
i j4 C H K
n'ont point donné à la dialéâique les grâces de
l’éloquence, agrément étranger & de furérogation,
dont il aime à voir la philoiophie ornée, fans cependant
exiger rien à cet égard , & fe contentant
de méthode & de clarté.. Quintilien cite fouvent
avec éloge un ouvrage que Cryjïppe avoit com-
pofé fur l’éducation des enfans. Il avoit donc
bien le droit de répondre à ceux qui lui deman-
doient à qui il confieroit l’éducation de fon fils ;
à moi ; & ce qu’il difoit encore , f i je conmiffois
un maître plus habile que moi, j ’irais tout-d-Vheure
à fon école, peut annoncer moins d’orgueil que de
defir de s’infrruire. Horace 'trouve beaucoup plus
de vraie moralité , de vraie philofophie dans Homère
que dans Cryfippe & Crantor.
Qui j quid fit pulchrum , quid turpe 3 quid utile 3 quid non »
Rleniùs ac meliùs Chryjippo & Crantore dicït,
Sénèque juge au contraire que Zénon & €hry-
lîppe ont été plus utiles que des généraux d’armée ,
que des légiflateurs même , parce que leurs inftruc-
tions ne fe font pas bornées à une feule ville , à
un feul état, mais qu’elles ont embraffé la totalité
du genre humain ; leges non uni civitati , fed
loti humano generi tulerunt. C ’efl l’éloge de la philofophie
& des philolophes en général, plutôt que
celui de tel ou tel philofophe. On attribue à Chry-
fippe des opinions un peu étranges ; il eroyoit les
dieux périffables, il permettoit les mariages in-
ceflueux, il admettoit la communauté des femmes
parmi les fages: au lieu, d’enterrer les corps, il
vouloit qu’on les mangeât. On lui reproche auffi
des obfcénités dans fes écrits. Àulugelle rapporté
lin fragment de fon traité de la providence, qui
lui fait beaucoup plus d’honneur. « Le deffein de
» la nature, dit-il, n’a pas été de foumettre les
» hommes aux maladies ; un tel deffein feroit in-
» digne de la fource de tous les biens. Mais fi du
>» plan général du monde, tout bien ordonné qu’il
» efl, il réfulte quelques inconvéniens , c’efl qu’ils
n fe font rencontrés à la fuite de l’ouvrage, fans
» qu’ils foient entrés dans le deffein primitif & i
» dans le but de la providence ».
Il nous fèmble qHe ceux de nos métaphyficiens
modernes qui fe font chargés de juflifier la providence
fur l’exiftence du mal , tant phyfxque que
moral, ne pouvoient guère mieux rencontrer.
Chryfippe étoît né à Solos, ville de Cilicie. II
mourut un peu plus dé deux fiècles avant Père
chrétienne. Les uns le font mourir d’un excès'de
v in , les autres d’un excès de rire en voyant un
âne mangef des figues dans un plat, & en commandant
qu’on lui apportât du vin, à boire. La
première mort feroit peu digne d’un philofophe ;
la fécondé fuppofe un grand fonds de gaieté, car
à peine trouveroit-on là aujourd’hui de quoi fou-
jire.
CHRYSOLOGUE. ( Voyeç Pierre.)
CHRYSOLORAS ( Emmanuel ) , un des grecs
C H R
qui inflruifirent l’Italie au quinzième fiède. Il mourut
à Confiance pendant la tenue du Concile, eiï
1415. On a de lui une grammaire grecque, un
parallèle de l’ancienne & de la nouvelle Rome 9
des lettres, des difeours. Philelphe ,• Grégoire de
Tifernes, Léonard d’Arezzo, le Pogge , &c. furent
fes difciples. Æneas Sylvius , qui fut depuis le
pape Pie I I , fit fon épithaphe.
Son neveu & fon difciple, Jean Chryfolorasr
mort avant 142.7 , efl aufîi au nombre des favans*.
ainfi qu’un Demetrius Chryfoloras, qui vivoit-
vers le même temps, fous le règne de Manuel
Paléologue.
CHRYSOSTOME. ( Voye^ Jean')..
CHURCHILL. ( Voyt^ Ma r l b o r o u g h ).
CHUS AI ( Hifi. Jacr. ) , ferviteur fidèle de David
, dans le temps de la révolte d’Abfalon, fon
fils, feignit de s’attacher à celui-ci pour favoir fes-
projets & les faire connoître à Da vid , & pour
déconcerter les confeils d’Achitophel; celui-ci con--
feilla de pourfuivre David, Chufai en empêcha 9
& David eut le temps de mettre le Jourdain entre
lui & fon fils.-
CHUSAN - RASATHAIM (Hifi.facr. ) y roi
de Méfopotamie, réduifit les lfraélites en fervi-
tude j ils y refièrent huit ans. Othoniel les remm
en liberté vers l’an 1414, avant J. C..
