
il recevoit l ’hommage des fujets de Chilpéric, qu’il
avoir fubjugués.
Chilp'éric avoit trois fils de la reine Audouère.
Le premier fut tué dans le cours de cette guerre
contre Sigebert ; Frédegonde s’en applaudit en
■ marâtre; la mort des deux autres fut plus particuliérement
fon ouvrage. Un de ces deux princes,
féduit par les charmes de Brunehaut fa tante,
1 avoir époufée, & Prétextât, évêque de Rouen, avoit
fait ce mariage allez irrégulier ; Frcdegondc fit affafi-
iiner Prétextât dans fon èglife, aux pieds des autels.
Un feigneur Auftrafien, révolté de ce crime, lui
en ayant fait des reproches, elle le retint à dîner
& l’empoifonna : elle livra au neveu de Prétextât
l ’aflaflln dont elle s’étoitfervie pour tuer cet évêque;
oc lorfque cet affaffm voulut parler & nommer
Frédegonde, le neveu de Prétextât, feignant de
croire que cet aiïaflîn étoit feul coup'able & calom-
nioit la reine, fe hâta de mettre en pièces cet
affaflîn 5 à coups de hache.
Chilpéric avoit aufli trois fils de Frédegonde ;
une maladie peftilentielle, qui ravageoit alors la
France , les emporta tous les trois. Elle en eut un
quatrième; il mourut de même. Outrée de.douleur,
& la douleur devenant toujours fureur chez elle,
elle fe foulagea par des cruautés, elle voulut attribuer
fes pertes à des fortiléges : il en coûta la vie !
à plufieurs femmes, dont quelques-unes furentbrû- !
lées, d’autres noyées ; quelques autres, par une bar» 1
barie digne de ce remps-là & digne de Frédegonde,
furent rouées. On ne peut fe méprendre aux termes
de Grégoire de Tours, alias rôtis; ojjibus confrattis
inneciit.
Chilpéric fut affafliné à Chelles, en revenant
de la chaffe; le plus grand nombre des auteurs
accufe de fa mort Frédegondeelle-même , qui, par
un mot imprudent, lui avoit révélé par hafard
fon intrigue avec un amant nommé Landry, & (
qui avoit tout à craindre pour {on amant & pour
elle-même., fi elle ne prévenoit les effets de la
jaloufie de Chilpéric.
Il ne lui manquoit plus que d’attenter à la vie
de fes propres en fans ; elle voulut étouffer Rigonte fa
fille , en refermant fur elle avec violence un grand
■ coffre dans lequel elle avoit la tête avancée. Des
domefiiques , accourus aux cris que pouffoit une
femme préfeme à ce fpeâacle, fauvèrent Rigonte
La lifte de fes crimes ne finiroit point : elle paffa
toute fa vie à aiguifer le fe r , à préparer le poifon
contre Gontran fon beau-frère, & fôuvent fon
bienfaiteur, (voy ez l’article C o n t r a n ) ; contre
Brunehaut; contre Childebert, fils dê Brunehaut,
& fonneveu; contreThéodebert, fils de Childebert;
enfin contre tous fes ennemis & fes parens. Ses complots
, continuellement découverts, faifoient place,
prefquefans interruption, à de nouveaux complots:
elle envoyoit de tous côtés des affaffins,' qu’elle
puniffoit enfuite , ou de lui avoir obéi, ou d’avoir
manqué leur coup. Jamais le crime n’ayoit été fi
inf»lent, fi a&if, fi intrépide.
Cependant, foit qu’elle connût mieux qne
Brunehaut l’art de gouverner, foit qu’elle infpirât
plus de terreur, on ne vit jamais s’élever dans
l’intérieur de fon royaume, des orages pareils à
ceux qui agitèrent l’Aufirafie, fous l’adminiftration
de Brunehaut. Elle mourut l’an 597, dans fon lit.
FRÉDÉRIC I , ( Hiß. de Suède ) roi de Suède,
Après la mort de Charles X I I , la princeffe Uiri-
que-EIéonore, fa foeur, fut placée fur le trône ;
elle avoit époufé Frédéric, prince héréditaire de
Heffe-Caffel. Réfolue de l’affocier à fa couronne ,
elle affembla les états l’an 1720, moins pour les
confulter fur le choix d’un roi, que pour leur
ordonner d’élire fon époux : elle fut obéie ; Frédéric
fut couronné : la Suède n’eut pas lieu de
s’en repentir. Frédéric étoit un prince généreux
par penchant ßc par principe, ami de la vérité,
ayant le courage de la dire, & celui de l’entendre,
guerrier habile & ennemi de la guerre ; il
avoit eu part à la gloire de Charles X I I , mais il
en avoit gémi ; il accordoit aux arts cette attention
éclairée qui les dirige, 6c eette proteéfion
bienfaifante qui les encourage; laborieux, aélif,
fon efprit ne quittoit les grands objets du gouvernement
que pour fe repofer fur les détails.
