
« prince, que de répondre à fon amour ; & , par fes
” re%s continuels x elle rallentit le feu qu’elle avoir
» allumé ».
Son mari avoit fuivi le grand Condé en F la n d r e »
& elle avoit fuivi fon mari; elle eut de grands
fuccès à Bruxelles, mais ayant follicité, avec des in fla n c e s qui parurent importunes à une cour obérée,
le paiement des appointemens dus à fon mari,
elle fut arrêtée en £657, & enfermée comme criminelle.
d état au château de Vilvorden , où elle fe
vit tr a ité e avec beaucoup de rigueur & menacée
de la mort. M. Deshoulières s’étant adrefié inutilement
auprince de Condé, à dom Juan d’Autriche,
au marquis de Caracêne , pour obtenir la liberté de
fe. femme, s'introduitt dans le château de Vilvor-
dèn, la délivra & l’emmena en France» où ils
profitèrent de Pamniilie que le roi offroit à ceux,
qui youdroient revenir. Il fervit en France avec dit-
tïnélion, comme ingénieur » fous M. de Vauban.
Madame Deshoulières fe rendit célèbre par fes ou-
yrages , su-nombre defquels on voudroit bien ne
pas voir un éloge pompeux de la révocation de
1 édit de Nantes, un fonnet fatyrique contre la
Phèdre de Racine, une tragédie de Genféric , qui e x p liq u e pourquoi madame Dsshoulières étoit favorable
à Pradon & contraire à Racine»
PJufieurs des ouvrages de madame D e s h o u liè r e s
furent lus dans les feances publiques-de l’académie
françoife, qui fans doute eût fait plus encore
pour lui témoigner fon efiime, fi l’ufàgé l’avoit :
permis.
Madame Deshoulières mourut le 17 février
3694, d’un cancer dont , elle étoit attaquée dès
} 6o i , & qui dès 1686 lui Caufoit des douleurs
m-fupportables qu’elle fonlageoit en faifant des vers
chrétiens ou qu’elle trompoit en faifant des vers
tendres. Son mari étoit mort le 3 janvier 1693»
Un fils qu’ils avoient eu (Jean Àléxandre de-lapon
de-Bois Guérin Deshoulières ) , mourut à 27
ans le 1-2 août 1694,6c du moins ils n’eurent pas
la douleur de fe perte.
Antoinette-Thérèfe de la-Fon-de-Bois-Guérin-
Deshoulières , leur fille, étoit née à Paris en 1662.
Elle marcha fur les traces d'e fa mère, & fit aufii
«les vers érotiques & élégiaques, d’un caraâère à- -
peu-près femblable» En 1.617 elle remporta le prix,
de^poéfie à l’académie françoife , & dans ce contours
elle avoit eu pour concurren t M. de Fonte
nelle.yLe fujet étoit r te foin que le roi prend de
ï'éducation de fa nobieffe dans fes places & dans
Saint-Cyr. bAzàzmo\fe\\eDeshoulières, dans la derrière
firophe de fon ode, préfageoit fa. viéloire.
Mais quel- brillant éclair vient de frapper, ma vue ?-
Qui m’appelle ? qu’entends-jê ï & qu'eft-ee que je yoi >
W jij coeur e ft tranfporté d'une joie inconnue \
Quels- font ces préfages p,our moi'.?
Ke m’annoncent-ils point que je verrai la chute
Des célèbres rivaux avec qui. je düpute
L’honneur de Va liée où je cours ?
Que de gloire / & quel prix ! fi le ci£l-'me l'envoie
.Le portrait de Louis à mes‘regards en proie ,
Les occupera tous les jours.
Elle chanta cette
obtenue.
même vîéloire après l’a y ob-
De lauriers immortels mon front eft couronné r
Sur d’illuftres rivaux j'emporte la victoire »
Rien ne manqueroit à ma gloire
Si Louis-, ce héros fi grand , fi fortuné,
Applaudifloic au prix q,u’Apollon m’a donné.
