
on ne doit pas être étonné du mélange de vérités
théologiques & de fables mythologiques qu’on
trouve par-tout dans fes écrits, ni du projet bizarre
d’employer cent chants à décrire l’enfer , le
purgatoire & le paradis , ni du nom de comédie
donné à cette lingulière produélion.
Quant au choix du fujet, il eft très-aflorti au
goût d’un fiècle où on n’imaginoit point de fête
plus convenable, ni plus intéreflante pour un légat
du pape, qu’une repréfentation de l’enfer,
donnée folemnellement fur l’A rno, & qui attira
tant de fpëâateurs, que le pont de l’Arno s’écroula,
& changea la fête en une calamite publique.
Le Dante avoit commencé fon poème en latin
& en vers hexamètres. Le premier de ces vers a
été confervé :
tlltima régna canatn fltiido contermina mundo»
L’auteur, en réfléchiffant fur l’ignorance de fon
fiècle, dit Bocace, fentit qu’écrire en latin & en
flyle relevé, c’étoit donner des croûtes à mordre
à d--s enfans qui fuçoient encore la mammelle. il
écrivit donc fon Poëme en italien,
Ôn a encore du Dante des poéfies lyriques,
parmi lefquelles on trouve une efpèce de chanfon
élégiaqiyefort touchante fur la mort de cette Beatrix
qu’il avoit tant aimée.
M. de Chabanon , de l’académie françoife & de
l’académie des infcriptions & belles lettres, a donné
en 1773 une fort bonne vie du Dante, avec une
notice'détaillée de fes ouvrages.
On donna le nom de Dante à un poëte italien ,
mort en 1312 , qui étoit de la famille de Rainaldi,
& qui avoit le talent d’imiter allez bien les vers
du Dante ; il fe nommoit Pierre-Vincent,
Jean-Baptille D a n t e , de Peroufe, mathématicien
& méchanicien célèbre vers la fin du quinzième
fiècle, fe fit des ailes artificielles , avec lefquelles
il fe foutenoit long-temps en Pair. Après
plufieurs expériences heureufes il voulut donner
ce fpeflacle à toute la ville de Peroufe, à l’oceafion
des fêtes du mariage de ce célèbre Barthélemi
i’Alviane ; le fer avec lequel il dirigeoit une de fes
ailes fe rompit, l’équilibre fut perdu, l’artifte tomba
dans une églife & fé cafta la cuifle, il ne mourut
pas de cette chute. Mais il eft-certain qu’avant
l ’invention de l’aéroftat, l’art de voler ne faifoit
point de progrès, & que, comme le dit M. deFon-
tenelle, le vol de ces nouveaux oifeaux n’étoit pas
pn vol d’aigle , & qu’il leur eu a coûté quelquefois
un bras, une jambe ou une cuiffe.
D ’ANVILLE'f Je a n -Ba p t is t e B o u r g u ig n o n )
( Hift, litt. moi. ) , de l’académie des belles-lettres,
le meilleur & le plus favant géographe qui ait peut-
être exifté; il difoit & avoit le droit de dire de la
gépgraphiç çe qu’Augufte ÿ& i t (le Roipq ; je l’ai
trouvée de brique, & je la laijfe d’or. On a de lui,~
outre fes cartes & un grand nombre de mémoires
inférés dans le recueil de l’académie , une Géographie
ancienne en trois volumes in-12 ; un traité des
mefures itinéraires anciennes & modernes ; une
Differtation fur l’étendue.de l’ancienneJérufalem ;
un Mémoire fur l’Egypte ancienne & moderne,
avec une defcription du Golphe Arabique ; une
Notice de l’ancienne Gaule , tirée des monumcns
romains, m-4?; un ouvrage intitulé: États formés
en Europe après la chute de l’Empire Romain en
occident, au fit in-4 ’ . L’Eloge de M. d An-ville eft
le premier que M. Dacier , aéluellement fecrétaire
perpétuel de l’académie des infcriptions & belles-
lettres , ait prononcé, & ce n’eu pas un de fes
moins bons. Il a fu tirer parti également & des
grands & refpeâailles travaux de ce favant, & de
quelques ridicules dont M. d Anville n étoit pas
exempt, mais qui étoient couverts & plus qu’ex-
cufés par fa célébrité. K .d ’Anville étoit né à Paris
le 1 1 juillet 1697. Il eft mort, auffi à Paris, le 28
janvier 1782.
