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du coup , Toit defoibleffe & de fai fixement. Tous
JeshiAoriens conviennent que ce déplorable enfant
donnoit les plus grandes efpérances ; & ce defir de
réconcilier fes parens, ce filence d’effroi à la vue
d’un crime dont il étoit innocent, ce défefpoir,
cette rigueur exercée fur lui-même annoncent une
ame fenfible & vertueufe.
GaAon-Phoebus nelaiffa point de fils légitime,
mais quatre bâtards, dont un étoitcet Yvain, caufe
innocente de la mort de Gafton. Il fut brûlé
miférablement au ballet des fauvages danfépar le
jroi Charles V I , le 30 janvier 1392, & qu’on
appella, par cette raifon', le bal des ardens où la
ducheffe de Berry fauva le roi.
Cette première maifon de Foix s’éteignit en
*1398, par la mort de Matthieu, neveu, à la
mode de Bretagne , de GaAon-Phoebus. Ifabelle,
'comrefie de Foix, foeur de Matthieu, époufa
. Archambaud de Grailly , captai de Buch , 8c porta
tous les grands biens de la maifon de Foix dans
la maifon de Grailly, qui defcendoit déjà de la
maifon de Foix par les femmes, & qui forma la
fécondé maifon de Foix.
Un fils d’Archambaud, nommé Archambaud
comme lu i , & difiinguè par le nom de Navailles
ou Nouailles, fut tué en 14 17, fur le pont de
Montereau - Faut - Yonne , à la fuite du duc de
Bourgogne, qu’il s’efforçoit de défendre.
Gafion I V , comte de Foix , petit fils du premier
Archambaud, époufa en 1434, Eléonore reine
de Navarre. Gafion de Foix, prince de Viane,
fon fils , mourut avant lu i, laiffant deux enfans ;
François Phcebus, Roi de Navarre & comte
de F o ix , qui mourut, fans avoir été marié, le
3 0 janvier 1483 , & Catherine de Foix, q u ip a r
fon mariage avec Jean d’Albret en 1484, porta
la couronne de Navarre dans cette maifon , d’où
le titre au moins en a pafifé dans celle de France.
Le même Gafion IV eut un autre fils,
Jean de Foix, vicomte de Narbonne, qui époufa
Marie d’Orléans, foeur de Louis X I I , dont il eut
deux enfans ; ce Gafion de Foix, duc de Nemours,
jfeveu de Louis X II, le héros de la France &
le foudre de l’Italie, enfeveli ' dans fon triomphe
à Ravenne , 1e 11 avril 15.13., à vingt-quatre ans,
ayant égalé ou furpaffé la gloire des plus grands
capitaines anciens 8c modernes. « Le gentil duc de
» Nemours,dit Phiftorien du chevalier Bayard,
» dont, tant que le monde aura durée, fera mé~
» moire... il ne plut pas à Dieu lelaiffer plus avant
» vivre. Je crois que les neuf preux lui avoient fait
» cette requête. Car s’il euft vécu âge compétent,
» les euft tous pafles. »
Dans un autre endroit, il l’appelle tepafiï preux
de tous ceuhc qui feurent deux mille ans a. C ’eft I
un des héros de la tragédie de Gafion & Bayard; I
«’eft lui qui eft défigné dans la Henriade par ces J
■ vess; I
Plus grand plus glorieux , plus craint dans fes défaite«
Que Dunois ni Gafton, ne l'ont jamais été
Dans le cours triomphant de leur pxolpérité.
Germaine de Foix, fa foeur, fut la fécondé
femme de Ferdinand le catholique. -.
Gafton & Germaine de Foix étoient coufins-
ifîiis de germains : r° du maréchal de Foix' Lautrec
Odet, qui, au moment où Gafton attaqtia.fi témérairement
ce corps d’efpagnols dans les rangs desquels
il devoir périr, fit tout ce qu’il put, d’abord
pour le retenir, enfuite pour le défendre, criant
aux efpagnols de toute fa force : a rrêtene le tue%
point, c efi le frère de votre reine. Il fut Couvert de
-Mefibres dans cette eccafiori , & biffé pour
mort.