Avare du fang des hommes, il préféroit la gloire
*de di&er de bonnes loix à celle de gagner des
batailles. La paix conclue avec l’Angleterre, la
Pruffe, la Pologne & le Danemarck , fut fon
premier ouvrage. Mais Pierre-le-Grand n’ayoit
point encore oublié tous les maux que C%har-'
les XII lui avoit faits; Pultava ne l’avoir point
affez vengé, & tandis qu’il envoyoit des ambaf*
fadeurs à Neufladt pour entamer la négociation,
fes généraux dévafloient les frontières de la Suède.
La conclufion du traité coûta cher aux Suédois :
il fallut céder au czar la Livonie, ITngermanie,
’VV ibourg & fon territoire , la Carélie prefque entière
, les îles d’O ë fe l, de Dragôë, de Maeu.
Le czar, qui aimoit mieux vider fes tréfbrs, que
de céder fes provinces, ne reftirua qu’une partie
du duché de Finlande , Ôc promit de payer au
roi de Suède deux millions d’écus. Ce traité fut
conclu en 1721 , & dès 172z les traces de la
guerre furent prefque entièrement effacées par
les foins de Frédéric, l e commerce reprît fa
vigueur première ; la licence du foldat ne troubla
plus l’exercice du pouvoir légifiatif, & l’état recouvra
fon antique fplendeur. L e czar demaridoit
le titre de majefté impériale ; le duc de Holftein
Gottorp , celuid’alteffe royale, Frédéric qui favoil
que les titres n’ajoutent & n’ôtent rien à la
puiflànce ou au mérite des hommes, engagea les
états à leur accorder cet honneur. Frédéric cher-
choit lui-même à rendre la Suède redoutable par
des moyens plus sûrs; il faifoit fortifier,les villes
frontières, établiffoit dans les troupes une nouvelle
difeipline, veilloit à l’exploitation des mines
il s’uniffoit à la. France & à l ’Angleterre pour.
U dèfenfe commune, & ratifioit le traité conclu
à Hanover l’an 1727. La Ruflie armoit depuis
quelques années; la Pologne murmuroit; de légères
étincelles auroîent allumé un grand incendie,
fi le fage Frédéric n’eût, par des négociations
adroites , étouffé ces troubles dans leur naiffance.
Charles fon père , prince de Heffe-Caffel, étoit
mort; le roi prit .poffeflioo de fes états; & forma
un confeil de régence, dont fon frère Guillaume
fut le chef. Mais, -afin de veiller par lui-même
au bonheur de fes premiers fujets, Frédéric ap-
peila près de lui quelques minifires heffois. En
même temps il favorifoit l’établiffement d’une
compagnie pour le commerce des Indes; & pour
encourager cette entreprife , il augmentoit fa
marine, & faifoit de nouvelles levées. Il fut
tranquille fpeélateur des-troubles de la Pologne,
OÙ quelques partis rappelloient le roi Staniflas,
& renouvela l’alliance de la Suède avec la Ruflie,
dont les mouvemens lui donnoient de l’ombrage,
& fembloient tendre à une rupture. Cependant
un nouveau palais, orné avec goû t, mais fans
fafte, s’élevoit à Stockholm, & les plus habiles
srtifles accouroient du fond de l ’Italie pour l’embellir.
1 Frédéric eftimoit les François : lorfque le marquis
d’Antin . qui avoit paffé quelques jours avec fon
efeadre dans le port de Stockholm, alloit mettre
à la voile, le roi lui fit préfent de. fon épée.
f< J’efpère, dit-il, que vous vous en fervirez pour
V nous, fi nous fournies attaqués, comme nous
» pour LouisXV, fi on lui fufeite quelque guerre.»
Frédéric conclut en 1740 un traité d’alliance avec
la Porte , fa#s doute pour intimider la cour de
Ruflie qui. paroiffoit chercher à réveiller les anciens
différens. Ce prince aimoit mieux contenir
les Ruffes par une fage politique, que par la
force de fes armes. Mais la nation plus impé-
tueufe que lui, réfolut la guerre dans une affem-
blée des états, tenue le 22 décembre 1740,
Le roi fut donc forcé d’applaudir lui-même
au cri général du peuple ; il voulut, malgré le
poids des années, prendre le commandement de
fes troupes : mais on s’oppofa à cette réfolution.
