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70. Sa foeur, Locale de la Fayette, fille d’honneur
de la reine Anne d’Autriche, eut beaucoup de part
à la confiance de Louis XIII. Ce prince avoit avec
elle de longues & fréquentes converfations, mais
toujours en public & dans l’appartement de la
reine. Au milieu de cette faveur, cette fille, 'belle,
aimable , pleine de grâce & de douceur, n’étoit
occupée que du defir de fe faire religieufe , quoique
le roi lui offrît les établifièmens les plus avantageux
dans le monde. Toujours attachée aux intérêts
de la reine, ne voyant le cardinal de Richelieu
qu’avec horreur & avec effroi, elle parloit au roi
contre ce minîflre avec tonte la naïveté d’une
jeune fille , toute l’honnêteté d’une ame pure qui
vouloir réconcilier Louis avec fa femme & avec fa
mère, & toute la liberté d’une perfonne qui bientôt
n’auroit plus rien à attendre ni à craindre du
monde. Elle confomma fon facrifice malgré Louis,
q u i, n’ayant ofé l’empêcher & ne pouvant.fe
paffer de fa convention , étoit fans ceffe à la
grille du couvent de la Yifitation de la rue £aint-
Antoine, où elle s’étoit retiiée. Il ne pouvoir s’en
arracher. Le père Cauffin, confeffeur du roi & de
mademoifelle de la Fayette, entroit dans toutes les
vues de celle-ci , pour la réconciliation du roi
avec fa femme & fa mère. Le cardinal, s’allarma,
'& dès qu’il craignoit il étoit à craindre ; il fit
exiler le père Cauffin, & détacha infenfiblement
le roi de mademoifelle de la Fayette, en lui donnant
d’autres amies & d’autres favoris; ( Voye^
l ’article C aUssin. ). Ce religieux paroît avoir été
tin homme fimple & vertueux. Le Vaffor rapporte
que Louis XIII oppofant une fois à la rigidité de
ies principes la do&rine plus flexible, la morale
plus relâchée des autres jéfuites, il eut le courage
<le lui répondre : Sire , n’en croye^pas nçs pères , ils
ont- une églife à bâtir,
8°. Une autre femme» qui n’étoit pas de la
maifon de la Fayette, mais qui y étoit entrée , a
3-éoandu beaucoup d’éclat fur ce nom : c’-eft la
célèbre Marie-Magdeleine Pioche de la Vergne,
comteffe de la Fayette; née en 1633 , elle avoit
époufé, en 165.5 , François, comte de la Fayette ,
. frere de mademoifelle de la Fayette dont il vient
d’être parlé. Madame de la Fayette eû cette xamie
de madame de Sévigné, fi fou vent célébrée dans
.fes Lettres, l’amie de Montaufier, de Voiture, de
Ménage, du père Rapin , de la Fontaine , de
.Callières, de Ségrais, fous le nom duquel elle mit
fon roman de Z aide, & auquel on a auffi attribué
celui de la Princejfe de Clèyes, les premiers , roman s,
dit M. de Voltaire, où i’on tyt vu les moeurs des
honnêtes gens & des aventures naturelles, décritçs
avec grâce. Avant elle on écrivoit, en ftyle émv
poule, des chofes peu vraisemblables. C’eft au
fujet de_ Za'ide que M. Huet^a compofé fon Traité
de l’ Origine des romans. L?épifode d’Alphonfe &
Bélafire dans Za'ide a fourni à M, Bret le fujet de
fà comédie du Jaloux.
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La Princejje de Montpenjîer, roman de madame
de la Fayette , très-fouvent réimprimé & mal a
propos inféré parmi les oeuvres de madame de la
Suze, avoit précédé la Princejje de Clèves. Ce dernier
ouvrage eft compté parmi les meilleurs romans
françois. M. ’de Valincourt s’illuftra par la critique-
qu’il en f it , ce qui prouve toujours une grande'
réputation dans l’ouvrage critiqué. On attribua
cette critique au père Bouhours ; 011 y répondit,
& la réponfe ( toujours grâce à l ’ouvrage) fut auffi
très-célèbre ; elle fut attribuée à Barbièr d’Aucour,
mais elle eft de l’abbé de Charnes, ( Voye{ fon
article. |
Madame de la Fayette a donné à l’hiftoire tout
l’intérêt du roman dans fon Hijloire de madame
Henriette d’Angleterre , première femme de Philippe de
France , duc d'Orléans. Combien elle attache
aux moindres circonftancejs de la mort de cette
aimable princeffe 1 ;
Les Mémoires de la cour de France, pour les années
1688 & 168p, ont tout l’agrément dont les mémoires
hiftoriques font fufceptibles.