Parmi fes amis elle difiingua un M. Gaze , dbns
on ne fait rien, finon qu’il étoit dans le fervice-
11 tl1^ en l 6Jȉ. 11 fet quefiion aufii p o u r
eiled un mariage avecM. d’Andiffret, gentilhomme
provençal» à qui madame Deshoulières adrefie u s
de fes ouvrages & qui fut envoyé dans différentes,
cours; le mariage ne fe fit pas, & mademoifelje'
Deshoulières mourut fille à Paris le 8 août 1718 »,
üprès vingt ans de fouffrances, caufées aufii par
un cancer ; car elle eut avec fa mère toutes fortes-
de conformités» Elle fut cependant moins belle &
de moins belle taille ; mais elle fut très-fenfible &.
très-tendrement occupée de la perte de fon père,.
de fa mère, de fon frère, de fes' oncles, de fon
amant; elle déplore fur-tout cette dernière perte-
dans la plupart de fes ouvrages. Elle a aufii ho- •
not é les mânes & de fon père & de fa mère. Les>
fiances fur la mort de cette dernière finifient parce
vers r
Refpe&ez mes foupirs, ne me confôlez pas.
Il y a dans ces fiances des traits de fentimeR?;
qui font refpeâer la mère & aimer la. fille.
Au précieux devoir de fauver une mère ,
l ’ai l’acrifié mes beaux jours...............
J’ appelle à mon fecours cette ame grande & ferme,.
Er q u id 'u n oeil égal au milieu de mes pleurs ,
Envifagea la mort fans craindre fes .horreurs.
Mais que me fer,t, hélas ! de l’invoquer fans celle ?.
Ic m’ abandonne à ma foiblelïë ,
Et je n’ai rien de fa vertu.
DESIR £ ( A r t ü S )t (, jtîifh, de Fr. ) , ligue un-
fanatique ; il avoit eompofé & il portoit au roi
d’Efpa’gne PhilippeII, aù nom de quelques moines
féditiei.x, une requête pour le prier de venir au-
fecours de la religion catholique qu’on fuppofoit
prête à périr en France , lorfqu’il fut arrêté en
1561 , au paffage de la Loire, il fut condamné à
une amende-honorable & à cinq ans de prifon-
chez les c h a r tr e u x . Il écrivit beaucoup contre les-
calviniftes , mais toujours d’un fiyle burlefque „
jufques dans le. titre : ce font les grands jours du
parlement de Dieu -, publiés par S. Mathieu ; ce font
f s batailles du chevalier célefle .contre le. chevalierterreßre
; ce font doure plaifans & harmonieux cantiques
de dévotion , qui font un contre -poifon aux
cinquante-deux chanfons de Clément Marot, fdufj'emènt
intitulées par lui ; PsALMES DE D a v id , &c.
DESLANDES ( A n dr é -F rançois ) ( Hifl.
litt. mod. ) , auteur de YHifloire critique de là philo-
fdphie, ouvrage efiimé ;. d’un Ejfai fur la marine
& le commerce ,* d’un recueil de dijfèrens traités de
phyfique & d'hifloire naturelle , de l’Hifloire de Conf-
tance , miniflre de Si am ; d’un Voyage d’Angleterre,
de Poéfles latines d’un . goût antique & pur; des
Réflexions fur les grands hommés qui font morts en
plaifantant Bc de quelques autres ouvrages; il étoit
né à Pondichéry en 1690, avoit été commiflaire
général de la marine à Rochefort & à Breft; il
étoit de l’académie de Berlin , il mourut à Paris
en 1757. On dit qu’il.fit , peu de temps avant fa
mort, ces quatre petits vers d’où on veut tirer
des induélions fâcheufes- contre fa foi, 6 c qui ne
ngoifient abfolument rien à cet égard..
