C ornélie , ( Hifi. rom.'), fille de ce fameux
Cinna , qui avoit été quatre fois conful, flit la
fécondé femme du premier des Céfars. L’ombrageux
Sylla vit avec inquiétude la fille de fui plus
implacable ennemi unie avec celui des Romains
dont il avoit la plus haute idée. Il employa les
menaces & les promeffes pour engager Céfar à
la répudier mais elle avoit fu fixer l’inconftance
de fon volage époux; & quoiqu’elle eût été dé
pouillée de tous fes biens , & qu’elle n’eût pour
dot que fa Beauté, il crur trouver en elle tous
les tréfors. Julie , femme de Pompée, fut le feul
fruit de cette union. Céfar éxercoit la quefture
lorfque la mort lui enleva Cornélie ; il .monta
dans la tribune pour faire fon oraifon funèbre ,
& il y fit éclater fa douleur & fon éloquence.
. ? m f a »
C ornélie (M a x im il l e ). Maxtmitta Comelia.
rom.) Quand on fonge au fupplice affreux
dont les Romains puniffoicnt dans ce qu’ils ap-
pelloient une vefiale inccfiueufe, une faute punif-
fable, s’il le faut, mais dont on dira toujours :
' Ighofcehda quldem fc ire n t f i ’gnofeere.
Qn veffe des larmes de fang fur tant d’erreurs
& dé folies cruelles dont la malheureufe humanité
s’è'ft avifée, p.our fe tourmenter elle-même
& pour ajouter aux maux de la nature ; mais j
quand on longe que Maximille Cornélie, vefiale j
pure, vierge innocente, fut enterrée v u e , par j
ordre de Domitien, uniquement parce qu’il ima- j
gina.que cette exécution, heureufement rare, j
difiinguèroit fon règne, & y féroit une époque I
mémorable , aucune langue ne fournit de termes j
capables d’exprimer l’horreur dont on eft faifi. 1
Il eft vrai que Suétone dit que Cornélie fut con- j
vaincue, ce qui n’exeuferoit toujours cette atro- j
cité que par l’ufage & en la faifant rentrer dans j
le cas ordinaire, mais l’opinion commune eft que
Cornélie étoit innocente.
CORNELIUS NEPOS. Voyei Nepos.
CORNELIUS TA CITU S. Voyei T a c ite.
CORNELLE (N ic o l a s ) (Hifi. mod) , fyndic
de Sorbonne en 1649 > déféra fept proportions
de Janfenius, dont il n’y eut que les cinq premières
condamnées ; ce font les cinq fameufes
propofitions. Il refufa l’archevéché de Bourges,
que lui offrit le cardinal Mazarin , qui l’avoit fait
préfident de fon confeil de confcience. Il avoit
aufli eu la confiance du cardinal de Richelieu;
mais il avoit refufé d’être fon confeffeur, emploi
qu’il trouvoit trop délicat. Quelle confcience
en effet à diriger !
CORNETO (A drien C astellesi) (.Hift.mod.).
C ’eft ce fameux cardinal Corneto qn’Alexandre V ï.
(voir cet article) & Céfar Borgia fon fils, vou-
loient , dit-on, empoifonner, lorfque par un mal *
çntendu, ils s’empoifonnèrent eux-mêmes : éçhappé
à cet attentat, il fut exilé par Jules I I ,r a p i
pellé par Léon X ; mais étant entré dans une
confpiranon contre lui en 1518, il fut obligé de
s’enfuir de Rome pendant la nuit , déguifé en
moifionnenr: on n’a jamais fu depuis ce qu’il eft devenu
; on croit qu’un domeftique qui l’accom-.
pagnoit dans fa fuite, l’àftaflina pour Le voler. C ’é-
toir un homme de lettres diftingué : on le compte
parmi les premiers écrivains d’Italie qui dégagèrent
le latin des mots barbares du moyen âge,
& qui ramenèrent dans cette langue les expref-
fions du fiècle d’Aiigufte. On a de lui un traité
de fermone latino, dédié à Charles-Quint, alors
prince d’Efpagne : il eft d’un homme qui avoit
médité fur les révolutions de cette langue, &
fur les moyens de la rétablir dans fa première
pureté.
