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fon frère Alric. Loin de s’occuper du foin du gouvernement
, tous deux ne longèrent qu’à fe nuire ;
après bien des tracafferies qui aviliffoient la majefté
de leur rang, ils en vinrent aux coups, combattirent
d’une, manière peu héroïque, 6c fe. tuèrent
tous deux: ( M. de Sacy. )
Eric V , V I , VII & VIII ne firent rien de
mémorable. (M . de Sacy. )
Er ic I X , roi de Suède. Après la mort de l’infortuné
Suercher , affaffiné vers l’an 1149 , les
Suédois & les Goths s’affemblèrent pour élire un
roi ; les fuffrages. furent partagés. Les Goths, à
qui la mémoire du feu roi étoit chère, proclamèrent
Charles fon fils ; les Suédois couronnèrent
Eric, fils de Jefward : cette double éleélion alloit
former deux royaumes, & féparer deux nations
qui dévoient n’en faire qu’une 5 les fages repréfen-
tèrent les fuites funeftes de cette divifion ; que les
deux rois, nés ennemis l'un de l’autre, fe feroient
une guerre opiniâtre; que tous Jes deux, vi&imes
de leurs querelles, fe détruiroient par leurs propres
mains, au lieu de fe réunir, comme ils avoient
fait jufqu’alors pour la défenfe commune. Leur
fentiment fut approuvé; mais à une décifion dan-
gereufe on en fubftitua une plus dangereufe encore.
Eric devoit régner feul fur les deux nations, Charles
devoitlui fuccêder, & leurs defcendans dévoient
occuper le trône tour-à-tour. Eric fubjugua la Finlande
, & prêcha l’évangile- l’épée à la main dans fa
conquête ; il crut que cette expédition fuffifoit à la
gloire de fes armes. Dans la fuite, il s’occupa du
bonheur de fes états, réunit les anciennes loix
dans un feul code, connu fous le nom de Saint-
Ericlagt c ’eft à-dire, loi de faint Eric. Il fonda des
églifeS &. des monaflères ; il détruifit les brigands ,
éclaira les démarches des plus fortunés fcélérats,
fut le fléau du vice & l’appui de l’innocence. Les
moeurs & la juftice étoient alors fi peu refpeéfées,
que ce prince équitable fut un tyran aux yeux
de la moitié de la nation. Les rebelles appelèrent
Scateller, roi de Danemarck, & Magnus fon fils:
Eric forcé de combattre avec peu de’ troupes contre
les forces réunies de fes fujets & des Danois,
voulut mourir en roi au champ d’honneur. Il
s’avança dans la plaine d’Upfal, la bataille fe donna ;
Ericj enveloppé par dix guerriers, fe défendît en
héros, & mourut percé de coups; les vainqueurs
lu i tranchèrent la tête. Ce fut vers l’an 1160 que
ce bon prince périt viétime de fon amour pour la
juftice. (M de Sacy.)
ERIC X ,-roi de Suède, étoit fils de Canut Eric-
fon. Après la mort de ce prince vers z 19 1, Suercher,
fils de Charles, fut élu; Eric étoit réTolu
d’attendre, d’après le traité dons nous avons parlé
ci-deflùs, que la mort de celui-ci lui laiffât la cou-
onne ; mais les Suédois furent plus impatiens que
» ui ; fatigués du joug de Suercher, ils proclamèrent
Eric; fon concurrent pafla en Danemarck, revint, 1
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perdit une bataille, s’enfuitreparut encore à Ik
tête d’une armée, fut vaincu dans le même lieu,
& périt les armes à la main. Quoique couronné
par la fortune, deux fois vainqueur & tout-puif-
fant, Eric confentit à renouveller avec les enfans de
fon ennemi le traité qui appelloit les deux familles
au trône tour-à-tour. Ce prince paffa le refte de
fa vie dans un calme qni fit fon bonheur & celui
de fes fujets. Il mourut vers 1222. (M. de Sacy.)
E ric X I , roi de Suède, furnommé Le'tpfe, étoit
fils du précédent. Il étoit bègue & paralytique :
telle eft l’origine ae fon .furnom. Il fut fur le trône
tout ce qu’un homme fi difgracié delà nature pouvoit
être. Il bégayoit fes ordres, mais ilavoit l’art de les
faire exécuter; incapable d’agir par lui-même, il
avoit le coup d’oeil sûr dans le choix des miniftres
qui agiffoient en fon nom.
