
gique d’ingel, qui fe brûla lui même dans fô'n palais
l ’an 580 , pour ne pas tomber entre les mains de
les ennemis , Charles s’empara de la couronne.
Mais Riguer, roi de Danemarck, lui envoya
un cartel, le tua, & plaça Biorn, fon fils, fur
le trône ( M. d e Sa c y . )
C h a r l e s V i f , furnommé Suercherfim (Hiß.
de Suède ), Il étoit fils de Suereher, roi de Suède
& de Gothie. Après la mort de ce prince, Eric
1© faint lui difputa la couronne. Les fuffrages
furent partagés. Eric entraînoh les Suédois, par
le charme de les vertus , l’éclat de fes exploits,
& la douceur de fon caraftère. Les Goths fe déclarèrent
pour Charles, qui avoit été élevé parmi
eux , nourri de leurs maximes, & dont le caractère
altier s’accordoit mieux avec l’humeur nationale.
Eric fut couronné en Suède , & Charles
én Gothie ; cette double éle&ion fit naître une
guerre civile. On la termina par un traité,. peu
s en faut, auffi funefte que la guerre même. On
convint qu’Eric feroit roi de Suède & de. Gothie,
qu’après fa mort, on placerait fa double couronne
fur la tête de Charles, qu’à celui-ci fuccéderoit
un des defcendans d’Eric , qui feroit remplacé
par la poftérité de Charles, & qu’àinfi les deux
maifbns occuperaient le trône tour-à-tour. C ’é-
toit^ vouloir perpétuer la difcorde ; ce traité fut
©bfervé pendant cent ans, ou plutôt, il fit pendant
un üècle, les malheurs de la Suède & ;de
la Gothie. Jamais opération politique ne fut plus
abfurde & plus dangereufe ; il falloit que l’expérience
eût bien peu éclairé les hommes, & que
le coeur humain leur fut bien inconnu , pour
croire que des princes, efclaves de la promeffe
de leurs ancêtres, fe céderaient ainfi le trône
tou r -à-to ur . Eric lui-même fut le témoin &
, la viâime des maux dont ce traité devoit être
la- fource. Charles excita une révolte contre ce
prince, qui marcha pour la réprimer , & fut maf-
facré par les rebelles. Ceux-ci proclamèrent Magnus.
Charles raffembla un parti, livra bataille à
fon concurrent, qui périt dans la mêlée avec
Henri Scateller, roi de Danemarck. Charles fut
alors reconnu roi de Suède & de Gothie. Canut, ,
f i s d’Eric, q u id ’après le traité, devoit lui fiiccéder
an préjudice de fa poftérité, s’enfuit prudemment
en Norvège. Là il attendit que la mort de Charles
lut laiflat un trône qu’il devoit, en mourant
, rendre lui-même aux defcendans de fon
rival. Charles ne troubla point la- retraite de cet
ennemi fecret. Il régna- tranquillement, & fit en
paix toutes les fautes politiques dont les* préjugés
de fon fiècle le rendoient capable. Les impôts
ciu’il levoit fur le peuple furent employés à bâtir
des monaftères. Il croyoit acheter le ciel avec
l’argent de fes fujèts. Le pape, lui envoya pour
l’évêque d’Upfal, le titre d’archevêque & le pallium.
Mais le faint père mit-cette faveur à un
f?six fi haut, qu’on ne conçoit pas comment on
jp t: l’accepter K mêni^d.ans. un temps, de barbarie.
|l exigea que tous les biens des Suédois qui mon*«*
raient fans poftérité feraient dévolus à l’églife*
& que ceux qui auraient des enfans lui lai£
feraient une partie de leur héritage. Ce ne fut
que fous le pontificat de Grégoire X , que la Suède:
cefla de payer ce tribut odieux.
Cependant Canut, dans fa retraite, s’ennuyoifc-
de ne pas régner. C h a r le s vivoit trop long-temps
à fon gré. L’impatience de fuccéder à fon ennemi
lui fit raffembler quelques amis, il furprit
C h a r le s dans Vifingfoë, & fe fit proclamer en.
