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an*Ethelwolph. engageoit, par dévotion, à Rome , '
l’honneur de fa couronne & les biens de fes fujets,
Alftan , évêque de Sherburn , irrité d’avoir perdu
la confiance de (on maître , foulevoit contre celui-
ci Ethelbald1 fon fils aîné, qui, dévoré d’ambition
& méchant par caraélère, felaiffa facilement féduire
par les corifeils pernicieux d’Alftair. Le mariage
inégal & ridicule ^vCEthelwolph, déjà fort âg é ,
venoit de contraéïer en France , à fon retour de
Rome, avec Judith, fille de Charles-Ie-Chauve,
acheva d'ulcérer le coeur d’Ethelbald r qui forma,
avec les principaux feigneurs d’Angleterre, une
Gonfpiration dont l’objet étoit de détrôner Eihel-
wolph. C e lu i-c i n’eut pas plutôt reçu avis dés
perfides projets de fon fils, qu’il fe hâta de revenir
dans fes états, ou tout paroifloit difpofé à une
guerre civile, lorfque quelques feigneurs, affez
Bons patriotes pour prévenir les maux que caufe-
xoit inévitablement une telle défunion, entreprirent
de terminer cette querelle par un raccommodement.
Ethelwolph, quidéteftoît la violence, & dont l’âge
avancé.augmentoit là timidité, confentit volontiers
à un traité de paix, par lequel il céda à fon fils
le royaume de Weffex, fe contentant de celui de
Kent. H ne furvêcut que deux ans à ce partage :
il ne s’occupa plus qu’à édifier fes peuples & fa
cour. Dans les derniers jours de fa v ie , il fit un
teftament & difpofa dès états dont il s’étoit réfervé
la poffeflion en faveur d’Etheîbert, fon fécond
fils , auquel il fùbftitua Ethelred", fou troifième
fils, & à celui-ci, Alfred,, le plus jeune de fes
enfans. Ethelwolph’ mourut peu de temps après,
en 85.7, refpeété par fa piété » mais avec la réputation.
d’un prince faible 8c. peu. capable de gouverner.
(£ . C ) ,
ETIENNE. {Hiflbire d'Angleterre.') Si fes ufurpa-
teurs peuvent faire oublier le vice de leur élévation,
ce n’èft qu’à force dé vertus, dé bienfaifance, dè
juftice, de générofité ^ mars il efi rare 8c prefque
Iàns exemple qu’un ufurpateur confënteà ne point
régner en tyran. Toutefois Etienne, qui rfavoi-t au
trône britannique que dès prétentions fort éloignées,
& que la forcè & Fintrigue y placèrent au
préjudice de celui qui feuly avoit dé légitimesdroits,
fut plus équitable, plus généreux, plus clément, plus
zélé pour les Iôix & le bien de fes fujets» que ne
le font communément'les ufurpateurs^ Son règne
fut très-orageux là guerre que fes concurrens
lui déclarèrent les complots que les grands
formèrent contre lui,: les fôulévemens excités par
lësr prélats, irrités, dè la rèfiftance qu’il oppofoit
à leur cupidité’ & à leur ambition-, ne Fempêchèrent
point' dèr travailler, autant que lès eireonf
tancés îé lui permirent, au bonheur & à là gloire
de là nation. Henri;I,. peu cPannées avamrfa mort,
fe voyant fans enfans mâles légitimes ,, avoir
obligé fa fille Mathilde, veuve dé l’empereur
Henri V , d’êpoufèr Geoffroi, comte d’Anjou ,
furaommé. BUntagenet , fils dç. Foulques ,, alors-
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roi dè Jérufalem ; Henri I crut avoir fixé le fcepfré’
dans fa maifon , lorfque Mathilde eut un enfante
de fon nouvel époux. A peine cet enfant fut né,
que fon ayeuî Henri exigea de tous fes fûjetsy
Ànglois & Normands, qu’ils prêtaient au jeune
prince ferment de fidélité, fe défiant fans doute
de la validité d’un femblaîSle ferment qu’il avoit
fait prêter à fa fille Mathilde ; mais les Anglois-
n’eurent pas plutôt vu Hènri dans le tombeau ,
qu’oubliant tous cès fermens , ils regardèrent'
comme indigne de la nation d’obéir au fils de
Geoffroi, qu’ils croyoient incapable de gouverner
fagement le royaume pendant là minorité de fon
fils. D’ailleurs , quoique douée de talens peu
communs, Mathilde n’avoit point celui dé faire
aimer fa puiffance, elle ne fâvoit, a ucon traire, que
fe faire craindre & haïr, par la hauteur 8c la
fierté de fon caraélère. Etienne, comte de Boulogne,
fut celui fur lequel la (ration entière jeta
lès yeux pour remplir le trône vacant. Adèle fa
mère»'fille de Guillaume le conquérant, avoit eu
du comte de Blois, fon époux, quatre enfans?
