
J’sbbe Guÿon. Il y a auffi de Laurent Eckard une
Jiiftpire;d’Angleterre jufqu’à la mort de Jacques I ,
:8c une hiftoire générale de l’églife , avec des tables i
chronologiques. Il a encore traduit en anglois les
comédies de Plaute & celles de Terence.
ECCHELLENSIS ( A b r a h a m ) ( Hifi. liu.
fnod. ). M. de Brèves , ambàffàdé'urâ la Porte, av.oit
amené en France en 1614 un favant maronite, ;
nommé Gabriel SiOnità, dont M. le Jai fe fer vit
pour l’éditionde fa fameufe bible polyglotte. Ga-
briei Sionita fit venir, pour le même rnjet à Paris,
ion confrère Abraham Ecchellenfis, maronite très--
favant dans les langues fyriaque & arabe. Ces deux
maronites fe brouillèrent dans, la fuite , & ç’entre-
diffamèrent par leurs écrits. Cette querelle forma
un incident dans la difpute de MM. Arnauld &
Nicole , contre le miniftre Claude, fur ie livre de
la Perpétuité de la Foi. M. Arnâuid avoit tiré des
notes d’Abraham Ecchellenfis^ ce qu’il avoit écrit
touchant la foi des Melchites. Le miniftre Claude,
pour décréditer le témoignage d’Ecchellenfis, em-
ployoit ce qui avoit été allégué contre lui par Gabriel
Sionita ; par - là le degré de confiance qui
•pouvoit être dû. aux paffages cités par Abraham
Ecchellenfis, devint l’objet d’une queflion importante
entre les catholiques & les calviniftes.
De cette querelle d'Ecchellenfis avec Sien ira,,
naquit une autre querelle fort finguliere, que Che-
-yillier rapporte dans fon origine .de,vl'imprimerie ;
"Valérien de Flavigny, profeffeiir en hébreu au ■
collège [royal, & qui avoit travaillé auffi à la Polyglotte
.de le Jai, .écrivit contre quelques - unes
des parties .qu’iln ’avoit point faites , fur-tout cori- '
ire celles di Ecchellenfis; il trouva celui-ci bien fé-
vère à l’égard de Sionita, auquel il reprochoit durement
quelques fautes lai fiéespar ce maronite dans
les livres arabes & fyriaques qu’il avoit fait imprimer
dans .la Polyglotte ; Flavigny prétendoit. qu’on
en trouVjpit. beaucoup .davantage dans les parties
exécutées par Ecchellenfis, & comme il s’agiffoit
-ide bible, il lui. àppllq doit affèz naturelie’ment >ces
paffagçs(de faint Matthieu :fur la paille & la poutre j
.dans l’oeil.' Quid vides fefiucam in oculo’ fratris tuï
Jj> irabejn in OÇULO tuo non vides ? Ejicé prtmîim tra-
hem de OCüLO tuo, ,& tune videbis ejicere fefiucam de
p eu lo fratris- tuf Flavigny .s’attendoit bien delà
part de fon adverfaireà toutes.ces injures , quelles :
favans étoienten poffeflion alors de fe dire les uns !
•aux autres:,-; §f)l étoit bon poûrÿ répondre ; il ne r
comprit rien à celles que lui dit Ecchellenfis , il par-
loit de profanation, de facrilége, d’impiété» de
dérifion infâme, d’altération criminelle & indécente
du texte de l’écriuire-fainte , d’abomination ,
de la défolàtion dans le lieu faint.
'Animus' ( difoit-Ù avec Enée 3 memitûjfe hojvet luduqiie refu-
"• g î t . -
Il Ce garderont bien de {opiller fa plume par la ré- ,
pétition de ce blafphême fcandalèux; il renVoyok
le le&eur à l’écrit même de Flavigny , pour prendre
le fcandale à fa fource. Flavigny crut qu’Ec-
chellenfis ctoit devenu fou, il revit fonmanuferit,
il revit l’imprimé , il vit dans le manuferit ce qui
y étoit, dans l’imprimé, ce qui devoit y être, il
•n’apperçut rien , il fallut enfin qu’un de'Tes amis
lui mît le doigt for l’imprimé, & lui fit voir que
le pr mier o, la première lettre du mot bciilo, né
paroiffoit point , qu’on en voyoit feulement la
place , parce que depuis la Correélion des épreuves,
cette lettre étoit tombée par hafard des formes ,
lorfque l'imprimeur avoit redreffé la ligne ou étoit
ce mot.Ecchellenfis n’avoit pas pu ou n’avoit pas
voulu comprendre que ce fut une faute d’impref-
fion , il avoit mieux aimé croire qu'un doéleur de
Sot bonne , un profeffeur ro y a l, un grave favant,
dans un ouvrage entièrement férieiix avoit voulu,
pour s’amufer en paffant, inférer une poliffonnerie
coupable dans le texte fâché. Mais il fe préfente
ip une réflexion que Cbevillier ne fait pas ; le mot
vcjilf) fe trouve quatre fois dans les deux yerfets
cités, fi la faute n’étoit faite qu’une fois, Eçchel-
lénfis étoit inexcufablç, & fa mauvaife foi évidente ;
fi la faute étoit répétée quatre fois, Ecchellenfis
étoit éxeufé -, • ce ne pouvoir plus être l’effet du
hàfard, il falloit que l’imprimeur eût pris plaifir à
cette indécence, ou qu’il fût tombé dans une ery
reur bien inconcevable. Quoi- qu’il en fo it, Fia?