CORNHERT ou COORNHERT ( T héodore)
[Hift.mod.), enthoufiaftedu feizième fiècle,
| qui n’étoit ni catholique ni proteftant, & qui di-
jj foit que pour être véritablement chrétien, il n’é-
I toit pas néceffaire d’être membre d’une églife vi-
j fible. Il ne mérite place ici que parce qu’il fut
î l’auteur du premier manifefte que le prince d O -
| range, libérateur delà Hollande, publia en 1566.
La duchefle de Parme l’ayant fù , fit enlever tombe
rt k Harlem’ , & le fit enfermer à la H aye; il
s’échappa de la prifon , & après avoir beaucoup
dogmatifé impunément, il mourut en 1590. Ses
oeuvres ont été imprimées en 1630, en 3 volumes
-.in-fol. ,
CORNIFICIUS & CORNIFICIA1 fa foeur.
(Hifi. Litt. anc.) Tons deux célèbres par la poé-
lie fous Augufte. La fcierice , difoit Cornificia , efi
la feule chofe indépendante de la fortune. C ’eft à peu
près ce que la Fontaine a voulu prouver par la
fable qui a pour titre : Les avantages de la fciencem
CORNUTUS. (Hifi. rom.). Africain, philofophe
ftoïcien, précepteur de Perle , une des viélimes
de Néron.
Un Comutus moderne, qui vraifemblablement
fe nommoit Cornu ou le Cornu. 8c qui étoit médecin
à Paris, a donné en latin une defeription
des plantes de l’Amérique, in-40. Paris, 163?.
CORONEL. Foyei Pierre le cruel.
CORSINI (Ed ouard) , lavant religieux Italien
de ce fiècle, ami de Muratori, de Maffei,
de Quirini, de Paflîonei, joignoit à de grandes
connoiflances dans la philofophie & les riiathé-
matiques une vafte* érudition. Il a laifle des ouvrages
eftimés dans l’un & l’autre genre. Dans
le pr mier, des Inflitutions philofophiques & mathématiques
, un nouveau Cours d’élémens géométriques,
& de plus un Cours de métaphyfique. Dans le fécond
, des fajles des Archontes d’Athènes, des dif-
fertations (ur les jeux facrés de la Grèce, un
ouvrage
fra£e fur les abréviations des infcriptions grec- |
ques , fous ce titre: de notis Gmcorum; un traité
de proefe&is à fis:. Il avoit entrepris Fhiftoire de j
Tuniverfité de Pife. Né en 1702. Mort à Pife en
1765.
CORTEZ (Fernand ou Ferdinand) (Hifi.
d’Efpagne.) '
Des mers de Magellan jufqu’aux aftres de l’ourfe ,
Cortei, Herman, Pizare ont dirigé ma courfe.
De tous ces navigateurs conqqérans , fi hardis , j
fi heureux, fi cruels, qui affervirent & dévaf-
têrent l’Amérique, Corte1 eft un des plus célèbres.
I l n’étoit que lieutenant de Velafquez, gouverneur
de Cuba ; mais ayant été envoyé à la découverte
de nouvelles terres, & ayant çu le bonheur
de découvrir le Méxique & la gloire de le
^conquérir, il excita la jaloufie de ce Velafquez,
qui envoya une armée contre lui. Corte1 bat j
cette année, en range les relies fous fes drapeaux,
& s’en fert pour achever la conquête du Méxique.
Nous cherchons deux chofes, difoit-il à les foldats,
la gloire & la fortune, de grands périls & de grandes
iieheffes. Il entra dans la ville de Mexico le 8 novembre
1518. Il la rebâtit en 1529 fur le modèle
des villes de l’Europe: il bâtit aufli la ville
de Vera-Crux. Charles-Quint, auquel il donnoit
un fi vafte empire., érigea pour'lui en marqui-
fat la vallée de Guaxaca dans le Méxique, terre
de cent cinquante mille livres de rente. Il repaf-
fa en Efpagne pour demander juftice à l’empereur
fur quelque conteftation furvenuè en Amérique,
pays q.ui devint une fource de querelles
entre fes divers conquérant. Soit prévention contre
lu i , foit indifférence , il fut négligé au point de
ne pouvoir d’abord obtenir audience; mais le vainqueur
du Méxique ne pouvoit manquer d’audace
même dans les cours ; il voit paffer l’empereur,
il fend la preffe & fe préfente brnfquernent à lui.
