E D M V
EDIL ING, f. m. (Wft. moi.) ceft un ancien
nom de la nobleffe parmi les Anglo-Saxons.
La nation faxortne, dit Nithard. Hifl. 1. y -
efl divifée en trois ordres ou clafles de peuple;
les idiüng, les frilingi, & les lazzi ; ce qui figmfie
la nobleffe, les bourgeois, & lesvajfaux ouferfs.
Au lieu d’éd'tling, on trouve quelquefois atheUng
ou xtheling : on attribue auffi cette qualité au fils
du roi & à l’héritier préfomptif de la couronne.
Voye{ ATHEUNG. Chambers. (G.)
EDMOND I , ( Hift. ^Angleterre.) Wnê des en-
fans d’Edouard l’ancien, touchoit a peine a fa
dix-feptième année quand la mort dAdelftan fit
paffer fur fa tête la couronne d’Angleterre. Sa
jeunefle & l’inexpérience qu’on lui luppoioit,
réveillèrent les Danois, toujours prêts à profiter
des circonftances favorables à leur goût pour l ï
rébellion. A nlaf, roi des Danois Northumbres,
contraint, par fes fujets fatigués de fa tyrannie,
de defcendre du trône, & de fe retirer en Irlande
où il vivoit obfcurèment, jugea , par fes propres
difpofitions, de celles des Northumbres ; & dévoré
du défir de remonter au rang qu’il avoit perdu
par fes vices, il fe hâta d’engager dans fes interets
i&laüs. roi de Norwege , qui lui fournit des
troupes, à la tête defquelles Anlaf envahit le
Northumberland, & paffa dans la Mercie, ou
fes compatriotes l’aidèrent à s’emparer de quelques
places. Edmond I n’eut pas plutôt appris les courtes
conquérantes d’Anlaf & fes déprédations, quil
raffembla fes troupes ; & quelque inferieure que
fon armée fût à celle des Danois , il réfolut de tout
tenter pour écarter cette foule de brigands. Anlat
enhardi par les fuccès qu’il venoit de remporter,
alla lui-même -aû-devant du roi d Angleterre, &
les deux armées fe chargèrent avec autant de fureur
eue d’intrépidité : le courage & la valeur etoient
égaux de part & d’autre, & la viSoire fiit tellement
balancée, que la nuit etoit arrivée fans
qu’aucun des deux partis eut m cede, ni vaincu.
Anlaf & Edmond fe préparaient a recommençer
Je combat dès le lever de l’aurore ; mais les
archevêques d’Y orck & de Cantorbery qui fe
trouvoient dans les deux armées, travaillèrent de
concert avec tant de zèle pendant le refte de la
rmit que la guerre fut terminée au point du jour
par un traité de paix. Edmond I eut rejete avec
indignation les conditions qui lui furent propofees,
& qu’il accepta forcément par les inftances des
grands de fa cour, & des principaux officiers de
ion armée : la crainte feule de fe voir abandonne ,
le fit confentir aux négociations des deux prélats,
& il fut Sipulé que l’Angleterre ferait partagée
entre Edmond & Anlaf, qui. fe mit dès le jour
même en pofleffion du royaume de Northumberland
, d’où il fut encore chaffé par les Northumbres,
irrités de fa tyrannie & de fes exactions.