C H Y T R (E U S ( D a v i d ) ( Hifi. §££& mod.) 1
miniflre affez célèbre dans l’hifloire du luthéra-
nifme. On a de lui une hifloire de la confeffion
cTAusbourg, une chronologie d’Hérodote & de
Thucydide. Ses oeuvres ont été recueillies en deux
volumes in-fol. Son frère Nathan Chytrceus, miniflre*
comme lu i, étoit aufîi un homme de lettres. David
mourut en réoo, à 70 ans, Nathanen 1598 §
U A C O N 1US { Hifi. Ihr, mod.. ) C è ff le nom;
de deux favans efpagpois; le premier ( Pierre)
etoif chanoine de Séville. Il fut employé par le
pape Grégoire I I I , à la réformation du calendriers
On a de lui des notes favantes fur C éfar, furPom-
peius Feflus , fur Tertullien, fur Caffien, &c. de&
traites in Columnoe raflratoe infcriptïones ; de ponde—
ribus & menfuris & nummis ; de Triclinio Romanoy
Né à Tolède en 1525 , mort à Rome en 1581^
Le fécond ( Alphonfe ) étoit dominicain, né dans-
1 Andaloufie ; il mourut auffi à Rome en 1599, à
cinquante-neuf ans. Il avoit le titre de patriarche
d’Alexandrie. On. a de lui Viuz & gefia Romano-
rum pontificum & c a rdirfalium. Hifioria utriufque
belli Dacici. Bibliotheca feriptorum ad annum
Une explication de la Colonne trajane. On juge-
bien qu un favant, qu’un efpagnol, qu’un moine ,,
au feizeme fiecle, manquoit pour le moins de critique.
Ciaconius fait de faint Jérôme un cardinal,
& allure que Tarne deTrajan a été tirée de l’enfer
par les prières de faint Grégoire.
CIAMPINI ( Jean-Ju st in ) {Hifi. litt, mod. )
prélat romain j ami des fciences ÖC des lettres , qui
C I B
lui ont du plufieurs établiffemens .* c’efl par fes
foins qu’il fe forma en 16 7 1 , à Rome, une académie
aeflinée à l’étude de l’hifloire eccléfiaflique.;
En 1677 il en établit une de phyfique & de mathématiques
fous la proteâion de la reine de Suède,
Chrifline. On a de lui divers ouvrages, dont les
uns prouvent fon érudition dans l’hifloire ecclé-
fiaflique, les autres, fes connoiffances dans les
.arts. Du premier genre font les oüvrages fui vans :
Conjectura de perpetuo açytnorum ufuiti ecclefiâ lalïnâ\
l ’examen des vies des papes, lefquelles portent le
nom d’Anaflafe le bibliothécaire. Ciampini prétend
que ces vies font de plufieurs auteurs, & qu’il n’y
sl que celles de Grégoire IV , de Serius I I , de
Léon I V , de Eenoît III & de Nicolas I qui foient 1
d’Anaflafe. En tout cas il n’y a de critique ni dans
-celles-là, ni dans les autres ; mais la critique de
Ciampini peut toujours être utile.
Les ouvrages du fécond genre font celui qui
a pour titre : frétera monumenta in quibus proecipuè
.mufiva opéra facrarum profanarutnque cedium Jlruttura
differtationibus iconibufque illufirantur , 2 vol. infol.
ôc celui qui a pour titre : De facris adificiis à Conf-
taniino rfiagno conflruCtis , 1 vol. auffi in-fol.
C I B B E R {Hifi. litt. mod.) C ’efl le nom d’un
célèbre comédien anglois, né en 1671 , qui monta
fur le théâtre à trente ans, le quitta en 1731 , &
vécut jufqu’en 1757. On a de lui un recueil de
pièces en 4 vol. in-12.
CICÉRON ( Voyei TULLIUS ).
