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l ’empire, menaçoit d’embrafer l’Europe, ces deux
mêmes minières travailloienr à Montpellier à établir
une paix folide entre les deux rivaux ; ils alloient
terminer cet heureux ouvrage, lorfque la pierre
& la fièvre précipitèrent Boify au tombeau. La
négociation fut abandonnée, la guerre s’alluma;
Chièvres la vit commencer & mourut en 1521,
en prononçant pour dernier foupir ces trifies &
prophétiques paroles : Ah ! que de maux ! On a fait
l ’honneur à la mémoire de ces deux fages gouverneurs
, de croire que s’ils eulfent vécu ilsauroient
trouvé le moyen de concilier leurs deux illnflres,
élèves & d’épargner tant de fang qui coula depuis.
On regretta dans Gouffier Boify cette fagefl'e douce
& ferme qui balançoit dans le confeil la trop grande
autorité de la duchefle d’Angoulême fans la choquer
ouvertement.
4°. Guillaume Gouffier, feigneur de Bonnivet,
fon frère, qui le remplaça dans la faveur du roi,
ne fuccécfa ni à fes vertus, ni à fa prudence, ni
à fon amour pour le bien public; il fut.l’efclave de
la duchefle d’Angoulême, & le flatteur de fon
maître ; mais ce fut un des hommes les plus brillans
du règne de François I ; & l’hiftoire ne lui avoit
pas rendu a fiez de juflice. II fuccéda en 15 16 ,
dans la dignité d’amiral, à Jean Mallet de Graville
feigneur de Malesherbes: en 15 18 , il négocia la
reflitution de Tournay, affaire dont le fuccès augmenta
dans l’Europe la confidération de François I ,
& doit en donner à Bonnivet. Il ne rèuflït pas
de même dans la grande affaire de la concurrence
à l’empire ; mais on ne lui reproche aucune faute
qui ait nui au fuccès, & il fiervit. du moins fon
maître avec beaucoup de zèle. En 1521, il ouvrit
là campagne par la prife de Fontarabie, conquête
importante, mais dont on l’accufe de s’être fait
une trop haute idée ; il s’oppofa . dit-on , à la paix
qui , au milieu de la guerre , fe négocioit alors à
Calais, en engageant le roi à refufer la reflitution
de Fontarabie : c’efl un grand mal de s’oppofer à
la paix ; mais Bonnivet ne fut point le feul qui
n’approuva pas la trêve dangereufe qu’on pro-
pofoif à François I , fous le nom de paix; les
plénipotentiaires françois, qui négocioient à Calais,
mandèrent expreffément au ro i: « nous ne ferons
n jamais ajfe^ malheureux pour vous confeiller d’y
>» foufcrire. » En i j ’23 & 1524, Bonnivet commanda
dans le Milanès, oùileut d’abord quelques
fuccès fui vis des plus grandes difgraces. Sur l’affaire
de Rebec, où Bonnivet eut le malheur de faire battre
Bayard, & fur la retraite de Romagnano & le
psflage de la Seflia, (voye^ l’article Ba y a r d )
Bonnivet fit des fautes , fans doute, dans ces deux
campagnes; mais il montra de l’intelligence & de
la capacité dans fes marches, dans fes campemens ,
même dans fes opérations. En 1^25 , il eut encore
le malheur de faire réfoudre la bataille de Pavie
contre le fentiment du maréchal de Chabannes
& des autres vieux capitaines. Il fut chargé des
difpofitions de cette fameufe journée, & ces dit-
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pôfitîons ofit mérité d’être louées; mais l’arfleu#
impatiente du roi rompit toutes les mefures de
fon général : il fortit des retranchemens d’où on
étoit convenu qu’il ne falloir pas fortir ; il mafqua
fon artillerie, qui fuflifoit feule pour aflùrer la
vi&oire ; il perdit tou t, hors Vhonneur, puifque
l’étourderie la-plus défaftreufe dans fes effets ne
déshonore point.
Le malheureux Bonnivet, voyant les trifies fruits
du confeil qu’il avoit donné, mais qu’on avoit
mal fuivi, s’épuifoit en vains efforts pour arracher
fon maître à la mort ou à la captivité, il
rallioit tantôt quelques fuiffes, tantôt quelques
gendarmes ; il fut coupé, féparé du r o i, jeté hors
de la mêlée par le choc violent des lanfquenets:
de Bourbon ; il ne tenoit qu’à lui de fefauver , mais
fon ame étoit trop haute & fon défefpoir trop
fincère ; il jeta un trifte regard fur le champ de
bataille & s’écria : non , je ne puis furvivre à un
pareil dêfaflre. Aufli-tôt il s’élance fur le bataillon
des lanfquenets, & tendant la gorge à toutes les
épées & à toutes les piques , il fe délivra de l’horreur
de vivre.