Doux fommeiî, dernier terme»
Que le fage attend fans effroi»
Je verrai.d’un oeil ferme:
Tout paffer ,. tout s’enfuir de moi»
DESLÄÜRIERS eft le nom d’un comédien de
l'hôtel de Bourgogne , auteur des font ai fie s de Bruf-
cambille.: Il vivoit en .1634^
DESMAHIS ( Joseph- F r a n ç o is -Edouard
DE CORSEMBLEU ) ( Hiß. litt.’mod. ) , uniquement
connu fous ce nom de DesmÆs-, célèbre par
fa pièce de l’Impertinent, comédie pétillante d’ef-
prit au point d’en être fatiguante, & par des oeuvres
diverfes où fe trouvent des vers qu’on a. retenus
, tels que ceux-ci::
Ces petits infedtes titjé’s'»
Qui de leur figure enivrés ,
Chez vous d’une courfe rapide »
Apportent dans des chars dorés
D es fens fi-étris , une ame vuide-
Et de grands noms tléshonorés..
“ Il eft pies célèbre encore par cette charmante
«pitre de M. de Voltaire :.
Vos jeunes mains cueillent dès fleurs-
Dont je n’ai-plus qye les épines, &c.
(C ’eft peut-être de tous les jeunes poètes, de
l’ecole de M. de Voltaire, celui qui donnoit les
plus grandes efpérances; car on peut ne parler
que d’efpérances, quand il s’agit d’un homme de
lettres mort a trente-huit ans. On vante en lui
des vertus fociales, de la modeftie, quoiqu’il fût
p®ëtebeaucoup d’averfi.on pour -la fàtyre. On
cite de lui des mots, celui-ci, par exemple : lorfque
mon ami rit , c\efl à lui à m'apprendre le fujet de fa
joie ; lorfqiiil pleure, c’efl à moi à découvrir la caufe
de fon chagrin.
Ç ’efi: une belle maxime en amitié, c’efi au moins
line pen'fée fort délicate.
Il difoit encore : f i l*amour regnoit parmi les gens
de lettres f i ls feroient les maîtres du monde.
Oii pourrait leur appliquer dans ce fens ce
vers de Zaïre :
Maîtres du monde entier, s'ils Tavofent été d’è'j*.
, On a de M. Desmahis quelques articles très-
agréables dans l’Encyclopédie, entre autres l’article
femme, quoiqu’il ait été critiqué.
Né à Sully-fur-Loire en 1722; mort le 2$ février
1761»
DESMAISEAUX ( P ier re ) ( Hïfl. lin. mod. ) ,
■ am> de faint Evremont & de B ay le , éditeur de
ï leurs ouvrages-, hiftorien de leur vie. Fils d’un
minifire protefiant françois ,. il vivoit en Angleterre
;. il y , efi mort en 1745 à 79 ans.
DESMARAIS. ( Voyeç R e g n ie r . )
DESMARES ( T o u s s a in t ) ( Hifl. mod. ) „
Oratorien janfénifie » étoit de V ire, a u fii bien que
le P. le Te Hier, le plus grand ennemi de fa c o n -
gregation , & de fon parti. Le P. Desmares avoir
été à Rome défendre la doébine de Janfénius devant
Innocent X. Pendant que les jéfuites le c h e r -
choient pour le faire mettre à la Bafiille , il étoit
caché à L ia n c o u r t. Louis X IV y v in t, le duc de.
Liancourt lui préfenta le P. Desmares : qu'il me
foit permis , dit ce bon hommè de prendre une liberté
avec votre majeflé9 celle de mettre mes lunettes:
pour contempler à loifir le v i f âge de mon roi; ce
defir naïf d’un homme fimple flatta, dit on , Louis-
X IV plus que tous les refpeâs de fes courtifans»
En effet, il y a un grand fentiment & un grand
hommage, renfermé dans ce mot : contempler le.
v i f âge démon roi.
DESMARETS DE SAINT-SORLIN ( Hifloir.
lut. mod: ) mauvais poëte & théologien fanatique „
grand ennemi des janfeniftes , auteur du poème
de Clovis.
Maïs , cher ami’ , pour lui répondre»
Hélas ! il faut lire Clovis»
dè^ la comédie des viflonnaïres, pièce Bizarre
qu’on a long-temps crue bonne ; des délices de l'efl-
prit, qu’on appelloit les délires de Vefprit, & de:
plufieurs ouvrages afcétiques & polémiques, tels,
que le triomphe dé la grâce ; avis du faint-efprit au.
rot, & de divers romans. Né en 1505, mort m
1676» ’ • i