
plu? diftingués par leur naiffance. Des fonds fu*
rent afîïgnés fur le tréfor public pour fournir à
la dépenfe des facrifiçes, Cçs égards pour les reftes
de l’idolâtrie firent murmurer leSr chrétiens , qui
ne purent lui pardonner d’avoir accepté le titre
de grand-prêtre de Jupiter. C ’étoit moins par attachement
pour l’idolâtrie, que par le dsfir dé
réunir tous les fuffrages , qu’il avoir cettè complai-
fance criminelle; car d’ailleurs il avoir du zèle
pour le chriftianifme , qui prit fous fon règne
de nouveaux accroiffemens. Le murmure des chrétiens
fut appaifé par un édit publié en leur faveur.
I & des fêtes ou le peupL’ trouvoit le dêiafTetnent
] de fes fatigues. Ce prince , proteâeur de la reli-
! gion , la déshonoroit par fes débauches. Il vivoit'
J- au milieu d’une troupe de jeunes efféminés .qu’il
j choififfoir parmi les otages, ou qu’il faifoit ache-
I ter chez Tètranger. Paffionné pour la chaffe , il
S s’enfonçoît dans les forêts pour fe livrer à cet
1 amufement ; fes excès & fes fatigues épuifèrent - I fon tempérament. Tourmenté de la goutte , il
j perdit l’ufage des pieds & des mains. Ses
I douleurs le punirent fans le corriger. Confiant »
devenu odieux à fes fujets, autant par fes vices»
que par la tyrannie de fes miniflres , ne recoin-
penfoit que fes flatteurs. Marcellin, intendant des
finances, & Chiëfle,;capitaine expérimenté, formèrent
Ceux qui avoient été dépouillés de leurs biens
pendant les perfécutions, rentrèrent dans leur
droit de propriété , & pour furcroît de faveur ,
ils furent élevés aux premières dignités de l’état, .
dont ils avoient été exclus. Tnndis qu’il les favo- 1
r ifoit, Julien, vainqueur dans les Gaules, répri- j
moit le> ceurfes des Allemands , & affermiffoit 1
Lempi e par fes vidôires. Confiance, jaloux de fes
profpérités, le rappeila clans fa cour ; mais les
légions, accoutumées à vaincre fous ce guerrier
philofophe , ne purent confentir â fon départ, &
pour mieux fe l’attacher., elles le proclamèrent
Augufte. Confiance pour étouffer cette rébellion,
lève une puiffante armée ; & précipitant fa marche
, il effuya tant de fatigues ; qu’il fut attaqué
d’une maladie auprès du Mont-Taur-us, Sentant
fa fin approcher , il fe fit coniérer le. baptême par
un évêque Arien . dont il avdit toujours favorifé k fe&e. Il mourut dans la quarante - cinquième
année de fon âge , dont il en avoit régne
vingt-quatre. Son zèle pour Farianifme, & laper*
fécution contre les évêques & les prêtres catholiques,
rendront toujours fa mémoire odieufe..
C ’étoit d’ailleuts un prince médiocre 3c de peu de.
talens. f T-n . )
CONSTANT 1er ( Hifi. du Ças-Emp. ) , fil? du
grand Conflantin , fut appèllé à l’empire conjointement
avec .fes deux frères, Confiance & le jeune
Confias tin. Les trois princes s’affemblèrent dans
la Pannonie pour partager une fi riche fuccëffion.
Confiant, qui étoit le plus jeune, eut l’Italie, la
Macédoine , la Grèce, l’Illyrie & l’Afrique. Dès
qu’il fut revêtu du pouvoir fouvérain, il fe livra
à fes penchans pour les plûfirs. Jeune , préfompr
tueux, il fe croyoit le plus grand capitainè de
fon fièçle , parce qu’il réufîîffoit dans tous les
exercices militaires, & qu’il étoit adroit à tirer
rie l’arc & à lancer un javelot. L'encens de fes
flatteurs acheva de corrompre fa raifon. Quoique
plongé dans les voluptés , fa foi n’en fut ni
moins v iv e , ni moins pure. Il fe déclara lé dé-
fenfeu/ de l’ortodoxie, & fut le fléau des païens
& des hérétiques. Les eccléfiafliques furent comblés
de biens & d’honneurs ; les facrifices païens .
