
tout bas. à l’empereur c'e lever l'ancre & d’enlever
le roi, crime dont Charles - Quint eut horreur.
Brantôme remarque judicieufement que c’eft une
répétition de l’hiftoire connue du jeune Pompée,
& l’on peut remarquer en paffant, que le peuple
qui fait toujours mal, multiplie aïnfi les faits célèbres
en les reproduifant feus tous les noms célèbres.
François premier régnoit encore lorfque les
conjurations de Fiefque & de Cibo éclatèrent en
i? 4 6. On ignore quelle part la France prit à ces
conjurations., dont un des principaux objets étoit
d’anéantir à Gênes le pouvoir des Do ri a , & de
faire périr les chef» de cette iiluftre maifon; Jeanne-
tin Doria, héritier défigné d’André , & l’objet de
la haine particulière de Fiefque , fut poignardé ,
le vieil André Doria ne fe fauva qu’avec -peiné,
de Fiefque étoit le maître dans' Gènes, lorfqifil fe
noya , étant tombé dans la mer , parce qu’une
planche tourna ou rompit fous fes pieds ; trois de
fes frères, bannis de Gênés après fa mort, s’étant
retirés à Rome , engagèrent Cibo avec lequel de-
meuroit un de ces trois frères, à partir pour Gênes,
dans l’intention d’affaffiner André; Doria , & de
remettre la république fous leslcix de la France;
ce Cibo étoit cependant beau-frère de Jeannetin
Doria , il àveit êpoufé Perrette Doria, fa foeur;
ce nouveau complot fut découvert & prévenu ,
Cibo eut la tête tranchée.
Gênes revit avec tranfport André Doria, échappé
aux périls qu’il n’avoit courus que pour l’avoir
rendue libre ; elle crut le défi in de la république
attaché aux jours de ce grand homme, elle offrit
à Doria de confirüire une citadelle pour fa sûreté,
Doria, rejetta la propofition. « Mes jours ne font
» ,rièn:, dit- iL, j’ai tout fait pour votre liberté , ne
».détVuifez point mon ouvrage» ; oh infifta, & à
l’intérêt de fa sûreté particulière', on ajouta l’intérêt
de la sûreté publique. « La sûreté publique,
» dît Doria 9 dépend- moins des remparts & des
» fortereffes que de l’union des citoyens ». Tels
furent les fentimens & la conduite de Doria dans
cette occafion.
Les attentats des de Fiefque & des Cibo ne firent
que refierer les noeuds de la tendreffe entre le ci *
toyen bienfaiteur & la patrie reconnoifiànte.
André Doria mourut vers l’an 1555 ; ayant
veagé un peu trop cruellement la mort de Jean-
netirt Doria fur un des frères de de Fiefque qui
étant tombé entre fes mains , fut jetté dans la mer,
confia dans un fac.
Le cardinal Doria, fon parent, auquel il procura
le chapeau, fut aufli un homme de mérite &
de courage. Il défendit André contre les conjurés ,
& s’expofa pour le fauver. Il mourut eh 1558.
Antoine D o r ia , capitaine célèbre dans les armées
de Charles-Quint, a écrit l’hiftoire de fon
temps.
Un général D o r ia , ennemi cie la France , perdit
le 10 juillet 1630, le combat de Veillane contre
cet illufire & malheureux Montmorenci, décapité
deux ans après.
D O R IG N Ÿ T Foyei O r ig n y .
D’ORLÉANS. Voye^ O r l é an s .
DORMANS ( Hifl.de Fr:'). On compte parmi les
.proteneurs des lettres en France à la fuite de
«Charles V , Jean de Dormans . cardinal, évêque de
Beauvais , fondateur dii collège cîe Dounans-Beauvais
\ Paris'; il étoit fils d’un procureur, il fut
chancelier de France ; Guillaume de Dormons, fon,
frère , le fut après lui ; Miles de Dormans , neveu
de Jean, & fils de Guillaume, le fut auffi ; les
deux premiers fous Charles V , le dernier fous
Charles VI. Renaud de Dormans, mort en 1472,
fous le règne de Louis X I , fut avocat du roi &
maître des requêtes.
DORNEVAL ( Hiß. litt. mod.) , connu par fon
Théâtre de la Foire, fait en fociété avec le Sage.
