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retira dans la Lucanie, où (on ambition réveillée
lui fit tent.-r les moyens de remonter au rang dont
il étoic defcendu. Sun gendre, Confiants*!, le fit
tomber dans les embûches qui lui avoient été
dreffées , & l’ayant fait prifonnier,, il .le .fit étrangler.
( T — N.. )
DIOCLÉTIENNE ( Epoque) (jH if .m o d .) , cette
ère qu’on appelle aiifii celle dès martyrs, a commencé
fous Dioclétien; fa première annéetonlbe
au vingt - neuvième avril de l’an 5015 de la période
julienne, de J. C. 302. Les Ethiopiens qui
la fuivent & qui eh appellent les années années de
grâce, en ont formé un cycle de 534 ans, dont la
première année a été la première des années de
grâce : la fécondé année , la fécondé des années de
grâce , & ainfi de fuite jufqu’à 534 ; au bout de
ce nombre, ils ont compté la première année du
fécond cycle des années de grâce; la fécondé année
du fécond cycle des années de grâce , &c.„ d’oii l’on
voit que le nombre des cycles dioclétiens écoulés
étant donné, avec le nombre des armées de grâce
écoulées du cycle courant, on peut facilement
rapporter l’année de l’époque dioclétienne à telle
autre ère -qu’on le jugera a propos.
DIODORE de Sicile ( Hiß. _ litt., anc. ) .S o n
fameux ouvrage divifé en 40 livres , dont il ne
yous refte .que quinze avec <Jes fragmens de quelques
autres , comprenoit l’hiftoire deprefque toutes
les nations jcéljèbres, Ce qui en refie .a été traduit
par l’abbé Terrafion. Diodore de Sicile eft du meilleur
temps » il écrivoit fous Jules-Céfar .& fous
Augufte ; il avoit (ait un longféjour à Rome, & de
plus, il avoit pris la peine d’aller, lui-même voir
les principaux pays dont il avoit à parler, & fo n
{travail fut le fruit de trente ans de recherches. Le
furnom de § teile .indique fon pays.
DIOGÈNE ( Hiß. anc. ). C ’eft le nom de plusieurs
phiiofophes anciens, dont le plus célèbre eft
le cynique. Nous avons déjà eu occafion de citer
pluheurs des traits qui le regardent ou d’y faire
allufion. ( Voye^ les articles A n t isth èn e &
Ç r a tù s . ) Nous n’expoferons point fon fyftême
de philofophie ; ce département n’eft pas le nôtre ;
nous ajouterons feulement aux traits déjà cités
quelques ■ autres traits qui peignent cet homme
fingulier. Son hiftoire, telle qu’on la raconte, offre
un mélange bizarre de bafleffe & de grandeur, de
.crime même & de vertu. jOn le repréfente d’abord
comme un faux monnoyeur, fils d’un faux mon?
noyeur , tous deux banni's pour ce crime , de. Si-
jiope , leur patrie. Il difoit en quittant Sinope que
p’étoient fes concitoyens qui refioiçnt reLégués
dans leurs maifons , tandis qu’il alloit à Athènes,
ja patrie de tous les honnêtes gens. On ne le voit
pnfuite que tranfporté de l’amour de la fageffe &
du defir d’apprendre; il fe préfente pour difçiple
à Antifth.ène fondateur de la fe% cynique, Antjf-
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thène ne vouloit plus de difciples ou ne -vouloit
pas un tel difçiple, il le repouffa avec fon bâton...
Frappeç , lui dit Diogène, mais n’efpéreç pas trouver
de bâton ajfe{ dur pour m'éloigner de vous , tant que
vous aure£ quelque ckofe à m apprendre,. Annfthène
reconnut que Diogène n’ètoit pas un homme ordinaire
§£ qu’il étoit digne d’être cynique. Perfonne
en effet ne profita mieux des leçons .& des exemples
d’Antifthène. Il marchoit toujours nuds pieds,
U fë rêduifit pour tous meubles à un bâton , une
b eft; ce Scmne écuelle , encore ayant vu boire uij
enfant dans le creux de fa main , caffa-t-il l’écuelle',
en difant' : il m'apprend qu,e je gardois encore .du
fuperflu.
