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G o d in de Sainte - Croix. ( voye{ l’article B r i n v
il l ie r s .)
GOEGHY , ( Hiß. de CAfte. ) nom d’une feéle
de Bénians dans les Indes; ils fe diftinguent des
autres Bénians par les,jeûnes & les auftérités les
plus outrées; ils ne pofsèdent aucuns biens, vont
tout nuds , couvrant feulement les parties que
la pudeur fait cacher dans nos climats ; ils fe frottent
le vifage ôt tout le corps avec ’des cendres
pour fe défigurer davantage ; ils n’ont point de
temples , vivent dans les bois & dans les dé-
le r ts , & font leurs prières & leurs adorations
dans de vieux bâtimens ruinés. Mandeflo ajoute
plufieurs autres détails fur leur --genre de v ie , =
leurs ries & leur croyante ; mais il eft vraifem- j
blable qu’il n’en a pas été mieux informé qu’un
voyageur indien ne le feroit de ce qui concerne
l’ordre des capucins, en traverfant quelques villages
d’Efpagne. (D . J . )
G Ö E T Z ou G Q R T Z , ( Je a n b a r o n de) (Hiß.
rde Suède. ) miniftre de Charles XII , efprit !
hardi , vafte & entreprenant. Il etoit dans le
cabinet, dit M. de Voltaire, ce que fon maître
étoit à la tête d’une- armée; nul projet ne -i’ef-
£rayoit> nul moyen ne lui coûto’t : il prit fur
Charles XII un afeendant qu’aucun miniftre n’avoit
eu avant lui. De concert avec le. cardinal Al héron
i , (voye% l’article A lbÉRONI ) . il av-cit réfolu
de changer entièrement la face de l’Europe ; il
vouloir unir enfemble ces deux grand^ ennemis
le czar Pierre & Charles X l î , réporter le prétendant
fur le trône d’Angleterre , Staniflas fur
celui de Pologne; enlever la régence de France
au duc d’Orléans ; mais c’étoient des nations épui-
jfées par de longues & malheureufes guerres que.
le baron de Gort{ & le cardinal Albéroni voulaient
armer pour ces grands deffeins & replonger
dans de nouvelles; guerres. Le baron de Gort^,
pour l’exécution. de ces mêmes deffeins ^ acheva
de ruiner la Suède par une fauffe monnoie de
cuivré qui rit à peu près la même révolution
que les billets de banque parmi nous. Charles
X I I , ayant été tué fur ces entrefaites *, le i i
décembre 1 7 1 8 , la haine de la nation, que fon
refpeéf pour ce prince avoir feul contenue, éclata
en liberté contre lé baron de Gortç : le fénat de
Stockholm lui fit trancher la tête au pied de
la potence de la ville : exemple de vengeance
peut-être « encore plus que de juftice, dit M.
de Voltaire, » & affront cruel à la mémoire d’un
roi que la Suède admire encore.
GOFRÎDY „ ( L o u i s ) (H iß , de F r .) curé à
Marfeille, fe fit croire forcier ; ii foufHoit fur les
femmes & elles l’aimoient. Une des filles d’un gentilhomme
nommé la Palod , fut pour lui ce que
la jCadière fut dans, la fuite pour le père Girard*
Après avoir été fous fa direction , elle lé quitta
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j & fe retira dans un couvent d’Urfulines, Gofridy
j y envoya une légion de diables; toutes les reli-
I gieufes fe crurent poflèdées; la forcellerie de Go-
! jrïdy partit démontrée. Un arrêt du parlement
j de Provence, exécuté le dernier avril 1611 , le
| condamna au feu ; la moitié feulement de ce parlement
y condamna le père Girard en 1731, &
ceci peut fervir de mefure aux progrès qu’avoir fait
la raifon dans un efpace de cent - vingt ans.
Mais ni Gofridy, ni le père Girard ne méritoient
d’être abfous ; il ne falloit pas fans doute les brûle
r , fur-tout comme forci ers ; mais c’étoient au
moins des féduâeurs qui faifoient un abus coupable
des idées furnaturelles & religieufes , &
qui méritoient d’être punis comme tous les char«
la tan s & tous les im porteurs.
