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» il avoit uri parti pris fur tout; & c’étoît moins
» pour combattre les idées d’autrui, que pour
v» défendre les Tiennes, qu’il difcutoit des opinions
»> hafardées en Ta préfence.
F R E S N A Y E . ( Jean V a u q u e l t n d e l a )
Voy:{ au mot v a u q u e l i n , Ton article & celui
du fameux des Ivetaux Ton fils.
FRESNE ( l e m a r q u i s d e ) ( Hifl. mod. )
avoit enlevé Marie-Elifabeth Girard du T i l le y ,
fille d’un préfident de la chambre des comptes ;
un valet-de-chambre déguifé en prêtre les avoit
mariés.
Il Te fit un accommodement entre les familles,
& le préfident confentit à donner fa fille au ra-
vîffeur , pourvu que le mariage Te fît dans les
formes ; le marquis Te dégoûta d’elle quand elle
fin Ta femme ; il entreprit un voyage à Conf-
tantinople , il la mit de -ce y o y a g e , & elle eut
lieu de penfer que fon deffein étoit de la vendre
comme efclave pour être renfermée dans quelque
Terni .d’où on n’auroit plus entendu parler d’elle.
Un voitiitier, à qui elle confia Tes craintes, lui procura
le moyen de Te Tauver dans les états du duc
de Savoye ; il la rejoignit, & il Te fit un nouvel
accommodement , par lequel Ta femme lui fut
remife, à condition qu’il en répondroit au roi
de France & au due de Savoye. Revenue en,
France, elle plaida en féparation , & Tut Téparée
par Tentence du I ÿ mai 1673 , confirmée par arrêts
du 30 août 1675 , & du a2 août 1680. C ’eft fur
cette aventure que Gatien de Courtils a fait le
roman intitulé : la marquife de Frefne.
FR E SN E , ( A b r a h a m - A l e x i s Q u i n a u l t
DU ) ( H i f l . litt. mod. ' ) acteur célèbre, fils &
frère d’aéleurs & d’aétrices célèbres, fut formé
par Ponteuil. Il débuta le 7 o&qbre 17 12 , &
mourut en 1767, long-temps après fa retraite du
théâtre. Peut-être d’autres- 2fleurs l’ont-ilsi égalé
pour le talent, mais nous avons toujours entendu
lès contemporains regretter Ta figure, Ta taille ,
fa v o ix , Ton air noble, tous les avantagés extérieurs..
On lui reprochoit, comme à Baron, beaucoup
d’orgueil & de vanité. On a retenu de lui
ce mot : On me croit heureux : erreur populaire!
Je préféré rois à mon état celui a un gentilhomme qui
mangeroit tranquillement douçe mille livres dé rente
dam fon vieux château. On a beaucoup cité ce
trsit comme ridicule, & il l’eft au moins dans
la forme ; cependant il eft certain que fi un gentilhomme
qui vit obfcur dans Ta terre , n’a pas
renoncé au bonheur, fi même il a pris la route
la plus courte & la plus sûre pour'y parvenir,
il a entièrement renoncé à la gloire; ce qu’on ne
peut pas dire d’un acteur, ni de quiconque Te produit
en public. De plus, il eft certain encore
qu’il faut opter entre le bonheur & la gloire, l’un
qui dépend principalement de nous, l’autre qui J
F R E
dépend principalement des autres. Jamais celui
qui Tait de la gloire Ton unique qu Ton principal
objet, n’aura fatis-faéliori entière. L’opinion publique
eft trop incertaine, trop vacillante, trop fujette
à révolutions.
S ic leve , f ie parvum e ft, animum q u o i taud is ayarum
S ub ru it au t reficit ! v a le a t res lu d ic ra , f i me
F a im a negata macrum , do nata reducit opimurn.
Le mot de du Frefne difoit tout cela , mais
c’étoit trop le dire en homme qui met Ton état
au-deffus de tout, & ceux qui en ont tant r i , par-
tageoient peut-être plus qu’ils ne le penfoient, le;
préjugé très-injulle, qui met cet état au-deffous
de tout.
