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Ferdinand, frère du roi. Cette queftion étoit encore 1
plus indécente qu abfurde : car enfin la reftitution
de Ceuta avoit été promife, & ce n’étoit qu’à cette
condition que le roi de Fez avoit confenti à la
retraite de l’armée Portugaife qu’il eût pu écrafer ;
•8c de quelque importance que cette place fût pour
le Portugal, il étoit contre l’intégrité, contre l’honneur
même de la nation, de la retenir au mépris
des fermens faits devant Tanger. Cependant le
confeil fut d’un avis contraire, tant l’intérêt l’emporte
fur l’honneur & fur l’équité : ce fut même,
dit-on, de l’avis du pape que l’on convint de retenir
Ceuta, & d’offrir au roi de Fez une très-groffe
fomrne pour la rançon de don Ferdinand, & qu’au
cas où les Maures fe refuferoient à ce dédommagement,
le pape publieroit une croifade pour procurer
la liberté à don Ferdinand. Les Maures indignés
de cette violation manifefte des promeffes les plus
folemnelles, rejettèrent toute offre, fe refusèrent
aux follicitations des rois de Caftille 8c de Grenade,
& gardèrent don Ferdinand qui fupporta avec une
héroïque confiance les dégoûts, les humiliations
8c les dèfagrémens de fa dure captivé : il refta,
quelques efforts qu’on fît pour le dégager, parmi
les infidèles, jufqu’à fa mort. Pendant qu’il languif-
foit en Afrique, Edouard faifoit à Lisbonne tout
ce qui dépendoit de lui pour hâter le moment de
fa délivrance : mais le Portugal n’étoit guère alors
en état de faire des efforts heureux : les finances
étoient dans le plus trifte épuifement, & fans le
chancelier Jean de Régras, qui , par des moyens
que les circonfiances empêchèrent de regarder
comme oppreflifs, fit rentrer des fommes confidé-
rables dans les coffres du roi, il eût fallu abfolument
renoncer à l’expédition projettée. Libre des inquiétudes
que lui avoit données le mauvais état de fes
finances, Edouard fit par mer & par terre les plus
grands préparatifs pour porter la guerre chez les
Maures d’Afrique, & il avoit d’autant plus de
raifon de fe flatter du fuccès , que la nation, excitée-
par les bulles du pape, 8c plus encore par le defir
qu’elle avoit de délivrer don Ferdinand, montroit
l ’impatience la plus vive 8c le zèle le plus ardent
pour cette expédition. Le roi penfoit à cet égard
comme les Portugais, & ce ne fut que malgré lui
qu’il fe vit obligé de fufpendre pour quelque temps
les foins' auxquels il fe livroît mais la pefte qui
ne ceffoit de dévafter Lisbonne & les environs ,
l ’obligea de fe retirer dans l’Efiramadure, & de fe
fixer à Tomar jufqu’à ce que la violence de la
contagion fe fût ralentie à Lisbonne ; mais peu de
jours après qu’il fe fut rendu à Tomar, il reçut
une lettre de fa capitale, 8c l’ayant ouverte fans
précaution, il fut fubitement attaqué de la pefte ;
le mal fit en peu de momens tant de progrès, qu’il
mourut le 9 Septembre 143 8 dans la quarante-
fieptième année de fon âge, & après un règne de
cinq ans 8c un mois. A fes qualités eftimables,
Edouard joignoit des talens peu communs, & un
goût éclairé pour la littérature il s’étoit déclaré
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l’auteur de deux ouvrages qui avoient été reçu*
avec applaudiffement, quoiqu’on ne sût point
encore qui les avoit compofés : l’un étoit intitulé
le bon conseiller, rempli de réflexions morales 8c
politiques, auffi fages qu’ingénieufes ; l’autre étoit
uu- traité fur l’art de dompter & de dre fer les chevaux*
(L. C.)
EDRED. (Hiß. <TAngleterre) Les foibleffes de
ce prince éclipsèrent, fur la fin de fa vie, les
grandes qualités qui l’avoient rendu célèbre dans
les premières années de fon règne. Par fa valeur
& fes bienfaits il mérita d’abord l’eftime générale ÿ
il fut gagner la confiance de fes fujets ; mais la
pufillanimité lui fit perdre dans la fuite une partie
de leur affeétion. Frère d’Edmond I , & petit-fils
d'Edouard l’ancien, Edred fut, à bien des égards,
digne de fuccéder à cas illuftres fouverai-ns. Sa
valeur héroïque fe fignala par des aâions d’eclat ^
& fes armes viâorieufes affranchirent l’Angleterre
du joug des rebelles Danois. A peine les Nor-
thumbres eurent appris l’événement funefte qui
venoit de terminer les jours d’Edmond I , qu impatiens
de rentrer dans leur ancienne indé-
| pendance, 8c comptant fur fa foibleffe & l’incapacité
du nouveau fouverain, ils refolurent de
fe procurer par la force des armes la liberté qu’ils
n’avoient pu jufqu’alors obtenir par le moyen du
brigandage & des faâions. Dans cette vue ils fe
liguèrent avec Malcolm, roi d’Ecofte, qui crut
cette occafion propre à fe délivrer de l’enga?