Pendant ce temps, le maréchal de Foix, lut
attribuant les malheurs du ro i, de la France &
les fiens, le cherchoit par-tout pour mourir en
l’égorgeant; (voye% l’article F o ix ) & Bourbon plus
à craindre pour lui que le maréchal de Foix,
Bourbon, fon ennemi capital, & qui lui atîribuoit
fa difgrace, Bourbon auquel il avoit eu peine à
échapper au paffage de la Seflia, s’étoit flatté de
le faire prifoimier à Paviè ; il avoit recommandé
à fes foldats de s’attacher à le prendre vivant, il
s’étoit armé exprès en fimple cavalier, pour que
Bonnivet ne pût le diflinguer , ni tenter de lui
échapper. Il pafla par l’endroit où l’objet de tant
de haine venoit d’être majfacré ; il vit fouillés de
fang & flétris par une lividité affreufe les refies,
de cette figure fi belle & fi noble, qui avoit fait
l’admiration de la cour. A ce fpe&acle, fa colère
s’affoiblit.
La pitié dont la voîx
Alors qu'on cft vengé, fait entendre fes loîx ,
entra dans fon grand coeur; il détourna les y eu x 9
& s’écria en gémiffant : Ah l malheureux ! tu es
caufe de la perte de la France, de la tienne & de
la mienne. Bonnivet étoit téméraire dans fès galanteries,
plus encore que dans fes expéditions militaires j
& il s’eflquelquefois permisdans ce genre, desen-
treprifes coupables. Sur l’intelligence qu’on veut qu’il
y ait eu entre lui & la comtefîe deChâteau-Brianr,
première maîtrefle de François I, ( voyez à l’article
F o i x , l’article particulier de Françoife de F o ix ,
comteffe de Château - Briant. ) Ce même favori,
recevant le roi & toute la cour dans fon château de
Bonnivet, ofa s’introduire pendant la nuit par unef
trappe dans la chambre de la duchefle d’Alençon^
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Tosur du. ro i, qui fe défendit avec tant de courage,
& fut fecourue fi à propos par fa dame d’honneur ,
que Bonnivet fut obligé de s’enfuir. La duchefle
indignée vouloit dire tout au roi & faire punir
Bonnivet. La dame d’honneur fut d’un avis contraire,
& la duchefle fe rendit à fes raifons.
Bonnivet portoit fur fon vifage des témoignages
fanglans de la rèfiftance qu’il avoit éprouvée';
il n’y avoit pas moyen de paraître en cet état
devant le r o i, encore moins devant la duchefle ;
il fit dire au roi le lendemain qu’il avoit été malade
toute la nuit, qu’il l’étoit encore, qu’il ne pouvoir
même ni foutenir la lumière ni entendre parler.
L e roi voulut l’aller voir, on lui dit que Bonnivet
commençoit à s’endormir , il ne voulut pas l’éveiller
& partit fans l’avoir vu. Lorfque Bonnivet put
fe montrer, lorfque le temps & la continuation
des bontés du roi l’eurent afîùré du filence indulgent
de la duchefle, il reparut à la cour; mais
toute fon audace ne pouvoit l’empêcher de rougir
& de perdre contenance, quand un regard de la
duchefle d’Alençon venoit à tomber fur lui. Elle
conte elle-même cette aventure dans l’Heptaméron,
première journée, quatrième nouvelle, fous des
noms ou plutôt fous des qualités fuppofées.
5®. Claude Gouffier9 fils du gouverneur de
François I , fut comblé de biens & d’honneurs par
François I & par Charles IX. Sa terre de Maule-
vrier fut érigée en comté l’an 1542 , celle de Boify
en marquifat, l’an 1564 , & cette même terre de
Roanès, infiruéhieufement érigée en pairie pour
Artus , en 1519 j la fut utilement pour Claude &
fa poflérité en ' 1766. Il y avoit alors d’autres
exemples de pairies conférées à de fimpies gentilshommes..