vigny au défefpoir fé hâta de publier line lettre,
dans laquelle il dit, qu’i/ falloit qu’une fièyre chaude
eût fait perdre l ’efprit à f imprirneur. & qu*ilfût.devenu
phrénetique. Trente ans encore;aprês il ne par?,
loit pas fans colère de cette petite aventure.
Ecchellenfis paffa de France en Italie, il fut pro?
feffcnr ce langues orientales ■ Rome j il y fut employé
en 1652 , à une verfion de l’écriture en
arabe. Dans le même temps, le( grand dued Tof-
cane Ferdinand II l’employa aufli à traduire de
l’arabe en latin avec le fecours du mathématicien
Jean Alphonfe Borelli, le cinquième, le fixiè'me
& lé feprième livre des coniques d’Apolloriius de
Pergeh Ils firent à eux deux cette traduélion , fans
pouvoir fe p a fier l’un de l’autre , Borelli n’en t en*
dant point Carabe, Ecchellenfis ne fichant point les
mathématiques. ( Ppyè{ les articles APOLI-Oîiriu5
& B o r e l l i . )
Ecchellenfis mourut à Rome au mois de juillet
1664, On a de lui quelques autres ouvrages & traduirions,
le. tout relatif aux langues & à l’érudition
orientales.
ECHF.NICHERRIBASSI f. m. (Hifl. mod. )
furintendant du fournil, le chef des maîtres de
hj boulangerie, des fours, & de tous ceux qui y
travaillent. G’efl: un cfficier du férail ; fa paye
efl de 59 afpres par jour, d’une robe de brocard
par àn,\:& de quelques préfèns q.fil reçoit des
grands de la cour du fultan , lorsqu’il leur pré»*
îerttê des bifeuits, des mafiepainS , & autres
^âtifferïes qui fe font dans fon diftriâ.
ECHICK-AGASI-BACHI , f. m. {Hifl. mod.)
C ’e ft, à la cour de Perfe, le grand-maître des
Cérémonies. Il a le titre de kan, le gouvernement
de Téferan , avec le bâton couvert de lames d’or
& garni dé pierreries. Il eft chef des officiers
de la garde. Il précède le roi lorfqu*il monte à
cheval, & il conduit par le bras les, ambaffadeurs
lorfqu’ils font admis à l’audience.
ECHIM, f. m. mod. ) » médecin du
férail. Il y en a dix, parmi lelquels trois font
ordinairement juifs: l’inquiétude dufouverainrend
leurs fondions frès-dangereufes.
E c im -b a s s i , {Hift- mod. turq. ) c’eft le nom du
premier médecin du fultan & de fon férail. Une
des prérogatives de fa charge, eft de marcher
feul, le premier, & avant tout le monde, au
convoi funèbre des empereurs ottomans. Cette
étiquète particulière à la Turquie eft de bon
fens, non pas parce que c’eft le moment du
triomphe du médecin, mais parce qu’il eft jufte
de mettre à la tête d’une cérémonie funèbre,
celui qui a rendu les plus grands & les derniers
fervices au mort pendant fa v ie , & qui eft cenfé
avoir fait tous fes efforts pour conferver fes
jours.
Article de M. le Chevalier DE Ja u c o u r T.