Qui êtes-vousi demanda l’empereur, auquel il con-
venoit peu de ne pas connoître un tel fujet. Je
fuis,, répond Corte 1 , un homme qui vous a donné
plus de provinces que vos pères ne vous ont laiffé
de villes. Voilà quel étoit Fernand Cortei, çonfi-
déré comme gentilhomme efpagnol comme
fujet de Charles-Quint * un grand capitaine, un
homme utile , un héros.
Si on le confidère relativement aux malheureux
Américains, c’eft un barbare, un monftre;
c ’eft le plus cruel de ces chefs dont parle Za-
jnore :
De ces brigands d’Eurppe & de ces aflaflins ,
Q u i de fang .eniyrés, de nos tréfors avides ,
De ce monde ufurp.é, défolatenrs perfides , ^
Ont ofé me livrer à des tourmens honteux ,
four m’arracher des biens plus méprifables qu’eux..
Hifioire, Tome JJ, Première part.
Tl foule aux pieds tous les droits de l'humanité,
il écrafe fans pitié la' foiblefle & l’impuiffance,
il punit du fupplice du feu la moindre tentative
& jufqu’au projet d’une légitime défenfe. Après
avoir tiré de Montezuma, fouverain du Méxique,
fix cents mille marcs d’or pur & une quantité pro-
digieufe de pierreries , il fait mettre fut des charbons
ardens Gatimofm , fuccefleurde Montezuma
& un favori de Gatimofin , pour les forcer
à lui livrer les tréfors de Montezuma. On fait le
mot de Gatimofin à fon favori , à qui la douleur
arrachoit un cri : Et moi, fuis-jc donc fur un lit
des rofes? Ce trait fait voir que fi les Efpagnols
favoîent détruire, les Américains favoieut fouffrir,
& ce courage vaut bien l’autre. M. Pirori, dans
la préface de fa foible tragédie de Fernand Cor-
te[, juge que les Méxicains avoient mérité leur
fort , parce que, partageant la fuperftitiou qui a
été la maladie épidémique du genre humain , il
lgur étoit quelquefois arrivé d’immoler des victimes
humaines ; par cette raifon il auroit fallu
exterminer prefque toutes les nations , puifqu il
en eft fort peu qui, dans les temps d’ignorance,
ne fe foient point fouillées de cette abomination.
Si Fernand Conei étoit, comme Piron l’infinue,
un jufte vengeur de l’humanité outragée, il fal-
loit qu’il fit avec les Méxicains le traité glorieux
que Gelon a fait ou n’a pas fait avec
les- Carthaginois f Voye^ l'article A g a th o c lE,
& fubftituez - y le nom de Gelon pour le fait
dont il s’agit). Piron dit aufli qu’on a beaucoup
éxagéré les cruautés éxercées par les Efpagnols
en Amérique. Voilà ce qu’on riit & ce qu’on eft
toujours obligé de dire quand on entreprend de
défendre la caufe de l’inhumanité , & voilà ce
qui prouve qu’il ne faut point la défendre. Ne
nous permettons point de regarder comme peu
de chofe le mal qu’on fait à nos femblables. Dé-
, fions-nous de ces modérations déplacées, Si. que
jamais l’amour du paradoxe ne nous entraîne dans
çes difeuflions odieufes , dont le but eft d’affoi-
blir l’horreur due au crime & à la cruauté.
Certes mourut en Efpagne en 1554.
CORVIN. Vtryei Huniade,
COSME, a été le nom de plufieurs princes St
grands-ducs de Tofcane de la maifon de Médi-,
cis. Voye[ MÉDICIS,
COSNAC (D aniel de) {Hifi, de Fr.’) , évêqhe
de Valence, puis archevêque d’A ix , mort le 18
janvier 1708 dans fa quatre-vingt-unième année;
L’abbé de Choify, dans fes mémoires , a écrit
fon hiftoire, qui eft pleine d’intérêt & très-piquante.
Nous en citerons deux ou trois traits les
plus propres à le faire connoître. 11 étoit attaché au
prince de Conty Armand, qui avoit époufé Anne-
Marié Martinozzi, nièce du cardinal Mazarin. M.
le prince de Conti étoit bpftu: il lui prit untai.