Tous les mémoires du temps font très-favorables
à madame de la Fayette ; ils donnent une haute
idée de fon caraétère. Son efprit eft prouvé par
fes ouvrages. Elle eft cependant affiez maltraitée
dans les mémoires de madame de Maintenon, fous
prétexte quelle n’avoit pas elle-même trop bien
traité madame de Maintenon dans lès fiens-; Elle
eft encore plus maltraitée dans une lettre écrite à
madame de Maintenon en 1686 , par le marquis
de Lafîay , qui fait 'des reproches gravés & allègue
des procédés mal-honnêtes, qu’on a de la peine à
concilier avec les éloges donnés à madame de la
Fayette par tant de gens en état de la bien juger,
fur-tout par madame de Sévigné.
Ses envieux & fes ennemis l’appelloient la
déefle Laverne , parce qu’elle fe nommoit la Vergne :
c’eft fur cette équivoque que roule une épigramme
latine, dirigée bien plus contre Ménage que contre
elle.
Zesbia nùlla tibi , nulla eji tibi dicta Corinna £ ,
Carminé laudatür Cynihia nulla tuo ;
Sed càm doclorutn compiles ferinia vathm ,
Hil mirum fi fit culta Lavema tibi.
u Au lieu des Lesbies, des Corinnes, desCyn^
» thies, compilateur & plagiaire toujours chargé
„ des dépouilles d’autrui, c’eft à Laverne que tu
adreffes ton hommage.
L’amitié de madame de la Fayette & de M. le
duc de la Rochefoucauld, l’auteur dès Maximes,
fut une des plus longues & des plus refpeâables
dont les temps modernes aient fourni des exemples.
M. de Laffay cherche en vain à répandre des
nuages fur cette amitié;, en infinuant qu’elle avoit
été trahie par madame de la Fayette. Ce n’eft pas
là l’idée qu’en donne madame de Sévigné 3 à qui
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les détails, de cette union étoient bien connus. %
Madame de la Fayette difoit de M. le duc de la
Rochefoucanlt : « il a formé mon efprit, fai
u réformé fon coeur. »
On a retenu d’elle plufieurs mots pleins-de fens.
Quoiqu’elle fût d’une três-mauvaife fanté, qui
la privoit fou vent des douceurs de la fociété , die
étoit attachée, à la vie : c'ejl ajjeç que d’être ,
difoit-elle. C ’eft la penfée que Mécène a développée
dans ces efpèces de vers :
Debilem facito manu ,
Débilem pede , coxâ ,
T liber adfirtie gibbcriim ,
L ié ricos quate dentés ;
Vita dàm fupereft ■» béni e f t .
Hanc mi/u vel acutâ
Sifcdeam cruce , Juftine.
• Mécénas fut un galant homme.
Il a dit quelque part qu'on me rende impotent ,
Cul-de-jatte,goutteux, manchot,pourvu qu’ en fomme,
Je vive , c’eft aflez j je fuis plus que content.
Sage & modefte , elle condam'noit hautement
rorgüeil & les prétentions : celui, difoit-elle, qui
fe met du-deffus des autres , quelque efprit qu ïl ait,
fe met au-dejj'ous de fon efprit.
Elle comparoit lps mauvais traducteurs aux
laquais fans efprit , qui transforment en fottifes
lés complimens qu’on les charge de faire.
Elle vouloir qu’un auteur corrigeât beaucoup
fes ouvrages , & fur tout qu’il en retranchât
tout ce qu il pourroit. Une période retranchée d’un
ouvrage, difoit-elle , vaut un louis ; un mot même
vaut vingt fols.
