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d'ailleurs tout ce qui paffe les connoiffances dp p e u p le lui p a r e n t S u r n a tu r e l.
, Un jeune homme, trârifpprté de fureur contre
un juge qui avoit condamné fon père à mort, voulait
tuer ce juge ; Empédofile n’employa d’abord,
pour calmer le jeune homme & fauver la vie au
juge, que des remontrances & de fages difeours ;
mais voyant qu’il ne réuffiffoit pas, il prend fa
l-yre & n’en tire que des fons qui ne produjfoient
pas plus d’effet que fes difeours, lorfque tout à
coup, avec un changement de modulation très-
marqué , il fe met à chanterjun vers de l’Odyfi-
fée ; auffi-tôt la fureur du jeune homme tombe
comme une tempête qui fe calme , il devient doux
& docile , il s’attache à Empèdocle, & fut un de fes
plus zélés difciples. D ’autres difent que ç’étoit
fon père même que ce jeune homme avoit voulu
tuer, & qu’Empèdocle avoit fauvé de fa fureur,
Quoi qu’il en foit, Empèdocle ne fit que fuivre en
cette occafionl’exemple des autres pythagoriciens,
qui employoient la muflque comme un remède
fouverain, tant pour les maladies de l’amh que pour
celles du corps.
Enfin , ce philofophe avoit reffufeité un femme
6’Agrigente, nommée Panthia, morte depuis fept
jours. Pline rapporte ce miracle d’après Héraclide,
qui avoit fait un livre exprès pour en publier
les particularités, Hernippus, auteur moins ami
du merveilleux, ne dit pas que cette femme fût
morte, encore moins qu’elle le fut depuis fept jours;
mais feulement qu’elle étoit abandonnée des médecins,
8c qu?ellefut guérie par Empèdocle, médecin
plus habile ou plus heureux. Cette cure le fit encore
regarder par les uns comme un magicien, & révérer
par les autres comme un dieu fauveur.
Quant à fes ouvrages, nous en avons divers
fragmens, que Plutarque , Clément d’Alexandrie,
Diogène-Laërce & d’autres nous ont confervés.
Il avoit fait trois livres de la nature des chofes,
qu Arifxote cite fort fou vent. Les purgations d’Empé-
docle font très-célèbres encore dans l’antiquité.
C ’étoit un poëme de trois mille vers hexamètres
ftk le culte des Dieux , les devoirs de la vie
civile & les préceptes de la morale. Fabricius a cru
que les vers dorés en faifoient partie ; cependant H ïé r o c lê s , auteur du fameux commentaire fur les
vers dorés, ne les regarde pas comme l’ouvrage
d’un feul auteur , mais comme un réfultat g é n é r a l
de la doélrine p y t h a g o r ic ie n n e .
Le poëme d’Empèdocle s’appelloit purgations ,
parce qu’il contenoit des préceptes propres à purger
l’ame de fes pallions oc de fes vices ; lôrfqu’il
paroiffoit aux jeux olympiques, le chantre C i é o -
mènes y chantoit fon poëme des purgations,
comme ‘ on y chantoit les poëmes d’Homère ,
d’Héfiode, d’Archiloque, de Mimnerme, 8cc.
Il y avoit encore un ouvrage «J'Empèdocle fur la
médecine en fix cents vers. Il avoit fait auffi une
EMP
hiftoîre du paffage de Xerxès dans la Grèce; maïs
fa fille ou fa foeur la jeta ail feu, la jugeant peu digne
d’Empédocle. .Néanthès lui attribue quarante-trois
tragédies , mais on les croit d’un autre Empèdocle , .
furnommé le tragique, neveu du philofophe..
Empèdocle, dans fon poëme de la nature , avoit
expliqué, peut-être plus en poète qu’en philofophe,
l’union des principes par un fentiment d’amour,.
8c leur défunion par un fentiment d’averfion &
de haine. Cette idée a plu à Cicéron, qui lui en
fait honneur dans fon traité de l’amitié :
Agrigentinum quidem, doèlum quemdam virum carmi
ni bus gracis vaticinatum feruntquà in rerum natura
totoque nïundo conflarent quteque moverentur, ex
centrahere amicitiam j dijjipare dijeordiam. ■
Horace, auquel il n’arrive jamais de parler d’£7«*
pèdocle avec eftime, traite également de délire cette
idée, ou particulière à ce philofophe, ou commune
aux Pythagoriciens, & celle de Stertinius ou des
Stoïciens qui rapportoienr tout à la Providence,
Empedoçleum an Stcrtinium delirst acumen
Empèdocle vivoit plus de quatre fiècles 8c demi-
avant Jéfus-Chrift.