CORSANNE ( A n t o in e ){FUfl. litt..mdd.)h
doéïeur de Sorbonne , grand-chantre de l’églife c'e»
Paris , grand- vicaire & official de ce diocèfe fous
le cardinal de Noailles, étoit né à Iffoudun en
Berry, d’une famille noble , -dont il y a encore
différentes branches établies dans la même province,
à Bourges , à Vitrzdn , &c. C ’étoit uiî
homme vertueux & capable. Rien n’eft plus connu
que le Journal de l’abbé D or fände , contenant l’hif-
toire de ce qui s’efî paffé de plus important à Reine
& en France dans l’affaire de la conflitution Unigenitus,
jufqu’à la mort de l’auteur arrivée en 172.8-
DORSET ( T h o m a s S a c k v il l e , comte de }
( H fl. litt. mod. ) , grand - tréforier d’Angleterre ,.
employé précédemment en différentes ambaffades,.
étoit homme d’état & poète, plus connu peut-
être comme poète. Ses poéfies. fe trouvent avec
celles des comtes deRochefter & de Rofcômmon.
On y diftingueThiftoire en vers de l’infortuné
duc de Buckingham, du temps de Richard III. Lecomte
de Dorfet mourut en 1608.
DOSA ( G e o r g e s ) ( Hifl. mod. j , aventurier
ficilien, couronné roi de Hongrie en 15 1 3 , par
des payfans hongrois révoltés, fut pris lès armes
à la main. Le détail des cruautés qu’on exerça fur
ce malheureux eftfi dégoûtant & fi horrible, que
nous nous difpenferons de les rapporter. Qii’on
retranche de la fociété ceux qui la troublent, fi on
ne peut trouver le moyen de les punir d’une manière
qui les rende, encore utiles à la fociété
mais malheur à ceux qui vengent les princes, &
malheur aux princes .qu’on venge par de telles inhumanitési
ce n’eft peut-être que les mettre plus
en danger, en les expofant eux-mêmes à tous les
traits d’un e vengeance défefpérée.
DOSITHÉE ( FU fl. eccléf. ) , fairaritain qu’on
traitait de magicien , & qui paflè pour le premier
hérétique; car Simon le magicien, fon difciple,
n’eft que le fécond; Dofthée fe difoit le Meffie, &
fe faifoit l’application de toutes les prophéties qui
le regardent. Il fe faifoit fuivre par trente difciples,
• & n’en vouloit pas davantage , ce qui redoubloit
le defir d’en être. La première place qui vint à vaquer
parmi eux, fut remplie par Simon , qui devint
plus fameux que fon maître. Une femme '&
une feule"femme étoit admife parmi ces difciples,
& comme le nombre de ceux-ci fe rapportoit à-
peu-près à celui des jours du mois, cette femme
s’appelloit la Lune|§
DOUCIN ( Louis ) ( FU fl. mod. ). Le P. Doucin ,
jéfuite , hiftorien & théologien , qui a verfé des tor-
rens de fiel fur les janféniftes,
Ou que D o u c in y cet adroit cafuifte,
N’en a verfé deflus Pâqùier-Quefnel.
( V o l t a ir e . )
Il étoit de ce que les janféniftes appelaient la cabale
normande , compofée des pères le Tellier,
Lallemant, D a n ie l& c . ( Vcy. l’art. Daniel. ) Le
P. Doucin étoit de Vernon ; il fervit bien la cabale
normande par fes écrits ; il eft l’auteur du Problème
théologique, & d’une foule d’autres écrits polémiques
contre les janféniftes. Il eft auffi l’auteur d’une j
FUfloire du neflorianijme, où, dans Jes Neftoriens, I
il voit par-tout les janféniftes , comme l’abbé Racine
dans fon hiftoire eccléfiaftique. voit les jéfuires
dès les premiers fiècles de. l’églife. Le P. Doucin
fui vit M. de Crécy ail congrès de Rifwiçk en 1696 ;
ce qui, comme il rapportoit tout ail janfénifme ,
fut pour lui une occafion de faire l’ouvrage intitulé
: Mémorial abrégé touchant L’état & les progrès
du janfénifme en Hollande. Mort à Orléans en 1726. 1
DOUGLAS ( Hifl. dEcoJfe j , grande maifon
d’Ecoffe. De extte maifon étoit Guillaume de Dou-
'glas y capitaine célèbre qui fut chargé par le roi
Robert de Brus, mort en 1327, déporter fon coeur
dans la Paleftine, où il avoit fait voeu d’aller combattre
les infidèles fans avoir jamais pu exécuter
ce voeu. Douglas mourut dans, cette expédition ou
au retour, & ne revint point dans fa patrie.