DANZ ou DAN TZ ( Jean-André ) ( Hift. litt:
moi. ) , théologien luthérien, favant dans les anti-,
quités hébraïques, excelloit dans la critique iacree.
On a de lui des Grammaires hébraïque & chair
daïque; un livre intitulé: Sinceritasfaereefcripturtu
veteris teftamenti triumpbans, & diverfes differta-
tîons pleines d’érudition, {fé près de Gotha en
1634, M°rten 1717,
DAPPERS ( Olivier ) {Hift. litt, moi.), médea
ein d’Amfterdam, connu par' des deferiptions de
l’Afrique & de l’Archipel, qui ont été. traduites du
flamand en françois ; il en a fait beaucoup d’autres
qui n’ont point été traduites, telles font celles de
l’Amérique, de I’A f ie ,& en particulier celles des
côtes de Malabar & de Coromandel, celles de la
Syrie, de l’Arabie, de la Méfopotamie , de la
Babylonie, de l’Aflyrie, de la Natolie ou Anatolie
, de la Paleftine. Ce grand géographe n’étoit
pas forti de fon cabinet, non plus que M. d’An-
ville ; il compilo.it les voyageurs, tuais il avoit de
la critique.
D A P IF ER ,f. m. { Hift. m o i.) , nom de dignité
& d’office, grand-maître de la maifon de l’empereur.
Ce mot en latin eft eompofé de dapis, qui
fignifte un mets, une viande qui doit être fervie
fur la table; & de fero, je porte : aînfi ilfignifio
proprement porte-mets, porte - viande , un officier
qui porte les mets, qui fert les viandes fur la
table. . .O
Ce titre de iapifer étoit un nom de dignité &
d’office dans la maifon impériale ; l’empereur da
Conftantinople le conféra au czar de Ruffie comme
une marque de faveur. Cet office fut autrefois
inftitué en France par Charlemagne fous, le titra
dçdapiférat & fénéchauJTée, qui comprenoit Vint
' ' ‘ tendance)
l’intendance fur tous lès offices domeftîques de là
maifon royale ; çe que nous nommons aujourd’hui
grand-maître delà maifon du roi. Les rois d’Angleterre
, quoique - fouverains , fe faifoient honneur
•de pofteder cette charge dans la maifon de nos
fois ; & c’eft en conféquence de cette dignité ,
•dont ils étoient revêtus comme comtes d’Anjou ,
qu’ils étoient gardiens & défenfeurs de l’abbaye
de S. Julien de Tours. On lit cette anecdote dans
une lettre d’Henri I , roi d’Angleterre, écrite vers les
premières années du douzième fiècle j & rapportée
au tome IV des Mifcellanea de M, Baluze. Cette
charge étoit la première de la maifon de nos rois ,
& fes poflefleurs fignoient à toutes les chartes.
Elle fe nommoit en françois fénéchal, & a été
remplacée par celle de grand-maître de la maifon
du roi.
La dignité de dapïfer fut beaucoup mbin's émitten
te en Ahgléterre , puifqüe dans plufieurs de
vos arieiehhés chartes, l’officier qui én eft revêtu
éft nomme un des derniers de la maifon royale.
La dignité’ de dapifer fubfifte encore aujourd’hu1
en Allé magne , & l’éleél eur palatin ;l’a poffédée
ïufqu’en 1623,, que féleâeur de Bavière a pris le
titre à'drchi- dapifer de l’empire ; (on office eft au
couronnement de l’empereur de porter à cheval
les premiers plats à fa table.
. Les différentes fondions de la charge de dapifer ,
lui ont .faitdonner par les auteurs anciens plufieurs
noms différens ; comme d’ f*«SUyos9 clator, dip-
nocletor , eonvocator , . tràp^opçeus. 9 architriclinus ,
progufla^pmguflator, d.omeßicus , megadomeflicus ,j
Otconomtis , majordomus , fenefchallus ,fchalcus, gaf-•
talduf , affèjfor , pmfeêlus ou pmpofitus menfee ,
princeps coqûorum & magirus. Chambers. (G)
DARÈS ( Hiß. litt. anc. ") , prêtre troyen , célébré
par Homère ; il avoit écrit en grée l’hiftoire
de la guerre de Troye ; elle $ exiftoit encore du=
temps d’Elien dans . le troifième fiècle de l’ère
chrétienne. Celle que nous,avons.fous ce. nom de:
Darh eft ,fuppofée;»elle,a paru pour-la. première
fois .en 1477 4 Milan ; elle a été traduite en 15 5 3*''
par [Guillaume,-Roftel. Madame Dacier en a donné
uneiédition àd’ufage-du.dauphin.