EMPEREUR ; ( Hiß• & Droit public Germanique”)
c’eft le nom qu’on donne au prince qui a été
légitimement choifi ,par les éleéleurs pour être le
chef de l’Empire Romain Germanique, Scié gouverner
fuivant les lois qui lui ont été impofées par
la capitulation impériale. Depuis l’extin&ion de
la maifon de Charlemagne , qui poffédoit l’Empire
par droit de fucceffion , ou félon d’autres depuis
H en r ilV , la dignité impériale eft devenu eéleéHve,
& depuis ce temps perfonne n’y eft parvenu que
par la voie d’éleciion ; & même les éleéieurS,
craignant que les empereurs de la maifon d’Autriche
ne rendirent la dignité impériale héréditaire dans
leur famille'| ont inféré dans la capitulation de
Matthias 8c celles des empereurs' [fuivans , une
claufe par laquelle ces empereurs ont les mains
liées à cet égard. Les éleâeurs ne font point
obligés de s’attacher dans leur choix à une maifon
particulière ; il fuffit que la perfonue élue foit
i ° . mâle, parce que la dignité impériale ne peut
paffer entre les mains des femmes ; 2°. que le
prince qu’on veut élire foit Allemand, ou du
moins d’une race originaire d’Allemagne : cependant
cette règle a quelquefois fouffert des excep?*
tions ; 3°. qu’il foit d’une naiffançe illuftre. 4^.
La bulle d’or dit vaguement qu’il faut qu’il foit d’un
âge convenable, jußa ottatis ; mais cet âge ne
paroît fixé par aucunes lois. 50. Il faut qu’il foit
laïque, & non ecclèfiaflique. 6°. Qu’il ne (oitpoint
hérétique ; çependantil ne paroît point qu’un protestant
foit exclu de la dignité impériale par aucune
loi fondamentale de l’Empire',
Lorfque le trône impérial eft vacant, voici
les u/ages qui s’obferyent pour l'élection d’un
nouvel
EMP
nouvel empereur. L ’éle&eur de Mayence, en qualité
“d’archichancelier de l’Empire, doit convoquer l’affemblée
des autres éleéleurs dans l’efpace de trente
jours, depuis qqe la mort de l'empereur lui a été
notifiéé. Les éleâeurs doivent fe rendre à Francfort
fur le Mein ; ils comparoiffent à l’affemblée
ou en perfonne, ou par leurs députés, munis
de pleins pouvoirs, o c alors ils le mettent à
dreffer les articles de la capitulation impériale. Si
un élefteur dûment invité à l’éleétion refufoit d’y
comparoître , ou prenoit le parti de fe retirer
après y avoir comparu , cela n’empêcheroit point
les autres d’aller en avant, & l’éleaion n’en feroit
pas moins légitime. Le jour étant fixé pour l’élection,
onfaitiortir de la ville tous les étrangers ;
les éleâeurs affiftent à une meffe du Saint-Elprit,
8 c prêtent un ferment, dont la formule eft marquée
par la bulle d’o r , d’être impartiaux dans le
choix qu’ils vont faire : après quoi ils entrent
dans le conclave, & procèdent à l’éle&ion qui fe
fait à l’unanimité, ou à la pluralité des voix ;
elles font recueillies par l’éledeur de Mayence.
Quand l’éleôion eft achevée, on fait entrer
dans le lieu de l’affemblée des notaires & des
témoins ; on paffe un a&e qui eft figné & muni
du fceau de chacun des électeurs. Suivant la bulle
d’o r , fi l’éleâion n’étoit point faite dans l’efpace
de 30 jours , les éleéleurs devroient être au pain
8 c à l’eau. Quand l’éleétion eft finie, on la fait
annoncer dans la principale églife de la ville. Les
éleâeurs font notifier à Celui qui a été é lu, s’il eft
abfent, le choix qu’on a fait de fa perfonne pour
remplir la dignité impériale, avec prière de l’accepter
; s’il eft préfent, on lui préfente la capitulation,
qu’il jure d’obferver, 8c les électeurs le
conduifent en cérémonie du conclave vers le
grand autel ; il fe met à genoux fur la marche
la plus élevée, & fait fa prière, ayant les électeurs
à fes côtés ; ils l’élèvent enfuite fur l’autel ; on
chante le T e D e um ; après quoi il fort du choeur ,
monte dans une tribune , 8c c’eft p6ur lors qu’il eft
proclamé empereur.