Lorfque fous le règne de Charles V I I ,. en
France, les Anglois avoient tenté d’empêcher
l’alliance des François avec les Ecoffois, & le mariage
du dauphin Louis avec Marguerite, fille de
Jacques I ; lorfqu’ils tentèrent enfuite auffi vainement
d’enlever cette princeffe dans fon paffage ;
en France T leur dernière reffource fut de faire une !
incurfion en Ecoffe , fous la conduite du duc de
Northumberlaod ; ils furent battus à Popperden
en 143'<5, par Guillaume de Douglas , comte d’An-
gus , beau-père de Stuart de Buckan, connétable
de France.
Lorfque deux ans après (en 14 3 8 ) , le même
roi d’Ecoffe , Jacques I , fut affafliné, une jeune
dame de la maifon de Douglas, attachée à la reine,
entendit le bruit que faifoient les affaffins , en voulant
enfoncer la porte de l’appartement, elle courut
à cette porte pour en fermer les verroux , les
drmeftiques , qui étoient du complot , les avoient
enievés; elle oppofa aux efforts des aflafîins; la
foible n-Cüan ce " de ï 011 bras, elle eut le bras
coupé.
Les deux foeurs de Hen ri V I I I , roi d’Angleterre,
après ;’.voir. époufé des roi.s,: épousèrent des particullers
» ma:is ç’étoienr leurs ajinans. Marie., veuve
de Louis X I I , époufa le duc de Suffôlk Brandon ;
Marguerite, l’aînée, veuve de Jacques I V , roi
d’Ecoffe, mère de Jacques V & aïeule de Marie
Stuart par ce premier mariage , époufa Archam-
baud de Douglas, comte d’Angus, & fut aufli par
ce fécond mariage, l’aïeule de Henri Stuart d’Arn-
ley , qui époufa Marie Stuart, & fut roi d’Ecoffe
par elle. D ’A rnley étoit fils de Stuart, comte de
Lennox , dont la femme étoit née du mariage
d’Archambaud de Douglas avec Marguerite. Celle-
ci, en époufânt cet Archambaud, comte d’Angus »
dérogeoit au litre de reine ; mais le P. d’Orléans a
tort de dire quelle faifoit déshonneur au fang de
Tudor , en époufânt un Douglas.
Jacques Douglas, célèbre anatomifle Anglois,
au commencement de ce fiècle, excelloit fur-tout
dans la pratique des accouehemens. On. a de lui
en Anglois, une àèfcripùoti du péritoine ; en latin ,
Bibliograph]<z anàtomicas fpecimen, & Myographien
cômparatoe fpecimen.
DO UJA T ( J e a n ) ( Hifl.Tnt mod. ) , dé l’académie
françqife, doyen des profeffeurs de droir.
Périgny , qui avoit été, avant M. Boffuet, précepteur
du dauphin, fils de Louis X IV , avoit clioiiï
Doujat pour donner à ce prince les premiers élé-
mens de l’hiftoire & de la fable; c’eft ce qui valut
l’académie françoife à Doujat, qui étoit plus latin
que françois, & plutôt un favant qu’un bon écrivain.
Il fit pour l’ufage du dauphin, une tradmftion
de Paterculus, fort m é d io c r e ,b ie n effacée depuis
, par celle de M. l’abbé Paul, mais une bonne
| édition de Tite-Live^ tous fes autres livres font
des ouvrages de droit ; il a donné une édition
latine des Inflitutions au droit canonique , de Lancelot
, l’hiftoire du droit canonique & du droit civ
i l , & le livre intitulé : Prænotiones canonictz & civiles
, qui paffe pour fon meilleur ouvrage.
DOUSA ( Ja n u s ) ( Hifl. litt. mod. j , fut fur-
nommé, pour fon érudition , le Varron de la
Hollande ; il étoit aufli poète, 6c on a de lui les