Un ridicule de du Frefne plus condamnable , parce-,
qu’il eft immoral, c’eft que, comme certains Touve-,
rains d’A fie , il Te croyoit d’une nature fupérieure
à celle des autres hommes, n’accordant fur ce
point qu’au talent ce que les autres donnent à la
. puiffance ; il ne parloitque le moins qu’ilpouvoit,
& que pour la néceffité du commandement, à Tes
domeftiques, & aux gèns de travail & de peine.
Quonpaye ce malheureux, difoit—i l , en parlant d’un
fiacre ou d’un porteur de chaife ; le - plus fouvent
il Te contentoit de faire un figne , ce n’étoient pas
pour lui des hommes, & il eût cru s’avilir en les
traitant comme tels. Ce ridicule eft joué dans le
Glorieux que Deftouches, comme on Tait , fit pour
du Frefne & fur du Frefne. On prétend que dans
l’origine le comte de Tufière n’étoit pas aimé, mais
que du Frefne ne pouvant Te réfoudre à jo u er le
rôle d’un amant maltraité, il fallut changer tout
le plan de la pièce. C ’eft en effet un affez grand
défaut dans la pièce, telle qu’elle eft aujourd’hui,
que la fille de Lifimon , qui eft une .perTonné rai-
fonnable & intéreffante, puiffe aimer ce fou trifte
& infolent, qui n’a jamais pour elle & pour Ta
famille que l’expreifion du mépris, & qui ne Te
montre pas un Teul moment aimable.
M. de Voltaire dit, que quand il préfenta Ta
tragédie d’OEdipe aux comédiens , la helle Tcène des
confidences entre OEdipe & Jocafte au quatrième
aéte ne leur plut pas , & que, comme il infiftoit
en faveur de cetre Tcène., du Frefne dit tout haut
que pour punir l’orgueil indocile du jeune homme,
» il falloir jouer Ta pièce avec cette grande vilaine
» Tcène, imitée de Sophocle. »
C’étoit Tans doute une lourde faute en matière
de goût : ne concluons cependant pas de là que du
Frejne fût fans goût; comment auroit-il été un
grand adeur ?
FRESNE, ( d u ) du C a n g e ( C h a r l e s ) (H ifl.
litt. modj) tréforier de France à Amiens, un des
plus fiavans hornmes"que la France ait produits, &
un des plus aimables. Toujours occupé des études
les plus sèches & les plus fatigantes , on le voyoit
toujours
F R E
toujours forrir de fon cabinet avec l’air le plus feretn
S c fe prêter à toutes les diftradions de la fociété,
comme s’il n’avoit eu rien à faire. Quand on lui
témoignoit quelque crainte de le détourner de fes
études : Non , difoit-il, c’eft pour mon plaiftr que
j ’étudie 9 non pour être à charge à moi-même & aux
autres.
C ’eft par fes gloffaires de la baffe latinité, & de la
langue- grecque du moyen âge, par fon édition, de
Joinville, & par fon hiftoire de l’empire de
Conftantinople Tous les empereurs françois, qu’il
eft principalement célèbre ;• mais on a de lui beaucoup
d’autres ouvrages, toujours remplis de la
plus vafte érudition. Il mourut en 1680. Il etoit
né à Amiens en 1610. fon nom manque à là lifte
de l’académie des inferiptions & belles-lettres.
FRESNE ( d e ) voyez f o r g e t .
FRESNOY, ( C h a r l e s - A l p h o n s e d u ) (H i f t .
litt, mod.') peintre & poète*; nous le considérons,
k i principalement comme poète. Cependant s’il a
fait un bon poème latin fur la peinture , c’eft comme
peintre & non pas comme poète, cet ouvrage
renferme les meilleurs préceptes de l’art, mais il
offre peu de poéfie. C ’étoient des efpèces de vers
techniques fur Ton a r t, qu’il compofoit popr Ton
ufage , & qui Te trouvèrent former un bon poeme
dida&ique ; le poème latin de l’abbé de iVïarfy
& le poème françois de M. Watelet fur le même \
•fujet ont bien plus d’agrément; celui de M . Lemierre |
a bien plus de verve & de poefie.
Fils d’ un apothicaire de Paris, Alphonfe du Frefioy
fut deftiné à la médecine; il y renonça pour Te
livrer à la poéfie & à la peinture, arts liés par
des rapports fi intimes, qu’ils femblent n’éxiger
qu’un même goût & un même talent.