l’aîné, par des défauts naturels qui le rendoient
incapable de tout, fut condamné, dès fon enfance »,
à vivre dans l’obfcuritê ; Thibaud, qui étoit le
fécond, recueillit la fugceffion paternelle» & Etienne,
qui étoit le troifième, fut envoyé, atffec Henri
ton jeune frère, à la cour du roi d’Angleterre
fon oncle. Henri î , enchanté des talens & desgrandes
qualités du jeune Etienne, eut pour lui la
plus vive tendreffe » & s?attacha à l’enrichir & à
le rendre l’un des plus puiffans feigneurs de fes.
états- Ce ne fut même qu’à. fa. follieitation qu’il
retira Henri du monaflère de Clugni pour lui
donner l’abbaye de Glafion ,. & quelque temps
après, l’évêché de Winchefier. Etienne». pénétré
-de rec&nnoifiance, parut entièrement dévoué au»
volontés du roi fon oncle, & fut le premier à
prêter ferment à Mathilde, ainfi qu’à fon fils»
mais ». comme le refte des Ànglois, il ne refpeéla^
plus, après la mort du roi, ce même ferment
qu’il prétendit n’avoir donné que forcément^
Ainfi ».avant même que Mathilde fe doutât que
fon fils.pût avofr des concurrens, les évêques
qur s’é'toient montrés- les plus empreffés à jurer
une inviolable fidélité au fils du comte Geoffroi».
furent les premièrsà donner l’exemple du parjure t
ils s’affemblèrent ; & , gagnes, par les èmiffairêa-
EEtienne, eu vertu du pouvoir fpirituel, qui dans
ces temps de fuperfiitîcnTétoit indéfini, ils délièrent
lès citoyens dh ferment de fidélité qu’ils avoienir
prêté au jeune Henri, & proclamèrent Etienne de.
- Blois fotiveraîrr d’Angleterre. &dàc. de- Normandie;.
Cette infidélité, qui de nos jours feroit très-coupable,
ne paroiftbît alors avoir rien de repré—
Henfibki, puifque les évêques ne faifoient que fuivre
l'exemple, & trop- fou vent les ordres^ aofolus dias.
fouveraih pontife , qui prêt en doit' avoir le droiî
de difpofer à fon gré dès couronnes; D’ailleurs a,.
1%. hauteur de, Mathilde. & . fou iûdpçiBtè, m s
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foperfiitions ne lui concilioient pas les fuffragé<
des évêques, pèrfhadés que, par reconnoiffance, le
roi qu’ils proclamoient ajputeroit à leur puiffance,
déjà trop étendue , 8c qtiil leur feroit part des
affaires lès plus importantes du gouvernement.
Leurs conjectures étoient bien réfléchies, mais ils
furent trompés \ 8c la douleur qu’ils en reffen-
tirent, les porta dans la fuite aux excès les plus
violens de la haine & de la vengeance.
Cependant, file clergé britannique fe vit fruftré
dans fes efpérances, le peuple eut des grâces à
rendre aux évêques qui avoient dépofé le feeptre
dans les mains les plus -dignes de le porter. Ses
ennemis même les plus envenimés ne pouvoient
s’empêcher de reconnoître les belles Qualités. Il
employa les premiers jours de fon règne à répandre
fur les grands & le peuple des bienfaits que tout
autre fouverain eût regardés peut-être comme des
facrifices nuifibles à la royauté j car il permit
aux grands de fortifier leurs châteaux 5 8c^ cette
permiflion, dont ils abusèrent enfuite , devint fu-
nefte par les troubles que ces forts perpétuèrent.
Il rétablit auffi toutes les chartes populaires accordées
par fes prédéceffeurs, tombées en defuetude,
ou révoquées en différentes circonftances. La rébellion
des Normands l’obligea , dès l’année fuivante,
à paffer dans cette province , où fa préfence éteignit
les faélions, 8c qu’il céda à fon fils Euflache , ne
voulant s’occuper déforfnais que du foin de gouverner
fon royaume.
Tandis qu'Etienne prenoit les moyens les plus
sûrs de remplir fes projets, Mathilde n’attendoit
jque l’occafion de le renverfer du trône & de faire
valoir fes droits, ou plutôt ceux de Henri fon fils.
Elle avoit,en Angleterre, un grand nombre de
partifans; & le roi d’Ecoffe fon parent, qui s’étoit
ligué avec elle, entra inopinément à la tête d’une
formidable armée dans le Northumberland, où il
fe préparoit à mettre tout à feu & à fang, lorfque
Thurfton, archevêque d’Yorck , arrêta fes progrès.