GOGUET, ( A n to in e -Y ves ) ( H i ß . l it t , m o d .)
auteur du favant ouvrage : de C o n f in e des l o i x ,
d e s a r ts & d e s f c ie n c c s . Sa mère, après dix-huit ans
de ftérilité, le mit au monde à Paris, le 18 janvier
1716. Il étoit fils unique d’Yves G o g u e t r
avocat au parlement. La foeur d’Anne- Thérèié
Carnet, fa mère, avoit époufé le célèbre avocat
M. Duhamel. Le malheur qu’eut M. G o g u et de
perdre fon père dans l’enfance, fembîa réparé par
l’avantage d’avoir M. Duhamel pour tuteur. Cependant
M. Duhamel mourut fans avoir pu prévoir
que fon neveu feroit digne de lu i, & que
dans une autre carrière il égaleroit ou furpaffe-
roir l’étendue de fes connoiffances. M. G o g u e t fit
fans éclat & fans fuccès fes humanités, fa philo-
fophie & fon droit. Il avoit dès-lors une mémoire
heureufe, mais il concevoir lentement & froidement
: devenu majeur, il acheta une charge de
confeiller au parlement, & fembloit deftiné à être
confondu dans la foule des magiftrats les plu.s
ordinaires. Sa fortune , fa jeuneffe , une fanté
robufte , les' avantages de la figure le livrèrent
naturellement à la diffipation & aux plaifirs; mais
fon ame étoit faite pour un effor plus noble. Au
milieu de ces défagrémens , de ces amertumes
dont le monde eft fi prodigue envers ceux qui fe
livrent à fes dangereux attraits, il fe reffouvint
des lettres qu’il avoit trop négligées , il comprit
qu’elles pouvoient lui procurer un bonheur indépendant
de l’opinion & du caprice, exempt de ce
poifon fecret qui corrompt les autres plaifirs &
de ces orages fréquens qui’ les altèrent. Ses travaux
ne furent pas infru&ueux Son livre, du fuccès'
duquel il a trop peu jo u i, lui affure la réputation
d’un des plus favans hommes de fon fiècle. Après
avoir confidéré la naiffance & fuivi le progrès des
connoiffances humaines chez les anciens peuples,
il s’étoit propofé de même de remonter à l’origine
& d’ofcferver le progrès des lo ix , des arts & des
fciences en France depuis Pétabliffementde la monarchie.
M. G o g u e t ne fut point redevable de fes cona
noiffances à l’étude feule, ü fut tirer un grand
G o G
$artî de la eonverfation des gens-de-lettres. Il
connoiffoit les hommes, & fur-tout les favans:
-il s’étoit apperçu du befoin qu’ont ceux-ci de répandre
au-dehors les tréfors de leur érudition ,
Defoin qu’il a fouvent fenti & fatisfait lui-même
depuis. Il tiroit avec art de chacun les lumières
qui lui manquoient & il en faifoit le plus heureux
ufage. On pouvoit lui appliquer, dans ce fens,le
mot de Frofine dans Vavare : je Jais Van de traire
les hommes.
Il eut le bonheur d’avoir dans ce genre l’ami le
plus mite , dont l’hiftoire eft inféparable de la
lien ne , le favant Alexandre - Conrard Fugère ,
né à Paris en 1721 , fils d’un confeiller de la cour
des aides, & confeiller de la cour des aides lui—
même , qui favoit tout & qui n’a rien produit, ,
mais qui étoit néceffaire aux favans & qui le fut i
fur-tout à M. Goguet, fur lequel il conferva tou- 1
jours cet afeendant que la douceur & la folidité
du caraâère donnent fur les efprits vifs & bouil-
lans. Leur amitié eft célèbre dans les faftes de la
littérature, comme l’a été depuis celle de M. du'
Breuil 8c de M. de Pechméjat. On a vu M. Fugère
rompre tout commerce avec des hommes
de mérite , parce qu’ils lui paroiffoient injuries à
l ’égard de M. Goguet. M. Fugère, dont la courte
vie ne fut qu’une longée mort, & qui vécut pourtant
aufli heureux par l’étude qu’on peut l’être ,
quand on eft privé delà fanté-; M. Fugère, achevant
de mourir, & fuccombant, avant le temps,
fous le poids de fes infirmités, app'end que fon
ami, à la rieur de fon âge, au fein de la fanté,
-au milieu de fa gloire 1 ttéraire dont il jouiffoit
avec volupté , deux mois après la publication de
fon livre, vient d’être emporté par la petite vérole
, cette maladie fi redoutable & que perfonne
n’avoit jamais tant redoutée que M. Goguet : il
apprend en même temps que ML Goguet, par un
teriament antérieur à la publication de fon livre,
lui confie fes manuferits & le foin de les faire
imprimer . & lui laiffê fa magnifique bibliothèque
qu’il avoit formée lui même avec tout le foin
& tout le goût dont il étoit capable. Cette
marque toucha merde confiance, d’amitié, de recon-
5n0lftan.ee, ne fit que rendre plus douloureufe à
M. Fugère la perte de M. Goguet, Ce chagrin fe
joignant à fes maux & les envenimant, le précipita
au tombeau trois jours après fon ami.