R e fe rt p a r cemula queeque fororjem >
A lte rn a n tq u c vices & nomma,
Dit du Frefioy lui-même dans Ton poème. Il Tut
ami de Mignard, qui, comme lu i, avoit facrifié
la médecine à la peinture ; on trouve qu’il cherchoit
le Carrache dans le goût du deffein & le Titien
dans le coloris; Tes ouvrages Te réduifent à quelques
tableaux d’autel , à quelques payfag.es,
à deux plafonds , l’un à l’hôtel d’Armenon-
ville , î’autre au Raincÿ. Félibien parle d’un
très-beau tableau de du Frefioy , que poffécîoit alors
M. Paffart, maître des comptes & que nous avons
vu depuis chez M* de Mairan. Il repréfente un
facrifice devant un tombeau , vers lequel s’avance
triftement une femme d’Athènes ; .ce tombeau ren-
fermoit-les cendres de fon amant, Pu rue, par une
exprefïion miraculéuTe. de tendreffe, vomit des
flammes à Ton afipeél ; l’athénienne tombe-éplorée
entre les bras des femmes qui l’accompagnent: Ton
défefpoir & l’étonnement des aftiftans (ont exprimés
,?yec beaucoup de force & de vérité. Qt} Tait
Hiftoire. Tome II. Seconde p a r t„
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honneur encore« du Frefioy de la penfée du beau
tableau de la pefte d’Epire > qui eft chez le roi ;
.mais il eft plus connu comme auteur du poème
fur la peinture. Ce poème contient en effet-toute
la théorie de l’art ; on y trouve dans un efpace de
548 vers, une foule de préceptes propres à diriger
la-main de Pareille Tans la gêner, à éclairer fon
génie Tans l’intimider ni le captiver
Né e mih i meits animusve f u it eonftringere nodoo-
A r t ific um man.bus
In d o lis ut v ig o r in d ï petens' o b jln â à s hebefeat
Normdrum n um e ro dm m an i, geniumque moretur
Sed rerurn . u t p o lle n s a r s eognitione , gradaùm.
Natures fcfe in finu et , verique.capacent
T ranfe a t in genium , geniujque ufu in d u a t artemC
L e plan général de ce poème eft fout tracé,
par la diftribution de l’art dans Tes trois parties
principales, l’invention, le deffein , le coloris. On.
enfeigne dans la première ce qui concerne le choix
du fujet, l’économie de tout l’ouvrage , la fcience
du coftume. La fécondé apprend à varier les figures
& les attitudes, à groupper avec grâce & fans
confufion ,à ménager au tableau un jufte équilibre,
à préfenter toujours l’objet principal dans un beau
jour, à bien unir les membres avec les draperies ,
à obferver toutes les proportions , fur-tout à bien
exprimer les paflions, l’un des plus difficiles talens
du peintre.
Corde repoftos
E xp rîm e re affeclus , paucifque coloriBus ip fam
P ingéré pojfe animam , atque o cu lis proebere v : déridant. „
j H o c opus j hic la b o r eft*
La troîfiême partie émbraffe tout ce qui concerne
la conduite & la variété. des;, tons, des
lumières & des ombres, les reflets des couleurs ,
leur vivacité , tes rapports des diftances , &c. le
portrait a des principes particuliers ; .le poète finit
par preferire au peintre l ’ordre qu’il doit obferver
dans Tes études ; la géométrie en doit être la hafe:
après en avoir appris les principes , & s’être exercé
à defliner d’après l’amiqùe, on examinera Tuc.cef-
fivement & dans le plus grand détail, les ouvrages
qui ont immortalifê les grands-maîtres des diverfes
écoles ; on faifira leur efprit, on formera fbn goût
fur leur manière, on imitera chacun d’eux dans
la partie ou il a excellé; la nature & l’expérience
feront le fefte.
Le poème de du Frefioy a été traduit, & commenté
fous Tes y e u x , par Depiles Ton ami, peintre
célèbre, & célèbre fur-tout par les ouvrages qu’il
a compofés fur les peintres«& fur la peinture.
( Voyez Ton article. ) cette traduâiou à été depuis
revue corrigée par M. Meunier de Querlon en
1753. Elle avoit paru pour la première-fois en
1668, trois ans après la mortd’Alphonfe du Frefioy,
.arrivée en 1-665, 11 étoit né en 2611.
N n n r