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d’être mené en triomphe, il répondit froidement :
la grâce qu’il me demande eft dans fes mains ,* c’eft
Je confei-1 que Cléopâtre fuivit dans la fuite.
Délibérâtâ morte ferocior ,
. Sux vis Liburnis fcilicet inviderto
P rivât a âeduci fuperbo
Uon humilie mulier triumpho*
Paul Emile perdit un de fes fils cinq joins avant
fon triomphe, &un autre trois jours après. Ses deux-
autres fils âvoient paffédans des maifons étrangères;
Tun avôit été adopté par Fabius Maximus, l’autre
par Publius Scipion, fils du premier Seipion l’Africain
; mars fuivant Velleius Paterculus; nihil ex
vaternâ majeflate , prêterfpeciem ncminis , vigorem-
que eloqiL'cnùa, rennenti. Le fils de Paul Emile releva
la gloire du nom de Scipion & fut le fccond
Scipion l’Africain , le deftru&eur de Carthage &
de Numance, l’ami de Lucilius & de Térence, non
moins célèbre par fon efprit que par fes exploits.
Son père adoptif, placéainfi entre les deux Scipions,
gemïnos , duo fulmina bellr, fcipiadas , chzdem Lybice,
xefta obfcur;.& c’eftde lui fur-tout qu’on put dire :
Mais il n’égalera ni fan fils ,• ni fon g è r e .
5°. Marcus Emilius Lepidus, deux fois conful,
Pan de Rome 565 , & l’an 577.
6°. Un autre Marcus Emilius Lepidus, eonfulTan
de Rome (Si5, & défait parles Vaceéens, peuples
efpagnoîs qu’il a-voit attaqués mal à propos, &
malgré les-défenfes du fénat.
7 0. Un autre Marcus Emilius Lepidus, noté par
les cenfeurs , comme coupable de luxe & de fafte
parce qu’il l'ouoit une maifon fix mille fefterces
e’eft-à-dire 750 1-iv. At nunc,- dit Velleius Paterculus,
f i quis tantï habitat vix ut fenator agnofcitur ;■ adeo
mâture à rettis in villa , à vitïis- in prava à pravis
in prcecipitia pervenitur..
Si nous voulons comparer le luxe français au
hixe romain , quel eft aujourd’hui, "je ne dis pas
J’homme égal parmi nous à' un. fénateur romain ,
mais le magiftrat fubalterne,l’a v o c a t le procureur
connu. & employé, qui ne' paye que 750 liv. de
loyer*?
g6. Divers autres Marcus Emilius Lepidus, dont
le plus célèbre êff lé triumvir', collègue d’Àu-
g iifie& d’Antoine ;(voyc% l’article T r iumvirat.-)
90. Marcus Emilius Scanrusconful l’an 63-8 de
R ome,ÔCprince du fénat, offre un fingulier mélange
des vertus des premiers fiècles de la république
romaine & wde la corruption des derniers. Il avoit
compcfé des mémoires fur fa vie ,. dont il ne faous
refie que des fragmens rapportés par Valère Maxime
& par d’autres auteurs. M. le préfident de Broffes
a écrit une vie de Scaurus pour jervir de fupp'Hment
aux mémoires écrits par lui-même.On la trouve dans
le 24e volume des mémoires de littérature, pages
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' £3$ & fuîv. Scaurus étoit né l’an Ç90 de Romfi«
Il fut fait conful, comme nous l’avons dit, l’an
638 : » ce fut alors, dit M. le préfidentde BroffesV
» que l’on commença d’entrevoir en lui ce caraC-
» ter« hautain,entreprenant, vindicatif, avided’hon-
» fleur & de puiffance, Aon moins avide d’argent,
» & peu fcrupuleux- fur les moyens de parvenir
» â «fes fins : Mais . . . . Il avoit d’ailleurs de
» grands talens, une ame ferme, une gravité fingü-
» lière, un courage au-deffus de tous les événemens,
» & fur-tout une extrême adreffe à déguifer fes-
j »• vices ». O11 trouve en effet dans fa vie des pi eu»*
ves- de toutes ces affertions.-
A peine conful, il paffe dans une rue où I®
préteur Décius, affis'fur fon tribunal,rendoit la juftice
au peuple ; ce magiftrat n’ayant pas eu l’attention
de fe lever lorfque le conful paffoit, celui-ci envoya
les liéîeurs lui déchirer fa robe & brifer fon tribunal,
& défendit aux plaideurs qui étoient là préfens
de fe pourvoir devant lui.
