
d o r , en forme de cens, pour le duché de Rhégîo'
& de Modène , dont il donna rinveftiture à Bortius
d Eft. Il vendit la principauté de Piombono aux
iJrfïns, & refufa l’invefticure du Milan ois à François
©force, qui ne voulut point s’engager à payer un cens
annuel, ni rendre Parme à l’empire. A fon retour
fin Autriche, il trouva Neuftat afîiégé par les Hongrois
les Bohèmes qui lui redemaadoient le jeune
Ladiflas, qu’il gardoit toujours fous fa tutèle. Il
fut obligé de le leur rendre après avoir fait plufieurs
tentatives pour le retenir. Il s’étoit même fait aider
des foudres de Rome. Cependant la Chrétienté
étoit dans la plus grande agitation. Les Turcs ,
f3'ui ne vouloient reconnoître aucune borne à leur
puiffance , la preffoient à i’Orient. L’empereur
Conftantin XIII, voyant aux portes de fa capitale
Ces conquerans que rien ne pouvoir arrêter,
demanda inutilement des fecours à F r é d é r ic . Ce
prince abandonné, mit toute fa reffource dans
un noble défefpoir : il périt fur la brèche, 8c laiffa
fon trône à Mahomet I I , fon vainqueur. En lui
finit l’empire grec, après avoir fleuri plus de douze
fiècles. La divifion des chrétiens occidentaux, la
foibieffe & l’avarAce de F réd é r ic , a in fi que la défu-
nicn entre les églifes grecque & latine, furent
les principales caufes de cette révolution. La conquête
de cet empire ne rempliffoit point encore les
defirs ambitieux de l’invincible Mahomet; & , par
une fatalité inconcevable, prefque tous les princes
chrétiens , au lièu de fe réunir dans ces triftes conjonctures
, s’épuifoient par de petites guerres les
uns contre les autres. La maifonde Brun fwick étoit
en armes pour les falines ; la maifon Palatine pour
le titre d’élefieur, qu’un adminiftrateur vouloir
prendre. Le duché de Luxembourg étoit envahi par
le duc de Saxe, & réclamé par Ladiflas , roi de
de Bohême & de Hongrie. Cependant on indiqua
une diète à Ratisbonnepour délibérer furies moyens
d’arrêter les progrès des Turcs. Les nonces de
Nicolas y proposèrent une croifade ; elle, étoit
néce {faire, Sc Philippe-le-Bon offrit à l’empereur
fes biens , fes troupes & fon bras. F r é d é r ic le
refufa t dans la crainte que cette guerre n’augmentât
la puiffance de ce généreux duc qui réitéra
inutilement fes offres dans une fécondé diète à
Francfort. Les Hongrois, menacés des malheurs
.que vendent d’éprouver les Grecs, follicitoient
de prompts fecours; mais l ’empereur & le pape
calcuioient fans ceffe les fommes qu’exigeoit une
telle expédition. Les états d’Allemagne qui con-
noiffoient la cupidité de l’un & de l’autre, refusèrent
leur contingent, & s’offrirent de conduire
eux-mêmes leurs troupes, parce qu’ils voyoient
que leur principal deffein étoit de s’attribuer l’argent
des levées. Dans une troifième diète à Neuftat,
au lieu de difcurer les plus grands intérêts , on
s’occupa à difputer fur la préféance , 8t l’on fe
quitta fans rien terminer. L’empereur préparoit
fourdement la grandeur que fa maifon fit éclater
|>eu èe temps après fa mort , & il lui paroifioit.
nèceffairè , pour parvenir à fon but, . de fe tenir ;
uni au pape. Il fe hâta de prêter l’obédience à
C alifla lI I , fucceffeur de Nicolas. Les états vouloient
qu’il temporifât, & que l’on mît le pape
en danger, afin de l’engager à diminuer les chaînes
du clergé germanique ; mais cette politique n’entroit
pas dans fes deffeins. Les états mécontens
s’affemblèrent à Nuremberg & à Francfort, &
le foin nièrent de s’appliquer aux affaires du gouvernement
, & d’avoir foin de l’adminiftratiora
de la juftice. Ils le menacèrent de le dépofer ,
8c de lui donner un fucceffeur, lui vivant ;
F r é d é r ic reçut avec indifférence cetie injurieufe
fommation, & pour les empêcher d’exécuter leurs
menaces, il fit élire pape Enéas Sylvius, fon fé-
crétaire. On apprit fur ces entrefaites la mort de
Ladiflas : l’empereur auffi-tôt fe porta pour héritier
univerfel des états de ce prince en Allemagne,
& voulut faire revivre d’anciens aétes pour, fe
faire couronner roi de Bohême 8c de Hongrie ;
mais il fut obligé de fe contenter de la Baffe-
Autriche. Le duc Albert, fon frère , eut la Haute ;
& la Carinthie échut à Sigifmond,fon coufin. Les
Bohèmes 8c les Hongrois méprisèrent fes prétentions.