La. cérémonie de l’éle&ion eft fuivie de celle
du çpuronnement; fuivant la bulle d’or, elle devroit
toTijours fe faire à Aix-la-Chapelle : mais il y a
déjà long temps que l’on a négligé de fe conformer
à cet ufage ; & depuis Charles-Quint aucun
em pereur ne s’eft fait couronner en cette ville.
Cependant Yempereur adreffe toujours à la ville
d’Aix-la-Chapelle des r e v e r fa le s , pour lui déclarer
que le couronnement s’efl fait ailleurs fans préjudice
de fes droits. Les archevêques de Cologne
8c de Mayence fe font long temps difputé le droit
de couronner Y em p er eu r; mais ce différent eft
terminé depuis 1658 : c’eft celui de Mayence qui
a droit de couronner, lorfque la cérémonie fe fait
dans fon diocèfe, & celui de Cologne en cas
qu’elle fe faffe dans le fien. Les marques de
la dignité impériale , telles qüe la couronne,
Hifioire. Tome II, Seconde Part,
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l’épée , le feeptre, le globe d’or furmonté d’une
croix, le manteau impérial, l’anneau, &c. font
confervés à Aix-la-Chapelle & à Nuremberg,
d’où on les porte à l’endroit où le couronnement
doit fe faire.
Cette cérémonie fe fait avec tout l’éclat imaginable
; les élefteurs y affiftent en habit de cérémonie
, o c l’empereur y prête un ferment conçu
à-peu-près en ces termes : Je promets devant Dieu
& fes anges d’obferver les lois , de rendre la juflice,
de conferver les droits de ma couronne, de rendre
T honneur convenable au pontife romain, aux autres
prélats, 6» à mes vajfaux, de conferver à VEglife
les biens qui lui ont été donnés ,* ainfi Dieu me foit
en aide, &c. L’archevêque chargé de la cérémonie,
avant de couronner Yempereur, lui demande : S’il
veut conferver & pratiquer la religion catholique &
apofolique ; être le défenfeur & le p rote fleur de
CEglife & de fes minifires ; gouverner fuivant les lois
de la juflice le royaume que Dieu lui a confié, & le
défendre efficacement ; tâcher de récupérer les biens
de VEmpire qui ont été démembrés ou envahis ; enfin
s’ il veut être le défenfeur & le juge du pauvre comme
du riche , de la veuve & de P orphelin. A toutes ces
demandes Yempereur répond , volo , je le veux.
Quand le couronnement eft achevé , Yempereur
fait un repas folemnel ; il eft aflïs feul à une table,
ayant à fa gauche l’impératrice à une table moins
élevée que la fienne. Les électeurs eux-mêmes,
ou par leurs fubftituts , fervent Yempereur au commencement
du repas, chacun félon fon office ;
enfuite de quoi ils fe mettent chacun à une table
fépârée, qui eft moins élevée que celle de l ’empereur
8c de l’impératrice. Vitriarii inflit. Jurispublici ,
lib. 1 , tit. 8.
Autrefois les empereurs, après avoir été couronnés
en Allemagne , alloient encore fe faire couronner
à Rome comme rois des Romains ; c’eft ce
qu’on appelloit Y expédition romaine : & à Milan , à
Monza, à Pavie, ou à Modène, comme rois de
Lombardie. Mais depuis long-temps il fe font dif-
penfés de ces deux cérémonies au grand regret
des papes, qui prétendent toujours avoir le droit
de confirmer l’éleéHon des empereurs. Il eft vrai
que fou vent leur foibleffe & la néceffité des temps
les ont forcés à demander aux papes la confirmation
de leurs èleélions. Boniface VIII la refufa à
Albert d’Autriche, pareeque celle de ce prince
s’étoit faite fans fon confentement : mais ces prétentions
imaginaires ne font plus d’aucun poids
aujourd’hui ; & même, dès l’an i >38, les états
de l’Empire, irrités du refus que le pape Jean
XXII faifoit de donner l’abfolution à Louis de
Bavière, décidèrent qu’un prince élu empereur
à la pluralité des voix, feroiten droit d’exercer
les aâes de la fouveraineté, quand même le pape
refuferoit de le reconnoître, & ils déclarèrent
criminel de lèfe-majeflé quiconque oferoit foutçnir
le contraire ,& attribuer au pape aucune fupériorité
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