Le comte de Lewenhaupt partit à la tête d’une
armée, & le pacifique Frédéric dépêcha aufli-tôt
le comte de Nolken pour entamer une négociation
qui ne réuflit pas. Cependant Frédéric, occupé
du bonheur de fon peuple, & de la fplendeur
de l’état, faifoit creufer des canaux, applanir des
montagnes, élever des manufaâures. La guerre
fin malheureufe, & les généraux Lewenhaupt
$c Budenbroek payèrent de leur tête les fautes
dont la fortune étoit peut-être refponfable. Enfin
la paix fut conclue en 1743 ; il fallut l’acheter
encore par des ceflïons confidérables, & la cour
de Ruflie ne fit que de foibles refiitutions.
: Cependant la fucceflion à la couronne fembloit
devoir allumer dans l’intérieur de la Suède des
troubles plus funjefles que ceux qu’elle avoir
éprouvés fur fes frontières. Après bien des débats,
on élut Adolphe Frédéric II , duc de Holftein-
Eutin , évêque de Lubec , &i adminiftrateur du
duché de Holftein-Gottorp. C’étoit ur.e fage précaution
de défigner l’héritier du trône du vivant
de Frédéric I. Celui-ci accéda à la ligue de Francfort
, l’an 1744 ; mais de peur de déplaire aux
états,, il ne fit cette démarche qu’en qualité de
landgrave de Heffe; l’alliance des cours de Stockholm
& de Ruflie fut refferrée par un nouveau
traité ; on fe promit des fecours mutuels fi l’une
des deux puiflànces étoit attaquée. Un pareil traité
fut conclu avec la Pruffe, & les cours de Londres,
de Pétersbourg , & les Provinces-Unies fe hâté*
rent d’oppofer une ligue défenfive à cette alliance.
Cependant le roi faifoit#défricher des déferts juf-
qu’alors incultes», attirent dans fes états des juifs
commerçans , & faifoit commencer un canal
depuis Stockholm jufqu’à Gottenbourg, Ainfi les
vaiffeaux fuédois n’étoient plus obligés de s’engager
dans le Sund, dont le péage fut fi long-temps
un fujet de guerre entre les deux couronnes de
Danemarck & de Suède. Frédéric mourut l’a a
17 5 1 , fans poftérké. Dans un fiècle de barbarie
ce prince pacifique auroit joui pendant fa vie
d’une foible renommée qui ferok morte avec
lui; mais dans un temps où la philofophie a fait
fentir aux hommes que le feul héros véritable
eft celui qui les rend heureux, le fage & bon
Frédéric obtiendra une place parmi les plus grands
princes. ( M. d EjSag y. )
F r é d é r i c A u g u s t e I I , {Hifi. de Pologne') électeur
de Saxe , roi de Pologne. Il ne joua qu’un
rôle obfcur dans l’Europe, jufqu’à l’inftant où il
ofa prétendre - à la couronne de Pologne. Jean
Sobieski III étoit mort en 1696, après avoir forcé
les Mofcovites à rechercher fon alliance, affervi
l’humeur indépendante des Cqfaques, abaiffé l’orgueil
de la Porte ottomane , repouffé les Tartares ,
& verfé dans le fein de fon peuple les richcfl’es
qu’il avoit enlevées à fes ennemis. Peu s’en fallut
que les troubles de l’éle&ion , qui fuivit fa mort,
ne ruinaffent de fond en comble un fi bel ouvrage,-.
L’irruption des Tartares, la révolte de Boguflas
Baranowski, l’infolence desfoldatsqui nr pou voient
avoir tort que dans la forme, puifqu’iîs demandoient
leurpâie, l’injuftice du fénat qui la refufoit, les intrigues
des prétendans, le choc des cabales, mirent la
république dans un état violent, qui fit craindre
fa chûte entière. On compta jufqu’à douze con-
currens, tous animés d’une haine réciproque, &
d’une ambition exclufive. Parmi eux on diflinguoit
fur-tout le prince de Conti, & l’éloquence de
l ’abbé de Polignac lui gagnoit plus de fuftVages,
que Targeat de fes rivaux ne lui en enlevoit. Il
l’emportoit. fi Frédéric Augufle, éle&eur de Saxe,
ne fe fût pas mis fur les rangs.
Pizependowski, caftellan de Culrn , lui fraya un
chemin au trône, lui apprit l’art d’écarter fes
L l 11 a