Il avoit ou affeéloit un fouverain mépris pour le
genre humain , fentimentqui n’eft point étranger à.
la fede cynique. On connoît le conte de là Lanterne
en plein midi, & le mot je cherche un homme. Le
mot de Baffompière à la reine, qui lui demandoit
quand il accoucheroit parce qu’il étoit devenu fort
gros : quand j'aurai trouvé une fage-femme, eft plus
piquant, & n’ètoit pas préparé.
Diogène voyant des juges mènerait fupplice. uq
homme qui avoit volé une petite fiole dans le
tréfor public, dit ce mot qui a tant été répété ;
voilà de grands voleurs qui en conduifent un petit?
N’é.toit-ce pas un fouvenir de fon premier métier
dè faux monnoyeur, qui le difpofoit favorablement
pour ceux que la juftice puniljpit ?
Voyant un jour un homme fe faire chauffer par
■ un efclave., ne faudra-t-il pas aujji qu'il te mouche f.
de quoi te fervent tes mains ? mot vraiment cyni«-
que & très-raifonnable.
On lui jconfeilloit de faire courir après un enclave
nommé Ménade, qui l’avoit quitté , quoi 9
dit-il, quand Ménade peut vivre fans Diogène , Dior
gène ne ppurroit pas vivre fans Ménade ?
Des parens lui préfentant pour difçiple un jeune
homme, dont ils vantoient beaucoup la fageffe §c
le fa voir , s’il ejljz parfait, dit-il, il ri a pasbejoin
de moi?
Il fe piquok de porter au fil loin qu’aucun cynique
le mépris pour la pudeur & les bienféances,
Ce qui a fait dire qu'il ne falloir pas trop regarder
au fond de fon tonneau.
On l’a même accufé de penfer mal delà divinité,
parce qu’il difoit dans fori indignation que
le bonheur confiant d’un brigand infigne, nommé
Harpalus , rendoit témoignage contre les Dieux.
Il paroît que les différentes écoles de philosophes
che.rcboient à fe décrier les unes les autres,
.& que quand quelqu’une fe trppvoit .en faute dans
fes enfeignemens & dans fes définitions., c’étoit un
triomphe pour fa rivale. Platon, que Diogène, fe
plaifoit fur-tout à combattre, & dont il fouloit
, aux pieds le fafte, par un fafte plus grand) difgit
Raton ),
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Platon) , ayant défini l’homme un animal à deux
pieds fans plumes , Diogène jette un chapon plumé
•dans l’académie , en difant : voilà l'homme de
Platon.
On attribue à Diogène beaucoup d’éloquence,
on ^prétend même que cette éloquence n’étoit pas
fans grâce & fans infinuaûon , & qu’elle contribua
beaucoup à augmenter le nombre de fes difciples ,
au nombre defquels on compte Phocion, Onefi-
c r ite , hiftorien eftimé d’Alexandre , qu’il fuivit
.dans fes guerres , deux fils de cet Oneficrite , Stil-
pon de Megare, &c. Il refte à voir comment le
plus libre des hommes fe comporta dans là fervi-
Æude ;. alors il ne fe contenta plus d’être libre, il
•voulut être maître. Voici par quel accident il fut
cenfé devenir efclave. En voulant pafièr dans l’ifle
•d’Egine, il fut pris par des pirates qui l’amenèrent
.dans l’ifle de Crète , & l’exposèrent en vente...
■ Quand le Crieur lui demanda : que fave^-vous faire ?
Il répondit : commander aux hommes , & voulut que
le Crieur le proclamât fous cette formule: qui
yeut acheter un maître ? Il fe préfenta un Corinthien
nommé Xéniade, qui cherchoit en effet un
maître, non pas pour lu i, mais pour fes enfans ,
Diogène en fut le précepteur, & Xéniade, charmé
de l’excellente éducation qu’il donnoit à fes fils,
difoit : un bon génie efl entré cheç moi. Diogène s’attacha
aufti à .cette maifon, & quand fes amis & fes
difciples lui proposèrent de le racheter, je ne fuis
point efclave | leur d it- il, les lions le font-ils de
ceux qui les nourriffent ? ITvieillit chez Xéniade ,
quelques-uns même difent qu’il y mourut.