Ce même Lautrec & Lefcun fon frère, ne fe
trouvèrent point en t 515 , à la bataille de Mari-
I gnan 8c en furent inconfolables. Le roi François I ,
| qui favoit que fon fer vice les avoit occupés
ailleurs, infulte à leur chagrin , d’un ton. badin
8c flatteur pour eux , dans la lettre qu’il écrit à
la dr.cheffe d’Angoulême fà mère , après la bataille r
madame , lui dit-il, vous vous moquereç de mejjieurs
de Lautrec & de Lefcun , qui ne fe font points trouvés
à la bataille, & fe Jont amufés à l 'appointemenû
des Suijfes qui fe font moqués d'eux. '
C ’eft le modèle de k lettre de Henri IV. à
Crillon ; pends-toï brave Crïllon, noûs avons
combattu à Arques & tu - n'y ètois pas.
En 1521 & 1522, Lautrec perdit le Milanès,
moitié par fa faute , moitié par l’intrigue de la
ducheffe d’Angoulême qui retint l'argent deftiné à
la défenfe de cet état ; il perdit le combat de la
Bicoque, le jour de Quafimodo 1522, mais on ne
put lui imputer cet echec : il n’y avoit pas d’autre
moyen de retenir les Suiffes qui voulurent abfoiu-
ment combattre contre toute efpéranee de fuccës.
Ce fnt lui qui , en 152 7, fut nommé général
de la ligue, dont l’objet étoit de procurer la
délivrance du pape Clément V I I , retenu prifon-
nier par les Impériaux dans le château Saint-
Ange. Il remplit cet objet en 1528; il mourut
devant Naples qu’il affiégeoit ; il mourut moitié
de la pefte , moitié de la douleur dont il fut fait!
en apprenant les ravages que cette maladie coriti-
nuoit de faire dans le camp, & l’état déplorable
où l’armée françoife étoit réduite. Le pape, qui
lui avoit du fa délivrance, lui fit faire de magnifiques
obsèques à Rome, & François I à Paris ,
dans l’églife de Notre-Dame. Le petit-fils du grand
Con falve , quoiqu’efpagnol & ennemi , lui érigea
un tombeau de marbre dans l’églife de Sainte-
Marie-la-Neuve à Naples, uniquement guidé pair
ce mouvement tendre & refpeéhieux, qu’infpire
aux coeurs fenfibles le fpeftacJe ou le feuveuïr
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des malheurs de l'humanité. Tel eft le fens général
de l’épitaphe qu’il lui fit faire, 6c que voici.
Odeto Fuxeo Lautrecco , confalvus Ftrdinandus ,
Ludovici filius Corduba , magni Confalvi nepos, cûm
ejus ojfa , quamvis kojlis, ut belli fortuna tulerat ,
fine honore jacere comperiffet, humanarum miferiarum
mentor, ità in avito facello, duci Gallo hijpanus
princeps potuit.
20. De Thomas de Lefcun ; dit le maréchal de
. Fûix, frère de Lautrec, 8c qui fe diftingua comme
lui au combat de la Bicoque. A là bataille dePavie
en 1525 , le maréchal de Foix, furieux, défefpéré ,
ayant l’épaule & le bras fracxdTés, & fe voyant
frappé à mort, ne confervoit plus d’autre l'en-
timent qu’une haine aveugle & féroce pour Bon-
nivet, auquel feul il imputoit les malheurs du roi
6c de l’état ; il cherchoit par-tout ce favori pour
le percer du bras qui lui reftoir. Il lut conduit à
Pavie 6c mourut des bleffures qu’il avoit reçues
dans la bataille.
30. D'Andri, feigneur de Lefparre, frère des
précédehs, fo'dat impétueux, général fans conduire.
En 1521 , il fut chargé de rétablir le roi de Navarre
dans fes états j'c e choix paroiffoit d’autant plus
naturel que la branche de Foi-x-Lautrec ponvoit
hériter des biens de la maifon'de'Foi*, fi Henri
d’Albret, mari de Catherine de Foix, venoit à mourir,
& qu’ainfi Lefparre fe.mbloit faire la guerre aux
Efpagnols, moins comme général françois, que
comme, parent du roi de Navarre, 8c l’un de fes
héritiers préfomptifs. Lefparre prit Saint-Jean-de
Pied-de-Port 6c Pampelune, pénétra en Caftille , ,
fit le fiége de Logrogno, fut battu devant cette
place, 6c reçut tant de coups fur fon cafque
dans la bataille, qu’il en perdit la vue: depuis'
ce temps il difparoit de l’hiftoire.