M. Goguet eft mort le mardi 2, mai 1738; il a
vécu.en tout quarante-deux ans, trois mois, treize
jours.
M.” Fugère eft mort le vendredi 3 mai 1738 ,
& n’a vécu en tout que trente-fept ans. Tous
deux avoient paffé leur vie dans le célibat.
GOHORRf, (J a c q u e s ) (Hifl.litt.-mod) pro-
feffeur de mathématiques à Paris, traduifit en fran-
Çois plufièurs tomes de VAmadis des Gaules. On
& de luj un ouvrage intitulé : le Ijvre de la fon-
G O H 71 j;
taine périlleufe avec la chartre d'autour.,., oeuvre très-
excellent de poéfie antique , contenant la Jlénogra-
phie des myjlères fecrets de la fcience minérale , 8c
un traité des vertus & propriétés du petun,
appellé en France l'herbe à la reine ou médicée.
Ce nom de médicée n’annonce aucune vertu médicinale
dans le tabac , mais feulement que le
tabac avoit été apporté en France fous l ’autorité
& fous la prote&ionv de Catherine de Médicis,
Mort en 1376.
GOIS ou GOIX (Hi/l. de Fr.) Dans le temps
des faftions ou des mafiacres des Orléanois ou
Armagnacs & des Bourguignons, fous le règne de
Charles V I , le comte de Saint-Pol, gouverneur
de Paris & partifan du duc de Bourgogne, avoit
formé dans la capitale une miiic'e roy ale , com-
pofée de cinq cents bouchers ou écorcheurs, commandés
par les Gois 9 les Saints-Yons & les Thi-
berts , propriétaires de la grande boucherie de
Paris. Ces furieux comm «noient toutes fortes
d’infolences ; ils allèrent mettre le feu au château
de Wiceftre ou Bicêtre , appartenant au duc de
Berry, qui jufques-là étoit refté neutre, & auquel
ils avoient ôté le gouvernement de Paris à caufe
de cette neutralité.
G O L D A S T ( M e l c h io r - H a im in s f e l d )
(Hijl. litt. mod.) favant 6c laborieux compilateur
fuifte, vivant en Allemagne. Ses principaux ouvrages
font les recueils intitulés : Alàtnaniæ ferip-
tons ; feriptores aliquot reruin fuevïcarum > collePtïo
conjlitutionum imperatorum ; colleélio confuetudinum
& leguin ïmperialium ; commentawis de Bohemia
regno ; Sybilla Francica : e’eft la pucelle d’Orléans
qui eft ainfi défignée, & l’ouvrage eft un recueil
de morceaux qui la concernent ; monarchia fanéli
impe ii romani , &c.
G O LSJVHCH, ( O l i v i e r ) (H j l . litt. mod.)
auteur du roman intéreffant, plaifa-nt & moral, qui
a pour titre le mi ni f l re de Vakefield, de la comédie
du bon homme, des pcèrnes du voyageur, Sc
du village abandonné, de lettres fur Chifloïred' Angleterre
, avoit la fimplicité , la candeur qu’il a données
à fon miniftre d e Vakefield . & vécut comme
lui dans la pauvreté , mais toujours gai & content.
Le duc de Norrhumberland ayant defiré de
le connoitre fur fa réputation, il fe rendit chez
lu i, & trouvant dans l’appartement deux hommes
debout, dont l’un étoit le c!uc, l’autre fon valet-
de-chambre, il fe méprit, parla familièrement au
duc & refpeâueufement au domeftique, les jugeant
apparemment fur la mine, puis ayant été averti
de fon erreur ou s’en étant apperçu, & ne fathant
pas comment on réparoit une erreur , fur-tout
de çe genre , il fut fi confus qu’il s’enfuit. Il étoit
accablé de dettes & né fortoit pas de chez lui de
peur d’être arrêté ; un de fes créanciers imagina,
peur l’en tirer, de fuppofer encore quelque grand
1 feigneur jçurieux de le v o ir , & de lui donner un