
de Jean-Baptifte Porta, & leur ont attribué l’invention
du télefcope. Mais le célèbre Robert
Smith , dans Ton traité de l'of tique, après avoir
examiné tous les fragmens de Roger iJacon, a
fait voir que cet homme que M. de Voltaire avoit
déj,à appelle up or encroûté de toutes les ordures de
fon fiècle , n’ayoit non-feulement pas l’idée du
télefcope, mais igno-roit même les effets de chaque
lentille prife féparément; & M. de la Hire, dans
les Mémoires-de l'académie de Paris , en 1717»
a prouvé que Porta dans cette partie fpécieufe
de fa magie naturelle ne parloit pas d’autre chofe
que d’une fimple lunette, dans laquelle il avoir
tellement combiné un verre convexe avec un
concave, qu’ils aidoient la vue de ceux qui ne
voyoient plus que confufément. M. de Montucla ,
toujours fort bon juge &-apologifte des inventions
italiennes , eft du même fentiment, & dit dans
fon flijloire des mathématiques, qu’avant le temps
de Galilée, on ne çonnoiflbit pas le télefcope.
Galilée s’appliqua toujours à Ie perfectionner ,
tellement qu’il en inventa un, moyennant lequel
on -pouvoir regarder avec les deux yeux ; il l’envoya
en 1618 à l’Archiduc d’Autriche Léopold":
il eft fort étonnant- que Rhéita, dans un livre
imprimé en 1645, ait voulu enparoître l’inventeur,
On en doit eftimer plus l’ufage , que l’invention.
La lunette en Hollande, fut comme l’aimant
b la Chine , nn -çbjet de fimple curiofité. Galilée,
dans la même année 1609, regardant avec la
lunette la lune, obferva que les progrès de la
lumière après la nouvelle lune , étoient irréguliers
, quelques traits de lumière s’élançant fuc-
ceffivement du fond encore obfcur. N’étant point
ajfervi aux préjugés des anciennes écoles, il connut
tout de fuite que la lune étoit femblable à
notre globe , & comme lui couverte de vallées 8c
de montagnes encore plus hautes que les nôtres.
Galilée , dans fon premier Dialogue fur le fy fiente
du monde, expliqua fort bien la reffemblapce qui
eft entre ces deux planètes : elle fut ( cette ref-
femblance ) portée plus loin par d’autres auteurs,
qui reconnurent autour de la lune divers indices
d’une atmolphère plus raréfiée & plus variable
que la nôtre , & voulurent ainfi expliquer le
cercle qui entoure la lune dans les temps des
éclipfes de foleil, & les variations que MM, de Mai-
ran, Çafiini, de la Hire, Maraldi, Kirk & de rifle,
ont obfervées plufieurs fois dans l,es planètes &
les. étoiles; fixes , voifines du difque lunaire ; &
Galilée, , d?apris la. découverte de la lunette ,
continua toujours fes obfervations fur la lune ;
car peu d’années avant que de perdre la. vue ,
comme le dit Viviani, il découvrit la libération
du corps lunaire par les obfervations qu’il fit de
la même taçhe Grimaldi & de mare Crifium, qui
occupa tant enfuite Grimaldi * Hevelius & Bouil-
laud. L’obférvatton eft décrite dans le dialogue
que nous avons c ité , où il femble encore qu’au
numéro 59 foit prévenue la çonjeéfore de Newton
fur la caufe pour laquelle la lune tourne toujours
le même côté vers la terre. On y lit qu’il eft
manifefie que la lune, comme attirée par une vertu
magnétique , tourne toujours le meme côté vers, le
globe terrefire, & ne change jamais.
Le ciel entier fembloit offrir à Galilée de nouveaux
phénomènes ; la voix la&ée lui parut formée
d’une quantité innombrable de très-petites étoiles :
il en compta plus de quarante dans le feul grouppe
des pleïades, & plus de cinq cents dans la conf-
teilation d’orion ; la feule nébuleufc d’orion J.ui
parut compofée de vingt-deux étoiles fort petites ,
& très-près les unes, des autres; celle du cancer
d’environ quarante. Il vit aufti le,s quatre fatellites
de jupiter , découvrit les taches du foleil,
les phafts de venus & de mars : il obferva certaines
apparences dans faturne , qui furent enfuite
confidérées plus au long par Huygbens, qui les a
expliquées par l’hypoihèfe d’un anneau. Galilée
porta au plus haut degré de perfeéïion fes obferva
t-io ns fur jupiter. Après un travail de trois ans ,
il commença la théorie des fatellites, & jufqu’au
commencement de 1613 , il ofa prédire toutes
leurs configurations pendant deux mois confécuiifs.
