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G AB
C jA B IN IU S , (À ulus ) , (H'ijt Romaine) ayant 1
été élu conful, fut chargé de pacifier la Judée
que troubioit; Alexandre., fils. d’Ariftobule ,. qui
avait envahi la dignité de grand pontife, qu’il
fut contraint d’abdiquer en faveur d’Hircàn protégé
des Romains. Gabinius, étant enfuite nommé j
proconûfl d’Afie1, èut ordre de porter la guerre
chez les Parthes : mais au lieu d’exécuter les
décrets du fénat, il fe férvit de fon armée pour
rétablir Ptoîomée Aulète fur le trône d’Egypte.
C ’étoit enfreindre les loix q u i. défendoient aux.
proconiuls- de fortir de leurs provinces fans un
ordre exprès du fénat : mais daris ce fiècle vénal ,
l ’argent afliiroit l’impunité. L’avare Gabinius,
appuyé du crédit dé Pompée , h’éeoutà que'fa
cupidité, qui lui confeilla de porter fes armes
dans un pays opulent 8c fécond , plutôt que
dans des déferrs fémés çà & là de hordes' pau- .
y-res 8c vagabondes. Il vendit cher fies fervicés.'
Le monarque lui promit, 8e à fon collègue Antoine,
trente millions. Il fallut épuifier l’Egypte
pour fournir cette: fournie. Aulète rétabli , iur le
trône, arrofa• ce royaume du fang des plus vertueux
citoyens : Les plus'riches lui parurent lés
plus coupables, & fur des imputations chimériques
il les fit mourir pour avoir , droit de
confifquer'leurs biens, qui lui fervirent à remplir
l’engagement pris* avec Antoine 8c Gàbïhïüs:
Ce fut pendant leur féjour à Alexandrie qu’un
chevalier romain tua un chat par méprife : le
peuple fuperftitieux courut aux armes : l’autorité
du proconful ne put arrêter ce tumulte
populaire, il fallut abandonner le meurtrier à
la fureur de la multitude qui fe fit un devoir
facré de le mettre en pièces comme un facri-
lége. Le bruit des exaâions de Gabinius parvint 1
jufqu’à Rome o u , par un refle de pudeur, le
fénat crut devoir le rappeller pouf fe juftifier.
Cicéron qui , pendant fon abfence /'avolt lollî-
cité fa com da m nation , eut la lâcheté à fon
retour de proftituer fon génie à la défénfe de
cet exa&eur public. Ce fut par complaifanee
pour Pompée, prote&eur déclaré de Gabinius ;
mais les armes de fon éloquence ne purent le
garantir de la flétrifliire du banniflement : iLfe.
retira à Salone oh, dévoré de remords 8c d’ennuis
, il termina fa vie , l’an de Rome 714.
( T - N . )
GABOR. ( Voyei Betlem. )
GABRIEL SIONITE. ( Voye^ l’article Ecchel-
jEENsis ( A b rah am . )
GABRIELLE D’ESTRÉES, ( Voy. Estrées. )
G A B
GABRIELLE DE. Y E R G Y . ( Voyez l’açticle '
COUCY. )
GÀBR1NO. ( Voyei Rienzi. )
GÀBRINO - FONDULO , ( Hiß. d'Italie. ) ‘
tyran de Crémone , au commencement du quin-.
fième fiècle, parvint à fe rendre le maître dans
cette ville , par une fuite de perfidies 8c de
cruautés. Philippe Vifconti , duc de Milan , lui fit
trancher la tête. Le confefleur qui l’accompagnoit.
à la mort, l’exhortant au repentir de fes crimes,
il lui avoua confidemment qu’il avoit un regret
en mourant, c’étoit de n’avoir pas précipité duhaut
de la tour de Crémone, comme il en, avoit été
bien tenté ,■ le pape Jean XXIII 8c l’empereur
Sigifmond, lorfqu’ils avoient eu la curiofité de,
'-monter avec lui au haut de cette tour, l’une des
plus élevées qu’il y ait en Europe. Quel beau coup
c'eût- été ! difoit-il, il m'auroit ïmtnortalife.