La maifondes Folkunger étoit alors fi puiffante
en Suède, qu’elle afpiroit au trôné, & ne diffi-
muloit pas fi s prétentions. Eric, trop foible pour
abattre, par un coup d’autorité , l’audace de cette
famille, tâcha de la gagner par les bienfaits ; il
maria fes foeurs, Hélène & Mirette, à Canut &
à Nicolas de Tofta, & époufa lui-même Catherine,
fille de Suénon Folkunger, qui, pour être
reine , ne refufa point d’entrer dans le lit d’un
paralytique. Le roi fe repentit'bientôt d’avoir élevé
cette famille ; elle fe forma un parti, fouieva la
nation, & lui mit les armes à la main contre fon roi.
Canut Folkunger étoit à la tête de la révolte ; il
préfenta la bataille à Eric ; la fortune ne fe décida
point pour la bonne caufe; Eric fut vaincu, s’enfuit
en Danemarck ; & tandis que Canut fe faifoit
proclamer par une multitude infenfée, il reparut
à la tête d’une armée darioife, gagna une bataille
contre Canut, fit trancher la tête au fils de ce
rebelle , força la nation à rentrer dans le devoir ,
& reconquit fes états. Il fit partir auffi-tôt Birger-
je r l, l’un de fes parens, à la tête d’une armée ,
pour foumettre les Trawaftiens : c’éteit des peuples
de Finlande qui étoient encore plongés dans les
ténèbres de l’idolâtrie ; mais ces guerriers étoient
d’étranges convertifieurs. Jamais Mahomet ne cimenta
d’autant defang les fondemens de fa religion,
C’étoit le fer & la flamme à la main qu’on ahnon-
çoit à ces peuples innocens un Dieu mourant pour
fes ennemis. Hommes, femmes, enfans, vieillards
, tout ce qui rejeta l’évangile fut impitoyablement
maffacré. Les ruines de leurs maifohs leuf
fervirent de tombeaux, & ce fut avec ces débris
enfanglantés que ces monftres, tout dégoutans de
carnage, élevèrent des temples au Dieu de paix
qu’ils venoient annoncer, Eric ne fut ni l’auteur
ni le témoin de cette barbarie ; ces horreurs fe
pafsèrent loin de lui; il mourut avant même d’en
recevoir la nouvelle, l’an 1250. Il ne laiffa point
de poftérité. (Ai. de Sacy. )
Eric X I I , roi d’une partie de la Suède. Il étoif
fils de Magnus 6c de U reine Blanche : né avec
des
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des difpofitions heureufes, une ame fenfible &
des talens précoces ; fon ambition , excitée par les
flatteries dés courtifans intéreffés a troubler l’état, ,
fit bientôt de ce prince un fils dénaturé. Il eut un
parti dès qu’il en defira lin. Sa jeu ne ffe, fies grâces,
tout attiroit les coeurs de fon côté ; le peuple courut ;
aux armes ; le jeune Eric , fans remords , fans ;
crainte, marcha contre fon père. Magnus chercha
des amis dans le Danemarck; c’étoit la reffource
ordinaire des fouverains fuédois lorfque leurs fujets
fe foule voient contre eux ; les rois de Danemarck
fuivoient auffi cet exemple, & châtioient l’indocilité
de leurs fujets en. armant la Suède contre les
rebelles. On-alloit en venir aux mains lorfqu\E/ïc>
duc de Mecklenbourg , & Adolphe, comte de
Holftein , offrirent leur médiation pour la paix ; elle
fe fit, maïs à desconditions très-dures pour Magnus.
On lùi laiffoit, il eft vrai, l’Uplandé, la Gothie,
le Wermland, la Dalécarlie, la Gothie occidentale,
File d’Oëland & une partie de la province de Hal-
land; mais il fut contraint de iaiffer à fon fils la
Scanie , le Blecking, le refte du Halland, la Sma-
landie & la Finlande. Ce fur en 13 54 que fut conclu
ce traité , auffi. dangereux pour la Suède qu’injurieux
à l’autorité paternelle. Eric jouit peu de fon
ufurpation; il mourut vers l’an 13 5.6 ; on ignore le
genre de fa mort. Puffendorf affuré, un peu légèrement,
que fa mère, jaloufe de i’eftime publique
que fon fils avoit fu gagner, le fit empoifonner ; on
ne doit point hafarder, fans preuve, des faits' ré-
voltans qui outragent la nature; les récits des autres
hiftoriens, quoiqu’oppofés entr’eux, font cependant
plus probables; les uns veulent quEric foit mort
naturellement, & que les ennemis de la reine aient
"faifi cette occafion dé la calomnier; d’autres prétendent
qu’Eric , devenu impérieux & féroce, fut
égorgé par fes fujets. Ileft affez vraifemblabte qu’un
prince qui haïffoit fon père, n’aimoitpas fes peuples.