Elle mourut en 1693.
j ’ FO , F O É , ( Hï(t. d’A fie) idole adorée fous
differens noms par les Chinois idolâtres, les Japo-
nois & les Tarrares. Ce prétendu dieu, le premier
de leurs dieux qui foie défendu fur la terre
reçoit de ces peuples le culte le plus ridicule &
par conféquent le plus fait pour le peuple. ’
Cette idolâtrie, née dans les' Indes prèi de mille
ans avant Jefus-Chrift, a infefié toute l’Afie orien-
taie ; ceft ce dieu que prêchent les bonzes à la I
Chine , les fakirs au M ogol, les t^lapoins à Siam ‘
les lamas en Tanarie; c’eft en fon nom qu’ils’
promettent une vie éternelle, & que des milliers
de prêtres confacrent leurs jours à des exercices
de pénitence qui effrayent la nature humaine -
quelques uns paffent leur vie nus & enchaînés •
d autres portent un carreau de fer qui plie leuî
S S ® deu*> &r tlent leur tête toujours baiffèe
Jtifqua terre. Ils font accroire qu’ils çhaffent les
UlC'üln. Tome I I , Seconde p a rti
F E G -y2p
démons par la puilfancede cette idole j ils opèrei t
de prétendus miracles : ils vendent au peuple la
en un lent fanatifme
fe fubdtvife a 1 infini. Cette fefle féduit quelquefois
des. mandarins ; & par une fatalité qui montre
que la fuperftition eft de tous les pays , quelques
mandarins fe font fait tondre en bonzes par prêté.
_ Ils prétendent qu’il y a dans la province de
Fokæn près la ville de Funchuen, au bord d a
fleuve Feu, une montagne qui repréfente leur
dieu F o , ayec une couronne en tête, de lon"$
cheveux pendans fur' les épaules, les mains c roi-
fees fur la poitrine, & qu’il eft affis fur fes pieds
mis en croix ; mais il fuffiroit -de fuppefer que
cette montagne, comme beaucoup d’autres, vue
de loin & dans un certain afpeft, eût quelque
chofe de cette prétendue figure, pour femir que
des imaginations échauffées y doivent trouver
une parfaite reffemblance. On voit ce qu’on veut
•dans la lune ; & fi ces peuples idolâtres y avoient
fonge ils y verroient tous leur idole: A n. de,
M. Le Chevalier DE Ja u c o u r t .
FF.GGOU, ( Hijloire de Danemarck. ) Ce roî
r %Jr!Sm?1’ck a‘ra®na Hordenwil fon frère, &
fut affaffine par Amlet fon neveu, Foyer A m les
{ Hifl. de Danemarck. ) ( M. d e S a c y . )
FEIJOO , ( Benoît -Jerôme, ) bénédiain
efpagnol, auteur du théâtre 'critiqL4 en 14 vol.
m-4 . dont M. d’Hermilly a traduit une partie.
Ceft un de ces cenfenrs publics , tels que les
Cervantes « r tes Molières , dont tous les pays
ont toujours befom. Mort en 1765.
FEITHIUS (Everard ) ( Hiß. lin. m d_) ftvan£
du leizieme fiecle , né dans la Gueldre , fe retira
en France, ou il enfeignoit le gree.& avoit ob-
6 1 R * . “ ?, dec .faVa,ns- Un )our fe promenant
a la Rochelle, fuivi de fon domeftique, on le
prie d entrer dans la maifon d’un des babitans - &
depuis ce moment on n’a jamais p„ favoir ce
qu.l eto.t devenu. On ignore fi cet enlèvement
ou du moins cette difpa.ition avoit quelque rau-
pott avec les troubles des Pays-Bas, qui lu avoient
fait abandonner fa patrie: On a de lui un ouvrage
intitule : Antiquuates Homerïc#.
deFr h 'If IEN ’ ll“ -moi- ) n°™ d’une famille
de Chartres recommandable par la connoiffance
& le goût des arts & par l’érudition ; elle a
produit plufieurs écrivains connus
1ré. Fé!ibier!> d- l’académie des infcripfion,
& beies- lettres, lorfqu’elle n’étoit encore compofé©
que de quatre membres & qu’elle s’appelloit U
petite académie, fecrétaire de l’académie d'arebitec-
ture, hiftoriographe des bâtimens du roi, garde
«Fes antques eft le premier & le plus célèbre!
C tft 1 auteur des Entretiens fur les vies & les ouvraoe.
«es plus excellent peintres, du traité de l’Origine d\
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