Les premiers fe donnèrent à George
Podiebrad qui s’étoit fighalé par plufieurs allions
éclatantes ; les autres à Mathias, fils du grand
Huniade. L’empereur voulut envain juftifier par
les armes fes prétendus droits, il fut vaincu dans
toutes les rencontres , foit qu’il combattît ea
perfonne , ou par fes généraux. Il engagea cependant
Mathias à faire un traité qui lui fut a van ta- ,
j*eux. Ce traité , dit un moderne , ne reffembloit
à aucun traité. Mathias reconnut F r éd é r ic pour
père, & F r é d é r ic reconnut Mathias pour fon fils;,
on ftipula. que, fi ce fils adoptif mouroit fans,
enfans & fans neveux, le prétendu père feroit
roi de Hongrie. Ce fut à ce prix que F r éd é r ic
remit à Mathias la couronne de Saint-Etienne qu’il
retenoit, & à laquelle les peuples fembloient
avoir attaché le droit de régner. Dans ces temps
de difcorde les rois dévoient peu compter fur
leurs fujets. Les Bohèmes, qui avoient appelle
George Podiebrad, 8c lui avoient donné la préférence
fur plufieurs prétendans, voulurent brifer
cette idole , 8c offrirent leur couronne à F réd é r ic
qui fe difpofa auffi- tôt à dépofféder Podiebrad t
mais les états, affemblés à Nuremberg , prirent le
parti du roi de Bohême, Louis de Bavière. Lanshul
dit , fans ufer d’aucun dèguifement, qu’au lieu
de donner la Bohême à F r é d é r ic , il falloir don-, .
ner l’empire à Podiebrad. L’empereur & les électeurs
fembloient ne s’étudier qu’à fe donner des
mortifications réciproques , & tous tomboitnt
dans l’aviliffement 8c dans le mépris. Cette inimitié
, qui dura pendant tout le régne de F r é d é r ic% ,
étoit très-funefte à l’état. Le. pape qui voyoit que
fon appui étoit néceffaire à l’empereur, vexoit à
fon gré le clergé d’Allemagne. F r é d é r ic , ne fe d©iv>
npit aucun ihouyement pour ramener les efprits.,
à un centre d’union. Toujours occupé à fatisfaire
fa pafiion pour l’argent, il accumuloit tréfor fur
tréfor, 8c fe confoloit ainfi des outrages qu’il
yecevoit .chaque jour. Cependant il ne lailloit
échapper aucune occafion d’élever fa famille,, 8c
c’étoit-là qu’il mettoit tous fes foins. Çharles-le-
Tèméraire, à fa mort ( 1477 ) » laiffbit une fille
nommée. Marie ; F r éd é r ic fit époufer cette riche
héritière à Maximilien fon fils , 8c par ce mariage
il acquit à fa maifon la Flandre impériale,
avec tous les Pays - Bas 8c la Franche-Comté ;
mais il ne donna rien autre chofe que fon çoh-
fenterùent. Maximilien arriva à Gand dans le plus
mince équipage; l’empereur lui refufa .même les
chofes les plus néceffairés. La mort de Mahomet II,
arrivée depuis la conclufion de ce mariage, oftroit
aux Chrétiens une occafion favorable de fe venger
des infultes des Turcs; mais leurs divifions laif-
sèrent ces peuples en poffeiïion de leurs conquêtes.
Toutes les villes. d’Allemagne, mécontentes
de ce règne anarchi'que, fe foulevèrent à
'l’en v i, 8c Mathias Huniade profita de leurs mou-
vemens pour attaquer l’empereur qui prenoit le
titre de roi de Hongrie. L’empereur n’éprouva
que des défaites 8c des difgraces ; chaffé de la
Baffe-Autriche, il erra de monaftère en monaf-
tère, répétant cette maxime efiimable dans un
jfolitaire, mais dangereufe dans un fouverain , que
l’oubli des biens qu’on a perdus, étoit la félicité
fuprême. Il termina cefte guerre par un traité
honteux, 8c laiffa la Baffë-Autriche-à Mathias
Huniade, jufqu’à ce qu’il l’eût dédommagé des
frais de la guerre : mais toujours jaloux de fon
titre de père , il fe rèferva le droit.. de fuccéder
à fon fils adoptif dans le royaume de Hongrie.