gement qu’il avoit contraâé, relativement à la
province de Cumberland, -Il comptoir, cpmme
les Danois Northumbres, fur l’incapacité à'Edred
qu’il croyoit hors d’état de réfifter à l’attaque des
deux armées confédérées. Mais Malcolm & fes
alliés fe trompoient, 8c l’événement ne juftifia
point leurs efpérances. Edred auffi brave qu’Ed-
mond, 8c plus a â if encore, inftruit des grands
projets qu’on formoit contre lui , fit tant de
diligence, que déjà il étoit fuivi d’une puiffante
armée au centre du Northumberland, ayant que
les Danois euffent même arrêté le plan de leurs
opérations. Surpris, 8c horsd’etat de faire éclater
leur révolte, moins en état encore de réfifter
aux Anglois, il ne reftoit aux Danois Northumbres
d’autre reffource que celle d avouer la perfidie
de leurs complots 8c d’implorer la clemenee
du roi. Ce fut le parti qu’ils prirent, 8c ils conjurèrent
Edred de leur prefcrire les conditions'
auxquelles il voudroit leur jaccorder la paix. Ces
conditions ne furent ni dures ni aviliflantes : le
roi d’Angleterre, fatisfait de la foumifiion des
rebelles, fe contenta de leur impofer quelques-
< am en d e s& de faire punir les principaux auteurs
de la révolte. S’éloignant enfnite du Northum-
berland , il s’avança vers les frontières de l’Ecoffe ,
où il fe propofoit de punir plus .rigoureufement
l’ingratitude de Malcolm : mais celui-ci, déconcerté
par l’humiliation des. Northumbres,, 6c ne
pouvant feul réfifter .aux forces du roi d’Angle- 1
terre, fe hâta de fuivre l’exemple de fes alliés , \
8c fe foumettant comme eux , il jura dé rendre
à l’avenir l’hommage qu’il avoit tenté de refufer.
Edred, trop généreux pour fuppofer des intentions
perfides à des ennemis abattus, crut la guerre
terminée, 8c retourna dans le Weffex ; mais rl
connoiffoit mal l’inquiétude naturelle 8c la fauffeté
des Danois, ils fe révoltèrent encore, rappellèrent
pour la troisième fois, du fond de l’Irlande, Antef,
leur ancien fouverain, prirent des mefures fi juftes,
8c agirent avec tant de célérité, qu’ils s’etoient.,
emparés des places les plus confidérables avant •
qu 'Edred. eût pu être informé des premiers a&es
d’hoftilité. Maître - du Northumberland , Anlaf
s’y fortifia de manière qu’il ne refta plus ; aux
Anglois ni le moyen, ni l’efpérance de lui en
difputer la poffefllon ; 8c il eft vraifemblable qu’il
"eût confervé ce royaume , fi fon caraélère inquiet,
la dureté de fon gouvernement , 8c l’énormité de
fies vexations, n’euffent enfin déterminé fes fujets
à le contraindre pour la quatrième fois de del-
cendre du trône, fur lequel ils placèrent Eric. Ce
nouveau fouverain ne jouit pas paifiblement du
ficeptre ; une partie des Northumbres reftoit
attachée à Anlaf, en forte que lé royaume tant
de fois agité par la guerre civile, fut partagé
encore en deux faétions qui , par leur haine
mutuelle 8c leur acharnement à s’entre-détruire,
fournirent à Edred l’occafion de réparer fes pertes.
I l profita des circonftances, 8c rentrant à la tête
de fon armée dans le Northumberland, il menaça
les habitans de mettre tout à feu 8c à fang, s’ils
différoient de fe foumettre. Les Northumbres,
fatigués de leurs propres diffentions, épuifés 8c '
trop peu d’accord entr’eux pour réunir leurs forces
contre le roi d’Angletèrre, implorèrent fa clémence,
8c lui promirent la plus inviolable fidélité.