Thurfton, homme fier, fanguinaire, & plus fait
au métier des armes qu’exercé à manier la croffe,
fe mit à la tête de l’armée d'Etienne, marcha contre
les Ecoffois, les combattit , remporta la vi&oire ;
& abufant avec autorité de l’état des vaincus,
déshonora fon triomphe par la férocité de fa vengeance
, & par les cruautés qu’il commit de fang
froid fur les malheureux Ecoffois que la mort
n’avoit point dérobés à fa barbarie. Pendant que
l’archevêque Thurflon. repouffoit ie roi d’Ecofle,
Etienne difîipoit les faâieux qui s’étoient attroupés
dans le fein de fes états ; à force de fagefle,, de
Vigilance, & fur-tout par fes bienfaits, il parvint
à rétablir le calme. Mais ces jours de tranquillité
durèrent peu : la défaite des Ecoffois n’avoit pas
découragé Mathilde, qui fondoit toujours fes efpérances
fur les droits de fon fils, & plus encore fur
Fefprit faélieux des partifans qu’èlle avoit en Angleterre
» & qui atteiidoiçnt avec impatience que
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j les circonfiances leur permiffénf dè fe déclaref
( hautement , & de prendre les armes contre leurs
1 fouverains. Sans y penfer, Etienne fournit à cette
foule de méeonteris les moyens dé fe réunir & de
couvrir d’un vo,ile refpedable la véritable calife de
leur rébellion. Ifrités de n’avoir dans l’état d’autre
fondion que celle de leur miniflère, les prélats
cherchèrent à fe confoler du. défaut de confidéra-
tion par un luxe faftueux, par l’orgueil le plus révoltant,
& par une magnificence qu’ils amehoienï
avec d’autant plus de hauteur lorfqu’ils paroiffoienï
à la cour, qu’ils croyoient, par ce ton d’infolènce,
en impofer au roi comme ils en impofoient au
peuple. Mais Etienne , moins jaloux qu’indigné
de cet excès d’oftentation, entreprit de réprimer
les évêques, 8c de les obliger à une modération-
plus honnête & plus analogue à leur état. Les
réglemens qu’il preferivit à ce fujet, foulevêrent
le clergé ; les évêques fur-tout, accoutumés au
fafte de l’opulence, & ne fongeant qu’avec indignation
aux bornes dans lefquelles on vouloit les
renfermer . s ’affemblèrent tumultuairement, & *
dans la première chaleur de leur reffentiment, ils
ne fe proposèrent rien moins que d’excommunier
le r o ima i s la crainte d’être châtiés balançant
leur colère, retint leurs foudres fpirituelles ; & ,
préférant à des démarches violentes des trames
plus cachées, ils invitèrent fous main la comteffe
Mathilde à venir détrôner Etienne, & donner deS:
fecours à l’églife opprimée. Mathilde reçut avec
tranfport la députation des evêques, faifit avidement
l’occaficn qu’ils lui offroienr, & fe hâta v
quoique très-peu accompagnée, de rentrer erï
Angleterre, où bientôt fa préfence alluma le feu-
de la guerre civile.
Informé de l’arrivée de fon ennemie, Etienne’
raffembla fes troupes, & marcha vers Arundel*-
Mathilde, qui s’étoit renfermée dans cette place»
qu’elle n’avoit point eu le temps de fortifier, n’op-
pofa qu’une foible réfiftance à l’armée royale, qui
s’empara d’Arundel, & fit Mathilde prifoncière#-
Etienne , moins prudent que généreux , rendit la-
liberté à fa rivale ; & celle-ci ne profita dè ce bienfait
que pour porter des coups pliisaffurés au roi f
elle prit la route de Walingfort, & de là fe rendit
à Lincoln , où elle raffembla les principaux d’entre-
fes partifans, 8c où elle fut bientôt jointe par une
foule de mécOntens. Etienne , qui alors, mais trop
tard, fe repentit d’avoir laiffé refpirer fa rivale, fit
d’inutiles efforts pour éreindre la révolte 8c dé-
farmer les faélieux : il échoua'dans fes projets, &
il ne lui refia d’autre reffource que celle dè réduire,.
, par les armes »des rebelles que fa clémence n’avoite
; fait qu’irriter. Dans l’efpérance de triompher une-
fécondé fois de Mathilde., 8c de la prendre prifori-'
nière, il alla lui-même l’affiéger à Lincoln y mais
cette place étoit mieux gardée & mieux fortifiée?
qu’Arundel, 8c le comte de Gîocefier, frère naturel
dè Mathilde, non-feulement força. Fasroée-
royale de îeyer le fiége > mais i l I’atîaqps > ks