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ce titre d’honneur. Les Artglois s’en fervent a
l ’égard des évêques & des perfonnes de la première
qualité après les princes. Comme on le
donne en Allemagne aux princes qui ne font
pas du premier rang , les ambitfl'adeurs. de France
l ’accordèrent d’abord à l’évêque de d’Ofnabruk,
qui était ambadadeur du collège éleâoràl à Munf-
t e r , mais enfuite ils le traitèrent d'altejfe. Ce
titre de grâce principale n’eft plus maintenant d'usage
en notre langue. ( G. ) .
G R A C IA N . (B a l th a sa r ) (Hifi. litr. moi. )
jéfuite efpagnol , auteur eftimé en Efpagne,
moins eftimé en France oh prefque tous fes ouvrages
font connus par des traditions. Son héros
& fon homme univerfel ont été traduits par le
pere de Courbeviile ,■ jéfuite ; fes maximes, par
Amelo t, fous le titre de l'homme de cour. Ses
réflexions politiques fur les plus grands princes &
particuliérement fur Ferdinand-le- Catholique, par
Mi de Silhouette, que nous avons vu contrôleur-
général en 1759, & enfuite fous un autre titre
par le même père de Courbeviile, &c. Gracian
eft mort reftenr du collège des jéfuites de Tarra-
g one, en 1658. î
GRÆVIUS, (Jea v-Georges) (Hiß. litt, mod)
«igné difciple de Gronovius, & profefieur de
politique, d’hiftoire & d’éloquence à Utrecht, fi
connu par fon Thefaurus antiquitatum romànarum,
par fon Thefaurus antiquitatum îtalicarum, continué
par Burman. Il a de plus donné des éditions d’Hé-
fiode , de Cicéron , de Florus , de Céfar 9 de
Suétone, &c. Né à NaümbourgenSaxe, en 1632.
Mort en 1703* .
GRAFIGNY , ( F rançoise dTssembourg
d Happoncourt d e ) (Hiß. litt, mod.) auteur
des lettres dune péruvienne, petit livre charmant,
plein d’intérêt, & du ftyle le plus philofophique;
de la ^.omec^e f l M8Ê , pièce touchante , qui
reliemble trop à la gouvernante de la Chauffée
& qui ne la vaut pas., mais où il y a des fcènes
q.ui valent des pièces entières,, telle eft, par exemple,.
la première fcène du cinquième aéte, où
les, inquiétudes & les délicateffes de l’amour fe
déguifent fi bien fous le prétexte des égards dus
au malheur ; de la fille dyAriflide, pièce intéreffante
& bien écrite , qui eut peu de fuccès, peut-être
parce que Cénie en avoit eu trop. On a dit, &
_qiielqu un a o fe écrire que les lettres péruviennes
oc Cénïe n etoient pas de madame de Grafigny.
Où font les auteurs qui mettent de tels ouvrages
fous îe nom d’autrui ? Ne croyons jamais à ces
fottes imputations que les fots ne manquent prefi-
e • jamais de faire , quand il s’agit d’une femme*
JVSadame de Grafigny étoit lorraine, née à Nancy;
fon pere étoft major dé la gendarmerie du duc
®ie Lorraine ; elle époufa François Hugot de
G R A
Gtafignÿ, chambellan du duc de Lorraine. Sofi
mariage ne fut point heureux; il fallut la féparer
de fon mari ; mais tous ces faits n e , forment
point Thiftoire de madame de Grafigny. Son histoire
eft toute entière dans les lettres ,<£une péru~
vienne, dans Cénie, dans la fille dy Ariflide. Elle
mourut à Paris en 1758, âgée de 64 ans*
GRAILLI ou GRA IL LY , (voye% l’article F o ix )
ancienne maifon qui forma par alliance la fécondé
maifon de F oix , vers la fin du quatorzième fié d e.
De cette maifon de Grailli, avant qu’elle fût
devenue maifon de F oix , étott îe fameux Jean 1IÎ
de Grailli , captai de Bu ch , l’ami particulier du
prince de Galles, dit lé Prince-Noir, qui lé donna
pour lieutenant au roi de Navarre,. Charles-le-
Mauva’ts; Le titre de captai, capitalis , c’eft à-
dire chef, diftinguoit originairement les feigneurs
de l’Aquitaine de ceux des autres provinces;
mais dans la fuite, ces feigneurs ayant pris des
titres plus ufnés en France, il n’eft plus reftë.
dans l’Aquitaine d autres captalats que celui de Buch
& celui de Trène. Le captai de Buch , Jean III *
étoit un des habiles généraux du quatorzième
fiècle, & ce ne fut point par fa faute qu’il perdit
contre notre fameux du Guefclin la bataille de.
i Coeherel, où il fut fait pnfonnîer le 23 mai 1364*.
Les Navarrois avoient -à Cocherëî les mêmes
avantages dont les François s’étoient privés dans
les batailles de Courtrai, de Créci. & de Poitiers ;
avantage du nombre, avantage du porte, abondance
de vivres, dont ils fo plaifoient à faire,
parade pour infulter.- à la difette des François t
ceux-ci n’a voient d’autre reffource que de tirer
les Navarrois de leur pofte pour les amener M
une bataille dans la plaine;les Navarrois brûloient
de combattre ; la prudence du captai contenait
leur ardeur. Du Guefclin, pour enflammer cette*
même ardeur & la leur rendre funefte, feint de
décamper & de livrer à l’ennemi une vi&oire.
aifée ; on en avertit le captai, on lui demanda
à grands cris la bataille. « Jamais * répondit le
fage captai, » du Guefclin n’a'décampé à la
» vue de l’ennemi ; c’eft une rufe. On ne l’é'coura
« point, on l’entraîna, on fut battu, & il fut
n pris, n Du Guefclin l’avoit prévu ; il avoit
annoncé, aù commencement du combat, qu’i/ efpè-
roit donner le captai au roi pour élrenne de fa
noble royauté. (Charles V venoit de monter fur
le trône. ) Du Guefclin avoit même fait dire
au captai, avant le combat, qu’il lefpéroit le
prendre ; & en exhortant fes foldàts, il leur avoit
dit : Pour Dieu, amis, fouveneç-vous que nous avons
un nouveau roi de France ; que fa couronne fait au-
jourdyhui étrennèe par vous. Lorfque le roi de
Navarre eut fait la paix avec la France , le
captai de Buch fut mis en liberté : alors ii s’attacha
au parti des Anglois , & fut pris, pour la
fécondé fois, dans un combat près de Soubife, en
, les fervant. C et habile & malheureux capitaine
G RA
mourut en prïfon en .1377» malgré toutes les
offres que pût faire Édouard pour fa rançon.
Charles V , ayant fait inutilement tous fes efforts
gour l’attirer à fon feryiee, prouva encore mieux,
g r s
enn’ofantledélivrer, combien il eftîmôït fes talens
mais c’eft une tache à la mémoire de ce grand
roi; le prince de Galles n’en avoit pas ufé ainfi
envers du Guefclin, lorfqu’ill<avoit’fait prifonnier^
£ I f y P U . X Q M S E C O N D *
De l’Imprimerie de la V euve B a l l à R » & Fil»> Imprimeurs du R o ï?. rue des Matliurins