4°. La faveur de ces trois frères tenoit en partie
à celle de leur foeur Françoife de Foix, femme
de Jean de L a va l, feigneur de Château-Briant , la
première des deux feules maîtreffes qui régnèrent
fur François I, parmi tant d’autres qui l’amusèrent.
Ce fut la comteffe de Château-Briant qui régna
jufqu’à la captivité de François I , L’hiftoire roma- -
nefque des trois anneaux pour attirer à la cour la
comteffe de Château-Briant que via jaloufic de
fon mari en éloignoit, l’hifioire non moins romanesque
de la vengeance que tira le comte de
Château Briant de l’in fidélité de'fa femme, lorfque j
la prifori du roi la fit rentrer fous la puiffance j
de fon mari, la chambre noire , les fix hommes j
mafqués, les deux chirurgiens qui faignent la
comteffe des deux bras 8c des deux pieds, 6c la
laiffent expirer , toutes ces horreurs tragiques
paroiffent être purement de l’invention de Varillas ;
mais Hévin, qui l’a réfuté , va trop loin , quand
il prétend nier que madame de Château-Briant
ait été maîtreffe de François I , Brantôme qui
avoit pu voir la comteffe de Château-Briant » qui
FOI COy
avoit beaucoup vu François I , qui avoit vécu
avec les gens les mieux infiruits, foit des évé-
nemgns publics, foit des anecdotes fecrètes- de
cette cour, parle tant, & fi fouvent, 8c fi naturellement
des amours publics & notoires de François I
6c de la comteffe , qu’il eft impofîible d’ébranler
une opinion fi bien établie.
Depuis le retour du roi, il nous la montre
éclipfée dans la faveur par la jeune de Heiîiy
( la ducheffe d’Etampes), mais jouiffant à la cour
des honneurs de fon rang 8c du fouvenir de fia
faveur paffée , 8c fe vengeant de fon amant
infidèle , par un trait généreux & tendre. François I
& Marguerite de Valois, avoient pris plaifir à
orner de devifes galantes, des bagues 6c d autres
bijoux que le roi avoit donnés à la comteffe de
Château - Briant lorfqu’il l’aimoir. La ducheffe
d’Etampes voulut avoir ces bagues, à caufe. des
devifes qui ne dévoient plus avoir été faites que
pour elle ; le roi les envoya redemander à la
comteffe de Château-Briant: la comteffe répondit
qu’elle les chêrcheroit, 6c demanda trois jours
pendant lefquels elle fit fondre 6c convertit en
lingots toutes ces bagues; quand le gentilhomme
revint les redemander : a portez cela au roi, lui
d it - e lle , 8c affurez-le bien que le poids y eft
j> tout entier. Quand aux devifes, elles font
» gravées dans mon coeur , c’eft là qu'il doit les
» chercher. Le foi confondu, mais fecrétement
flatté , fentit tout le prix d’une telle a&ion :
» cette femme , s’écr a-t il ,a plus de courage que
v je n’en aurois attendu de fon fexe ; allez ,
» reportez lui fon or ; je lui en aurois donné le
» double pour les feules devifes.
Au refte , la comteffe de Château - Briant, qui
favoit fe vangerfi noblement de l’infidélité, n’a voit
pas été plus fidelle au roi qu’à fon mari, fi l’on
en croit une autre anecdote de Brantôme : elle
aimoit Bonnivet, 6c le roi l’ayant un jour furpris
chez e lle , Bonnivet n’eut que le temps de fe
cacher fous des feuillages qu’on mettoit alors en
été dans les cheminées des appartenons. Le roi
eut ou feignit un befoin , 6c ne voulant pas for tir,
il alla dans la cheminée , ou les feuilles cachèrent
bien Bonnivet, mais le garantirent mal. Le roi
paroiffoit quelquefois jaloux de fon favori ; 8c la
comteffe, pour le tromper , avoit recours au petit
expédient de donner du ridicule à Bonnivet,
artifice qui trompe encore quelquefois ceux qui
ont befoin d’être trompés.
La comteffe de Château-Briant mourut le
oétobre 1537 , fon mari lui fit ériger un tombeau
dans, l’églife des Mathurins de Château-Briant.
Diverfes autres branches de la maifon de Foix
ont produit auffi plufieurs perfonnages diftingués ,
6c beaucoup de guerriers moifïonnés dans les
combats.
De la branche des comtes de Candate, Henri
de Fo ix , beau-frère des Montmorencis , tué à
l’affkut de Sommières , en