furent défendus. Ses offrandes enrichirent les églir |
fes y il fit fermer les temples de l’idplâtrie, mais
il défendit de les détruireparce qu’ils embellif- j
fçiem Romf ? & qu’ils pççafionnoient des -jeux 1
une conjuration • pour elever Magnence a
l’empire. Marcellin , chef des conjurés, dédaigna
le trône où il pouvoit monter , aimant mieux être
le maître de Femperèur que de l’empire, il invita
à un grand feffin Magne'ncé & les principaux
officiers de l’armée ^ ’dont la plupart étoient fes
complices. Le pl ai fi r dé la table fut pouffé bien
avant dans la nuit. Magnence difparut, & un moment
après il rentra dans la falle du feflin , revêtis
de la pourpre & de tous les attributs de la puif-
fance foüverainé. Les conjurés le proclamèrent
empereur. Lés autres convives , étonnés de cette
fcène imprévue, prennent le parri de le recoa-
noître. Il marche vers le palais; un corps d’Iily-
riens fe, joint à lu i, & le peuple -, par fes acclamations
, applaudit à fon élévation. Confiant étoit
Occupé de la chaffe dans les forêts , dont' le filence-
fut troublé par le bruit de cette révolte. Ses-do-
meftiques & fes flatteurs l'abandonnèrent pour
ri’êrre point enveloppés dans fon infortuné. Il fe
flatta de trouver u n a fy le en Efpagffe ; il fut vivement
pourfuivi par des fatellite's envoyés par
le tyran ; fe voyant par-tout environné d’aflàffins
& d’ennemis , il quitta les ornemens de fa dignité
pour n’être pas réconnu ; mais il fut découvert
aux pieds des Pyrénées, dans une chapelle où il
s’étoit réfugié. On l’arrache de ce lieu facré-pour
l’égorger. Il périt dans la trentième année de fon
âgé , & dans la troifième de fon règne. ( T -n .)
. C onstant I I , qui prit quelquefois le nom de
Conflantin III ' étoit fils d’Hé radius Conflantin ,
& de Grégorie , fille dû patrice Nicetas. Le
fénat , fatigué de la domination tyrannique de
Martin , qui avoit empoifonné Hcraclius pour
placer fon fils du premier lit fur lé trône , proclama
empereur Confiant fans le concours de
l’armée, qui confirma cette ’élection. Comme il
avoit été élevé fur le trône par les intrigues des
Monothélites , il fut leur zélé'protecteur ; mais -,
- importuné par les clameurs des théologien? inquiets
& turbulens , il impofa fiknee aux deux
partis fur les deux volontés de Jefus-Chrift. Cette
modération apparente ne fervit qu’à couvrit fe
haine contre les ortodoxes , dont il- fut toujours
l’ennemi& le perféçutepr. Martin? quj Vf n£i$ d%Eg
Sjevêfur la chaire de faint Pierre , lui oppofa un
courage digne des temps apoftoliques. Confiant, irrité
de fa réfiftance , le condamna à l’éxil, o ù jl
mourut accablé de chagrins & de mifères. Théo-
dofe , frère du tyran, lui étoit devenu odieux,
quoiqu’il n’eût à lui reprocher que l’amour des
peuples ; c’eft ce qui rendit fa fidélité fufpe&e.
Confiant le força à fe faire ordonner diacre, pour
prévenir la tentation d’envahir la puiffance fuprême;
Ce grade facré ne fut pas fuffifant pour difliper
.les défiances; il eut l’inhumanité de le faire'maf-
facrer , & il ne prit pas même la peine de fe juftifier
de ce fratricide^ Les Sarrafins lui enlevèrent plu-
fieurs provinces, & après l’avoir vaincu, ils lui
.accordèrent une trêve de deux ans. Confiant
délivré d’ennemis auffi redoutables , paffa dans
l’Italie , qu’il vouloit affranchir de la domination
des Lombards ; mais au. lieu de combattre les
barbares, il pilla Rome , qu’il, dépouilla de fes plus
riches ornemens. pour embellir Syracufe , dont il
fit le fiège de fes états. La Sicile, qui fe félicita
d’abord de pofféder le maître de l’empire eut
bientôt à gémir de fa tyrannie. Les peuples furent
ruinés par fes exaÔions.. Il enleva les vafes
précieux qui fervoient au culte public : fon avarice
fouilla jufques dans les tombeaux. Les grands
feigneurs murmurèrent, & furent punis par la
.torture : mais leur fang fut la femence de nouvelles
rebellions. Les peuples opprimés fonpiroient
après un libérateur. Mazefés, fécondé des autres
miniftres du tyran , fe chargea de la vengeance
publique. Il le fuivit dans le bain, & l’affomma
avec le vafe dans lequel on verfoit de l’eau. Il
régna vingt-fept ans , & il étoit monté fur le trône
en 643 . ( T -n . )
CONSTANTIN ( C a iu s-Fla v iu s-V alf.rius-
C laudius ) ( Hïfl. du Bas - Emp. ) , étoit.fils de
Confiance Chlore & d’Hélène fa première femme.