1 16 8 . (M . d e S a c y . ' )
C h a r le s VIII { H i f i . d e S u è d e . ) , Canutfbn,'
né avec, de grands talens , une ambition plus
grande encore, un caraôère tour-à-tour fouple &
féroce, voulut jouer un rôle, & eut bien-tôt un
; fon élévation lui fit des envieux. Ses: bienfaits
lui donnèrent des créatures & pas un ami ;
mais pourvu qu’ôn fervît fes defleins, il ne s’in-
formoit pas par quel motif.. Lorfqu’il fut élevé
à la dignité de grand maréchal de Suède, c©
royaume , d'après l’union de Calmar, étoit af-
fervi fous la domination danoife. Engelbert s’é-
toit mis à la tête de ceux qui vouloient fecouer
le joug étranger. Il avoit pris des villes, gagn4
des batailles , & fa gloire bleffoit les yeux jaloux
de Canutfon. Le maréchal s’unit à lui pour
l’ecarter plus sûrement. Ils firent enfemble 1©
fiege de la citadelle de Stockholm ; mais le peu
dunité qui régnoit dans leurs opérations, fit
fentir à la nation la. néceflité de choifir un chef«'.
Les fuffrages furent-partagés entre les deux rivaux;
pu vit l’inftant où cette éleâion alloit allumer un®
guerre nouvelle ; on prit un parti plus fage , ce
fut d’envoyer. Engelbert vers les frontières, tan*
dis que le maréchal refteroit dans la capitale; ils
obtinrent tous-'deux une puiffance égale & pref*
que abfolue : Engelbert fut affaffiné, le meurtrier
trouva un afyle près du maréchal ;• celui-ci dé*
fendit même que perfonne ofât accufer. ou pour--
fuivre le coupable : cette défenfe confirnla les
foupçons qu’on avoit déjà conçus. Erith-Pucke,
partifan d’Engelbert} , voulut, venger fa mort
en attentant aux jours du maréchal, c’étoit pu-,
nir un.crime par un autre ; mais malgré les e fforts
de fon ennemi , Canutfon s’empara du
gouvernement, & fe vit en 1436 maître de la
plus grande partie de la Suède, Erith Pufee n’eut
plus d’autres, partifans que quelques habitans de.
la campagne, gens grofliers, moins foldats que
brigands, & dont la bravoure n’étoit qu’un accès:
paffager ; il fit quelque temps là., guerre à leur
, fe vit enfin abandonné, fut pris & décapité.
Dès-lors Je defpotifme de Canutfon ne r e n contra
plus d’obftacles , & tant que le f©ibl©;
Eric X , vain fantôme de ro i, en porta le nom,
Canutfon le fut en effet; mais en 1439, Chrif*.
tophe III fut appellé au trône du Danemarck*;
la Suçdçhii ©ffritla.ceuroône,& il s’empara £&
celle de Norvège ( Voye^ C h r is t o ph e I I I ) . Sa
‘haute fortune, les grandes qualités, la force de
fon parti, fubjuguèrent Canutfon ; il fut contraint
de fléchir devant l’idole des trois nations ,. &
d’accompagner le roi dans fon entrée triomphante
à Stockholm. On lui laiffa fes richeffes , on lui
donna des domaines très vaftes, mais fujets à la
foi & hommage , foible dédommagement pbur la
perte du rang fuprême auquel il afpiroit : il s’étoit
long-temps oppofé à l’éleclion de Chriftophe ; ce^
lui-ci pouvoit le traiter comme il avoit traité lui-
même les deux vi&imes de fa haine, Engelbert
& Erith-Pucke; mais Canutfbn n’étoit qu’ambitieux
, & Chriftophe étoit grand : ce prince lui
pardonna, & mourut en 142,8.
Canutfon, qui pendant dix ans étoit refté dans
la Suède , confondu dans la foule & prefqu’ou-
blié, reparut alors fur la fcène. Sa qualité de
gouverneur de Finlande lui attachoit cette province
; fon titre de maréchal lui répondoit de la
fidélité des troupes ; fes vaftes domaines lui don-
noient une armée de vaffaux, & fes richeffes, ver-
fées à propos fur le peuple, lui promettaient un
grand nombre de fuffrages. Avec des moyens fi
puiffans , il eut bientôt effacé ce foible refpeél
que la nation confervoit pour l’union de Calmar :
elle commençoit à s’appercevoir que tout le fruit'
de cette grande opération politique avoit été pour
le Danemarck , & que la Suède & la Norwège
n’en avoiént reffenti que les défavantages. Ca- :
nutfon les groffiflbit encore aux yeux des Sué- j
dois ; il leur fit voir que l’intérêt & la gloire de
la nation exigeoient qu’elle n’obéît qu’à un maître
né au milieu d’elle , qui fût citoyen fur le
trône, & qui veillât de fes propres yeux au faillit
de fa patrie. Le maréchal avoit propofé cette
élection, & fui-même fut élu malgré les intrigues
de deux concurrens. Les Danois avoient traverfé
fes defleins de tout leur pouvoir, & le reffenti-
ment de Charles ne manqua point de prétextes
pour les punir. Eric X , qui, malheureux par fa
faute, n’avoit pas même la confolation d’accufer de
fes difgraces la fortune & les hommes, s’étoit retiré
dans nie de Gothland avec les tréfors qu’il 1
avoit amaffés, & dont-, la Suède accablée d’impôts
fous fon règne pouvoit réclamer une partie;
Charles envoya deux Généraux , Magnus Green
& Birger Trolle , pour s’emparer de cette î le ; il
difoit qu’elle était un démembrement de la cou*
ronne de Suède , & qu’ayant fait ferment de
réunir à fon domaine toutes les terres aliénées,
il fe rendrait indigne du choix de la nation, s’il
différait à foumettre cette contrée. Les deux généraux
commirent des ravages affreux; e’étoit à
qui laifferoit des traces plus durables de fa fureur.