11 imagina enfuite d’en faire ufage pour le. problème
des lpngitudes; & en 1636, par le moyen
de Hugues Grotius , il offrit aux états de Hollande
de s’y appliquer entièrement : les états acceptèrent
volontiers fa demande , deflinèrent à
Galilée une chaîne.d’o r , & députèrent quatre
commiffaires pour conférer avec lui. Martin Hor-
renfius., un d’eux , fe transporta en Tofcane peu
de temps avant que Galilée perdît la vue. Galilée,
après ce malheur, communiqua fes obfervations
& fes écrits à Renieri, qui fut enfuite mathé-
mathicien à Pife , & qui fut chargé par le grand
duc d’étendre les tables & les éphémérides des
fatellites de jupiter. Renieri les étendit véritablement,
St- les montra au grand duc 8c à beaucoup
d'autres, comme VivianiTaflùre. Il étoit en 1^48
fur le point de les publierlo.rfqu’il perdit la vie
par une maladie fubite. Je ne fais par quel.acci*
dent on .3 perdu fes papiers, & ceux qu’il avoit
eus de Galilée,
Les phafes de venus prouvèrent ce que des
aftronomes anciens avoient feulement fuppofé,
que vénus ne fe mouvoit point autour de la terre ,
mais autour du foleil. Copernic emb rafla cette
hypothèfe , & ajouta encore qu’il étoit néceflaire
que les phafes de venus reflemblaflent à celles
de la lune. La lunette de Galilée fit voir la ref-
fenjblance des phafes de vénus ; 8c quelques, inégalités'
de mars ; phénomènes qui prouvent évidemment
le mouvement de vénus 8c de-mars
autour du foleil, & d’où l’on peut croire que les
autres planètes principales fe meuvent également
autour du foleil. Quelle auroit été la joie de
Copernic, s’il avoit pu alléguer de pareilles preuves
en fa faveur, comme l’a très-bien obfervé M. de
Montuçla f Galilée a beaucoup cçptribué par fes
Dialogues fur le fyfiême du monde S au triomphe
qu’a remporté depuis le fyflême de l’illuftre pruf-
fien, & qui fut fi funefte à notre italien. Dans
le fécond dialogue , les phénomènes terreftres
font fi bien expliqués , & dans le troifième, tous
les céleftes ; la fimplicité de l’hypothèfe de Copernic
eft fi bien relevée , & les inconvéniens
des autres hypothèfes de Ptolornée 8c;de Tycho-
brahé expliqués fl clairement , que l’on commença
par fes dialogues à connoître le mouvement
de la terre avec autant de certitude qu’il
peut y en avoir dans les matières phy fiques, même
avant que Bradley, en Angleterre, eût découvert
l’aberration de la lumière, vérifiée en Italie par
Euftache Manfredi qui vivra toujours dans l’hif-
toire & dans les faites de l’aftronomie.
Galilée, avant que de partir de Padoue,
avoit découvert les taches du foleil ; &. étant à
Rome au mois d’avril 16 1 1 , il les avoit fait voir
à plufieurs perfonnes diftinguées qui l’atteftèrent.
Les premières obfervations de Scheiner furent
poftérieures de fix mois : il les publia enfuite en
1612, fous le titre A p elles p o fl iabulam, avec trois
lettres, adreflees à Velfer. Galilée répondit aufli-
tô t , 8c s’aflura l’honneur d’avoir découvert le
premier ces taches. Il fit même voir que lé feint
Apelle en avoit donné une théorie toute oppofée,
en aflùrànt que ces taches fe mou voient d’orient
en occident, & qu’elles déclinoient vers le midi,
tandis que réellement elles fe meuvent d’occident
en orient & qu’elles déclinent vers le nord;
peut-être que l’Apelle, attaché à l’ancienne opinion
de l’incorruptibilité des çieux, penfa que
ces taches étoient des planètes. Pour Galilée, qui
étoit un homme au-deflùs de tout préjugé, il
dit dans fes premières lettres à Velfer, que ces
taches étoient des matières très ^ proches de la
fuperficie du foleil , qui fe raflembloient & fe
difîïpoient, & en produifoieht de nouvelles, à la
reflemblancè des vapeurs de notre Atmofphêre ;
& il jugea , par le mouvement de ces taches, que
le foleil tourne autour de lui-même, environ dans
l’efpace d’un mois lunaire. M; de Montucla a laifle à
Galilée, l’honneur d’avoir , quoique le premier,
parlé plus judicieufementquelesautresfur ces taches.