On ignore le temps & le lieu de fa naiffance» On
afeft pas mieux inflruit de l’origine de fa famille , à
qui les uns donnent la plus haute antiquité , &
que d’autres prétendent être très-nouvelle. Quand
i l fut revêtu de la pourpre, fes flatteurs le firent
defeendre de Vefpaiien ; mais ils ne, purent jamais
établir-cette filiation. Conflantinné.avec toutes les
iemences de Fhéroïfine, n’eut pas befoin d’aïeux
pour fe rendre illuftre. Lorfque fon père fut envoyé
dans les Gaules avec le titre de Céfar ,
Dioclétien le retint auprès de lui comme un gage
•de la fidélité de fon collègue. Les diftinéïions dont
il l’honora lui firent oublier qu’il étoit dans une
.efpèce de captivité. La valeur, dont il donna de
fréquens témoignages dans la guerre d’Egypte,
le rendit également cher à Dioclétien & aux fol-
dats, A fon.retour à Rome, le peuple s’emprefl-
foit en foule fur fon paffage, & par fes acclamations
réitérées, lui préfageoit fa grandeur future.
Ses yeux vifs & perçans annonçoient fa . pénétration.
Sa phyfionomie noble & guerrière étoit
*envpérce par ion affabilité. Ses refus étoient accompagnés
de tant de grâces, qu’bn ne le quit-
toit jamais fans être pénétré de reconnoiffance. Sa
conftitution foible & délicate l’expofa à de fréquentes
maladies dans fon enfance. Une vie fobre &
frugale fortifia fon tempérament & le rendit capable
des plus- grandes fatigues. Sa jeuneffe fut
exempte des foibleffcs qui égarent la raifon. Son
premier mariage avec Minervine prévint les orages
que les paffions excitent dans leur naiffance*
La feieneç militaire étoit la feule qui donnât dé
la confidération dans ce fiècle de. guerre. Son
père , entraîné par l’exemple, ne lui donna qu’une
éducation propre à en faire un grand capitaine. Il
fut nourri dans le camp , où il vivoit confond«
avec les foldats ; mais quand il fut parvenu à
l’empire , il cultiva les lettres, peut-être même
avec plus d’application qu’il ne convenoit à l’arbitre,
des nations. Les favans furent admis dans
fa familiarité. Les courtifans, qui jufqu’alors n’a-
voient fu que défier les périls & la mort, devinrent
plus éclairés & plus polis. L’ignorance & la
. férocité ne furent plus le caraétère dimnéïif du
guerrier. Galerius , fucceffeur de Dioclétien , prit
ombrage de fon mérite ; & pour ne pas lui donner
trop de confidération, il lui refufa le titre de
Céfar, qui,lui étoit dû comme fils de. Confiance*
Sa politique cruelle l’expofa aux plus grands dangers
, d’où il eut le bonheur & l’adreffe de fortir
avec gloire. Son père étant prêt de s’embarquer
pour là Grande-Bretagne, redemanda fon fils avec
une hauteur menaçante qui détermina Galerius à
le rendre. Confiance reçut avec des larmes de joie
un fils qu’une longue abfence lui avoit rendu plus
cher.Etant prêt de mourir, il lexdéfigna fon fucceffeur
, fans lui affocier trois autres fils qu’il avoit
de fon fécond mariage. Dès qu’il eut les yeux
fermés,les foldats proclamèrent fon fils Augufie*
Conflantin les pria d’attendre l’agrément de G a lerius
pour prendre ce titre. Leur impatience ne
put fe réfoudre à ce ménagement politique. Ils le
revêtirent de la pourpre malgré fa réfiflance. Son
premier foin fut de rendre les devoirs funèbres
à fon père , à qui il fit déceraer les honneurs divins.
Galerius , qui fe voyoit obfcurci par cet aflre
naiffant, fit mouvoir des refforts fecrets pour l’ex-,
dure du gouvernement : mais fon avarice & fes
Cruautés Fa voient rendu fi odieux, qu’il n’infpiroit
plus que des fentimens de mépris. Sa jaloufie
impuiffante ne fit que relever l’éclat de fon collègue.
Il tourna fes fureurs contre les chrétiens,
dont le fang inonda la ville & les provinces. Tant
de vidimes ne furent pas jfùffifantes pour affou-
virfes vengeances. Les païens, qui lui étoient auffi
indifférens que les chrétiens, furent enveloppés
dans la profeription. Les biens des citoyens les
plus opulens furent confifqués, des impofitions
accablantes épuifèrent le peuple , le mécontente-,
ment fut général comme l’oppreffion. Le cri de
la révolte retentit aux pieds du trône. Galerius,
environné de fédiûeux 6c de mécontens^ revèûc