Il fournit la Ligurie'; il arrêta les inondations de
laTréSia, en faifant creufer un canal navigable de
Parme àPlaifance, ouvrage fans lequel il eût peut-;
être été impoflible aux Romains même de tenter
la conquête dés Gaules, ces inondations formant
des marais qui fermaient le paffage.
Il eft l’auteur de la célèbre voie Emilienne qui
paffoit par Pife & aboutiffoit à Tortone, & qu’.il
ne faut pas confondre avec une autre voie Emi-.
lienne qui en étoit une branche de la voie Flami-
nienne , & qui s’étendoit de Rimmi à. Aquilée. Il eft
aufli l’auteur du pont Milvius, aujourd’hui ponte
mole. Scaurus faifant la-guerre dans la Gaule Tranf»-
padane , faifoit obferver.à fes troupes une fi exaéie
difcipline fur les terres des alliés, qu’au rapport de
Frontin, un arbre fruitier renfermé dans l’enceinte
de fon camp n’avoit perdu aucun de fes fruits. Il
fournit encore les pays nommés aujourd’hui le
Frioul & l’Iftrie. Il perdit un fils dans cette
expédition. Il lui avoit confié la garde d’un pofte
important dans les montagnes du côté de Trente;
ce jeune homme s’éroit mal acquitté de fa commif-
fion, fon père lui envoya défendre de reparoître
jamais devant lui ; le fils en conçut un tel défefpoir ;
qu’il fe donna la mort : voilà bien les moeurs des*
Brutus & des Manlius. „ .
Mais voici qui n’eft plus dans leurs moeurs«'
Cette ame fi ferme fur tout le refte, ne pouvoir
foutenir la vue d’une certaine quantité d’argent
il n’étoit pas de ces gens dont parle Horace;.
Ç[uïfquis ingéniés oc'ul'o irretortO1
Speclat aceryos,
Il fe Iaiffa corrompre par l’or de Jugurtha &
fut un de ceux que ce prince criminel avoit en-
vue, lorfqu’ii di foit que \Rome étoit à vendre &
feroit vendue f i elle troùvoit un acheteur„ Et lorsqu’on
eut ordonné dès informations contre céu&
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ifuî s’étoîent lalffé corrompre, il 6ut l’audace de
fe propofer pour être un des commiffaires qui
devoierit travailler aux informations, & en .effet
il eut le crédit de fe faire nommer: ainfi l’affaire
n’eut point de fuite; dans d’autres occafions ifdéploya
tout le zèle & tout le courage d’un vrai citoyen
au milieu des diffentions civiles; tourmenté de la
goutte, il veilloit & agiffoit pour le falüt de Rome.
Je nai point'de jambes, difoit-il, pour fuir le.péril,
tnais je fais en' retrouver pour pourfuivre les perturbateurs
du repos public.
Sa Conduite dans la guerre de Jugurtha le fit
foupçonner d’avoir reçu de l’argent de Mithridate,
pour fufciter la guerre des alliés qui faifoit diver-
fion en Italie. Il futaccufé avec deux autres romains,
dont l’un s’exila lui-même, l’autre fut reldgué.Seaurus
étoit malade, il avoit foixante & douze ans ; on lui
confeilloit de fuivre l’exemple du premier de fes
co-accufés ; il n’en voulut rien faire ; il parut dans
la place publique, appuyé fur les bras de quelques
jeunes gens de la plus haute naiffance, & s’adréffant
au peuple ; Romains, dit-il , efl-ce à vous de juger de
mes actions ? Ce font vos pères qui les ont vues y
mais je veux bien vous prendre, pour juges. Un
Varius àccufe Marc "Emile prince du fénat d’avoir
trahi la République en faveur d’un roi de Pont.
Marc-Emile le nie ; qui deve^-vous croire? Le peuple ,
fubjugué par cette fermeté d’un vieillard, obligea
Faccufateur à fe défifter de fa pourfuite. C ’eft par
ce caraélère de force & de grandeur qjfi éclatoit
en toute occafion, c’eft fur-tout par le talent de
voiler avec adreffe fes turpitudes fecrètesqu’Emilius
Scaurus fut échapper à l’opprobre que méritqic
lin vice bas & honteux, & jouir conftamment delà
plus haute confidération. Les harangues de Cicéron
font pleines de fes éloges; Tacite même l’a loué,
Sallufte parort l’avoir mieux connu. Emilius Scaurus,
dit-il, homo nobilis, impiger 3 fa élis fu s , avidus poten-
tice, honoris , divitiarum , couerum vïtia fua callidè
occultarts,
ïo °. Son f ils , nommé comme lui Marcus
Æmilius Scaurus, paroît n’avoir eu que fes vices,
fans fes qualités brillantes. On a quelques fragmens
d’un plaidoyer que Cicéron fit pour ce fils,
accufé de déprédations & de violences par la Sardaigne,
qu’il avoit mal gouvernée.