G A CO N , ( François, ) mauvais, poete faty- ■
rique, qui a beaucoup 8c mal écrit contre Rouf-,
feau, Fontenelle 8c la Motte. II étoit de ceux
dont M. de Voltaire a dit .
Ayant la rage & non 4 ’art de médire.'
On connoît T ’épigramme de Roufleau contre
Gacon 8t contre un de fes prôneurs:
Gacon , rimailleur fubalterne , &c*
Les méchans fans efprît lifoient autrefois fbn
Poète fans fard , 8c ont donné pour un temps une
forte de célébrité à ce mauvais ouvrage. Sa traduction
d’Anacréon en vers françois a eu au fil
fa petite réputation éphémère. Gacon avoit été
Oratorien,; il avoit quitté l’oratoire pour fe livrer
à la faty.re, manie trop contraire à l’efprit de ce
faint 8c fâge inftitut. Il avoit fait contre M. de
la Motte un ouvrage intitulé ; Homère vangé ; il
efpéroit s’attirer une réponfe de M. de la Motte
8c s’illuftrer par cette grande rivalité; M. de la
Motte trompa fon efpêrance , 8c ne répondit
ppint. « Vous n’y gagnerez rien , lui dit Gacon
irrité de ce mépris , je fais actuellement impri-
» mer ma réponfe au fîlence vde M. de la Motte. j>
Cette idée valoit mieux que toutes fes fatyres.
Gacon avoit remporté en 1 7 1 7 , un prix à l’académie
francolfe , ce qui dans ce temps-là, ne
fignifioit quelquefois pas grand chofe. Gacon reprit
l’habit eccléfiaftique ; il eut le prieuré charmant de
Bâillon, près de l’abbaye de Royaumont. 11 mourut
G A F
en 1725 \ âgé de cinquantehuit ans, dans ce
féjour, retraite digne d’un fage & dont Gacon
étoit peu digne. -
GADARA . ( Milice des Turcs, ) Les Turcs
appellent ainfi un fabre peu courbé, large 8c dont
le dos eft couvert de fer.
G A E T A N , (S a in t) ( Hiß. Eccleßajl.) \fondateur
de l’ordre des théatins ainfi nommés de
l’archevêque de Théate , Jean - Pierre Caraffe,
depuis pape, fous le nom de Paul I V , qui prit
part aufli à cette inftitution, 8c qui fut le premier
îupérieur des théatins. Saint Gaëtan fut le fécond.
Les premiers voeux dans cet ordre furent prononcés,
le 14 feptembre 1524, dans l’eglife de
5 . Pierre au Vatican. Clément VII approuva l’infti-
tution. Siim-Gaëtan mourut en 1547. H étoit
né à Vicence en 1480. Clément 10 le canonifa.
GAFFORIO ( Hiß. de Corfe. ) naquit en
C o r fe , fit fes études en Italie, 8c revint dans
Ton pays ou il exerça la médecine avec autant
de fuccès que de défiiitéreflement. Doué de
l’éloquence la plus féduifante , né avec une
ame fenfible 8c honnête 8c un efprit aufli. élevé
■ que fon courage, comme il aima la paix, les
•iciences, les arts, il fut aufli l’amant de la liberté
: les Corfes le nommèrent leur général en
1743 ; mais il refufa ce titre, 8c ne voulut
■ prendre que celui de prote£eur de la patrie.
Deux traits de fa vie méritent d’être connus;
Plufieùrs corfes , dans le deflein de l’aflafliner, fe
mêlèrent à la foule d’un congrès qu’il avoit
raflemblé. Leur ufage étant alors de ne jamais
quitter leur fufil , ils y afliftoient avec les
leurs, confondus dans la multitude armée comme
eux. On inftruifit Gaßorio de leur complot ; ,
ainfi queCéfar, préférant de courir les rifques
de -la mort à la honte de fembler la craindre,
Gaßorio ma'rche au congrès 8c harangue le
peuple : fon éloquence amollit fes farouches af-
faflins , les armes échappent -• à leurs mains, 8c
ils avouèrent depuis l’indigne projet qu’ils avoient
formé.