CID ( le ) ( Hifi. d'Efpagne ). Ferreras a difeuté
ce qui concerne le Cid, fon duel avec un comte
Gomez ou de Gormas , dont il aimoit la fille qu’il
obtint à force d’amour & d’exploits , malgré le
malheur d’avoir tué fon"père : cette hifloire n’efl
pas vraie, & on. doit y avoir regret. Du refie,
le nom du Cid étoit réellement Rodrigue Dias de
Bivar, & il époufa réellement Dona Ximène ou
Chimène Diaz, fille du comte dom Diègue Alvarez
; mais il n’avoit pas tué le père de cette Chimène,
& dom Diègue, comme on voit, n’étoit
pas le père de Rodrigue, mais fon beau-père •: fon
hifloire , dégagée dès fables dont on l’a ornée,
comme toute l’hifioire de ces temps-là, refie toujours
celle d’un héros. Né Caflillan, élevé à la
cour de Caflille, il fervit long-temps les rois
Sanche & Alphonfe au onzième fiècle, avec beaucoup
de zèle , de valeur & de bonheur. Mécontent
d’Alphonfe dans la fuite, il fe rendit indépendant
, leva une petite armée qui n’étoit qu a
lu i, qui s’attachoit en tout à fa fortune, & qui en
étoit l’inflrument : avec cette armée , il fe, rendit
redoutable à toutes les puifTances de l’Efpagne ,
il étoit même la.feule puiffance toujours armée
& toujours prête à faire la guerre ; il la fit au roi
de Léon , au roi d’Arragon, fur-tout aux Maures :
il faifoit la guerre des montagnes en homme fu-
périeur; il éckappoit à ceux qui le pourfuivoient,
fondoit fur ceux qui ne l’attendoient pas, & fe
pouvoir par-tout ; mais fon empire étoit dans les
C I M 15-f
montagnes ; on y montroit une forterefTe appellée
depuis la roche du Cid ; il en defeendoit pour fe
porter par-tout où l’appelloient les violences des
opprefïeurs & les cris des opprimés ; quand un
roi gouVernoit mal, il le châtiôit ou l’inflruifoit ;
il recevoit les plaintes dès mécontens, & les recevoir
eux-mêmes dans fa troupe, qui groffifîoit
ainfi à chaque pas. C ’ét'oit- un de ces hommes
tels que la fable nous repréfente les Hercules &
les Philoélètes ,ou , pour ne pas fortir des moeurs
& du fiècle que nous examinons, il refTembloit
beaucoup à ces aventuriers normands quifondoient
vers ce temps le royaume de Sicile. Quelquefois
moins généreux, fi quelque prince mouroit, il entroit
en partage de la fucceffion; c’efl ainfi qu’à
la mort d’Iîiaya , roi de T olèd e, il fe rendit
maître de Valence, où il s’établit jufqu’en l’an 1099
qu’il mourut.
CIMON {Hifi. grecq.), général Athénien, fils>
de Miltiade , étoit très-jeune encore lorfqu’il perdit
fon père. Ce grand homme , libérateur de fa
patrie , pour prix de fes fervices, avoit été condamné
à mort, & on avoit cru faire grâce au vainqueur
de Marathon, en commuant la p'eine de
mort en une amende de cinquante mille écus. Ne
pouvant la payer, il mourut en prifon des fuites
d’une bleffure qu’il avoit reçue au fervice de fon
ingrate nation : il alloit être privé de la fépulture..
Cimon., dans cëtte occafion douloureufe, fignala
fa piété ; il rafïembla, comme il put, dans la bourfe
de fes parens & de fes amis, en les attendriffant
par fes larmes, les cinquante mille écus de l’amende
, & racheta le corps de fon père. Quoique
cette adion l’annonçât avantageufement, le peuple,
foit par un refie de prévention contre Miltiade,
foit à caufe de quelques erreurs de jeunefîe qu’on
reprochoit à Cimon, fut d’abord peu favorable à
ce jeune homme qui, rebuté de quelques dégoûts
qu’il effuya, vouloit renoncer entièrement aux
affaires, fi Ariflide, qui reconnut en lui le fils d’un
grand homme, n’eût pris foin de le confoler, de
l’encourager , & ne l’eût ainfi rendu à la patrie.
De ce moment on ne vit rien que de grand & de
noble dans les moeurs de Cimon ; il e u t, dit Plutarque,
le courage de Miltiade, & la prudence de
Thémiflocle avec plus de probité ; il fut le fléau
d’Artaxerxès & des Perfes qu’il chaffa entièrement
de la Thrace. C’étoit lui qui àffiégeoit Eione fur le
fleuve Strymon, lorfque Boges ou Buris, qui en
étoit gouverneur pour le roi de Perfe, dormi une
fi affreufe marque, de zèle & de fidélité. Privé de
vivres & réduit à fe rendre, % préféra de mourir ;
il jetta du haut dès murs, au fond du fleuve, tous
les tréfors qui étoient dans la ville; il fitenfuite
allumer un grand bûcher, égorgea fa femme, fes-
enfans, fes domefliques, les fit jetter dans les
flammes, & s’y jetta lui-même.
Cimon fe rendit maître auffi de l’ile de Scyros ; il
i y trouva les os de.Théfée, mort dans cette île
en s’enfuyant d’A thènes, il les reporta, dans cett$
.V à