbitre de la Sicile, il céda
la tyrannie de Gênes à fon frère Hiéron, & ne
fe réferva que l’empire de Syracufe , dont il
étendit bientôt les limites. Les Grecs, menacés par
Xerxès, implorèrent fon affiftance; mais il ne
voulut leur accorder de fecours qu’à condition !
d’être déclaré généraliffime de l’armée confédérée,
y ne offre fi dangereufe 90 fut point acceptée,
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Les Grecs craignirent de fe donner un maîtrey
en choififfant un chef auffi habile. Le politiqoe
Gelon, attendant les évènemens pour fe décider ,
refta tranquille fpeélateur de cette guerre mémorable.
Ce fut dans ces circonftances que les Carthaginois
firent une defcente en Sicile. Ils commencèrent
leurs hoftilités par le fiége d’Hymére, qu’ils
furent forcés d’abandonner après avoir effiiyé une
fanglante défaite. Gelon vainqueur leur accorda la
paix , à condition . qu’ils n’immoleroient plus de
viélimes humaines ; c’eft le premier traité, d.t
Montefquieu , où l’on ait ftipulé pour les intérêts
de l’humanité. ( Voyeç A g a t h o c l e . ) Gelon ne
s’enfla pas de fes fuccès : devenu plus affable 6c
plus humain, il fut le feul que la puiffance fou-
veraine eût rendu meilleur». Àffure de^ laffeélion
publique, il indiqua une affemblée oùltous les
Syracufains eurent ordre de paroitre avec leurs
armes. Il fut le feul qui s’y rendit défarmé. Après
avoir rendu compte de fon adminiftration , il dit
qu’il venoit remettre fa. perfonne & fa vie entre
les mains du peuple. L’aflemblée, s’éxtafiant fur
la confiance que fon maître àvoit dans fa généro-
fité , répondit par des exclamations d’alégrefléo
L’autorité fouveraine lui fut déférée ^ d’une voix
unanime , avec le titre de roi. Gn lui. erigea- une
ftatue où il étoit repréfenté fans armes avec les
attributs d’un fîmple citoyen. Les Syracufains
eurent lieu de fe féliciter de leur confiance. Leur
ville devint tout-à-coup plus floriffante 8c plus
peuplée. Dix mille étrangers dont il avoit éprouvé
le courage, furent gratifiés du droit de bour-
geoifie.,L’agriculture & tous les arts utiles furent
encouragés par „(es largeffes & fes exemples, Il
ne rougiflbit point de fe livrer lut-meme aux
travaux, auxquels l’opinion attache une idee de
baffeffe. Tout ce qui pou voit contribuer à faire
germer l’abondance publique, lui paroifloit glorieux.
11 fe confondent j»rmi les laboureurs &
les artiftes, fans croire déroger à la dignité de
fon rang. Il ne prit de la royauté que les peines
& les embarras ; jamais il ne fit ufage de fon
autorité que pour faire le bien :• réfervé dans
les punitions , il crut que la perfuafion & l’exemple
étoient des moyens plus nobles 8c plus efficaces,
pour gouverner les hommes. Ce fut par ce fyf*
tême humain 8c généreux qu’il s’acquit l’amour
de fes fujets 8c l’admiration des étrangers. Ses
fens furent toujours fubordonnés a la raifon : il
parvint fans infirmités jufqu’à une extrême vieil-
lefle. La nouvelle de fa mort caufa un deuil dans
toute la Sicile; chaque famille crut avoir perdu
un père 8c un ami : on lui décerna tous les
honneurs qu’on rendoit alors aux héros bienfait
teurs de la patrie, qu’on révéroit fous le nom
de demi-dieux- ( T-~n ),
Gelon II du nom, 8c de la même famille que.
le premier 3 étoit fils d’Hiéron ? célèbre par foi$
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attachement pour les Romains. Il n’eut pas pour
eux les fentimens que fon père leur avOit voués,
Après la bataille de Cannes , les troupes çar-
thaginoifes portèrent la défolation dans toute la
Sicile. Les villes fe détachèrent de l’alliance des
Romains pour embrafler le parti du vainqueur.
Hiéron n’imita point leur inconftance, 8c plus
ils furent malheureux , plus il leur fournit de fecours.
Mais fopfils Gelon, qui avoit époufé Néréide,
fille de Pyrrhus, crut devoir céder à la fortune
qui fe déclaroit pour Annibal. Ce jeune prince,
plein de mépris pour la vieil lefle de fon père ,
décria fon gouvernement, 8c impatient de régner,
i l follicita tous les peuples alliés de Syracufe à.
fe déclarer pour les Carthaginois qui avoient
promis de lui en affiirer la domination. La Sicile
alloit devenir le théâtre de la guerre civile, lorfque
ce prince fut enlevé par une mort prématurée.
Le père fut foupçonné d’en être l’auteur. Gelon
laifla un fils nommé Hiéronimè qui fut le fuc-
ceffeur d’Hiéron ; mais il ne parut fur le trône
que pour le fouiller par fes vices. ( T---- n )
GÉMISTE, ( George ) ( Hifl. lit. mod. ) le
Platonicien, 8c qu’on nommoit même Platon,, eft
un des ces grecs favans , dont la reflource, après la ’
prife de Conftantinople , fut d’inftruire 8c de polir
l’Italie. On a de lui de favans traités fur l’hif-
toire grecque, 8c un parallèle de Platon 8c
d’Ariftote , où il eft plus favorable au premier.