Les habitans du royaume de Dei're donnèrent le -
jfignal de la révolte, & le premier aüe de lour
[E D M
lèvement fut d’élire pour leur roi,tRéginald, neveu
d’Anlaf. Réginald foutint par les armes cette élection
tumultueufe ; la guerre s’étant allumée entre 1 oncle
& le neveu, Edmond. I , qui n’etoit occupé que des
moyens de rentrer en pofleffion de fes états ,
raffembla une armée, & fous prétexte de fervir
de médiateur entre les deux concurrens, il arriva
fur les frontières du Northumberland, profita de
l’affcibliffement des deux rois, dont il eût pu même
envahir les états, & qu’il eût pu accabler l’un &
l’autre : mais il fe contenta de leur procurer la
paix, conferva la couronne a Réginald, & apres
leur avoir fait prêter ferment de fidélité, îl les
obligea d’embraffer, la religion chrétienne. Cette
paix quin’avoit rien d’onéreux, ni d’aviliffant pour
es Danois, ne dura cependant que jufqu’au départ
d* Edmond y qui fe fut à peine éloigné, qu’ Anlat U
Réginald réunirent leurs forces contre leur bien*-
faiteur, fe liguèrent avec les Danois de Mercie oC
le roi de Cumberland, & entrèrent fur les^ terres
du roi d’Angleterre. Edmond I , plus irrite de
l’ingratitude de fes ennemis, qu’effrayé de leurs
armes, retourna fur fes pas, fubjuguatour-a-tour
les Merciens & les Northumbres, furprit les deux
rois, & fe difpofoit à les combatte, lorfquils
prirent le parti de la foumiffion, & lui Jurèrent
une fidélité que la crainte de fa vengeance, tant
de fois fufpendue, les empêcha de violer. Edmond^
avant que de rentrer dans le Weffex, refolut de
punir le roi de Cumberland, qui, fans fujet oC
fans prétexte, avoit pris contre l’Angleterre le
parti des Danois, Pour s’emparer de ce royaume,
Edmond n’eut qu’à fe préfenter î il renverfa le troue ,
& réduifit le Cumberland en province, qu’il céda
au roi d’Ecoflè, dans la vue de l’attacher a fe$
intérêts, & de l’empécher de favqrifer les feditions
fréquentes des Northumbres : mais en cédant cette
province, Edmond s’en réferva la souveraineté ,
& le roi d’Ecoffe s’obligea pour lui & fes fuccef-
ièurs de venir en perfonne rendre hommage à la
cour d’Angleterre , au tepips des grandes fêtes,
toutes les fois qu’il y feroit appellé. Ceft vrai-
femblablement d’apres cet engagement que quelques
auteurs ont écrit, que du tems A Edmond 1p
Les rois d’Ecoffe étoient vaffaux du roi d Angleterre ;
mais ils n’ont point penfé que cet hommage
n’avant lieu que pour le Cumberland , il ne pouvoit
en aucune manière tirer a confeqpence pqur 1$
royaume d’Ecoffe. . r .
Les fuccès multipliés à'Edmond, & fes grandes
qualités, étendirent fa réputation chez tous les
peuples de l’Europe, qui refpeaèrent fa valeur
& admirèrent fe$ vertus. Les Danois établis dans
fes états, implorèrent vainement, en differentes
occafions, les feconrs de leurs compatriotes : le
roi de Danemarckne crut pas devoir fe commettre
avec un fouvjerain qui lavoit également, pc le
faire eftimer par la fageffe de fon gouvernement,
& fe faire redouter par la terreur de fes armes.
Le çîilme que lui procura J;a cr^in^e quil ^vo^
E D M
taipîrée à fes ennemis abattus, ne fut pas pour
lui un temps d’oifiveté ; il l’employa à rendre fes
fujets auffi heureux qu’ris pouvoienc l’être. Dé-
fenfeur de l’état, il voulut en être auffi le lé-
giflateur ; & par quelques-unes des lois qu’il fit,
& que le temps a refpe&ées, oh voit combien il
eut à coeur la félicité de fon peuple. C ’eft à lui
que l’on rapporte la première loi de rigueur
publiée en Angleterre contre le larcin : car, avant
Edmond I , les voleurs n’étoient fournis qu’à des
peines pécuniaires ; & ces rtftitutions n’étoient
rien moips que fuffifantes pour intimider les brigands.
Edmond / , afin d’arrêter le défordre qu’ils
«ommettoient, ordonna que , fi plufieurs voleurs
fe réuniffoient pour exercer le brigandage, le plus
âgé d’entr’eux périroit au gibet. Ce grand roi ne
put donner que quelques lois qui prouvent que
vraifemblablement il eût rendu fes fujets heureux,
fi le plus cruel accident n’eût terminé fon règne
avec fa vie dès les premiers jours de la paix, &
lorfqu’à peine il eommençoit à jouir du fruit de
fes vi&oires. Un jour qu’à Packlekirk, dans la
province de Glocefter, il fe rendoit à un feffin
fiolemnel qu’il avoit ordonné, il vit Leolf, feé-
lérat convaincu de mille atrocités, & banni- du
royaume, s’affeoir impudemment à la table du
roi. Irrité de cette infolenee, Edmond 1 ordonna
qn’on prît ce miférable, & qu’on le mît hors de
ce lieu peu fait pour fes pareils. Leolf plus furieux
qu’humilié, tira un poignard qu’il tenoit caché fous
fes habits, & regardant le roi avec audace r
menaça d’égorger quiconque oferoit l’approcher.