Gaßbrio faifoit le fiége du château de C or té ,
& il habitoit lui-même cette ville. Les Génois,
dans une fortie, furprirent 8c enlevèrent le fils
unique de Gaßorio, enfant de 14 mois, qu’ils
conduifirent avec fa nourrice au château. A peine
ils s’étoient rendus maîtres de cet enfant, qu’ils
firent dire à Gaßorio , que s’il continuoit de
.tirer fur le château, ils expoferoient fon fils fur
la brèche. Gaßorio répondit qu’il ne difcontinue-
roit point un liège qu’il étoit prés de terminer
à (la gloire 8c à l ’avantage de fa patrie, &
Ordonna de tirer. Les Génois eurent la cruauté
d’éxécuter leur horrible menace , l’enfant fut
gxpofé, Gaßorio défefpéré , poufla le fiége ayec
Hifloire, Tome //, Seconde paru
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plus d’ardeur & prit le château ou il retrouva
fon fils que fes coups n’avoient heureufement
point atteint. Cette auflère vertu que nous admirons
dans les anciensRomains,ne fera-t-elle point
admirée ici? Gafforio n’égale-t-il pas Brufus, 8c ce
qui fut fubliine à Rome peut-il ne pas l’être à Corté?
Ce héros fut aflafliné en 1753. On accufa les
Génois de ce meurtre , 8c ils méritoient ce fonp-
çon, puifqu’ils récompensèrent les affaflins de ce
vertueux citoyen.
Gafforio méritoit d ’avoir pour femme une héy
roïne, 8c il la trouva.
Madame Gafforio réunifloit une ame, un courage
8c une force de corps rares parmi les femmes.
Dans l’abfence de fon mari, les Génois veulent
forcer fon palais ; elle s’y barricade, pourvue de
vivres 8c de munitions de guerre ; elle s’y défend
: plufieurs des corfes qu’elle y avoit renfermés
avec e lle , ayant été tués , les autres
effrayés parlèrent de capituler ; madame Gafforio ,
indignée de leur lâcheté , prit un baril de poudre
8c une mèche enflammée 8c les porta dans une #
des falles bafles 8c voûtéès de fon palais 8c fit
dire à fes corfes que s’ils cefloient de faire feu fur
les Génois, elle alloit s’enfevelir avec eux fous
fes ruines : connoiflant fon intrépidité ils ne fon-
gèrent plus à fe rendre , 8c furent heureufement
fecourus par le général Gafforio. Le fils de ce
général 8c de cette dame vit encore ,v8c eft aujourd’hui
colonel du régiment provincial de Corfe.
( M. D E P oMMEREUL, )
G A G E , ( T homas ) ( Hijl. mod. ) irlandois J
jacobin en Efpagne, miflfionnaire aux Indes ,
publia en 16 51, en anglois, une relation alors
curieufe d’un vôyage aux Indes occidentales ,
Colbert la fit traduire en françois ; c’étoit la
première defcription détaillée de ce pays.
G AGU IN , ( Robert ) ( Hijl. litt. mod. ) général
des mathurins , eft connu principalement
par une hiftoire de France en latin, 8c qui a
été traduite en françois. Elle s’étend depuis
Pharamond jufqu’à l’année 1499 > e^e e$ trè*~
mauvaife pour tout ce qui concerne )es temps
anciens, mais on la confulte pour les événemens
dont l’auteur a été témoin 8c auxquels il a
eu part. Ses autres ouvrages ne méritent pas
qu’on s’en fouvienne. Les rois Charles VIII 8c
Louis XII l’employèrent en diverfes négociations.
Il mourut en 1501.
GAICHIES , ( Jean ) ( Hijl. litt. mod. ) ora-
torien , puis théologal de Soiflons. Ne s’accordant
pas pour la doârine avec l’évêque de Soiflons,
Languet, il quitta cette v ille , 8c revint à l’oratoire
de la rue S. Honoré à Paris, où il mourut
en 1731. L’ abbé de Lavarde a publié fes oeuvre^
en 1739» On y remarque fur-tout des maxime4