
rons de citer, entre à ce fujet dans un détail très- |
curieux fur les règles de ces combats, qu’on pour- I
roit appeler le code des homicides j mais ce qui eit j
encore plus précieux, ce font les réflexions philo- I
fophiques qu’il fait fur ce fujet. La loi fâlique, dit-il, J
fi’àdmettoit point l’ufage des preuves negatives, j
c’eft-à dire qu’elle obligeoit également l’accufateur i
& l’acpufé de prouver r auffi ne perniettok-elle pas
le combat judiciaire. Àu contraire, la loi des Francs
ripuaifes; admettant fufage des preuves négatives ,
il feirtble qu’il ne reftoit d’autre refTource a un guerrier'fur
le point d’être confondu par une fini pie af-
ferfton ou négation, que d’offrir le combat à fon
adverfaire , pour venger fon honneur.
L’auteur cherche dans les moeurs des anciens
Germains la raifon de cet ufage fi bizarre , qui fait
dépendre l’innocence du hafard d’un combat. Chez
ces. peuples indépendans, les familles fe faifoient là
guerre pour des meurtres, des vols , des injures ,
comme elles fe la fönt encore chez les peuples libres
du nouveau mondé. On modifia cette coutume,
en aflujettiffànt cette guerre à des règles. Tacite
dit que chez les Germains les nations mêmes vui- j
doient fouverit leurs querelles par des combats
fingnliers.. . - ...
' Cette preuve par le combat ayoït quelque ration
fondée fur l’expérience. Dans une nation uniquement
’guerrière , la poltronneriè fuppofe d’autres
vices -quffaccompagnent ordinairement, comme
la fourberie & la fraude.
La jurifprudence: du combat judiciaire , & en
général des épreuves, ne demandant pas beaucoup,
.d’étude, fui une des caufes de l’oubli des loix
’feliques, des loi$ romaines & des lois capitulaires :
elle efi aufii l’origine du point d’honneur & de la
fureur dé notre, nation pour les duels de 1 ancienne
chevalerie & de la galanterie. ( O. }
C hampion du Roi {Hiß. mod. d’A n g f ) , chevalier
qui, aprèsfie couronnement du roi d’Angleterre
, entre :à cheval, armé de toutes pièces, dans
•la falle de Weftminfter, jette le gant par terre, &
préfente un cartel à quiconque oferoit nier que le
nouveau princeloit légitime roi d’Angleterre.
G’eft en.1377, dans la cérémonie du couronnement
de Richard I I , que l’hiftmre d’Angleterre fait
mention, pour la première fois, d’un champion qui
alla fe préfenter, armé de tontes pièces, dans la
falle de Weftminfter, où Je roimangeoit, & qui,
ayant jeté fon gantelet à terre, défia tous çêux qui
vondroient difputer au toi fes jufles droits fur la
couronne. • » a
On ignore l’origine de cette coutume, qm seit
cenfervée jufqu’à.préfent; mais il efi certaiaqu’elle
eftplus ancienne que lecourennementdeRichardII,
puifque le chevalier Jean Dimmock, qui fit ahSrs
l ’office de champion, y fut admis en vertu d’un
droit attaché à une terrequ’il çoïfédoit dans le comté
de Lincoln, favoir le manoir de Scrivdlby, qa’il
»voit du chef de fe femme. Rapin, tom, JH. Walfingîlaffl
&• Froiffardc ( Cet article efl Je M. te ch'ei
vdlier de JauçowrT. j .
CHAMPLAÏN (S amuel de ) ( Hifl. moderne. )9
voyageur & marin célèbre, dont un lac d Amérique
porte le nom. Envoyé par Henri IV dans le
Nouveau-Monde, il fonda Quebec, & fit établir
une compagnie pour k commerce du Canada.