Ï1 vivoit au quinzième fiècle, 8c mourut âgé de
près de cent ans.
GENDRE, (L o u is le) (Hifl. lit.mod.) chanoine
de l’églife de Paris, abbé de Clairfontaine, !
connu principalement, 10. par fon hifloire de
France 8c fes moeurs des François ; 20. par les fondations
contenues dans fon teftamçnt, 8c dont
le parlement, au moyen de quelques interprétations
8c de quelques modifications, a formé
l’utile 8c- encourageant établiffement des prix
publics dans i’univerfité de Paris. L’abbé le Gendre
eft un auteur inftruit ; la partie fur-tout qui
concerne les moeurs 8c les anciens ufages de la
nation, eft fort bien traitée dans fon hiftoire ;
mais fon ftyle dans la narration eft quelquefois
d’une familiarité bien fingulière, 8c fes portraits
font fouvent d’imagination 8c de fantaifie. Il fem-
ble qu’il ait caufé avec Bmnehaut ; il allure
qu’elle avoit du brillant dans la çonverjation ; que
Galfuinde ou Galafonte, fa feeur, fécondé femme
de Chilpéric , n’étoit pas , à beaucoup près , auffi
belle, mais qii’elle avoit une phyfionomie (Tefprit,
& un air à fe faire aimer; qu’Audouère , première
femmede Chilpéric étoit une beauté fade , il l’appelle
cette belle Jlatue. On pourroit, à la vérité, favoir
ces détails par les hiftoriens ; mais ces hiftoriens
font des- chroniqueurs qui ne détaillent 8c ne
peignent rien.
L ’abbé le Gendre dit que Dagobert n’étoit pas
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une be'le ame , pareequ’il n’enrichit l’églife de
Saint-Denis que de la dépouille d’autres églifes.
Falloit-il donc prendre encore fur les peuples de
quoi enrichir ces nouveaux moines ? L’abbé le
Gendre a trop raifon, Dagobert n’étoit pas une
belle ame, mais c’eft parce qu’il faifoit payer à
fes fujets fes débauches 8c fes v ice s , parce qu’il
priva fon frère Aribert des droits qu’urt®ufage
confiant lui afluroit, parce qu’fl fit affaffiner de
fang froid Brunulfe , oncle maternel d’A ribert,
qui paroifloit vouloir réclamer & défendre les
droits de fon neveu , parce qu’il commit une
multitude d’autres violences , parce qu’il donna
aux Bavarois, alors fujets de la France, l’ordre
affreux de maffacrer les Bulgares qui leur deman-
doient un afyle.
L’abbé le Gendre dit que Sigebert I I , roi d’Auf-
trafie, fils aîné de Dagobert, étoit un véritable
ifraélite , dans lequel il riy avoit nulle malice ; qu’Af-
tolphe , roi de Lombardie , ne fe connoijfbit guère
en gens ; que Carloman , frère de Pepin-le-
B r e f , étoit un homme tout d’une pièce ; que Leu-
defie , fils d’Erchinoald, 8c maire du palais de
Thierry , étoit un bon homme ; en revanche , il
juge que le maire Ebroin, qui n’étoit point du
tout un bon homme , fa voit perdre fes ennemis en
habile homme. & fe faire honneur de leur perte. Cette
habileté aboutit à fe faire affaffiner.
Par une fuite de cette eftime machiavellifte
pour le crime, qui corrompt tous les jugemens
de notre hiftoire moderne, 8c qui en fait une
leéhire immorale 8c dangereufe , c’eft de Fréde-
gonde qu’il a plu à l’abbé le Gendre de faire fon
héroïne.
Un principe plus eftimable , la reconnoiffancc
lui a donné un héros, qui n’eft pas celui de
l’églife, dans la perfonne de M. de Harlay de
Chanvaion, archevêque de Rouen , puis de Paris,
fon bienfaiteur, dont il a écrit la vie peu édifiante
8c peu épifcopale.
Mais il a écrit celle du cardinal d’Amboife ,
avec un parallèle des cardinaux qui ont gouverné
les états.
Il a fait un ejfai du règne de Louis-le-Grand 9
qui eft un chef-d’oeuvre d’adulation.
I l étoit né à Rouen en 1639. Il mourut en
* 733- . f
Un autre le Gendre , ( Gilbert Charles )
marquis de Saint-Aubin , confeiller au parlement,
puis maître des requêtes , eft' auteur du traité
de l’opinion , ouvrage favant , mais trop peu phi—
lofophique pour fon titre : l’auteur étoit trop lui-
mêmefous le joug de l’opinion pour pouvoir délivrer
les hommes du joug de l’opinion. M. !e Gendre
de Saint-Aubin a auffi fait un fyftême particulier
fur 1 'origine de la maifon de France , grande
matière à fyftêmes dans tous les temps, parce
que c’eft un poin,t qui n’eft nullement éclairci. La
vérité eft qu’on : ne fait rien des. auteurs de la
race Carlovingienne au-delà de Saint- Arnoul *