
m attendre les cbâtimens du fouverain juge , dont
la contradictoire eft : Dieu ne veut pas qu'on laijfe
les hérétiques fe convenir.
Duprat avoit fort bien défendu les droits & les
intérêts de la France dans cette fameufe conférence
de Calais en 1521 , où le chancelier de l’empereur
Gattinara & le chancelier de France Duprat
plaidoient la caufe de leurs maîtres devant le cardinal
Volfey.
On voit par une lettre du chancelier Duprat au
r o i , du premier feptembre 1 5 1 1 , de combien de
petites circonfiancés pouvoit dépendre le fuccês de
ces grandes négociations,. On y démêle auffi quelques
traits de la dextérité de Duprat.
« Sire , le cardinal (Volfey) en allant à la méfie ,
» tiroit peine fur fa mule» 8c m’a dift qu’il étoit
n grevé en façon que ne pouvoit endurer le che-
j> val. Si m’a demandé fi avoye une liéUère, j’euffe
» voulu en avoir une , & qu’il m’euft coufté deux
9> fois autant qu’elle pourroit valoir ; lire, vous lui
*> ferez chofe fort agréable , fi votre plaifir étoit
37 de lui en envoyer une, vous cognoiffe£ leperfon-
5> naige, & voyel le temps qui court, elle ne feroit
a> pas perdue » & d’autant que a madame ( c ’efl ainfi-
M qu’on nommoit la ducheffe d’Angoulême) en
» grande vénération , quand le don fé feroit au
- 3> nom {Telle., rn’a femblé foubz corre&ion que
ï> n’y auroit que bien , & que l’en tronveroit meil- '
v lepre j car icet que vous n’en ufez point, 8c pen-
j) feroit que feroit de celles de inad. dame. Il rf’eft
» pofîible (écrivoit un homme de la fuite des
n plénipotentiaires françois , adjoints au chatj-
37 celier) de mieux fuivre le vouloir & intention
ï> du roi que mondit fleur ie chancelier a fait en
37 captant la grâce du cardinal par bons & gracieulx
37 moyens , ledit cardinal lui demanda hier du vin
97 de France, M. le chancelier a envoyé par-tout
97 pour en recouvrer du bon pour lui bailler».
Si l’on veut favoir au refie quel étoit le ton de
la difpute dans ers conférences, en voici un exemple
allez firîg-uïier. Le chancelier de France avoit
dit qü’il confentoit de perdre la tête fi on lui fai-
foit voir que le roi fon maître eût fecouru Robert
de la Marckdans (on expédition contre l’empereur.
( Voyei l’article C r o y ou C r o u y . ) Le chancelier
de l’empereur dit : je demande la tête du chancelier
de France, car j’ai ici des lettres qui prouvent
la connivence de François premier avec Robert
de la Marck, Vous p’au ez point ma tête, répondit
Duprat, car j’ai ici les originaux des lettres
.dont vous parlez, & elles ne fignifient point du
tout ce que vous dites. Quand on m adjugerait votre
tête , répliqua le chancelier impérial, je n en voudrais,
point , j ’aimerois mieux en la place une tête de
çoehon , elle feroit meilleure à manger. C ’èfl ainfi que
les deux plus grands minières de? deux plus grands
monarques de l’Europe, traitpient les plus grands
intérêts.
Le chancelier Duprat, dont les talens étoient
principalement tournés du côté de l’intrigue , étoit
ennemi des lettres, 8c voyoit d'un oeil jaloux le
rang que les gens de lettres diftingués prenoient
alors dans l’eftime du public 8c dans la faveur du
roi.
