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G o r d i e n , le jeune± petit-fils du premier, fut
honoré, à l’âge de douze ans, du titre de céfar,
par Maxime Glodius-Albinus qui gouver-
no.ent conjointement l’empire qu’ils avoient délivré
de la tyrannie de .Maximin.' Dès qu’ils
furent affociés au partage du pouvoir, ils devinrent
ennemis. Les légions, qui ne pouvoient leur
pardonner d’avoir été élus par le fénat., les
maflacrèrent dans leur tente , & proclamèrent
Gordien âgé de douze-ans. Ce choix fait par une
foldatefque effrénée, n’en fut pas moins ag-eable
au.peuple & au fénat, à qui la mémoire du
premier. Gordien étoit précienfe. A l’âge de dix-
huit ans il époufa la fille de Minthée, qui avoit
toutes les qualités du coeur, & tous les dons du
génie.. Le titre de beau-père de l’empereur, lui
mérita la charge de préfet du prétoire, qu’il n’eût
peut-être pas obtenue, s’il n’eût eu que des
vertus & des talens. Ce fut eu s’abandonnant
a fes confeils, que-Gordien rendit à l’empire fon
antique fplendeur. Les fuperbes édifices dont il
embellit le champ de Mars, fuffiroient pour im-
mouta’ifer fa mémoire. Tandis qu’il s’occupoit
du bonheur de fes peuples, Sapor, roi de Perfe,
fit une invafion fur les terres de l’empire. Gordien
courut au fecours des provinces ravagées. Il
traverfà la Meefie , où les Goths & d’autres
euples du Nord exerçoient les plus affreux
rigândages. Une viâoire remportée fur ces barbares
, rétablit la tranquillité dans cette province.
Gordien tourna fes armes viôorieufes contre
Sapor, qu’il rencontra en Syrie, dont les Perfes
s’étaient rendus les maîtres. Les deux armées ,
également impatientes de combattre, en vinrent
aux mains, & la viétoirê, long-temps difputée ,
Le déclara pour les Romains, qui reprirent Antioche
Carrés & Ninbès, dont la conquête fut
fiuivie de celle de'toute la Syrie. Le fénat décerna
à Gordien les- honneurs du triomphe. Minthée’,
qui avok gouverné l’empire avec l’applaudifle-
ment du public, pendant l’abfience de l’empereur,
fut décoré du titre, de tuteur de la république.
Tandis que Gordien triomphoit au dehors, fes
ennemis abufoient de fes bienfaitspour le précipiter
du trône. Philippe, qu’il avoit fait préfet du
prétoire, fe familiarifa tellement avec l’autorité
que lui donnoit fa charge, qu’il afpira au pouvoir
fouverain. Le jeune Gordien , qui fàifôit les
délices des peuples , fut affaffiné par les complots
d’un monflre qui en étoit abhorré. Les légions
pleurèrent fa mort; elles lui érigèrent un tombeau
, où elles gravèrent une épitaphe qui attef-
toit leur reconnoiffance & fon mérite. Le fénat
fenfible à cette perte, fit un décret en l’honneur
des Gordiens, qui exemptoit leur poftérité de
toutes les charges onéreufes. I l fut. affaffiné l’an
2.44, après un règne de fix ans. Il difoit que
les empereurs étaient les plus à plaindre des
hommes, puifqu’ils étoient les feuls qui ne pou-
yoient pas connoître la vérité. ( ZVn . }
g o R
GORDIUS, { Hiß. anc. de Phrygie ) roi cfe?