D ’ARGONNE. Voye{ A r g Onne.
DARIUS {Hiß. anc.y. C’eft le nom de trois rois
de Perfe.;
Le premier, Darius ,• fils? d’Hyftafpés. On fait
qu’il régna , parce que fon cheval hennit le premier
au foùvenir d?une jument I par ‘l’artifice de
fon écuyer; on fait toits lès côntes; d’Hérodote ,
vrais ou faux , & Darius lui-même voulu! | félon
Hérodote, confacrer celui-ci, en fe faifant ériger
une ftatueéqueftre avec cette ittfcripfïôh : Darius,
ßls d’Hyßafpes , a acquis1-lè rbyaumè de Perfe par
U moyen de fon cheval, & d'G&bares fon écuÿer. 11'
Hißoire. Tome II. Seconde Part.
•rêgfta tréntè-ftx ans 3 depuis l’an 521 ayant J. C*
jufqu’à l’an 485.
Les Pêrfes étoient exempts de toute impofition ,
les peuplés conquis étoient les fouis qui éti payaf-
font, & Cyrus & Cambifo s’étoient contentés de
dons gratuits de la part de ceux-ci.‘Darius voulant
les’ convertir, en tributs réglés, mit dans, ce
changémeht toute fe Modération pöflible ; il afieijn-
bla les principaux de chaque p r o v in c e , a p r è î
qu’ils, furent! convenus que la fomane; demandée
par ce printe ne foroit point, à charge; aux'peuples i
il ia diminua de moitié; cependant cette conver-*
fion d’impôts gratuits en impôts, forcés, déplut généralement,
comme faifant difparoître une appa-
iéncè de liberté'. Lès pèuples àvoient donne à
Cyrus le. titre de père, à Cambifo ce jui de mai-'
tre j ifeen tTônhêrèÙt'ün a f)arius -qhv fignifioit le
marchand oü: lé- fiùanbièr, ■ •
In tap h e rh e g ran d de la Pérfo., ayant infulté
Darius en maltraitant- les officiers de fon palais,-Tut
condamné à mort avec,fes enfans & tous les mâles,
tant de fa famille que de celle de fa femme, quoiqu’il
n’y eût dë coupable qu’Intapherne ; puifque
Darius ri’éft pas au nombre des mauvais rois, il
faut croire que cètté barbarie inique n’éft pas top te
entière fur fon compte;, & qu’elle tient en partie
à quelque' mauvais ufagé national.
Darius accorda aux larmes de la femme d?Inta-j
pherne la grâce de tel de fos parens qu’elle voudroit
nommer ; elle nomma fon frère , tandis qu’elle
avoit des enfans, oh s’en étonna, elle dit qu’elle pou-
^ôit.'fé remarier & avoir d’autres enfans , mais que
fos pareqs étant morts , élfo ne pouvoit; plus avoir,
d’autre Trère.* XVbye^ l’article A bbÂuIcAs. ) Darius-
parut prefque clément, en lui accordant depfusla
vie ,de fon fils. aîné. .
; Babylpne fo révolta fous fon règne,, & il la
réduifit par une trahifon. M. Rollin , dont le bon
efprit fe laifîe quelquefois entraîner par le jugement
d’autrui, dit qu’ilpoiivoit, ufanl- des droits
de vainqueur^ exterminer tous'les citoyens. C ’eft avoit1
une haute idée des drôits de la viéfoire. I l fe con-‘
tenta den faire pendre trois mille. Cela s’appelle*
donc fe contenter.
Il voulut être conquérant & attaquer les Scythes •
Artabane fon frère lui prouva très-bien qu’il avoit
tort. ( Voy.^l’article A rtabane ou A r t a b a n .)/?^-
rïus y eft-nommé Darius Ochus \ parce qu’en effet il
fo nommoit Ochusiavant de régner. A fon avene-
; ment au trône il prit le nom de Darius , qui figni-
; fie vengeur, parce qu’il avoit puni un ufurpateur
dans la perfonne du mage Smerdis.
pàrths parcoiïrut d’abord une partie du pays
des Scyfhes fans rencontrer un ennemi ; on le laifik
ériger fur fon paftage dès colonnes avec des inf-
criptions qui l’appelloient le meilleur & le plus beau
{derftoiûmés^ ‘ Le plu's b’éaü;! je n’én fais rien ; quant
aü foë^réur , J6n pèüt en,jügef par lé traiï fui*
vant : 'v u ®
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