Ils afliégèrent Eric dans Wisby ;. la ville fut emportée
d’affaut : le roi détrôné fe défendit dans
la citadelle ; mais voyant fes foldats découragés,
l’étant lui-même plus qu’eux , il demanda une
*rè-V.ç. & l’obtint. Ce délai- donna, aux Danois le
temps de defcendre dans l’île & de fe jeter dans
la citadelle ; Chriftiern I parut en perfonne , &
chaffa les Suédois.
Charles fut bien-tôt confolé de la défaite de fes
troupes ; il fe montra dans la Norwège, déchirée
par deux faéfions : comme il avoit befoin d’un
grand nombre de fuffrages , le parti du peuple
fut celui qu?il adopta ; & malgré les efforts delà
nobleffe, il fut proclamé roi.
Cette nouvelle excita de grands murmures et*
Danemarck ; Chriftiern I prétendit que le couronnement
de Charles était un larcin qu’on lui
avoit fait, il effaya même de foulever les Suédois
contre Charles, & de lui ôter deux royaumes à
la fois. Ce prince fe hâta de détourner l’orager
dont il étoit menacé : fes députés conclurent la-
paix à Helmftad ; elle fut bientôt troublée par
des hoftilités réciproques., Les ambaffadeurs Suédois
avoient promis à Chriftiern de lui faire ref-
tiruer la Norwège : Charles frémit à cette propo-
fition, défavoua la démarche de fes députés, 8c
réfolut de les en punir ; ceux-ci paffèrent en Danemark.
Chriftiern n’étoit que trop porté par lui*
même à époufer leur querelle-; l’affront dont ils-
vouloient tirer vengeance, n’étoit que le châtiment
du zèle qu’ils • avoient montré pour fes in-,
térêts. On fit des armemens confidérables en Danemarck
& en Suède ; les deux nations ne-fonr
gèrent qu’à attaquer , aucune des deux ne s’occupa
du foin de fe défendre ; & tandis que le&
Danois dévaftoient les côtes de Suède, Charles
à la tête d’une armée portait le fer & le feu;
jufqu’au fond de la- Scanie-, brûloit Helfmbourg-.
& Landskroon-, égorgeoit les Scaniens jufqu’aux'
pieds- des autels , échoirait enfin devant la ville'
de Lunden, défendue par le brave archevêque
T y ch on , qui parut- fur les murs à la tête de fa.
garnifon : Charles fe retira , ou plutôt il s-’énfuit.
Il trouva les Danois maîtres de la mer, bloquant:
le port de Stockholm, & déjà prêts- à faire leur'
defcente ; il la prévint, fauva fa capitale, & força;
les Danois à rentrer dans leurs ports. Enflé de?
ce fuceèSjil pénétra dans laWeftrogothie,la fournit,,
& revint triomphant ; mais il trouva à fon retour
des ennemis plus difficiles à vaincre que toutes:
les forces du nord; c’étoient les évêques' ligués,
contre lui. Il recevoir peu de prélats à fà cour,,
les confultoit peu fur les opérations militaires 8c:
politiques ; il vouloit les contraindre à demeurer'
dans leurs diocèfes. Ce n’étoient point encore lài
tous fes crimes, il en avoit commis un plus grand 9,
, en- défendant aux pères de- famille de priver leurs*
enfans de leur fucceflion pour la donner, aux églifes*.
Il fut déclaré-hérétique, coupable de lèze-majeflé:
divine; tous les vaffaux- de l’églife fe: foulevèrent:
au premier fignal; les- prélats payèrent leurs fol—
dats avec des indulgences, & Jean Salftat, archevêque
d’Upfal, fe mit- à:la-,tête des rebelles. Telle?
fut l’époque de là décadence de Charles ; W ibourg;
fut p r i s l a Fiiîlande. fut. conquffe: prefque. tou$e/