Il faut conyenir que F r éd é r ic avoit dans Mathias
mn fils peu refpeélueux. Ce fut au milieu des
feux de cette guerre qu’il fit reconnoître Maximilien
pour fon fucceffeur. On a eu raifon de dire
,qùe jamais prince n’eut moins de gloire perfon-
elle, 8c ne préparé mieux la grandeur de fa
maifon. Cependant le traité qu’il avoir conclu
avec le roi de Hongrie-, n’eut point d’exécution
quant aux conditions qui lui êtoient àvantageufes.
La veuve de Mathias , ayant fait affembier les
états, leur fît jurer qu’ils reconrioîtroient pour
roi celui qu’elle prendroit pour époux , 8c donna
auffi-tôt fa main à Ladiflas Jagellon, roi de
Boheme. F r é d é r ic vécut encore plufieurs années,
dont les éVénemens appartiennent au règne de
Maximilien fon fils. Il mourut 'à Lintz l’an
1493 ; il étoit dans la foixante - dixième année
de fon âge 8c la cinquante - quatrième de fon
règne. Il eut de l’impératrice Eléonore, Maximilien
qui lui fuccéda à l’empire, deux fils qui tous
deux moururent au berceau , 8c une fille appellée
Cunegonde , qui époufa Albert-le-Sage , duc de
Bavière. Ce fut un prince fuperftitieux 8c foible.
La moitié de fon règne fe paffa à interpréter de
ÿains fongcs. Son ame parefl’eufe s’accoinmodoit
de tôutes les pofitions où il plaifoit à la fortune
de le mettre. Elle feule le fou tint fur un trône
qui fouvent fut un écueil pour les plus grands
j hommes. L’or dont il étoit l’efclave , lui fit oublier
tous les affronts dont il auroit dû tirer vengeance.
On l’a furnommé le P a c i f iq u e ; mais peut - on
donner ce titre à un prince ,v dont le règne ne
fut qu’une perpétuelle.anarchie., 8c dont lès états
furent continuellement dévorés par le feu^ des
guerres civiles ? Son indolence 8c fon infenfi-
bilité ont fait dire , avec plus de juftice , qn’jL
confervoit une ame morte dans un corps vivanti
C M — r y .
FREGOSE ( H i f i . d e ■ G ê n e s ) illuftre famille
Génoife, rivale de celle des Adorne , ( voye[
A dorne) elle a fourni à Gênes un grand nombre
de doges en différens temps.
En 1444 , les Génois, qui s’étoient déjà plufieurs
fois donnés à la France du temps de Charles V f ,
parurent vouloir revenir à elle, mais ce n’etoit
qu’un artifice de Jean F r ég o fe , qui voulant enlever
la feigneurie à Barnabé Adorne-, fe fervit de
l’argent 8c des armes dés François 8c leur manqua
de parole. En 1515, lorfque François I préparoit
1 tout pour la conquête du Milanès, il traita fecré-
1 tement par le miniftèredu connétable de Bourbon
1 avec Oélavien , F r é g o fe , alors doge de Gènes, qui
| remit la cité de Gênes entrje les mains du roi de
| France, changea le titre de doge en celui de gou-
I verneur perpétuel pour le roi, 8c reçut garnifon
françoife, moyennant une compagnie de gendarmerie
,.l’ordre dé faint michel. 8c une forte penfiun
pour lui; beaucoup de bénéfices pour Frédéric
fon frère, archevêque de Salerne , 8c le rétabliffe-
ment des privilèges des Génois, abolis par Louis XII.
Lorfqu’en 152.2 , les François perdirent Gênes,
O&ayien F r ég o fe fut pris dans fon lit par le marquis
dePefcaire, ( F o y e ^ l’article Navarre) (Pierre de)
B Les F r é g o fe s relièrent attachés à la France. Céfar
F r ég o fe étoit un de ces deux ambaffadeurs que
François I envoya à Venife 8c à Conftantinople
en 1 5 4 1 ,8c que le marquis du Guaft, gouverneur
du Milanès pour Charles-Quint, fit aftaffiner fur le,
Pô , comme Guillaume du Bellay Langei parvint
à l’en convaincre juridiquement. Cet affafîinat fut
la caufe de la troifième 8c dernière guerre, qui
s’alluma entre Charles-Quint, 8c François I. On
voit encore fous les règnes fuivans, les F r ég o fe s
fervir dans les armées ffançoifes.
FREHER ( F o y e ^ Marquard Freher.)
FREIN D , (Jean) \Hifi. Un. mod.) fa van t médecin
anglois , 8c homme de lettres-très inftruit. A fon retour
en Angleterre, après avoir voyagé avec fruit &
avec gloire en Efpagne 8c en Italie, il fut mis à
la tour de Londres, fur un foupçon, fans aucun
fondement , d’intelligence avec les ennemis de
l’état, ou feulement d’intérêts 8c de vues oppoféts
| au miniftère; il y i wfta fix mois, fans que le miniftre,