Il efi regardé comme le fondateur de la Nouvelle-
France : il en a aufïi été rhiftorién. On a de lui les
Voyages de ta Nouvelle-France „ dite Canada. Etabli
en Amérique vers 1603 ; mort vers 163 5-
CHAMPMESLÉ (M a r ie D e sm a res , femme de
C h a r l e s C h e v il l e t , fieurde){Fïïjl, du th. fr.}. Le
mari ôda femme étoient comédiens. Le marié toit de
plus auteur ; mais il n’y a que la forme de célébré,
parce que Racine lui apprit l’art de la deciamauoa
tragique. On croit qu’elle étoit fa malt relie , o£
qu elle le quitta pour le comte de Tonnerre ; ce
qui fit faire ce calemboürg , aufii bon qu’aucun de
| çeux de nos jours : le Tonnerre Ta déracinée. Louis
I Racine a cru l’honneur de fon pète intereffé a
n’avoir jamais aimé d’autre femme que la fienne ; il
a perdu beaucoup de peine,- dans fes mémoires fur
la vie de Jean Racine, à prouver que jamais Racine
n’avoit été amoureux de mademoifelle Çhamjj-melé9
ni d’aucune autre : il efi pourtant bien sur que
madame Racine, qui non-feulement n’avoit jamais
vu repréfenter les tragédies de fon mari., ce qu elle
eût regardé comme un grand péché, mais qui ne
les avoit même.jamais lues, n’efi point- la femme
qui lui a fait faire ces. tragédies fi tendres. Racine
étoit trop honnête & trop fenfible., pour ne pas
aimer & révérer beaucoup une femme aufii vèr- j tueufe que la fienne : il fut bon mari & bon pere»
j tout honnête-homme l’eftj mais il efl: permis de
j croire qu’avant ce temps & dans fa jeunefle il avôit I été un amant fort aimable, que ce n’etoit pas avec
un coeur froid & fec qu’il attendriffoit tous les coeurs,
& que Ta&rice jeune & belle qu’il avoit aflociée
&. intéreffée à fa gloire, qu’il avoit inftruite à exprimer
des fentimens fi tendres, & dans l’ame de
laquelle il avoit fait paffer la chaleur & la fenfibi-
lité de la fienne, ne lui étoit pas indifférente. G’eft
de ces mémoires de Louis Racine fur la vie de Jean
Racine, que M. de Voltaire a djt^ avec un peu d’in-
juftice & beaucoup de malignité : il a beau faire, il
ne déshonorera pas fon père. Nous avons beau faire
aufii, l’hiftoire de mademoifelle Champ-mêlé devient
celle de Racine j c’eft qu’elle n’a du qu à lui
feul la réputation qu’elle a confervée jufqu’à nous$.
e’eft que fi Racine a quelquefois penfé à e lle , en
concevant cês rôles de femmes fi tendres, fi pa£
fionnées, fi aimables, e’eft ,1e plu.s be.au titre dont
•une femme puiffe fe glorifier. Le fieur Champ-mele
fon mari n’étoit pas, dit-on, un aéteur fans talens ,
fur-tout dans le genre comique. On a fes oeuvres
imprimées en 2 vol. in-12. Il a des comédies dont
■ il1 eft feul l’auteur j on dit qu’il a fait , en fociètè
avec -Là-Fontainej, le Florentin /h t coupe enchantée ,
le veau perdu 8c je vous' prends fans verd. Il mourut
en 170-1 *;fa femme étoit morte en 1698 j elle ^toit :
née à Rouen, en 1644. ■ , j - ./
CHAMPS ( Etienn e-A g a r d des ) ( ntt.
mod. } , jéfuite, né à Bourges en 1613 , mort a la
Flèche en 1701, eft auteur d’un traite aujourd nui
bien inutile : de hczrejî janjeniànâ. _ .
Un autre des Champs ( François-Michel - Chr
tien ) , eft auteur de quatre tragédies bien inutiles
aufii & bien oubliées, favoir, Caton d i t tique, An-
tiochus , Artaxérxès & Mèdüs, & d t Rec icrc es if-
toriques furie théâtrè françois. Mort en 1747.
CH AN A AN (Hifi.facr.),Fiïs de Cham, maudit
par No é, pour l’irrévérence de fon père envers ce
F‘' c H A N D O S ( J ean ) i è j e S S È Ê l> t î sp- i
IHuftres & des plus vertueux capitaines d Edouard
III, roi d’Angleterre, dans fes’ guerres contre a
Franèè! r il fut un de fes plénipotentiaires pour la
paix de Brétigny, eii 1356. Ce fut lui qui gagna,
en 1364,, la bataille d'Autai, ou fut terminée la
querelle de la Bretagne entre les mâiforis de Mont-
fort & de Penthièvre : il eut la gloire d y faire pn-
fonuier du Guefclin; & ce même du Guelclin ayant
encore été pris par le prince Noir a la bataille de
Navarrette, Chandos, qui refpeéldit en lui la valeur
8l la vertu, lui offrit fa boitrfe pour contribuer a
fa rançon & accélérer le moment de a liberté,
fcorfquc Charles V , voyant le génie d Edouard 111
abattu par l’âge , & celui du p'tince Noir par la maladie,
l’a béatifiée en 17.51 ; Clément XIII l!a ca-nomfee
en 1/6 7 ton a publié des lettres d’elle en ié fto;
l’;.bb:é Marfolier a écrit fa vie en 2 vol. in-i-L. L l»
étoit aïeule de madame de Sévigné, qui en parle I fou vent dans fes lettres. , .
crut qu’il étoit temps de renouveller la
guerre , le préfage le plus marqué de la decadence
des Anglais fut la perte qu’ils firent, en 1369,
de cè brave Chandos, le du Guelclin de 1 Ang e
terre. Prefqu’invincible à la gu e r re , il n’en aimoit
pas moins la paix : les François mêmes le pleurèrent
, & la rupture des deux nations rivales ne parut
fins remède que quand on eut perdu cet homme
jufte & modéré. Il fut tué dans utf combat fur le
pont de LèufâC, près de Poitiers.