Phrygie,' fut un de ces hommes que la fortune
dans fes- caprices fe plaît à tirer du néant, pour
les élever fans motif au faîte dès grandeurs. Né
dans un village obfcur, où il vivoit du produit
de fon travail , il n’afpiroit à rien de grand ,
lorfque les Phrygiens furent confeillés par l’oracle
de choifir pour leur roi le premier qu’ils rencon-
treroient monté fur un chariot. Le hafard leur
offrit Gordius qui portoit des denrées à la ville ,
& ils le proclamèrent roi. Le célèbre Midas, fon
fils j fit une-offrande de ce chariot à Jupiter. Le
noeud qui attachoir le joug an timon , étoit tiffù
avec tant d’a r t, que l’oracle promit l’empire de
l’Afie à celui qui pourroit le dénouer. Alexandre
le coupa avec fon épée, 8c crut par-là avoir droit
de prétendre aux promeffes de l’oracle. L’hi'ftoire
ne nous apprend rien d e l ’adminiftration de Gor-
dius 9 dont le nom n’a été tranfmis à la poftérité-,
que parce qu’il fut père de Midas honteufement
célèbre. ( T-at. }
( On fent que cette partie de l’hiftoire ancienne
peut être revendiquée par la fable, )
G O RDO N , ( T h o m a s ) C Hiß. lut. mod. }
traduâeur de Tacite & de Sallufte en anglois, avec,
des réflexions‘ fort eftimées, fur - tout les réflexions
fur Tacite ; mort en 1750.
GORGERIN, fi. nu ( Hiß. mod. J partie d’une
ancienne armure qui fervoit à. couvrir la gorge.,
quand, un homme étoit armé de toutes pièces..
Chambers. (^Q.) ' . ~
G O R G IA S , ( Hiß. facr. ) un des capitaines
d’Antiochus Epiphanes , deux fois battu par Judas
Macchabée. Liv* 1 des Macchabées , chap. 3. & 4 .
G o r g i a s LE L é o n t in , ( Hiß., anc.. ) ainff
nommé, parce qu’il étoit de Léontium , ville de
Sicile, orateur célébré; vivoit plus de quatre fiècles
avant Jéfus-Chrift. -<s., -
GORGO , ( Hiß. anc. ). femme de Léonidàs*.
roi de Sparte, difoit que les femmes de Sparte
étoient les feules qui miflent des hommes, au
monde.
GORMON I. {Hiß. de D'anemarck) On ignore-
au jufte l’époque où ce prince commença à régner
fur le Danemarck, & le- temps où il mourut.
Les principaux éyénemens de fon règne ne font
pas plus connus : on fait feulement qu’il exiftok
dans le cinquième fiècle ; qu’il entreprit vers le
Nord des navigations très-périlleufes, & qu’il étoit
auffi philofophe qu’on pouvoit l’être , dans uh
temps & dans un pays fi barbares. {M. d e Sacy.)
G o r m o n II. L’hiftôire ne donne pas de plus
grandes lumières fur le règne de celui-ci. Les u»$
G 0 S
yêuîent qu'il ait été roi d’Anglet^ffe & de Dâne-
marck ; d’autres , qu’il n’ait gouverné que les
Danois d’autres enfin, qu’il n’ait régné qu’en
Angleterre. L’opinion la plus commune eft qu’il
vivoit au commencement du neuvième fiècle.
( M. d e Sa c y , )
G o r m o n III. L’hiftoire de celui-ci eft encore
mêlée de fables ; mais à travers ces ténèbres , on
entrevoit quelques lueurs de vérité, Il époufa
Thira , fille du comte de Hoîftein, dont tout le
Nord admiroit ftupidement la fageffe & le génie,
parce qu’elle fe mêloit d’expliquer les fonges.
Gormon réunit fous fa domination toutes les provinces
que des voifins ambitieux avoient enlevées
à fes prédéceffeurs : il s’empara de la Juthie, 8c
tua de fa propre main le roi de cette contrée.
Il fournit la Vandalie, défit les Saxons, & fut
battu lui-même par l’empereur. Il régnoit au commencement
du dixième fiècle. Sa vie fut longue,
& fes fujets lui donnèrent le furnom de vieux.
( M. d e S a c y . )
GOSSELIN. ( Voye^ G o d e f r o y , chef des
Normands.)
GOSSELINI, (J u l ie n ) fecrétaire de Ferdinand
de Gonzague , vice-roi de Sicile, & gouverneur
du Milanès fous Charles-Quint, a écrit la vie de ce
Ferdinand, & Phifîoire des conjurations de Fiefque
& des Pazzi.
G O T E SC A LC , ( Hift. eceléf. ) bénédi&in du
neuvième fiècle , célèbre par les perfécutions qu’il
s’attira peut-être par fén opiniâtreté à foutenir &
à défendre certaines propofitions hafardées fur la
prédeftination & fur la grâce ; le violent Hincmar>
archevêque de Reims, non content de le dégrader
du facerdoce au concile de Quercy fur Oife en 849,
ce qui étoit déjà un traitement bien févère, le
fit battre de verges, châtiment que des erreurs
théologiques ne peuvent guères mériter; il le fit
enfuite enfermer dans une prifon, où ce malheureux
mourut en 868.