Cette maifon Emilia eut en tout trente-huit
confuls , dix tribuns militaires, cinq dictateurs,
cinq cenfeurs, deux fouverains pontifes , neuf fois
les honneurs du triomphe; mars la branche des
Scaurus a-t-elle mérité qu’Hqrace la plaçât dans fes
odes immortelles entre Regulus & Paul Emile ?
R e gui uni & Scauros animceque magna
Prodigum ‘P au hlm , Go.
Emilia eft le nom de deux veftales,(foit qu’elles
M e n t ou non de la maifon Emilia ) dont l’une-,
fut punie du fupplice affreux des■ vefiales impudiques;
1 autre ayant commis la garde du feu facré à une
jeune y eft ale qui le Iaiffa éteindre , fe tira d’affaire
E M I
pat un mïrade : un morceau de fon voile jeté
fur l’autel ralluma le feu , au rapport de Denys
d’Halicarnaffe.
Paul Emile,hiftorien du quinzième & du feizième
fiècle , étoit de Vérone, & vécut en France fous les
règnes de Charles IX, de Louis XII & de François I;
il y vint en 1487, & y mourut en 1329. On a de
lui une hiftoire de France en dix livres , commençant
à Pharamond & finiffant à la cinquième année
de Charles VIII : ( 1488 ) cette hiftoire a été continuée
par Arnould ou Arnauld du Ferron. (. Vofe^
F erron.)
EMÏLÏEN, ( îîifi. des Empereurs.') né dans la
Lybie . de parens obfcurs & indigens, embrâffa
par goût & par befoin la profeflion des armes.
Quelques aélions d’éclat le firent remarquer de
; l’empereur Dece , qui lui confia le gouvernement
de la Sarmatie en proie aux brigandages
des Barbares, il montra dans cet emploi tant de
courage & de capacité, que Gallus, lucceffeur de
Dece , le continua dans ce gouvernement. Les
derniers empereurs s’étôient fournis à payer un
tribut aux Scythes. L’avarice de ces Barbares devenant
plus exigeante àmefure qu’on lui fournifloit
des aiimens, impofoit chaque jour des conditions
plus humiliantes. Emilien s fenfible à-i’àbaiffement
où ils tenoient l’empire, fit affembler fes foldats ;
il leur promit, s’ils vouloient le féconder, de récorn*
penfer leur valeur en les gratifiant de la femme
qu’on payoit aux Barbares. Cette propofition fut
reçue avec un applaudiffement général ; tous demandent
qu’on les mène à l’ennemi, & la fortune
fécondé leur courage. Les Scythes s’éloignent des
frontières,' la fureté y eft rétablie. Emilien rentra
triomphant dans la Méfie, où fon armée, recon-
noiffante de l’exécution de fa promeffe , le proclama
empereur. Gallus,inftruit de cette rébellion,
s’avança dans cette province pour la faire rentrer
fous fon obéiffance. Une défaite qti’il effùya le fit
tomber dans le mépris de fes foldats, qui le maf-
facrèrent avec fon fils. Emilien viéïorieux écrivit
au fénat pour le prier de confirmer fon éleéïion "
promettant de chaffer les Barbares de l’Arménie
& delà Méfoporamie. Une promeffe fi éblouiffante
lui mérita tous les fuffrages : il faifoit de grands
préparatifs pour remplir fon engagement, lorf-
C[u’ilf apprit que les légions de la Rhétie avolent
eleve à 1 empire Valérien , dont l’illuftre naiffance
& les grands talens avoiefit fubjugué l’eftîme
publique. Les foldats tfEmiliert, honteux d’étre fous
les ordres d’un chef né pour viefflir dans les derniers
grades, le maffacrèrent pour prévenir les horreurs
dune guerre civile qui les eût obligés de tourner
leurs armes-^contre leurs parens & leurs concis
toyens. Il n’étoit âgé que de quarante ans lùrf-
qu’il fut affaffiné;, en 2/4 r fon règne ne fut que
ce, trois mois. Perfonne ne lui contefta les talens
d’un homme de- guerre, mais il étoit fans capacité
pour lés affaires. ( T— n )