CHANTEREAU LE FEVRE ( Louis ) ( Hifl.
litt. mod.). Quelques emplois confidérables quit
exerça l’auroient laifie dans l’oubli , il eft connu
comme favant. On a de lui des Mémoires fur rcri-
àne dis mâiforis de Lorraine & de Bar-, un Traite des
• fie fs , où il s’attache à établir que les fiels héréditaires
CHANDOUX ( Hifl. m o d Bailler, dans fa
Pavante vie de Defcartes , a un chapitre intitule :
jMort funefîe de Chândoux. .
■ Ce Chandoux étoit un philofophe chymiltd, contemporain
de Defcartes, & qu’on donne pour un
de fes prédécèâeurs dans le projet de reformer la
philofophie & de détruire les chimères péripatéticiennes.
Il s’annonçoit avec quelque éclat : des
perfonnes conftdérables alloient entendre fes leçons
Si voir fes expériences. Sa fin fut en effet funelre,
il fut pendu pouf faufîé monnoie, en 16 31, a la
place de Grève. ,
CHANTAL ( J e a n n e --Fr a n ç o is e F r em io t
d e ! t Hifl. mod.), née à Dijon en 15 7 1, epoufa
le baron de Chantal. 11 fut rué à la chaffe: fa veuv e,
âgée alors de vingt-huit ans, fe donna tonte entière
à la piété & à la charité. S. Françdrs de Sales v
qu’elle connût eu il6ô4,, futfob direfteur , &lous
fa conduite elle inïlitifa l’ordre de la Vibration .dont
les premiers fondemens furent jetés à Annecy, en,
lé ib iE lle mourut a'Moülins^eii 1641. Benoit XIV
n’ont commencé qu’après Huguqs - Capet.
ce que les favans; font bien loin dè lui accorder ;
un traité touchant le mariage d’Ansbett 6c de Jili-
tilde; un autre, où il examine fi les terres fituees
entre la Meufe & le Rhin, font ou ne fout pas
de l’empire. Né à Paris en 1588, mort en 1658.
CHANTOCÉ (G illes , feigneur DE ) ( H1J1. de
Bret. ). Jean V I , duc dé-Brefagnë, dit le bon ôc lefane,
mort en 1442, avoit eu dejèannede brauce,
feeur de Charles V I I , trois fils, François, Pierre
& Gilles : ce dernier eft Celui dont il s’agit, François
: régna, & f it à fés frères tel partage qu’il voulut.
C ’étoit une ame foible & dure, gouvernée par des
méchans.Gilles, prince;aimable & intéreffant 5 avoir
plu à Françoife de Dinant, & l’âvoit époufce , ce
qui lui avoit fait un ennemi- implacable cl Artriut
de Montauban * amoureux de Françoife & a qui le
duc qu’il goüvernoit, l’avoit promife. Quelques
propos de mécontentement échappés à Gilles fur là
modicité, de fon apanage, furent repréfentes au
duc par Arthur comme des tranfports d une ambi-
lion redoutable & des menaces d’une révolte pro-
chaîne. On fut que Henri V I , roi d’Angleterre,
avoit offert au prince Gilles l’epee de connétable,
comme Charles V II avoit donné celle de France
au comte de Richemont,- oncle des trois princes
Bretons ; mais on diflimuloit le refus formel que
le prince Gilles avoit fait des offres de Henri V I ,
en difant qu’il ne vouloir point faire la guerre au
: roi de France fon oncle. On le peignoir & a la-
, cour de France & à celle de Bretagne, comme le
; fujet & rallié des Angloi?, prêt à troubler par leur
moyen ces deux états. Le duc François fur la foi
d’Arthur de Montàübari , prit fon frère en horreur
& infpira contre lui à Charles VII des préventions
dont le connétable de Richement, qui corinoiffoit
mieux fon neveu & qui lui rendoit plus de juftice,
fit promptement, revenir ce roi naturellement équitable.
Le duc n’écoutant qu’une haine aveugle y
fait faire le procès à fon frère fur lés dépôfitions
des plus infâmes délateurs. Qii affemble les états
de la province, le connétable de jRichemont-, le
héros du fiècle y paroît, prend en main la défenfe
de fon neveu , entraîne les fuffrageé , couvre le
duc de confufion ; mais fie duc tient toujours fon
frère prifonnier , & le connétable appellé par d autres
affaires, s’ éloigne de la Bretagne. Le duc
fes complices transfèrent lèiprince, de priion eiv
prifon, & renouvellent leurs informations caloxn*