Edmond, tranfporté de colère, s’élança fur Leolf
qu’il prit par les cheveux pour le traîner hors
de la falle. Cette aélion imprudente lui coûta
cher : Leolf lui porta un coup de poignard dans
le flanc, le roi tomba mort fur l’afiaffin. Ainli
périt Edmond I , en 943, à l’âge de 25 ans,
après en avoir régné 8. Il laiffa d’Llgive fa
femme, deux fils dans l’enfance , Edwy & Ed-
gard, qui, à caufe de leur bas âge, ne lui fuccé-
dèrent point. Sa couronne paffa fur la tête d’E-
dred fon frère, par les fuffrages de la nobleffe
& du clergé : car alors le clergé eommençoit
à jouer un rôle important dans l’état, où il
ne tarda pas à fufeiter des troubles qui pensèrent
plus d’une for$ opérer fa ruine entière..
Auffi l’on repfochoit à Edmond d*être trop facile
aux infinuatîons des prêtres, & d’avoir accordé
fa protection à Dunffan, qui reçut de ce prince
l’abbaye de Glafton, & qui paya d’ingratitude
les bontés fiieceffives des enfans de fon bienfaiteur.
( L. C . J
Edmond I I , furnommé Cote de Fer, {Hijî.
d’Angleterre.") Le règne d Edmond I I fut très-court ;
mais fes talens, fon heureux cara&ère, fa conf-
tance, fes malheurs même ont rendu fa mémoire
refpe&able. Ethelred I I , Ibn père, qui ne fut ni
régner, ni fe faire effiraer, lui tranfsnitce. royaume
E D O 407
épuifé par les guerres civiles, ruiné par les Danois,
déchiré par les fadieux ; & tandis que les Anglois
plaçoient le jeune Edmond fur un trône ébranlé,
les Danois oppreffeurs de ce même royaume,
difpofoient.de la couronne en faveur de Canut,
fils de Swenon. Ces deux éle&ions rallumèrent le
feu mal éteint de la guerre, & les deux concurrens
défolèrent les provinces pour favoir auquel
xdes deux le feeptre refteroit. La victoire fut
long-temps indécife ; & cinq batailles confécutives
n’avoient encore produit que le maffacre d’une-
foule de citoyens, mais le fixième combat fut
fatal aux Anglois. L’armée dEdmond I I i ut battue,
& prefque entièrement exterminée par l’infigne
trahifon* d’Edrik- Stréon, général des Anglois, &
beau-frère d’Edmond : ce général perfide, peu
content d’avoir empêché plufieurs fois la défaite
des ennemis, pafla tout-à-coup avec la plus grande
partie des foldats qu’il commandoit, du côté des-
Danois ; défection cruelle qui entraîna la ruine
de l’armée royale. Canut viélorieux, n’ufa point
en barbare du fuccès qu’il venoit de remporter f
il laiffa le Weffex à fon concurrent, & garda
pour lui le reôe de l’Angleterre , jufqu’à ce que la
mort d'Edmond lui fournît l’occafion de s’emparer
encore du Weffex: il n’attendit pas long-temps,
& le même Icélérat qui lui avoit fi lâchement
procuré la viétoire, peurfuivit lé malheureux
Edmond jufques fur le trône qui lui étoit reffé.-
Soit crainte d’être enfin puni de fes atrocités,
foit haine contre fon beau-frère, Edrik-Stréon mit
le comble à fa perfidie, en faifant égorger Edmond l î
par fes propres domeftiques. Edmond n’avoit régné'
qu’onze mois, il méritoit un deflin plus Heureux r
à peine eut-il le temps de fe faire connoître , &
cependant, il donna, dans ce court intervalle, despreuves
éclatantes d’une prudence confommée ,
d’une confiance inébranlable : la douceur & \z
bienfaifance, la modefiie & l’équité formoienf
fon cara&ère, la vigueur de fon tempérament 8&
fa force prodigieufe loi avoient fait donner le
furnom de Côte de Fer. ( L . C.)
EDOUARD l ’a n c i e n , ( Hift. d’Angl. ) monta--
fur le trône d’Angleterre après fon père Alfred ,,
en 900; Les vi&oires qu’il remporta fur les Ecof--
fois , les Bretons du pays de Galles, & les Danois ».
lui firent donner le beau titre de père de la patrie
Il fut le proteéleur des fciences & des beaux-arts ,
& mourut en 924, après un règne de vingt-quatre
ans. ( L . C.)
Edouard te Martyr, élevé fur le trône à l’âge
de dix ans , par l’autorité de l’archevêque Dunfian
n’eut que le nom de roi. Dunfian gouverna avec
un pouvoir abfolu. La reine Elfride , belle-mère
dEdouard, fit affaffiner ce prince pour faire régner"
fon fils Ethelred.. C ’efi cette fin tragique qui lui a»
fait donner le nom de martyr»• Il n’avoit encoïet
que quinze ans. (L , C j.