G O TH ER , ( Hifl. de Norvège ) roi de Norv
è g e , régnoit au commencement du premier fiècle
de l’ère chrétienne. On ne connoît de fa vie qu’un
trait digne à peine d’être tranfmis à la poftérité.
Froton , roi de Danemarck, demanda fa fille en
mariage ; mais Gother étant devenu amoureux de
la femme de l’ambaffadeur chargé de ce meflage,
il dit à ce miniftre que s’il ne vouloir pas lui céder
fon époufe, il refuferoit à Froton la main d’A l-
vide ; il ajouta que s’il vouloit le fervir auprès
de fa femme dans fes projets amoureux, il lui
donneroit le gouvernement d’une province, & le
combleroit de biens 8c d’honneurs. Cette propofi-
tîon efi peu étonnante dans un tel prince. 8c le
$efus. du miniftre lui fait honneur. Je n’a i’rapporté
G O T 725
' cë fait qÜé pour faire fentirla différence des moeurs
des peuples barbares 8c de celles des peuples policés.
( M. d e S a c y . )
G O TTSCH ED, {Hiß. litt, mod.) M. & m adamo
Gottfched, poètes allemands, d’un ordre diftingué.
On a du mari une tragédie de Caton d’ U tique,
8c de la femme une tragédie de Panthée "9 en a
d’elle auffi des comédies qui ont eu du fuccès. Le
mari eft aufti auteur d’une poétique eftimée ; tous
deux, par leurs leçons & leurs exemples , ont contribué
àla réformation du théâtre allemand. M. Gott-
fehed eft mort en 1766, Madame Gottfched étoit
morte en 1762.
GOUDOULI, (P i e r r e ) {Hiß. litt, mod.) poète
touloufain , qui a tiré pour la poéfie tin grand
parti du jargon languedocien^ Ses poéfies languedociennes
eurent un fuccès diftingué, & jouiffent
encore d’une grande réputation ; une originalité
piquante les caraâérife , & caraélérifoit en général
l’efprit de l’auteur. Mort à Touloufe en 1649.
G O UDÏM E L , ( C l a u d e ) {Hiß. mod.) muficieit
tué à Lyon en 1572, par des catholiques, parce
qu’il avoit mis en mufique les pfeaumes de Marot
8c de Beze. Quel motif d’affaffinerl.
GOUFFIER. {Hiß. de Fr. ) Ancienne mâifon
du Poitou dont étoient :
i° . Guillaume Goujßer, feigneur de Boify, gou*;
verneur du roi Charles VIII;
20. Pierre Goujfier» feigneur de Boify, fon fils,’
tué à la bataille de Marignan en 1515 ;
30. Artus Gouffler, feigneur de Boify, frère de
Pierre, gouverneur de François I, gentilhomme qui
ofoit être éclairé dans un fiècle où la nobleffe
mettoit encore l’ignorance au nombre des titres
dont elle étoit jaloufe. François I le fit grand-
maître de France , 8c il introduifit même en fa
faveur une nouveauté dans la pairie ; elle n*avoit
été conférée jufqu’alors qu’à des princes du fang
& à des princes étrangers. Artus Gouffier de Boify
fut le premier gentilhomme françois décoré de la
pairie : François érigea pour lui en duché-pairie
la terre de Roanès au mois d’avril i j 19. Mais
cette érection n’eut point lieu . Artus étant mort
au mois' de mai fuivant, & Tenregiftrement ayant
vraifemblablementfouffert quelque difficulté. Artus
étoit un homme de bien & un homme de paix.
Il s’attacha toujours à entretenir la concorde &
l’amitié entre le prince d’Efpagne, qui fut depuis
l’empereur Charles-Quint, & François I ; ce fut lui
qui, de concert avec fon ami Crouy-Chièvres, gouverneur
de Charles-Quint, vertueux comme lui
& plus habile peut-être., conclut, en 15,1:6, le-
traité deNoyon entre Charles & François. En 1519,
lorfque la concurrence de ces deux princes à
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