(M de Sacy. )
Er ic XIII. Voyeç ci-dejjus Eric V I I I , duc de
Poméranie, roi dé Danemarck, de Suède & de
Norwége, le huitième roi de ce nom en Danemarck,
& le treizième en Suède. {M . de Sacy. )
Eric X IV étoit fils de ce GuftaveVafa qui fut
le deftru&eur de l’union de Calmar, le vainqueur
de Chriftiern II & le libérateur de la Suède. Il
fuccéda à ce grand hommè l’an 1560 , & refpeéfa
peu fes dernières volontés; il fit infirmer par les
états tous les articles du teftament qui lui paroiffoient
trop favorables à fes frères & à fes foeurs. Il rendit
les comtés & les baronnies héréditaires dans les
familles: ces titres avoient été jufqu’alors attachés à
certaines charges. La Livonie étoit le théâtre de la
guerre ; trois parties de cette province s’étoïenc
mifes fous la protection dé trois puiffances qui y
fomentoient les divifions les plus funeftes. Eric
défendit, contre la Pologne, la ville de Revel &
la nobleffe d’Elïhonie. Les Suédois avoient encore
préfens à la mémoire les exemples de Guftaye,
Hifioire. Tome U, Seconde Partie.
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fon génie fembloit les animer; ils chafsèrent les
Polonois & continrent les Danois. Eric fe perfuada
que ce fuccès étoit un titre pour prétendre à-la
main de l’augufte Elifabeth, qui gouvernoit alors
l’Angleterre; il s’embarqua pour aller l’époufer ,
mais les vents le rejetèrent fur les côtes de
Suède: il perdit bientôt de vue ce projet formé
par l’amour & par l’ambition, ou peut-être par
ces deux paffions à la fois. Ce prince, auffi imprudent
que volage, voulut gêner le commerce
des villes anféatiques , & les einpêcher de rraiter
'avec la Mofcovie. Frédéric, roi de Danemarck,
défefpérant de rétablir jamais l’union de Calmar,
vouloit au moins ravager des états qu’il ne pouvoit
conquérir. Il déclara la guerre au roi de
Suède; ces deux nations ne manquoient point
de prétextes pour s’entr’égorger ; quand il n’y
avoit point de différens nouveaux, on réveilloït
lés anciennes querelles. Au milieu de ces troubles
défaftr.eux , Eric s’occupoit de projets galans,
offroitfon coeur tour-à-tour à Marie, reine d’Ecoffe,
à la princeffe de Lorraine , fille de Chriftiern I I , &
par un penchant irréfiftible , retournoit à la reine
Elifabeth. Tandis qu’il nouoit ces intrigues & qu’il
effiiyoit des refus , la Mofcovie, la Pologne & le
Danemarck fe liguoient contre lui, 8c fon frère
Jean époufoit une princeffe de Pologne. Eric tenta
en vain de détacher le Danemarck de cette ligue ;
fes ambaffadeurs furent arrêtés à Copenhague. La
roi devint furieux à cette nouvelle, & ce délire ne
fut pas un tranfport momentané. Réfolu de facrifier
fon frère, il le fit affiéger dans le château d’Abo; après
une défenfe de trois mois, ce prince fut pris, conduit
à Stockholm & condamné à perdre la tête comme
rebelle. Eric lui accorda la vie, mais il le condamna
à languir dans une prifon perpétuelle , fit périr plus
de cent de fes domeftiques, condamna aux mines
ou bannit pour jamais le refte défiés partifans. La vie
de l’infortuné Jean n’étoit pas en sûreté dans fon
cachot; Eric croyoir à l’aftrôlogie judiciaire; de
miférables charlatans s’efforçoient de lui perfuader
que fon frère devoit un jour lui donner la mort, &
fa crédulité penfa lui faire commettre un fratricide.
Une vi&oire navale, remportée fur les Suédois,
n’effraya point Frédéric : la guerre continua. Eric,
toujours impatient de fie marier , envoya des
ambaffadeurs en même temps à la cour de Heffe
& à celle de Londres; les lettres furent interceptées
, & les deux rivales conçurent un mépris égal
pour ce prince.
Cependant la réputation des armes fuédoifes
commençoit à fe rétablir ; l’amiral Nicolas Horn
remporta de grands avantages', prit, difperfa ou fit
périr plufieurs éfeadres danoifes ; tout le nord de
la province de Halland fut conquis ; on fe livra,
fous les murs de Warberg , un combat opiniâtre ,
où huit mille hommes relièrent fur le champ de
bataille, fans qu’aucun des deux partis pût fe flatter
d’être vainqueur. Cependant la pefte caufa des
ravages déplorables dans l’armée fuédoife ; d’un