ECKIUS. ( Hijl. d'Allemagne ) Il y a eu dans le
•même temps, c’eft-à-dire, dans la première partie
du feizième fiècle, deux hommes connus de
c e nom en Allemagne , un théologien nommé
Jean ( voye^ à l’article C a r l o s t a d fa conférence
à Leipfick, avec Carloftad & Luther ) ; ce fut lui
qui alla folliciter à Rome la bulle de condamnation
contre Luther, du 15 juin 1^20. On a de
lui quelques écrits polémiques 8c théologiques.
L’autre, nommé Léonard , étoit un jurifeon-
fulte célèbre , dont on difoit de fon vivant, que
ce qui étoit conclu fans l’avis d’Echius , étoit conclu en
vain , & après fa mort, Eckius nous (turoit réfolu
fg point en. trois mots*
ECROUELLES. ( Hifloire, ) Le roi de France
jouit du privilège de toucher les écrouelles. Le v é nérable'
Guibert, abbé de Nogent, a écrit que
Philippe I , qui monta fur le trône en 1060.» ufoit
du droit de toucher les écrouelles 9 mais que quelque
crime le lui fit perdre,
' Raoul de Prefle, en parlant au foi Charles V ,
qui commença à régner en 1364 , lui dit : « Vôus
*» avez telle vertu'& puiffance qui vous eft don-
v née de Dieu , que vous gariflëz d’une tr.ès-hor-
p rible maladie qui s’appelle écrouelles. »
^tienne de Conti, religieux de Corbie, du quin-
Hifioire. Tome II. Seconde. Partie„
zïème fiècle, décrit dans fon Hifloire de France,
( n9. 520 des manuferits- de la bibliothèque de Saint-
Germain-des-Prés) ,les cérémonies que Charles V I,
qui régnoit’depuis l’an 1380, obfervoit en touchant
les écrouelles. Après que le roi avoit entendu
la mefle, on apportoit un vafe plein d’eau , & fa
majefté ayant fait fes. prières devant l’autel, tou-
choit le mal de la main droite , la , lavoit dans
cette eau, & le malade en portoit pendant neuf
jours de jeûne : en un mot, fuivant toutes les
annales des moines, les rois de France ont eu la
prérogative de toucher les écrouelles depuis Philippe
I.
Les anciens hiftorîens anglois attribuent de leur
coté cette prérogative, & même exclufivemenf,
à leurs rois; ils prétendent qu’Edouard- le-Con-
feffeur , qui monta fur le trône eh 1043 » reÇ^
du ciel à caufe de fes vertus & de fa faintete ,
avec la gloire de la tranfmettre à tous fes fuccef-
feurs. Voilà pourquoi, ajoute-t-on, les écrouelles
s’appellent de temps immémorial la maladie du roi,
la maladie qu’il appartient au roi feul de guérir
par l’attouchement king’s-evil. Aufti étoit - ce ua
'fpe&acle affez fingulier de voir le roi Jacques I I I ,
fugitif en France, s’occupant uniquement à tou^
cher les écrouelleux dans nos hôpitaux.
Maïs que les Anglois nous permettent de leus
faire quelques difficultés contre de pareilles pré*
tentions: 19. comme ce privilège fut accordé à
Edouard - le -Çonfeffeur, fuivant les hiftôriens j en
qualité de faint, & non pas en qualité de roi, oh
n’a point fujet de croire que les fucçe'ffeurs de ce
prince qui n’ont pas été des faints, aient été favo?
rifés de ce dpn célefte.
2-®. Qu’on nous apprenne quand & comment
ce privilège eft renouvelle aux rois qui montent
fur le trône ; fi c’eft par la naiffan.ee qu’ils l’ob*-
tiennent,.ou en vertu de leur piété , ou en con-
féquence de leur couronne , comme les rois de
France.
30. Il n*y a point de raifon qui montre pourquoi
les rois d’Angleterre auroient ce privilège
exclufivenient aux autres princes chrétiens,
40, Si le ciel avoit accordé un pareil pouvoir
aux rois de la Grande-Bretagne, il feroit naturel
qu’ils l’euffent dans un. degré vifible à tout le
monde, & que du moins quelquefois la guérifon
fujvît immédiatement l’attouchement.
5 S. Enfin, ils feroient inexcufables de ne pas
ufer de leurs prérogatives pour guérir tous les
écrouelleux qu’on pourroit raffembler , car c’eft
malheureufement une maladie fort commune :
cela eft fi v ra i, qu’en France même, au rapport
’d,e l’hiftorîographe de l.a ville de Paris , Jacques
Moyen ou Moyon , efpagnol, né à Cordoue , fai-
féur d’aiguilles , & établi dans cette capitale , demanda
en 1576 a Heari l I I , la permiflion de bâtir