Le duché de Roanès fut porté dans la
maifon d’Aubufîbn de la Feuillade par Charlotte
Gouffier, fille de Henri Gouffier, arrière petit-fils
de Claude. Charlotte mourut le 13 février 1683.
6°. Louis Gouffier, fils aîné de l’amiral de Bonnivet
tué au fiége de Naples en 1527.
70. François Gouffier, frère de Louis, mort des
bleflùres qu’il avoit reçues au fiége de Yulpian dans
le Piémont, après s’être diflingue à la bataille de
Cérifoles & dans d’autres expéditions importantes.
8°. Un autre François Gouffier, frère des précé-
dens qui fe diftingua aux batailles de Cérifoles ,
de Dreux, de Saint-Denis, aux fiéges de Landrecies,
de Hefdin , de Metz , de Calais, de Thionville
& d’Orléans. Mort très-âgé le 25 avril 1594.
90. Henri Gouffier, ayant fervi en Flandre &
commandé en Italie les armées vénitiennes , fe
trouva en France à la bataille de Senlis, & fut
'tué en 1/89 , dans une émeute populaire à Bre-
teuil en Picardie.
IO°* François-Alexandre, fils du précédent, tué
en duel en 1596.
Hsnri-Març * Alphonfe - Vincent Gouffier 3
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frère de François-Alexandre , eut le malheur d’être
brûlé par accident au château de Bernieulles , la
nuit du 22 au 23 mars 1645.
12°. Léon Gouffier, tué à la bataille de Sentzhem.
L’héritière de la maifon de Gouffier a épcufé
M. le comte de Choifeul, de l’académie françoife &
de l’académie des infcriptions & belles-lettres, actuellement
(en 1787) ambafladeur du roi de France
à la Porte, & qui joint au nom de Choifeul celui
de Gouffier y depuis ce mariage.
GOUJE T, ( C lau de-P ierre ) chanoine de
Saint-Jacques de l’Hôpital,favant & infatigable compilateur.
Ses principaux ouvrages font la Biblio-
th'eque françoife, l'Hifloire du collège royal de France,
le fupplément au didionnaire-de Moréri; fa Dijfcn-
tation fur Vétat des fciences en France, depuis la mort
de Charlemagne ,jufquà celle du roi Robert, remporta
le prix de l’académie des belles lettres en 1737.
Il y a encore beaucoup d’autres ouvrages très-
favans de M. l’abbé Goùjet. Il eût été un memhxe
diflingué de l’académie qui l’avoit couronné ; mais
fa foi fut fufpeCle au cardinal de Fleury, c’efi-à-
dire, qu’il étoit janfénifie.,, grande raifon pour
.exclure un favant d’une fociété littéraire, où d’ailleurs
les janféniftes ne manquoient pas alors, à
caufe du foin même qu’on prenoit de les en
écarter. Né à Paris en 1697, élevé aux jéfuites,
il avoit été oratorien. Il mourut en 1767, prefque
aveugle à force de le&ures, de recherches & de
travaux.
GOULAM S , f. m. pl. {Hifl. mod.) En Perfe,
ce font des efclaves ou fils d’efclaves de toutes
fortes de nations , & principalement de géorgiens
renégats, qui forment le fécond corps de l’armée
du fophi. il en a environ 14 mille à fon fer vice.
On appelle leur général koullas-agaffi. Ils ont plu-
fleurs grands feigneurs dans leur corps, Thévenot,
voyage du Levant. ( G. )
G O U LU , (Jean ) (Hifl. litt. mod.') général des
Feuillans, connu par fes écrits pleins d’emportement
& d’injures contre Balzac.{Voye^ Ba lza c )
Goulu mourut en 1629. On a de lui encore une vie de
faint François de Sales, & quelques autres ouvrages;
mais c’efl fur-tout par fes écrits contre Balzac qu’il
eft connu; hâc magnâ inimicitiâ claruit.
GOURD AN, (Simon)f f f if l. litt. mod.) viéforùi
contemporain de Santeuil, & comme lui auteur
j de profes & d’hymnes, qu’on chante encore dans
quelques églifes. On difoit de Santeuil, qu’il chanroit
J les faints; & du père Gourdan , qu’il les imitoit. Ne
1 en 1646, mort en 1729.
J GOURNAI, (M arie le Jars de {Hifl. litt9
\ mod, ){{ille favante, amie de Montagne qui l ’appel*»