Parvenu à toutes les grandeurs 011 un fujet peut
prétendre, il voulut, .dit-on, devenir fouverain,
il porta fes vues jufqu’à la papauté, à la mort de
Clément VIL II fit part de ce projet au roi qu’il
pria de le féconder; le roi dédaignant de fervir fôn
ambition , propofa beaucoup d’objeéHons, & fit
entendre fur-tout qu’on ne pouvoit réuffir qu’a
force d’argent; le chancelier eut la mal àdreffe de
lever cette difficulté, & de donner connoiffance
au.roi des gains, immenfes qu’il avoit faits dans le
miniflère. Le roi ne diffimula point fon indignation
; depuis ce temps, le chancelier qui n’avoit
plus la ducheffe d’Angoulême pour l’appuyer, ne
fit que lutter contre fa difgrace 8c qu’en fauver les
.apparences, C ’eft fort mal réfuter cette hiftoire très-
vraifemblable que de dire, comme quelques auteurs
, que Duprat ayant alors 70 ans, ne devoit
fonger qu’à la retraite, comme fi ce n’étoit pas
l’âge où on fait les papes. Il mourut dans fon château
de Nantouillet le 9 juillet 1 y 3 5 , ayant, dit-
o n , Feftomac tout rongé par les vers. Auffi tôt
après fa mort, le roi fit un emprunt forcé de cent
mille écus à fes héritiers qui n’eurent garde de le
refufer, trop heureux de racheter à ce prix l’im-
menfe dépouille qu’il leur laiffoit, C ’eft à cette oc-
cafion que fut faite , 8c, d«t-on , par François 1er.
lui-même , l’allufion fi connue ; fat prata biberuni.
C ’efl Duprat qu’on accufe d’avoir établi la maxime !
nulle terre fans feigneur, maxime contraire à la liberté
naturelle, odieufe à tous les citoyens , condamnée
par tous les écrivains & à laquelle il eft
étonnant qlie notre jurifprudence tienne encore fit
fortement.
Il fit bâtir à l’Hôtel-Dieu de Paris , la falle qu’on
a nommée à caufe de lui ; la falle du légat. Elle fera
bien grande , dit le roi, f i elle peut contenir tous les
pauvres qu'il a faits.Le roi fe condamnoit lui-même ;
pourquoi les lui avoit- il laiffé faire ?
Voilà tout ce qu’il importe de favoir fur ce grand
auteur d’innovations, fur ce grandartifan de révolutions;
nous ajouterons feulement en faveur
de ceux qui aiment les anecdotes perfonnelles 8t
plus indifférentes, qu’il étoit devenu fi gros qu’il
fallut 9 dit-on , échancref fa table pour placer fon
ventre, 8c qu’il avoit un goût qui lui fut commun
avec Mécène , auquel d’ailleurs il refiemBlpit fi
peu , c’eft que tous deux aimoient beaucoup la
chair de l’ânon : on ajoute, peut-être parce que cela
devoit ê>re, que leurs courtifans feignoient d’avoir
le même gpût,
Guillaume Duprat, fils naturel du chancelier,
évêque de Clermont, fonda le collège de Clermont
Il Pans, pour les jéfuites; c’eftle collègede Louîs-
Îe-Grand ,dont le nom eft toujours le même, &
dont'la forme eft fi changée.
(D U P R É D E S A IN T M A U R ) (N icolas
F rançois) ( H iß . litt. mod. )., -maître des comptes,
reçu en, 1733 à l’académie françoife, où il a été
remplacé en 177.5 par M. de Malesherbes. Sa
tradu&ion du Paradis perdu de Milton , a procuré
à ce poëme autant de fuccès en France qu’il en
avoit eu en Angleterre, & elle eft du très petit
■ nombre dès tràduftiôhs qui font un grand effet.
■ Ses autres ouvrages font Favans & utiles , c’eft un
ejfai fur les .monnoies.de France, publié en Ï746.
Ce font des recherches■ fur la valeur des mônnoies &
•le prix des grains:, publiées en 1761. C'cfi une table de
la durée de la vie des hommes qui fe trouve dans, l ’hiftoire
"naturelle de M. de Buffon. L’auteur , 'auffi ref-
pe&able par fes moeurs qu’eftimable par fes1 écrits,
tenoit déjà aux lettres par M. de Valincour fon
proche parent, l’ami de Boileau & de, Racine. Il
mourut en 1775. Il étoit d’une famille très-honnête
& diftinguée fur-tout par la vertu.
DU PUY. Voye^ Pu y .
D IR A N D . {Hiß. litt. mod. ) Il y a quelques
anciens théologiens connus de ce nom.
•isi.. Un qui écrivit contre Béranger au onzième
liècle,
2?, Guillaume Durand , évêque de Mende,
dit le fpéculateur à caufe de {on fpeculumjuris ; mort
en 1296. i
30. Guillaume D u r a n d , fon neveu & fon fuc-
ceffeur .dans l’évêché de Mende , mort en 13,28 ;
auteur d’un Traité eftimé, delà manière de célébrer
le concile général.