Ce fut l’année 16 12 , que Galilée commença
à publier fes découvertes fur les taches du foleil,
dans l’ouvrage fur les corps qui furnagent fur un
fluide , ou qui s’y meuvent. Il rétablit par ce
difeours la doârine hydroftatique d’Archimède,
'& démontra que l’immerfion des foiides dans
un fluide, ou leur fupernatation ne dépend point
du tout de la configuration de ces foiides, mais
de leur gravité fpécifique, Dans l’ouvrage intitulé
faggiatore où le fondeur, que le comte Algarotti
réConnoît pour le meilleur ouvrage polémique
dont l’Italie puifle fe vanter; dans cet ouvrage,
dis-je, il eft formellement établi pour maxime
que les qualités fenfibles, comme la couleur &
le g oû t, ne rêfident point proprement dans ces
corps, mais en nous-mêmes ; maxime que l’on
devoit plutôt attribuer aux anciens philosophes ,
qu’à Defcartes. Ainfi Galilée fixa les principes de
l’hydroftatiq'ùe 8c de la phyfique : il créa le premier
la méchanique. Dès l’année 1602 , il écrivoit
au marquis Del Monte, qu’il avoit obfervé que
les vibrations des corps mobiles attachés à des
fils de différentes longueurs, fe font en des temps
qui font entr’e u x , comme les racines de leurs longueurs.
Il annonça dans une lettre écrite de Padoue,
en 1604 » lé théorème que les efpaces que des
corps pefans parcourent en tombant, font comme
les quarrés des temps, & que cependant les efpaces
qu’ils parcourent en temps égaux, font comme
1 , 3 , 5 , 7 , &c. La première édition de fes dialogues
iur la méchanique , parut dans la même*
année 1638 , que le traité du mouvement dé
Baliani ; mais les écrits & les découvertes de
Galilée fur les méchaniques s’éfoiest bien avant
ce temps répandues en deçà des monts ; & il
n’eft pas vraifemblable que Defcartes, & encore
moins Baliani, en ayent trouvé plufieurs fans avoir
lu Galilée.
Parmi les principales découvertes qui fe trouvent
dans fon dialogue de la méchanique , je compte en
premierlieu, le principe delà compofition & delà ré-
folntion du mouvement, que Galilée a exprefîement
enfeigné dans le théorème fécond du mouvement
des projectiles ,,&dans la note du théorème fécond
du mouvement accéléré. Je compte en fécond lien,
les loix du mouvement uniforme & du mouvement
accéléré, d’où réfultent les formules fi connues
, communément appeliées les formules de
Galilée : 1®, que la forme multipliée par l’élément
du temps, eft égale à l’élément de la vîteffe ; 28. que
la force multipliée--par l’élément de l’efpace , eft
égale à l’élément de la vîtefle multipliée par toute
la vîtefle. Galilée confidéraces deux formules dans
lé cas de la force confiante , & Newton les étendit
enfuite également à toutes les hypothèfes de
la force variable. Mais tout ce qui s’eft fait depuis
dans les méchaniques , dépend entièrement de ces
deux formules , & du principe de la compofition
& de la réfolütion du mouvement. Le traité du
mouvement fur les plans inclinés & dans les
cordes des arcs circulaires, eft plein d’élégance
géométrique ; & orr fera toujours étonné qu’un
homme feul foit arrivé à ce point fans le fecours
de l’algèbre. Les problèmes dans lefquels on
Cherche l’inclinaifon des plans , par laquelle un
corps peut pafier le plus vite , ou d’un point
donné à une ligne horizontale donnée de pofition,
ou d’une ligne horizontale à lin point donné; ces
problèmes , dis-je , font de la plus grande finefle.
Galilée a mervéilleufement rraité dans fon quatrième
dialogue là baliftique qui étoit totalement
ignorée avant lüi; car Cardan & Tartagîia foup-
çonhèrent feulement que les proje&iles lancés fe
meuvent dans une ligne compofée d’une ligne
droite & d’un arc circulaire, Galilée , avec le