.Toujours trop généreux pour fuppofer dans les
autres une diffimulation dont fon ame étoit incapable
, Edred fe laiffa fléchir, pardonna à la nation ;
il laiffa Eric fur le trône, 8c reprit la route du
Weffex. Mais il s’étoit à peine éloigné des frontières
du Northumberland, que les Northumbres
fie raffemblant tombèrent inopinément fur fon
arrière-garde, 8c la mirent dans un tel défôrdre,
qu’il ne fallut pas moins que ia valeur 8c l’a&ivité
d 'Edred pour faiiver fon armée d’une entière détoute.
Irrité de cette trahifon , Edred rentra dans ;
le Northumberland, réfolu d’y porter le ravage 8c j
la morr. Son arrivée répandit (la confternation |
parmi les Northumbres, qui ne comptant plus fur :
le fuccès de leurs proteftations, conjurèrent Edred .
de leur impofer les conditions auxquelles il daigne-
toit accepter leur foumiflïon ; 8c pour prouver
■ la fincérité de leurs offres, ils renoncèrent folem-
ïiellement à l’obéiffance d’Eric, 8c poignardèrent
Ahnac, fils d’Anlaf, qu’ils accusèrent feul de la
îrahifbn. Edred, appaifé par ces foumiffions , mais
*rop prudent pour laiffer aux Northumbres
aucun prétexte de fe révolter encore, leur par-,
donna, mais renverfa le trône, 8c réduifit le
royaume en province, à laquelle il laiffa uii
gouverneur avec une garnifon angloife. C ’étoit le
feul moyen de pacifier ce pays q u i, depuis cette
époque , ceffa de troubler le repos de l’Angleterre.
Ce fouverain mourut après urr règne de dixf
ans, 8c laiffa deux fils très-jeunes, Elfride 8c
Bedfride, qui ne lui fuccédèrent pötnt ; fa couronne
fut placée für la tête d’Edw y , fon neveu,
fils d’Edmond fon frère , par les voeux de la
nobleffe & du clergé : car alors le fceptre n’étoir
point héréditaire, du moins il n’étoit point tranfmis
en ligne direéfe î c’étoient les fuffrages réunis dû
clergé 8c de la nobleffe qui en difpofoient ; mais
il paroît auffi qu’on obfervoit de le donner, dans
le cas de minorité des fils des rois, aux héritiers,
les plus proches du dernier fouverain. (L. C.)
EDRÏC ou EÜ R IC K , dit Strégn ou l’a c q u i*
siteur. Voye^ C an u t 2. 8c Ethelred a.
EDW A R T S , ( George ) ( Hiß. Litt. Mod. ) natu*
ralifte anglois moderne , fouvent cité par M. dé
Buffon, eft auteur d’une Hißoire naturelle des oifeaux f
animaux & infettes avec des planches coloriées, 8c
d’un autre ouvrage du même genre intitulé glanures
d’Hißoire naturelle.
E F F EN D I , f. m. (Hiß» modß) en langue turqué
fignifie maître. On donne quelquefois ce titre au
mufti 8c aux émirs 5 les- fecrétaires ou maîtres
d’écriture le prennent auffi, 8c il femble défigner
particulièrement leur office. En général, tou*
ceux qui ont étudié, les prêtres des mofquées,
les gens de lettres, 8c les jurifconfultes ou gens
de robe, font décorés de ce titre. On nomme le
grand chancelier de l’empite, rai ejfendi. Ricaut,
de l’Empire Ottoman 8c Chambers. (.G)
ÈFFIAT, ( Antoine Coiffer d’ } ( Hiß, de Er. ) dit
Ruzé, fur-intendant des finances 8c maréchal de
France fous Louis X I I I , portoit ce nom de Ruzé,
parce que Martin Ruzé feigneur de Beaulieu, fon
gland-oncle, fecrétaire d’état fous Henri III, Henri
1 l V , 8 c Louis. X I I I , mort en 16 13, l’avoit inf-
| titué fon héritier fous cette condition , 8c li*
avoit laiffé les terres de Beaulieu , C hilly , Longjumeau,
& c . Gilbert Coiffier, fon aïeul paternel,
étoit maître-d’hôtel du roi Charles IX. Le maréchal
d'Effiat mourut le 27 juillet 163 2 prps de Trêves y
en allant commander en Allemagne. Le jeune 8c
malheureux Cinq-Mars, grand-écuyer de France,,
arrêté à Narbonne le 13 juin, décapité à Lyon le
12 feptembre 1.642, moins de trois mois avant la
mort de fon ennemi le cardinal de Richelieu, étoit
fils du maréchal d’Effiat; le cardinal l’avoit donné-
pour favori à Louis X ÏII, qui ne pouvoit fe paffer'
de favoris, mais qui n’en avoit jamais aimé auctw*