4P. D urand de S. Pou r ça in , dit Je doEietir
très-réfolutif, auteur de Commentaires fur les quatre
-livres des fentenees, d’nn Traité fur l'origine des ju-
rifdiêîions, &c. évêque du P u ÿ , évêque de Meaux ;
mort en 133-3.
DURANT ( G illes) ( Hiß. litt, mod.), fiéiir
de la Bergerie, avocar, poëte connu du temps de
la Ligue. On trouvé dans la Satyre. Ménippée fes
vers à fa commere , fur le trépas de VAfne Ligueur.
I l y ’élit un Durant rompu v if , le 16 juillet 1618,
pour un libelle contre le roi ; iLfaut qu’un libelle
loit bien coupable pour mériter un pareil fùpplice.
. Quelques favans ont dit que c’étoit le Durant dont
il s’agit ici, mais on en doute.
DURANTI ( Jean - Etienne ) ÇHifi. de Fr. ) ,
premier préfident du parlement de Touloùfe ,
nommé en 1581', affaffiné en 15.8.9 , & outragé
après fa mort par les Ligueurs pour fon attachement
à la perfoqne, puis à la mémoire de Henri III,
Ton bienfaiteur. ' .
Hifioire, Tome II. Seconde pan.
JI mourût à cinquante-cinq ans, fon épitaphe
ajoute :
V i v e p lu r e s , v i a t e r , & feliciùs rrrorere.
La réponfe à ce dernier mot eft dans ces vers de la
Henriade :
, Vos nom«'toujours fameux vivront dans la mémoire $
Et qui meurt pour fes rois , meurt toujours avec gloire,"
La même épitaphe l’appelle fuoe & crimen itrbis
dolor, & lui fait dire: .
S t e t i , dum r es f l e t i t G a l l i c a .
C e c id i y ca d cn te r egrie.
Il eft l’auteur d’un livre eftimé , de ritibus ecclefia•
DU RA S , DURAZZO , ville & port de mer
dans l’Albanie; c’eft l’ancienne Dyrrachium &
l’ancienne Epidamne ; c’eft »- lie qui a donné fon
nom à quelques princes de la maifon de France,
de la branche d’Anjou - Sicile, nommément à
Charles de Duras , meurtrier de la reine Jeanne
première. F b y^ j’article Anjou.
DU RA S , DUR FORT ; ( Hifl. de F r .) l’ancienne
& illuftre maifon de Durfort-Dliras-1ft originaire
des provinces de Guyenne & de Foix. Le
nom de Duras, qui eft très-ancien auffi dans cette
maifon , vient de ce' qu’Arnaud de Durfort qui vi-
voit dans le treizième & le-quatorzième fiècle ,
époufa marquife de Goth ou de Gouth , fille
d’Arnaud Garcie de Gouthvicomte de L magne,
& nièce du pape Clément V , qui lui ap'porta
la terre de Duras ; Regine , foeur de marquife,
époufa auffi^un Durfort ( Bernard ) , feigneur de
Flamarins. Les Durfort, pendant les longues guerres
entre la- France 8c l’Angleterre , prirent le
parti, tantôt de l’une, tantôt, de l’autre de ces
deux puiffances ; le roi d'Angleterre poffédant la
Guyenne,ils étoient fes fujets, mais ils étoient d«
ces fujets puiffiins qui choififfent leurs maîtres.
Lorfque la ville de Bordeaux fe rén.dit à Charles II
en 14 5 1 , Gaillard de Durfort, quatrième du nom ,
figna la capitulation, fit hommage au roi de France
8c retourna au parti anglois. Jean de Durfort, fort
fils, fuivit Charles VIII en Italie, 8c y reftamême
après le départ de ce prince, pour défendre le
royaume de Naples. Il eut un petit - fils tué à la
bataille de Dreux en 1562; 8c fes deux arrière-
petits fils -, Jean de Durfort, vicomte de Duras, 8c
Jacqu s de Durfort, marquis de Duras-Rofan, fe
diftinguèrent par leur valeur dans le temps des
guerres civiles fous Henri III 8c fous Henri IV.
Dans M. de Thou , dans les mémoires du duc de
Bouillon , 8c dans la vie de ce duc écrite par Mar-
folier, ôn ne rapporte pas à leur avantage l’hifr-
. toire de leur fameux duel contre le vicomte de Tu-».
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