Cependant ce fut à Corinthe qu’Alexandre alla
lui rendre vifite dans fon tonneau, ce qui fuppofe
qu’il n’habitoit point la maifon d’autrui. Alexandre,
dit Sénèque, vit un homme auquel il ne pouvoit
rien donner , ni rien ôter, cui nec dure quidquam
pojfet nec eripere.
Alexandre, dit Juvenal, fentit combien c’étoit
une chofe plus heureufe de ne rien defirer que de
defirer tout :
Senjit Alexander , tejlâ cum vidit in illâ
Magnum habitatorem , quantb feliçior hic , qui
Nil cuperet,, quain qui totum Jibi pojeeret orbem. 1
Ce magnum habitatorem eft tout - à - la fois un fu-
blime éloge & une grande beauté poétique. C ’eft
au moral ce que le regnatorem ajîcen'eû qu’au propre.
Mais Juvenal fait trop d’honneur à la philofophie
d’Alexandre ; en effet, comme on eft toujours
porté à mettre au premier rang l’étât qu’on a ein-
braffé, Alexandre ne plaçoit le fage qu’immédia-
tement après le conquérant : fije n'étois Alexandre,
dit-il, je voudrons être Diogène.
On deihandoit à Diogène mourant où il vouloit
être enterré ; je ne veux pas l’être, dit-il, qu’on
»IC jeite à la voirie. — quoi ! expofé aux infultes
Hifoire, Tome II. Seconde part.
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des eifeaux & des bêtes féroces ? —- Oh ! non ;
mettez moi) bâton à côté de moi, je les chafferai.
*— Eh 1 vous ferez privé de tout fentiment ! —- Que
m’importe donc en ce cas d’être mangé par les
bêtes ?
On n’eut point d’égard à fa dernière volonté
fur cet article, on lui dreffa un magnifique tombeau
près de la porte de la v ille , tournée du côté de
l’Ifthme ; à côté du tombeau on érigea une colonne,
fur laquelle on plaça un chien ( fymbole du C y -
nifme j fait de marbre de l’ifle de Paros.
Diogène mourut âgé d’environ quatre-vingt-dix
ans , ou le jour même de la mort d’Alexandre, ou
peu de temps après.
On a retenu de lui des maximes qui valent
mieux que fes bons mots.
« Tout s’acquiert par l’exercice, il n’en faut pas
>> même excepter la vertu.
» L’habitude répand de la douceur jufques fur le
v mépris de la volupté.
w On doit plus à la nature qu’à la loi.
» Le fage eft au milieu de fes amis comme l’être
» fuprême au milieu de fes créatures.
y> Si les loix font mâuvaifes , l’homme eft plus
» malheureux & plus méchant dans la fociété que
» dans l’état de nature.
» Le comble de la folie eft d’enfeigner la vertu,
» d’en faire l’éloge, & d’en négliger la pratique.
» L’amour'eft l’occupation des gens défoeuvrés.
» Le médifant eft la plus cruelle des bêtes fa-
» rouches , & le flatteur la plus dangereufe des
» bêtes privées.
» Il faut, réfifterà la fortune parle mépris, à la
» loi par la nature, aux pallions par la raifon.
î> Ayons, les bons pour amis, afin qu’ils nous
m encouragent à faire le bien , & les médians pour
» ennemis, afin qu’ils nous empêchent de faire le
w mal ».
On attribue aufli à Diogène la comparaifon des
grands avec le feu , dont il ne faut fe tenir ni trop
près., ni trop loin; c’étoit un mélange delà philofophie
d’Ariftippe avec celle qui lui étoit propre*
Les autres phiiofophes célèbres du même nom
font Diogène d’Apollonie dans l’ifle de Crète , difi-
ciple & fuceeffeur d’Anaximènes dans l’école d’Ionie.
Il vivoit environ 500 ans avant J. C. Il e ft,
dit-on , le premier qui ait obfervé que l’air fe coli-
denfe & fe raréfie.
Et Diogène le babylonien, philofophe .ftoïcien,
dilciple dè Chrj'fippe, fut avec Carnéade & Crito-
laiis, de la fameufe ambaffade que les Athéniens
envoyèrent à Rome l’an 155 ans avant J. C, Il fe
Y y